Histoire des pharmacopées chinoises
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La longue et riche histoire des pharmacopées chinoises est un trait singulier et illustre de la culture chinoise qui la distingue des autres grandes civilisations. Pendant plus de deux millénaires, les Chinois se sont principalement soignés en utilisant des décoctions de substances naturelles végétales, minérales ou animales dont ils ont consigné les recettes dans des pharmacopées (bencao[n 1] en chinois).
Histoire des pharmacopées chinoises | ||
Copie du Bencao Gangmu de Li Shizhen | ||
Définition | La caractéristique fondamentale des bencao (pharmacopées) est leur production par la méthode de compilation continue et non exclusive. | |
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Auteur(s) | ||
Pays | Chine | |
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La tradition des pharmacopées a commencé avec le Shennong bencao jing 神农本草经 « Le Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste » (Ier – IIe siècles) - ouvrage resté anonyme. Elle s’est ensuite poursuivie avec Tao Hongjing 陶弘景 (456-536), maitre taoïste, qui reprit le texte du Shennong bencao, le commenta et rajouta 365 nouvelles substances médicinales, ce qui doubla le volume initial. Sous les Tang, l’empereur Tang Gaozong 唐高宗 (628-683) accepta de soutenir la Xinxiu bencao 新修本草, une version commentée de la pharmacopée de Tao Hongjing. Après une pause des publications provoquée par l'engorgement des données en raison de leur accumulation non contrôlée, la publication du Bencao gangmu (本草纲目) de Li Shizhen en 1593 est souvent considérée comme un sommet dans la tradition des pharmacopées chinoises, marquant un apogée dans la méthodologie traditionnelle de compilation et de classification des connaissances médicinales.
Dans l'histoire des bencao (pharmacopées) chinoises, les chercheurs ont distingué trois grandes traditions: la principale, la thématique et la régionale[1]. La littérature ancienne de la médecine chinoise est immense, comme l’a montré le catalogue publié en 1819 par l’érudit japonais Tanba no Mototane, Zhongguo Yi Ji kao 中国医机考 « Investigations sur la littérature médicale chinoise » qui ne contient pas moins de 2 605 titres[2].
La très riche histoire des bencao chinoises est en contraste avec l’histoire de la pharmacognosie européenne qui, bien qu’ayant commencé comme elle, par un ouvrage qui restera un modèle de référence pendant un millénaire et demi (la Matière médicale de Dioscoride), végétera péniblement jusqu’à la Renaissance, sans connaître d'innovations[3]. Les XVIe – XVIIe siècles seront une époque de rupture radicale avec le passé, grâce aux travaux effectués par les apothicaires qui mirent au point des techniques de distillation pour extraire les principes actifs des substances médicinales. Ces innovations techniques permirent le remplacement des plantes médicinales au contenu variable, par des médicaments ne contenant que la molécule active à dose contrôlée. C’est de ces travaux que sortirent aussi les bases de la chimie moderne avec Antoine Lavoisier.
Dans les encadrés suivants, nous donnons les pharmacopées essentielles publiées de la tradition principale des bencao, que nous avons tirées de l'Encyclopédie d'histoire et littérature chinoise[4], de Paul U. Unschuld[5],[6] et de la List of Chinese Medical Classics[7] ainsi que quelques exemples de pharmacopées régionales et d'ouvrages traitant des substances utilisées à la fois en thérapie et en alimentation. Nous brosserons à grands traits les phases principales de cette histoire.