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KC-X est un programme de l'United States Air Force (USAF) pour se procurer une nouvelle génération d'avion ravitailleur pour remplacer les anciens Boeing KC-135 Stratotanker. L'appel d'offres proposait un contrat de 179 nouveaux ravitailleurs pour remplacer les KC-135. Boeing et Northrop Grumman/EADS étaient en compétition, à la suite de l'élimination de US Aerospace/Antonov[1].
Finalement, le gagnant est attribué au Boeing KC-46 en février 2011, mettant fin au programme KC-X[crs 1].
La Force aérienne des États-Unis (armée d'air des États-Unis) possède une grande flotte de Boeing KC-135 Stratotanker, construits entre 1954 et 1965. 732 KC-135E entrerènt en service durant ces années[2]. Dans l'optique de remplacer les appareils les plus anciens, en 2001, elle lança le programme Commercial Derivative Air Refueling Aircraft.
La conclusion fut rapidement donnée. Parmi les candidats composés des Boeing B757, B767, B777 et Airbus A330[2], la plate-forme B767 fut choisie. En effet, son constructeur qui envisageait ce besoin étudiait depuis longtemps cette possibilité du KC-767. L'A310 MRTT n'était pas satisfaisant tandis que l'A330 MRTT était en phase de conception. En mars 2002[3], l'Armée de l'air américaine demande à Boeing et à Airbus de fournir des renseignements détaillés sur leurs propositions d'ici le mois de février suivant[4].
Pourtant, le programme subit rapidement une remise en cause radicale, provoquée par le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld. Un contrat à base de location fut annoncé, avec une somme de 23,5 milliards de dollars[3]. Cette manière inhabituelle et le montant attirèrent l'attention, notamment du sénateur John McCain. Non seulement une somme en réalité plus élevée fut révélée mais aussi que les données confidentielles d'Airbus étaient communiquées à Boeing par la responsable du Pentagone Darleen Druyun. À la suite des enquêtes, cette dernière fut condamnée, en avril 2004, à 9 mois de prison ferme[4] tandis que deux dirigeants de Boeing dont le PDG furent licenciés[3],[5]. En fait, ce KC-767 proposé n'était pas capable de réaliser des fonctions qui étaient assurées par le KC-135. Ainsi, le nouveau ravitailleur ne pourrait pas transporter des passagers, des blessés et du fret. Mêmes les appareils de la marine américaine ne pourraient pas être ravitaillés par celui-ci[3].
Le secrétaire de l'armée d'air, James G. Roche, remis l'affaire entre les mains de l'inspecteur général du département de la défense Joseph E. Schmitz. Cette enquête interne révéla que l'A330 MRTT en développement était, dans les spécifications de l'armée, supérieur (20 critères sur 26) et moins couteux. Dans l'optique de favoriser Boeing, Darleen Druyun et son équipe firent réduire les critères de 26 à 7[3]. « L'établissement du cahier des charges aurait donc été réalisé conjointement entre l'USAF [armée d'air] et Boeing[3]. »
Le programme fut donc suspendu en décembre 2002. Or, l'annulation officielle n'eut lieu qu'en janvier 2006[3].
Afin de sauver le programme, plombé par le scandale, une réorganisation fut effectuée par une perspective dans la durée. Pour le renouvellement urgent, le programme KC-X devait être étudié. Puis les programmes KC-Y et KC-Z seront lancés pour la flotte de KC-135 restants ainsi que le futur renouvellement de McDonnell Douglas KC-10 Extender, plus performant.
À la suite de cet événement, l'armée de l'air dut modifier sa stratégie, et surtout ouvrir la compétition à EADS (aujourd'hui Airbus)[5]. Pour cela, il lui fallait un temps de préparation[ig 1].
Le programme de KC-X fut inauguré le 24 février 2004, afin de fixer les caractéristiques requises de l'appareil. Ces travaux seront terminés le 27 décembre 2006[ig 2]. L'étude pour conclure le contrat débuta le 26 août 2005[ig 2]. En outre, l'achat par l'armée de l'air était autorisée à partir du 13 avril 2006[ig 2],[4]. Tous préparés, le 30 janvier 2007, dans l'optique de renouveler une flotte de 179 KC-135, l'armée d'air publia les caractéristiques requises de KC-X[crs 2],[6],[4].
