Sorolla est connu pour ses scènes de genre alliant réalisme et lyrisme ainsi que pour ses scènes de plage et sa maîtrise de la couleur blanche dont il use avec brio dans de nombreux tableaux. Son style a été qualifié d'impressionniste, de post-impressionniste ou encore de luministe.
Origines familiales et formation
Sorolla est né à Valence, en Espagne. Il est l'aîné d'un marchand, également nommé Joaquín Sorolla et de son épouse Concepción Bastida. Sa sœur Concha naît un an plus tard. En , leurs deux parents meurent lors d'une épidémie de choléra; les enfants sont pris en charge par leur tante maternelle et leur oncle, serrurier de profession. Pendant quelque temps, son oncle tente en vain d'enseigner la serrurerie à son neveu, très rapidement convaincu que sa voie est la peinture.
Joaquin fait connaître tôt sa volonté d'étudier la peinture. Il apprend le dessin à l'école des artisans de Valence[1]. Durant ses études au 12, rue Avellanas, il a comme compagnons José Vilar y Torres, les frères Benlliure et Pinazo[2].
Débuts dans le monde de l'art
À la fin de ses études, il envoie des œuvres pour participer à des concours en province et à des expositions nationales des beaux-arts, notamment celle de Madrid en 1881, où il présente trois marines de Valence, qui sont ignorées car ne correspondant pas à la peinture officielle, qui demande des thèmes historiques et dramatiques. L'année suivante, il étudie l'œuvre de Vélasquez et d'autres artistes au Musée du Prado. Après ces visites, Sorolla peint en 1883 une toile inédite Étude du Christ, redécouverte récemment, où se remarque l'influence de Christ crucifié de Vélasquez[3],[4]. C'est avec cette toile que commence son étape «réaliste» où il a Gonzalo Salva pour professeur. Finalement, en 1883, il obtient la médaille de l'Exposition régionale de Valence et en 1884 celle de deuxième classe de l'Exposition nationale grâce à son tableau Défense du Parc d'artillerie de Montéléon, œuvre mélodramatique et obscure, réalisée expressément. Il confie alors à un de ses collègues: «Ici, pour se faire connaître et gagner des médailles, il faut qu'il y ait des morts»[5].
Il obtient un grand succès à Valence avec son tableau El Crit del Palleter («Le Cri du marchand de paille») sur la guerre d'indépendance espagnole, qui lui vaut en 1885 une bourse de la Députation Provinciale de Valence pour aller à Rome. Là, en parallèle de son travail, il découvre l'art classique et renaissance, visite les grands musées et noue des liens avec les autres artistes. Il y développe son style et sa technique.
Avec son ami le peintre Pedro Gil, il se rend à Paris durant le premier semestre 1885, pour y observer de près la peinture impressionniste. Ce voyage produit un changement de thèmes et de style: il se lance dans des toiles à motifs religieux, notamment L'Enterrement du Christ, avec lequel il n'eut pas le succès espéré. Il se rapproche ainsi des avant-gardes européennes. Parmi les peintres qui l'influencent, figurent John Singer Sargent, Giovanni Boldini et Anders Leonard Zorn.
En 1888, il se marie avec Clotilde García del Castillo à Valence, puis ils vivent une année en Italie, à Assise. Il réalise à cette époque quelques tableaux importants comme La Vente des melons (Malaga, musée Carmen Thyssen) ainsi que plusieurs autres sur des thèmes costumbristes qu'il pouvait vendre facilement. C'étaient en général de petites aquarelles commercialisées par son marchand Francisco Jover.
Ascension
En 1889, le peintre et sa famille s'installèrent à Madrid. En à peine cinq années, Sorolla jouit d'un grand renom comme peintre. Avec le retour en Espagne, sa palette s'éclaircit, illustrant les plages méditerranéennes, les ébats d'enfants, les nus, les pêcheurs valenciens. Il obtint son premier succès important avec Une autre Marguerite, qui lui valut la médaille d'or à Madrid et fut vendu à la galerie Saint-Louis. Il devient vite très connu, meneur incontesté de l'école moderne espagnole de peinture.
En 1894, il voyagea de nouveau à Paris, où il développa le style appelé luminisme qui devient dès lors caractéristique de son œuvre. Il commença à peindre à l'air libre, maîtrisant et utilisant la lumière pour des scènes quotidiennes et des paysages du bord de la Méditerranée. Joaquin Sorolla exposa au Salon des artistes français en 1893, où il fut régulièrement admis entre cette date et 1909, obtenant un 3eprix pour le Baiser à la Relique, puis un 2eprix pour Retour de la pêche: halage de la barque (1894), œuvre très admirée au salon de Paris[6] et acquis par l'État pour le musée du Luxembourg.
