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Les Grandes Landes de Trébédan sont une zone naturelle située en Bretagne, à l’est de la commune de Trébédan dans le département des Côtes-d'Armor. Cet espace naturel remarquable, propriété de la commune de Trébédan, s’étend sur une surface de 25 hectares ; 12 hectares de pins maritimes sont gérés par l'Office national des forêts, un étang d’un hectare est entretenu par la commune, et les 12 hectares restants constituent depuis 1999 la réserve naturelle gérée par Bretagne vivante.
En hommage à son découvreur, la réserve biologique des Grandes Landes porte depuis le 15 juin 2024, le nom "Espace naturel Yves Donguy". En effet, c'est presque par hasard en recherchant de vieilles tourbières oubliées, qu’Yves Donguy, naturaliste et adhérent de Bretagne Vivante, découvre au début des années 1990, parmi les pins, les saules et les bouleaux de la forêt communale de Trébédan, un vestige de tourbière. Dès lors, avec passion et obstination, il n'aura de cesse de redonner vie à ce site et faire reconnaître son intérêt écologique.
Le site des Grandes Landes de Trébédan s'insère dans un vaste ensemble paysager composé de milieux naturels où alternent boisements, landes[1] et bocages. D’un point de vue géo-pédologique, elles sont situées dans un contexte granitique favorisant des sols acides et humides, assez impropres à une agriculture productive. Le site présente aujourd’hui différents milieux :
Cette zone humide abrite des habitats remarquables et de nombreuses espèces animales et végétales rares ou protégées.
Le site des Grandes Landes se situe à 10 km au Sud-Ouest de Dinan, à proximité de la D71 reliant Brusvily à Trébédan, à la limite de ces deux communes.
Situées en zone tempérée, la moyenne annuelle des précipitations sur les Grandes Landes est de 680 mm ; elles sont régulières tout au long de l'année avec 17 jours où celles-ci excèdent 10 mm à raison de 2 jours par mois[3].
Les températures ne présentent pas d'écarts importants et brutaux, seuls quelques jours dans l'année présentent une température supérieure à 30°C et moins de 10 jours par an ont une température inférieure à 5°C. Néanmoins, les températures ressenties au niveau du site peuvent être très différentes (notamment l'hiver) en raison de l'humidité importante des sols et de sa protection des vents par les massifs boisés qui entourent le site[4].
Les Grandes Landes de Trébédan se trouvent sur la bordure Sud-Est du massif granitique de Bobital-Dinan qui est composé d'un granite porphyroïde à deux micas. Ce granite présente le faciès du granite clair de Languédias avec des grains fins à très fins avec parfois une tendance microgranitique à phénocristaux[5]. Son altération forme une arène granitique peu drainante qui explique l'humidité constante du lieu.
L'étude pédologique du site révèle un processus de podzolisation ; l'acidité du sol a été accentuée par les anciennes pratiques culturales qui consistaient à exporter les végétaux (principalement de la molinie, de la callune et de la fougère) pour l'alimentation ou le paillage des animaux.
Les sols des Grandes Landes se caractérisent donc par une hydromorphie peu profonde à moyenne (sols à pseudogley et/ou à gley). La nappe d'eau, alimentée par des eaux pauvres en éléments minéraux, est permanente ou temporaire. Elle peut être stable ou connaître d’importantes fluctuations avec des phases plus ou moins périodiques d’inondation puis d’assèchement et de minéralisation superficiels.
Les sols du site sont établis sur des horizons paratourbeux (humus brut de type hydromor) ou un dépôt peu épais de tourbe[6].
Les Grandes Landes sont intégrées au sous-bassin versant de la rivière la Rosette, affluent de l'Arguenon. Elles présentent une dépression au Nord-Ouest où se rejoignaient et s'écoulaient jusqu'en 2013, 4 fossés drainants qui collectaient l'eau provenant des fossés de la D71, d'étangs privés, des carrières et des bois situés au sud de la zone ainsi que des prairies et parcelles cultivées du Haut Lannouée (hameau situé au Sud-Sud-Ouest du site). Ces fossés drainants aujourd'hui partiellement bouchés servent de sites de reproduction aux amphibiens[7].
En 2000, une analyse des eaux circulant sur le site a montré que les eaux provenant des parcelles cultivées en amont du site étaient chargées en nitrate (26,2 mg/litre)[8] ce qui n'est pas compatible avec ce milieu identifié comme étant "pauvre" et devant le rester.
