actrice et dramaturge française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Julie Molé, née en 1767 à Paris et morte en 1832 à Paris, connue également sous les noms de Madame Molé ou comtesse de Vallivon, est une actrice de théâtre et dramaturgefrançaise de la fin du XVIIIesiècle et du début du XIXe.
Julie Louise Delavigne serait née à Paris en 1767[1],[2]. Son acte de baptême, ses actes de mariage et son acte de décès n'ont a priori pas été reconstitués dans l'état civil de Paris.
Son nom de scène Molé viendrait de son compagnon[3] l'acteur Louis François Molé dit Dalainville[4]. À sa mort en 1801, elle se marie avec un certain Léger (ou Légé), accolant pour la scène ce patronyme à celui de Molé[5]. En 1814, elle se remarie avec le comte Albitte de Vallivon, un an avant de quitter la scène.
Elle meurt à Paris en 1832.
L'actrice fait probablement ses débuts au théâtre de Toulouse[4], dont François-René Molé et Louis-François Molé-Dalainville sont directeurs de 1779 à 1791. Julie Molé revient ensuite à Paris. Elle débute comme grande coquette le 26 mai 1789 au théâtre Feydeau. À l'été 1791, elle part en tournée à Saint-Domingue avec Molé Dalainville. Ils sont probablement sur place quand éclate la révolte des esclaves[6]. Ses Souvenirs et Mémoires[7] ne précisent pas les conditions de leur retour en France mais évoquent la difficulté de jouer sous la Terreur. En octobre 1796, Louis-François Molé fait une demande d'autorisation de résidence à Paris, pour lui et sa femme, précisant qu'ils viennent de Bruxelles et qu'il souhaite faire entrer Julie Lavigne dans la troupe du théâtre de la République. En décembre de la même année, elle intègre la troupe du théâtre Louvois[7].
Carrière d'autrice
Le plus grand succès de Julie Molé-Léger est la pièce Misanthropie et Repentir, «prodigieux succès de larmes[8]», drame d'August von Kotzebue qu'elle adapte pour la scène française. Les rôles principaux seront repris par Talma en 1821, mademoiselle Mars ou encore Marie Dorval en 1834, et la pièce rejouée de nombreuses fois au cours du XIXesiècle (140 fois salle Richelieu entre 1800 et 1843[9]). Elle figure au répertoire de la Comédie-Française, chose peu fréquente pour les œuvres de femmes comme le relève la presse[10] en 1883, à l'occasion de la représentation de Mademoiselle du Vigean, de Simone Arnaud. Ses relations avec les critiques théâtrales semblent néanmoins compliquées, certains l'accusant à demi mot d'avoir utilisé une traduction déjà faite. Les pièces qu'elle écrit par la suite sont difficiles à monter; d'après ses mémoires, elle aurait même caché être l'auteure de L'Orgueil puni jusqu'à la première représentation[7].
Œuvres identifiées
Misanthropie et Repentir, drame d'August von Kotzebue en 5 actes, adapté par Julie Molé, joué à partir du 28 décembre 1798 au théâtre de l'Odéon, publié en 1819[11], puis réédité. La pièce en est à sa soixantième représentation lorsque arrive l'incendie du théâtre de l'Odéon le 18 mars 1799; les représentations se poursuivent au théâtre du Grand Opéra, au théâtre de Favart, ou encore au théâtre de Feydeau[7],[11],[12].
La Bibliothèque nationale de France indique par erreur une naissance en 1789. Cette date est incompatible avec son succès en 1798 pour Misanthropie et Repentir, ses liens avec Molé et tous les éléments de sa carrière. Pierre Larousse, dans son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, la dit par ailleurs «sœur de Molé», autre erreur qui sera abondamment reprise dans les ouvrages du XIXesiècle.
Archives nationales de France, Demande d'autorisation de résidence de Louis François Molé dit d'Allainville et son épouse Louise Julie de Lavigne, native de Paris, artistes dramatiques, octobre 1796, cote F/7/10765/A/2 (inventaire en ligne)
Certaines sources (H. Lyonnet, J. Fouchard, souvenirs de Julie Molé publiés en 1900, autorisation de résidence à Paris de 1796) avec lequel elle n'a probablement jamais été mariée. Dalainville s'est par ailleurs marié à Marseille en 1774 avec Louise Catherine Julie Cauzet dite Desmarest (acte en ligne); le couple a trois filles entre 1776 et 1788.
Paul Porel et Georges Monval, L'Odéon: histoire administrative, anecdotique et littéraire du Second Théâtre Français, A. Lemerre, (lire en ligne), p.191
August von Kotzebue et Julie Molé, Misanthropie et Repentir: Drame en 5 actes, en prose, du théâtre allemand de Kotze-Bue, refaite pour la scène française, par Madame Julie Molé, comtesse de Vallivon, Paris, Barba, libraire, (lire en ligne)
Pierre Marie Michel Lepeintre-Desroches, Suite du Répertoire du Théâtre Français: avec un choix des pièces de plusieurs autres théâtres, Paris, Mme Veuve Dabo, (lire en ligne), p.250 et suivantes