Kon Ichikawa(市川 崑, Ichikawa Kon?), né le , à Ise, nouveau nom de Ujiyamada dans la préfecture de Mie, et mort le dans sa ville natale, est l'un des plus célèbres réalisateursjaponais.
Il réalise plus de quatre-vingts films, du milieu des années 1940 au milieu des années 2000, et, bien que peu d'entre eux soient diffusés en Occident, leur reconnaissance (nomination, parfois récompense) dans des festivals internationaux parmi les plus prisés, comme la Mostra de Venise ou le Festival de Cannes, lui valent une notoriété internationale. Son style a beaucoup varié durant sa longue carrière, mais on notera qu'il privilégie souvent les objectifs grand angle et le cinémascope pour restituer une esthétique visuelle proche du théâtre kabuki, et qu'il revient fréquemment à des thèmes pacifistes nuancés d'humour noir.
Début de carrière
En 1933, après des études de commerce à Osaka[1], Kon Ichikawa trouve un emploi dans la section animation de la société Jenkins-Osawa, à Kyoto, où il devient ensuite assistant de réalisateurs tels que Tamizō Ishida, Yutaka Abe et Nobuo Aoyagi[2].
Au début des années 1940, les studios Jenkins-Osawa fusionnent avec les sociétés de productionTōhō et Photo Chemical Laboratories (P.C.L.)[3]. Kon Ichikawa rejoint Tokyo à cette occasion. Il y rencontre Natto Wada(和田 夏十, Wada Natto?, parfois transcrit en Natsuto Wada[4]), alors traductrice pour la Tōhō, qui devient sa femme et écrit les scénarios de la plupart de ses films réalisés entre 1949 et 1965.
En 1946, la Tōhō lui donne l'occasion de réaliser un premier film, La Fille du temple Dojo[1],[6], une animation tournée avec des marionnettes et adaptée d'une pièce de bunraku.
Kon Ichikawa ne présente pas le script du film au comité de censure de l'occupant américain[7],[3] avant de le réaliser (peut-être parce qu'il avait peu de chances d'être accepté, les thèmes trop «médiévaux» étaient généralement rejetés[8],[9]); en conséquence, les autorités américaines confisquent les bobines, empêchant la diffusion du film qui, longtemps perdu —on l'a cru détruit— est désormais retrouvé et conservé, notamment par la Cinémathèque française.
Affirmation cinématographique et politique
Le contrôle et la censure des médias par les forces d'occupation avaient des effets très sensibles sur l'industrie cinématographique japonaise[10], et se traduisirent notamment, dans l'immédiat après-guerre, par une montée en puissance des syndicats et l'apparition de conflits sociaux dans les sociétés de productions.
Fondé le [11] (seulement quatre mois après la fin de la guerre) le syndicat de la Tōhō est alors l'un des plus actifs et organise d'importantes grèves et manifestations dès début 1946. À partir de l'automne 1946, un mouvement de grève plus radical provoque une scission parmi les employés de la Tōhō et aboutit à la création en [12] d'une nouvelle société de production sous la bannière anticommuniste, la Shintōhō. S'étant opposé aux grévistes, Kon Ichikawa rejoint la Shintōhō. Ce parti pris n'était pas sans conséquences pratiques: il était à l'abri des «chasses aux sorcières» anticommunistes (qui commencèrent en 1948 lorsque les Américains changèrent radicalement leur politique à cet égard[13]), mais se trouvait désormais dans une société de production sans grands moyens financiers, privée de «tête d'affiche» (comme Mikio Naruse et Akira Kurosawa, qui étaient restés à la Tōhō) et qui se trouvait par conséquent contrainte de produire un cinéma grand public. C'est pourquoi, jusqu'au début des années 1950, Kon Ichikawa est contraint à la réalisation de films à vocations plus commerciales qu'artistiques.
Fin de carrière
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1973: Le Plus Rapide(最も速く, Mottomo hayaku?), 5e segment dans le film collectif Visions of Eight(時よとまれ、君は美しい/ミュンヘンの17日, Tokiyo tomare, kimi wa utsukushii?)
Télévision
1965 - 1966: Le Dit du Genji(源氏物語, Genji monogatari?) (série TV)
1972: Kogarashi Monjirō(木枯し紋次郎?) (série TV de 4 épisodes)
1986: Le Conte des chatons(子猫物語, Koneko monogatari?) (téléfilm)
L'écriture Natto Wada est généralement adoptée, y compris dans les ouvrages de référence. Il s'agit d'un nom d'artiste, son vrai nom de jeune fille est Yumiko Mogi (et après mariage, Yumiko Ichikawa).
Certaines sources, indiquent que ce film fut tourné pour les studios Shintōhō. C'est un anachronisme: les studios Shintōhō n'existent pas encore en 1946, ils ne seront fondés que l'année suivante, en 1947[5].
Le Milliardaire: titre français du film d'après le catalogue de Hideko Govaers, Reiko Inoue et La Cinémathèque française, Le Cinéma japonais de ses origines à nos jours (de janvier 1984 à avril 1985), Cinémathèque française, 1er trimestre 1984, 144p. (lire en ligne), p.136
(en) Stuart Galbraith, Japanese Filmography: A Complete Reference to 209 Filmmakers and the Over 1250 Films Released in the United States, 1900 Through 1994, Mcfarland, , 509p. (ISBN978-0-7864-0032-4), p.475
Max Tessier, Le Cinéma japonais au présent: 1959-1984, Paris, Lherminier, (réimpr.1984), 219p. (ISBN2-86244-028-0)
Tadao Satō (trad.du japonais par Karine Chesneau et al.), Le Cinéma japonais, Tome II, Paris, Cinéma/pluriel et Centre Georges Pompidou, , 324p. (ISBN2-85850-930-1).
Donald Richie (trad.de l'anglais par Romain Slocombe), Le Cinéma japonais, Paris, Édition du rocher, , 402p. (ISBN2-268-05237-0).
(en) James Quandt (dir.), Kon Ichikawa, Toronto, Cinematheque Ontario, , 445p. (ISBN0-9682969-3-9)
L'ouvrage de référence sur Kon Ichikawa, dont les articles sont écrits par de célèbres auteurs ou réalisateurs (tels que Yukio Mishima ou Yasuzo Masumura), des experts renommés du cinéma japonais (Tadao Satō, Donald Richie, Max Tessier, Aaron Gerow) ou des proches du réalisateur (y compris sa femme, Natto Wada et lui-même).