Autrefois pâturées, fauchées ou cultivées, les landes sont parties intégrantes du paysage breton. C’est le cas d’une partie de celles de Trébédan où la présence d’ados (levée de terre destinée à protéger les plantes cultivées du vent et les exposer au soleil), servant à la culture du seigle et du blé noir, étaient encore partiellement visibles récemment. Ces pratiques agricoles permettaient de conserver ces milieux "ouverts"[9] auxquels est inféodé un certain nombre d’espèces floristiques et faunistiques.
La disparition des usages agricoles liée à la déprise des terres agricole jugées peu fertiles[10] a entraîné une colonisation de la lande par des bouleaux et a donc conduit à leur "fermeture".
Une partie des 25 ha du site a fait l'objet d'un aménagement forestier réalisé par l'ONF qui s'est déroulé en plusieurs phases :
En 1999, une convention avec la commune de Trébédan, permet à Bretagne Vivante (BV) d'assurer la gestion de 12 ha.
La mise en réserve des Grandes Landes de Trébédan a permis à Bretagne Vivante de restaurer partiellement le caractère landicole de la zone[12]. Ainsi :
Les bénévoles de Bretagne Vivante assurent l'essentiel de la gestion de cette réserve (petit bûcheronnage, arrachage des repousses de pins, entretien de la clôture, des mares...)
La commune de Trébédan assure l'entretien de certains espaces :
Le site a un vrai potentiel pour :
Une partie de la zone 3 (un demi hectare environ) est laissée en "libre évolution"[14] ; un inventaire forestier a été réalisé en février 2022 sur cette partie et sera reconduit régulièrement[15].
Habitats remarquables | Niveau d'intérêt | Effectifs/ présence | État de conservation |
---|---|---|---|
Lande humide atlantique tempérée à Erica tetralix et Erica ciliaris | Habitat d’intérêt communautaire prioritaire (code 4020[16]) | Habitat bien présent en zones 1a et 1b | Habitats restaurés depuis 2013 grâce au défrichement de quelques parcelles qui étaient colonisées par les ligneux – Zones 1a, 1b, 1d, 1e. |
Lande humide atlantique septentrionale à Erica tetralix | Habitat d’intérêt communautaire (code 4010[17]) | Habitat bien présent en zones 1d et 1e | |
Boulaie atlantique planitaire | Habitat non d’intérêt communautaire à valeur patrimoniale modérée | Habitat bien présent en zone 3 | Habitat qui tend à se densifier. |
Ourlet préforestier à fougère-aigles | Habitat non d’intérêt communautaire à valeur patrimoniale modérée | Habitat bien présent en zones 1a, 1b et 1c | Habitat qui tend à se densifier et à être recolonisé par les bouleaux. |
Fourré pionnier à ajoncs d'Europe | Habitat non d’intérêt communautaire à valeur patrimoniale modérée | Habitat bien présent en zone 1b | Habitat qui tend à s'étendre et à gager sur les landes humides. |
Boulaies à sphaignes | Habitat d’intérêt communautaire prioritaire (code G1.51[18]) | Habitat bien présent en zone 3 | Bon état à favoriser par le maintien du fonctionnement hydrologique et du caractère oligotrophe de la zone 3. |
Réalisé chaque année depuis 2013[19] sur 14 placettes permanentes de 25 m² réparties dans les différentes zones 1 (1a, 1b, 1c, 1 de et 1e), l'inventaire floristique des Grandes Landes a permis de recenser 133 espèces végétales dont les plus fréquentes et les plus présentes sont (par ordre de coefficient abondance/dominance décroissant[20]) :
De nombreux mammifères fréquentent les Grandes Landes de Trébédan, les plus imposants étant et les chevreuils et les sangliers mais d'autres mammifères plus petits sont aussi très présents sur le site, notamment les chauve-souris ou chiroptères.
Les prospections menées pour la recherche des chauves-souris en 2012 et 2016[24] ont montrées la présence de 10 espèces sur le site qui accueille près de la moitié des espèces présentes en Bretagne (22 espèces).
Parmi elles, 3 sont inscrites à l’annexe II de la Directive Habitat Faune Flore[25] : la Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus), le Grand murin (Myotis myotis) et le Petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros)
Quatre espèces fréquentant les zones boisées n’ont pas été retrouvées en 2016. Des prospections complémentaires seront réalisées dans les années à venir pour confirmer ou non leur disparition du site. Par ailleurs, deux nouvelles espèces ont été contactées en 2016 : le Petit rhinolophe et le Murin d’Alcathoe.
Les Landes humides constituent un milieu particulièrement favorable aux insectes et Bretagne vivante organise très régulièrement des inventaires permettant d'évaluer la richesse et la qualité du milieu.
