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espèce éteinte du genre Homo découverte à Dmanissi, en Géorgie, officiellement reconnue comme la première espèce humaine à avoir vécu hors d'Afrique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Homme de Dmanissi
Homo georgicus (« Homme de Géorgie » en latin), communément appelé l’Homme de Dmanissi, est une espèce éteinte du genre Homo, décrite en 2002 à partir de fossiles découverts à Dmanissi, en Géorgie (Caucase). Ces fossiles sont datés de 1,8 million d'années et appartiennent donc aux premiers représentants du genre Homo attestés à ce jour hors d'Afrique. La position phylogénétique de ces fossiles fait encore l'objet de débats, leur grande diversité morphologique[1] ayant suscité parmi les chercheurs une certaine perplexité sur la variabilité interne de cette nouvelle espèce et sur la validité des différents taxons humains actuellement admis.
Le site préhistorique de Dmanissi a été découvert en 1991 sous le village médiéval du même nom, situé à une altitude de 1 171 m. Il repose sur une coulée basaltique datée d’1,8 million d'années.
Fouillé par une équipe internationale comprenant le scientifique géorgien David Lordkipanidze avec le soutien de l'Académie des sciences de Géorgie en coopération avec le Musée central romain-germanique, le site a livré une industrie lithique archaïque de mode 1 (de type Oldowayen) et une faune très ancienne, dite villafranchienne.
Une première mandibule humaine fut découverte en 1991, suivie par cinq crânes de 1999 à 2005.
Le site a livré plus d'une trentaine de fossiles humains, parmi lesquels cinq crânes bien conservés :
Le volume endocrânien des cinq fossiles trouvés à Dmanissi varie de 546 à 730 cm3[1], ce qui correspond plus ou moins à la variabilité trouvée chez Homo habilis (de 550 à 700 cm3 environ).
David Lordkipanidze souligne la bipédie complète d'Homo georgicus : « Ses membres inférieurs et ses vertèbres étaient tout à fait adaptés à la marche mais aussi à la course. Et son pied possédait déjà une voûte plantaire bien développée. »
Homo georgicus présente donc des caractères intermédiaires entre Homo habilis et Homo ergaster.
La taille des sujets masculins est estimée à 1,50 m. Un dimorphisme sexuel marqué, avec des mâles nettement plus grands que les femelles, traduirait un caractère primitif. Un tel dimorphisme est moins marqué chez les humains plus récents d'Europe, c'est-à-dire Homo heidelbergensis et Homo neanderthalensis.
Les deux crânes découverts en 1999 furent initialement considérés comme proches d'Homo ergaster[3]. Le crâne de 2001 était moins volumineux et présentait certains points communs avec Homo habilis. Toutefois les différents fossiles étaient trop proches pour relever d'espèces distinctes (Vekua et al. 2002) et ils furent tous rapportés à Homo georgicus, dont D2600 est le spécimen type (Gabunia et al. 2002).
Des chercheurs soutiennent l'appartenance des fossiles à Homo habilis. En effet, ils ont effectué la comparaison entre le crâne d'un juvénile presque adulte, D2700, découvert en 2001, et celui de KNM-ER 1813, un Homo habilis adulte découvert au Kenya. Les conclusions ont montré des ressemblances au niveau de la face. Cependant, la face étant probablement la dernière partie qui se met en place chez un individu, cette hypothèse est contestée. Ainsi, pour Fred Spoor, ces fossiles sont simplement des Homo erectus car le neurocrâne de D2700 ressemble fortement à celui d'Homo erectus malgré une taille plus petite[4].
L'un des découvreurs, David Lordkipanidze, ne tranchait pas, en 2008, entre les différentes attributions possibles, considérant d'une part qu'il y a des ressemblances marquées avec les Homo ergaster / erectus et les Homo habilis, mais d'autre part que les fossiles montrent aussi des mélanges de traits qui leur sont propres[5].
Pour l'équipe de chercheurs de 2013, l'échantillon de Dmanissi fournit une preuve directe de la grande variabilité morphologique existant à l'intérieur des premières populations d’Homo, aussi bien qu'entre elles. De la comparaison des crânes de Dmanissi et des fossiles de la même période découverts en Afrique et en Asie, ils tirent la conclusion que plusieurs appellations taxonomiques existantes au sein du genre Homo seraient à regrouper.
Bernard Wood, s'il pense probable l'appartenance des différents crânes de Dmanissi à une même espèce, se déclare sceptique devant l'extrapolation de ce résultat à l'ensemble des populations d’Homo de la période : il souligne que les classifications établies ne reposent pas seulement sur la morphologie crânienne et que d'autres critères (par exemple, la longueur des bras) justifient les distinctions taxonomiques actuelles[6]. De même, Fred Spoor considère que l'usage fait de l'analyse morphologique est inadéquat pour la distinction des différentes espèces[7].
Les fossiles d’Homo georgicus ont été découverts en association avec des ossements d'animaux, des outils de pierre et des outils de percussion qui permettaient à cette espèce de chasser, de tuer des animaux et de les préparer. Ceci établit selon ses découvreurs le statut de chasseur d’Homo georgicus, et non de charognard ou de simple cueilleur et consommateur d'aliments végétaux peu coriaces. L’Homme de Dmanissi consommait de la viande, et selon David Lordkipanidze, ce fait peut expliquer la survie de cette espèce et d'autres espèces du genre Homo habitant sous des hautes latitudes, surtout en hiver.
« Les outils trouvés à Dmanissi, au nombre d'environ 5 000 [en 2008], sont de simples éclats et des « choppers », galets dont une seule face a été aménagée pour former un tranchant. […] Ces outils sont identiques à ceux que l'on trouve dans la tradition culturelle oldowayenne, développée par les hominines africains près d'un million d'années auparavant »[5].
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