L'Appel d'offres [RFP (Request for Proposal)] comportait neuf paramètres principaux : ravitaillement ; transport de carburant et rayon d'action (équivalant ou supérieur au KC-135) ; équipes suffisantes pour la communication, la navigation et la surveillance de trafic aérien ; transport de fret ; réception de carburant en vol ; autoprotection ; capacité d'établir la communication dans l'espace de bataille ; capacité de survie ; différentes méthodes de transfert de carburant aux appareils (perche et paniers)[7].
Le 22 décembre 2006, le bureau du Département de défense de l'inspecteur général (Department of Defensee Office of Inspector General) publie 14 recommandations pour l'armée de l'air, qui lui conseillent entre autres de ne pas suivre l'ancien contrat pour le KC-767A. L'armée lui répondit le 15 mars 2007[ig 3]. L'armée de l'air considérait qu'une flotte composée de plusieurs types d'avions n'était pas convenable,en considérant quatre modèles de base : Airbus A330, Airbus A340, Boeing B767 et Boeing B777[ig 4],[8]. En août 2007, des études préconisaient deux types de KC-X, mais l'armée d'air s'y opposa catégoriquement, en citant des difficultés logistiques, techniques et budgétaires[8],[4].
Pour cette compétition KC-X, deux appareils furent proposés par leurs constructeurs, dont les derniers dossiers furent déposés le 3 janvier 2008[8],[9] :
L'équipe de l'armée choisit, le 29 février 2008, la proposition de Northrop Grumman-EADS[gao 1]. Comme ses caractéristiques étaient différentes de celles de l'A330 MRTT, l'appareil était classé KC-45A. Airbus aurait commencé à construire quelques A330 pour les prototypes.
À la suite de cette décision, Boeing protesta auprès de l'armée d'air et déposa un dossier, le 11 mars, au Government Accountability Office (GAO)[gao 2].
Le 25 juin 2008, ce dernier accepta la plainte de Boeing, après avoir examiné les dossiers en concours, durant presque cent jours[8]. En effet, d'après la déclaration GAO-08-991T publiée le 10 juillet, plusieurs erreurs commises avaient été trouvées. Il s'agissait, selon le GAO, de huit erreurs, principalement des questions de procédure[gao 3],[8]. Au contraire, le GAO rejeta de nombreuses accusations de Boeing, selon laquelle l'autorité de l'armée de l'air eût violé les exigences légales[gao 1].
Aussi les recommandations du GAO étaient-elles[gao 4] :
« GAO recommends that the Air Force reopen discussions with the offerors, obtain revised proposals, re-evaluate the revised proposals, and make a new source selection decision, consistent with this decision. »
(Le GAO recommande que l'armée de l'air rouvre les discussions avec les fournisseurs, obtienne leurs propositions révisées, réévalue les propositions révisées et forme une nouvelle structure à effectuer la sélection, laquelle conformera cette décision.)
L'évaluation de l'armée d'air avait été effectuée durant treize mois par deux cents spécialistes alors qu'auprès du GAO, seuls plusieurs personnels traitèrent les dossiers en seulement cent jours. En raison du climat politique, le contrat fut suspendu le 13 mars puis annulé le 18 juin[8].
La gestion du programme de KC-X fut provisoirement retirée à l'armée de l'air[crs 2].
Le 9 juillet 2008, Robert Gates, secrétaire à la Défense, déclara que la compétition serait relancée sous la responsabilité du sous-secrétaire John Young[8]. Un nouvel Appel d'offres fut présenté le 6 août puis révisé dans le même mois[8].
Boeing demanda, le 21 août, au sous-secrétaire de repousser la compétition de quatre mois supplémentaires, de sorte que l'entreprise puisse proposer un appareil plus grand (KC-777), qui serait le concurrent du KC-45A (A330). Le constructeur menaça le sous-secrétaire de se retirer de la compétition, si ce délai n'est pas accordé. Sa demande fut refusée[8].