En 2013[26], 20 espèces ont été observées dont 12 zygoptères ("demoiselles") et 8 anisoptères ("libellules"). La diversité spécifique régionale pour l’ensemble des espèces potentiellement autochtones est de 54 espèces. Actuellement, le site accueille donc près d’un cinquième de la diversité régionale. Notons la présence d’espèces dites pionnières telles que l’Agrion nain (Ischnura pumilio), l’Orthétrum réticulé (Orthetrum cancellatum) ou la Libellule déprimée (Libellula depressa). La libellule déprimée est une espèce pionnière qui colonise rapidement les mares créées en 2010 ; mares qui sont peu profondeset où poussent quelques hydrophytes et hélophytes.
Les espèces inventoriées sur le site sont communes pour la région ou le département et n’apparaissent ni protégées ni menacées. A l’exception du Leste fiancé (Lestes sponsa) qui est classé parmi les espèces quasi-menacées sur la liste rouge des odonates de France métropolitaine[27].
Les espèces recensées constituent des espèces ubiquistes et assez peu exigeantes vis-à-vis de leur milieu. C’est le cas de l’Agrion jouvencelle (Coenagrion puella), de l’Agrion élégant (Ischnura elegans), de la Petite nymphe au corps de feu (Pyrrhosoma nymphula) et du Sympétrum strié (Sympetrum striolatum).
L’inventaire des papillons de jour (rhopalocères) mené en 2015[28] a permis d’identifier 23 espèces. Parmi les espèces recensées, 2 sont remarquables sur le site : le Miroir (Heteropterus morpheus) et le Petit mars changeant (Apatura ilia). Les autres sont des espèces relativement communes dans la région.
Entre 2011 et 2021, 274 espèces de papillons de nuit (hétérocères) ont été recensées[31].
Un inventaire des orthoptères a été mené en 2016[32]. Il a rapporté la présence de 14 espèces sur le site. Trois (3) sont actuellement rares ou assez rares à l’échelle départementale : le Criquet vert-échine (Chorthippus dorsatus dorsatus), le Gomphocère roux (Gomphocerripus rufus) et le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum).
Entre avril et juillet 2020, des invertébrés ont été échantillonnés par capture passive à l’aide de pièges "Barber", ce piègeage[33] a permis de capturer 387 individus de type...
Depuis 2013, 7 points d’écoute ont été réalisés, 2 fois par an, sur le site (1re quinzaine d'avril, 2e quinzaine de mai)[34]. Au total, 68 espèces ont été observées ou entendues[35] dont 34 espèces sont probablement nicheuses sur le site et sa périphérie et sans doute 7 espèces supplémentaires dont il faudrait confirmer le statut de nidification (nicheur possible).
Sept (7) espèces vulnérables[36] sont présentes sur les Grandes Landes :
Et sept (7) espèces quasi-menacées[37] sont aussi présentes :
Des observations ponctuelles d’amphibiens ont été faites depuis 2008 sur le site. La grenouille verte (Pelophylax lessonae) la rainette verte (Hyla arborea) et le triton palmé (Lissotriton helveticus) ont ainsi pu être observés au niveau des mares. La présence d’autres espèces, notamment du triton marbré (Triturus marmoratus), de la grenouille agile (Rana dalmatina), de la gremouille rousse (Rana temporaria) ont été confirmées par la mise en place du protocole POPAmphibien[38] qui a aussi permis de repérer des pontes de crapauds communs.
Cinq (5) espèces de reptiles ont été recensées sur le site[39] :
Avec les 11 espèces de reptiles que compte la région (Bretagne historique), la zone d’étude comptabilise ainsi près de la moitié de l’herpétofaune régionale.
En France, 141 sites Natura 2000 contiennent des landes humides atlantiques à Erica ciliaris et/ou Erica tetralix. Elles sont présentes au sein des régions biogéographiques atlantique et continentale, et peuvent être rencontrées entre 0 et 2000 mètres d’altitude[40]. On les retrouve dans tout l’ouest français, de la Normandie en passant par la Bretagne jusqu’au Pays basque.
Les landes bretonnes humides sont des écosystèmes uniques qui ont une grande importance écologique pour plusieurs raisons :
En raison de leur importance écologique, les landes bretonnes humides sont souvent protégées et préservées ; la conservation des habitats et des espèces des Grandes Landes de Trébédan est assurée via la mise en place d'un plan de gestion (depuis 1999, deux plans de gestion se sont succédé[41],[42],[43],[44]) qui a pour objet de préserver son bon état de conservation ou d’y mener des opérations de restauration écologique aptes à assurer le renforcement des espèces et des habitats remarquables[45].
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