Né d'un père professeur d'art, Hermann Rorschach est lui-même doué pour cette matière. Au gymnase, il est surnommé «Klex» ou «Klecks» («tache»)[2] en raison de son intérêt porté pour la klecksographie. Excellent dessinateur et passionné de peinture, il hésite entre cette voie et les études médicales et choisit finalement la médecine en se spécialisant en psychiatrie. En 1906, il soutient une thèse sur les hallucinations réflexes sous la direction d'Eugen Bleuler.
Intéressé par la culture russe, il travaille une année en Russie puis, pour des raisons inconnues, il retourne vivre en Suisse.
Il travaille ensuite dans plusieurs cliniques, notamment dans le premier hôpital psychiatrique universitaire de Suisse, situé à Berne, nommé la Waldau. Puis, il est directeur adjoint de l'hôpital cantonal de Herisau jusqu'à sa mort. Il participe à la fondation de la Société suisse de psychanalyse en 1919, avec Oskar Pfister, Emil Oberholzer et Mira Gincburg, et en devient vice-président. Il pratique la psychanalyse, sans avoir réalisé d'analyse didactique, qui n'était pas encore devenue obligatoire[3].
Hermann Rorschach est emporté en vingt-quatre heures par une péritonite inopérable en 1922, à l'âge de 37 ans[4],[5].
Hermann Rorschach a principalement travaillé à l'élaboration d'un test projectif publié en 1921, le «test de Rorschach», destiné à évaluer les caractéristiques psychologiques d'un individu d'après la manière dont il réagit à des taches d'encre[6]. Il compare ainsi les réponses des patients à celles d'individus normaux[6]. Il découvre ainsi que la perception visuelle est influencée par la personnalité[6].
Historique du test
Hermann Rorschach aurait connu l'ouvrage publié en 1857 par le médecin allemand Justinus Kerner, il s'agit d'un recueil de poèmes (qui deviendra populaire), chaque poème étant inspiré par une tache d'encre «accidentelle»[7]. Le psychologue français Alfred Binet utilisait également des taches d'encre dans le cadre de tests de créativité[8]. La typologie du psychiatre suisse Carl Gustav Jung est à l'origine de son test projectif, fondé sur les quatre tendances de la personnalité:
le coarté[9] (caractérisé par la faiblesse de ses énergies instinctuelles et de la résonance affective);
l'ambiéqual[10] (il alterne les tendances introversives et extratensives).
Ce test deviendra très utilisé dix années après sa mort et les théories qui le sous-tendent évolueront considérablement depuis. Il est, avec le TAT, le test projectif le plus utilisé (ils sont complémentaires et souvent passés ensemble) par des psychologues cliniciens dans le cadre d'un examen psychologique[réf.nécessaire].
En 2004, le psychiatre Christian Müller et Rita Signer publient un ouvrage retraçant la chronologie des travaux de Rorschach, de 1902 à 1922, avec l'édition de 231 correspondances classées[11].
Parutions en allemand
(de) Ueber Reflexhalluzinationen und verwandte Erscheinungen [«Sur les hallucinations réflexes et les phénomènes associés»] (Thèse), Berlin, [s.n.], , 49p., in-8° (BNF37299121, lire en ligne).
(de) Psychodiagnostik: Methodik und Ergebnisse eines wahrnehmungsdiagnostischen. Experiments: Deutenlassen von Zufallsformen [«Psychodiagnostic: méthodologie et résultats d'un diagnostic perceptif. Expériences : Interprétation de la formule aléatoire»], Bern, Morgenthaler / Ernst Bircher Verlag (réimpr.1932 [2e éd.],1937 [3e éd.], 1941 [4e éd.]) (1reéd. 1921), 174p., 24 cm (OCLC496082671, BNF32583551, SUDOC011722576, présentation en ligne).
(de) Zwei schweizerische Sektenstifter (Binggeli-Unternährer) [«Deux donateurs de la société suisse (Binggeli-Unternährer)»], Nach Vorträgen in der Schweizerischen Gesellschaft für Psychoanalyse von Rorschach [«Après des conférences à la Société Suisse de Psychanalyse par Rorschach»], Leipzig / Wien / Zürich, Internationaler psychoanalytischer Verlag, , 51p., in-8° (OCLC491802278, SUDOC063838974, présentation en ligne, lire en ligne).
H. Rorschach, N. Canivet et G. Gatier (Adaptateurs), Psychodiagnostic de Rorschach: Manuel d'application, Paris, Éditions du Centre de Psychologie Appliquée (ECPA) (réimpr.1962) (1reéd. 1959), 10 pl. et 13, 24 cm (OCLC493082738, SUDOC072814675, présentation en ligne).
Rorschach est le pseudonyme d'un des héros du roman graphique et film Watchmen, il porte un masque sur lequel on peut voir des ombres rappelant les taches de Rorschach.
2013: Le , Google réalise un doodle pour commémorer le 129e anniversaire de sa naissance[12].
(en-US) «Book notices: Hermann Rorschach», United States Naval Medical Bulletin, Washington D.C., U.S. Navy. Bureau of Medicine and Surgery, vol.46, nos1-6, , p.830 et suivantes / 1055 (lire en ligne, consulté le ).
(en) P. Pichot (trad.S. Rosenzweig et E. Schriber), «Centenary of the birth of Hermann Rorschach», Journal of Personality Assessment, vol.48, , p.591-596 (PMID6394738).
Mareike Wolf-Fédida, «La correspondance d'Hermann Rorschach de 1902 à 1922», Psychologie clinique et projective, Paris, no12, , p.277 à 299 (lire en ligne, consulté le ).
Henri Ellenberger, «La vie et l'œuvre d'Hermann Rorschach (1884-1922)» in Les médecines de l'âme: essais d'histoire de la folie et des guérisons psychiques, Fayard. (ISBN2-213-59500-3)