Le délai de remise des offres était fixé en octobre tandis que le choix était prévu en décembre. Mais le 10 septembre, le Pentagone suspendit la compétition, vraisemblablement en raison de l'élection présidentielle[8].
L'administration du président George W. Bush décida de ne pas reprendre ce programme, à la fin de son mandat. Le projet fut confié à celle de Barack Obama[crs 2]. L'équipe du président fit modifier drastiquement le nouvel appel d'offres du programme KC-X.
Le 24 septembre 2009, de nouveaux critères furent publiés[crs 3],[8] :
À la suite de cet appel d'offres provisoire, le 1er décembre 2009, le PDG de Northrop Grumman, Web Bush, manifesta son mécontentement, après y avoir trouvé une préférence évidente pour un tanker plus modeste (clear preference for a smaller tanker). Sans révision, déclara-t-il, Northrop Grumman ne pourrait pas participer à cette compétition, en expédiant sa lettre de protestation au secrétaire Ashton Carter, responsable du Pentagone. Selon lui, quel que soit le gagnant, l'appel d'offres présenté impose au constructeur des charges financières (financial burdens), qui ne sont pas acceptables pour son entreprise[crs 4]. D'ailleurs, l'appel d'offres provisoire favorisant une petite taille fit exclure le projet du Boeing KC-777, celui-ci étant une plate-forme de grande capacité[10]. Cette demande provoquera donc une grosse difficulté pour le développement du nouveau ravitailleur, d'une part avec ses charges financières, d'autre part à cause de sa plate-forme trop modeste[11].
L'appel d'offres définitif, fut présenté aux deux constructeurs le 24 février 2010, avec 372 critères obligatoires, au lieu de 808 auparavant[crs 5],[8]. Parmi de nombreuses modifications, le contrat avait considérablement été modifiée sur les conditions financières[crs 6].
À la suite de cette présentation, Boeing renonça, le 4 mars 2010, définitivement à sa préférence pour le KC-777, grand appareil pénalisé par les règles de l'appel d'offres[8]. Le 8 mars, maintenant c'était Northrop Grumman qui retira le dossier de la compétition[crs 5],[8], en jugeant que la nouvelle méthodologie était biaisée[8]. Cette situation obligea à EADS (Airbus) à chercher un nouveau partenaire, en vain[8].
Le 1er juillet 2010, l'entreprise américaine US Aerospace et Antonov proposèrent leur participation avec l'Antonov An-112KC, variant de l'An-70. Or leur représentant deposa le dossier, le 9 juillet, avec cinq minutes de retard. L'inscription fut rejetée par le secrétaire de programme, puis le 6 octobre par le GAO[12].
Le 18 juin, un délai de décision fut annoncé par l'armée d'air, jusqu'en novembre 2010, qui ne sera pas tenu[8].
Finalement, le 24 février 2011, le département de la Défense des États-Unis annonça que le Boeing KC-46A avait été sélectionné, afin de remplacer 179 KC-135, avec 35 milliards de dollars de budget[crs 1].
Dorénavant, le programme de KC-X fut remplacé par celui de l'acquisition de KC-46A[crs 1]. Le programme actuel d'acquisition et de remplacement est le KC-Y[crs 7] tandis qu'un certain nombre de KC-135 pourront être encore opérationnels sans risque jusque dans les années 2040[crs 8],[crs 9]. La dernière tranche de contrat de KC-46A aura expiré en 2027[crs 10].
Les quatre premiers KC-46A furent livrés à l'armée d'air en janvier 2019, avec plus de trois ans de retard[crs 1].
Selon Alexandre Vautravers[13] (2010), « En 2002, en privilégiant le KC-767 à l'A310 MRTT, l'armée de l''air (française) a sélectionné un appareil plus grand et plus performant que les appareils actuellement en service. En 2008, L'USAF a sélectionné l'A330 MRTT contre le KC-767 pour les mêmes raisons. » ... « Mais ajoutons, cependant, un argument supplémentaire : l'USAF peut-elle accepter d'introduire un appareil moins performant que certains de ses alliés ?[8] »
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