Consécration
Dans ses tableaux, le Retour de la pêche: halage de la barque, La Plage de Valence, ou Triste héritage, il communique sa vision de la Méditerranée, la splendeur d'une matinée à la plage dans des coloris vibrants, un style léger, vigoureux. Avec Triste héritage, il reçoit en 1900 le «Grand Prix» du concours international de Paris. Il continue à traiter des thèmes sociaux qui lui avaient valu son succès, avec notamment Et en plus elles disent que le poisson est cher! (1894)[7].
En , à Valence, son ami sculpteur Ricardo Causarás Casaña lui rend visite. Il pose pour une statue de terre et de plâtre finalement exposée à l'exposition générale des beaux-arts de Madrid. Elle se trouve actuellement dans les jardins royaux de Los Viveros à Valence. À cette époque, la ville de Valence lui fait l'honneur d'une rue à son nom, le nommant fils émérite de la ville. Après avoir beaucoup voyagé en Europe - en Angleterre et en France - il remporte une médaille d'honneur l'exposition universelle de Paris en 1900 et en 1901, est nommé chevalier de la Légion d'honneur[8]. Ce succès lui donne des moyens financiers et une reconnaissance internationale nouvelle, aidant à la diffusion de son œuvre dans toute l'Europe et aux États-Unis.
À l'été 1905, il se rend à Jávea pour réaliser une série de peinture d'enfants nus, dont l'une de ses plus célèbres lui vaut une commande de l'Hispanic Society of America et parmi lesquelles figure notamment Le Bain (Musée Métropolitain, New York). Une exposition de ses œuvres — paysages, portraits — à la galerie Georges Petit à Paris en 1906 lui apporte une gloire encore plus grande: il est fait officier de la Légion d'honneur[8]. Son succès social comme économique est complet.
En 1905, le peintre acquiert un terrain sur le paseo del Obelisco à Madrid (Actuellement rue General Martínez Campos), à côté de la résidence de l'actrice María Guerrero. Peu après il achète le terrain contigu qu'il transforme en trois jardins. Sorolla inaugure en 1911 sa nouvelle résidence madrilène[9].
En , il signe une commande pour l'Hispanic Society of America de New York. En conséquence, entre 1913 et 1919, il réalise quatorze panneaux de très grandes dimensions pour décorer les salles de l'institution. Chacune est dédiée à une région d'Espagne.
Chaque tableau mesure 3,5 mètres de haut; mis bout à bout, ils mesurent 70 m de long, ce qui en fait un monument magistral d'Espagne. En 1912, Sorolla consacre l'année à voyager dans toute l'Espagne, faisant des croquis des scènes populaires ou coutumières auxquelles il assiste. Chaque tableau décrit des détails caractéristiques des diverses provinces espagnoles et portugaises[11].
En 1914 il est nommé universitaire. Après ses travaux pour l'Hispanic Society il travaille comme professeur de composition et de couleurs à l'école des beaux arts de Madrid.
En , il se rend à Majorque, aux Baléares, près de Pollença. Il puise plusieurs tableaux dans la lumière majorquine[13], dont Elena en la cala de San Vicente[14]. Le voici à Ibiza en . Ce sont bientôt ses derniers tableaux.
Le , alors qu'il peignait le portrait de l'épouse de l'écrivain Ramón Pérez de Ayala, dans le jardin de sa maison madrilène, il est victime d'un accident vasculaire cérébral qui le laisse hémiplégique[15]. Diminué dans ses facultés physiques il ne peut plus peindre. Il mourut trois années après dans sa résidence d'été à Cercedilla, le [16].
Portraits
Portrait de William Howard Taft, Président des États-Unis (1909), Taft Museum of Art
Autoportrait de Joaquín Sorolla, (1909), musée Sorolla, Madrid
Portrait de Raquel Meller (1918), musée Sorolla, Madrid
Portrait de Ramón Pérez de Ayala (1920), Hispanic Society of America, New York
Postérité
Après sa mort, sa veuve fait don de nombre de ses tableaux à l'État espagnol. Ces peintures forment le fonds du musée Sorolla situé depuis 1932 dans la maison de l'artiste à Madrid.
En 1933, Paul Getty achète dix de ses tableaux représentant des scènes de plages impressionnistes.
La liste est non exhaustive. Le musée Sorolla à Madrid rassemble plusieurs centaines d'œuvres. Le classement par pays, villes et institutions est fait selon l'ordre alphabétique. Celui des œuvres est chronologique.
Jordane Fauvey, Joaquín Sorolla pintor del Rey Alfonso XIII, dans Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2007, n° 1: présentation de son mémoire de master, Université de Franche-Comté, , 163 p. (lire en ligne).
Musée des impressionnismes, Dossier pédagogique de l'exposition Sorolla: Sorolla, un peintre espagnol à Paris, Giverny (lire en ligne)
Catalogue de l'exposition Sargent / Sorolla, Madrid 3 octobre 2006 / 7 janvier 2007, Paris 15 février / 13 mai 2007, Paris-Musées, février 2007
Filmographie
José Antonio Escrivá, Cartas de Sorolla, 2006. Téléfilm sur la vie du peintre.