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historienne française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Geneviève Gavignaud-Fontaine, est une historienne française, née le à Saint-Paul-de-Fenouillet (Pyrénées-Orientales), professeur des Universités émérite (Montpellier, Hérault), auteur.
Naissance | |
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Nationalité | |
Formation |
Agrégation (1970), Doctorat ès Lettres et Sciences humaines, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, direct. Jean Bouvier (1980) |
Activité |
1971-76, Professeur au Lycée Henri IV, Béziers 1976-1987, Assistante, maître de Conférences à l'Université Montpellier III/Paul-Valéry 1980-81, Visiting professor, Davidson College, North Carolina, USA 1987-2015, Professeur des Universités, Montpellier |
Conjoint |
Jacques Fontaine, ingénieur d'étude retraité, Faculté de Droit et de sciences politiques, Université Montpellier I |
Elle est née à Saint-Paul-de-Fenouillet, a épousé Jacques Fontaine, ingénieur d’études à l’Université Montpellier I.
L'écolière de Saint-Paul, Paris, Agen, Carcassonne, Dakar a fait ses études secondaires aux lycées de Biarritz et de Perpignan, ses études universitaires à Perpignan (Propédeutique), Montpellier (Licence et Maîtrise) et Paris (Doctorat). Agrégée d'histoire (1970), elle a enseigné au Lycée Henri-IV de Béziers tout en étant chargée de cours à l'Université Paul-Valéry / Montpellier III où elle a été nommée assistante en 1975. Sous la direction, à Montpellier du professeur Robert Laurent avant son départ à la retraite, puis du professeur Jean Bouvier à Paris, elle a fait sa thèse sur la propriété en Roussillon. Docteur ès lettres et sciences humaines de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne (doctorat d’État ès lettres et sciences humaines, 1980, mention très honorable et félicitations du jury à l’unanimité), elle a été Professeur des Universités - classe exceptionnelle - à Montpellier où s’est déroulée sa carrière (1975-2015). Elle a été invitée à enseigner aux États-Unis (1980- 81, Davidson, North Carolina) où elle a forgé le concept de « Révolution Rurale ». Membre d’équipes de recherche montpelliéraines, parisiennes et européennes, elle est invitée à participer à des groupes de recherche CNRS organisateurs de rencontres européennes (Portugal, Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark, Espagne); elle a participé à de nombreux colloques internationaux, publié des articles en diverses langues. Ses travaux ont été accompagnés, sans interruption de 1990 à 2014, de primes de recherche et d'encadrement doctoral (1990-2010), prime d'excellence scientifique (2010-2014).
Elle est l'auteur d'une vintagine de livres.
Ceux qui concernent le Languedoc et le Roussillon retracent l’histoire du vignoble le plus vaste du monde au vingtième siècle: propriété des terres[Note 1], marchés et prix des vins, organisations professionnelles, rapports à l’État et à l’Europe, combats vignerons, traditions qualitatives des terroirs… Sont mises en exergue les distinctions vinicoles locales qui honorent la mémoire vigneronne depuis l’époque romaine, sans discontinuer même pendant l’aventure du « vignoble de masse » des années 1890-1970, lesquelles constituèrent une période désastreuse pour la réputation languedocienne alors entachée par l’image d’un vin industriel issu de frauduleuses pratiques[Note 2]. Ce faisant, s’anime le passé d’une société hier puissamment enracinée et, longtemps héritière de traditions culturales et culturelles; formidable patrimoine qui, par-delà les océans et dès les dernières années du vingtième siècle, fait l’objet de maints emprunts ampélographiques et œnologiques.
L’étude des marchés et du prix des vins a été fort instructive pour la compréhension des rapaces calculs qui, sur les actuels marchés du monde globalisé, attisent la spéculation génératrice de crises récurrentes. Le mécanisme inhumain du marché dérégulé pousse à rémunérer toujours plus faiblement les producteurs de richesses issues du travail, jusqu’à les ruiner définitivement quand les prix de marché ne couvrent plus les coûts de production; ce qui revient à accumuler les profits dans les mains de ceux qui confisquent les légitimes rémunérations du travail et, à terme, les propriétés. Que l’on remplace le vin – « en vrac », c‘est-à-dire sans valeur ajoutée - par le lait, le café ou autres denrées, des constantes apparaissent de toute évidence dans les sociétés agricoles du monde confrontées à d’importants dysfonctionnements commerciaux: dès que cessent les mécanismes de régulation de leurs activités économiques, les populations locales perdent la maîtrise de leurs terres, et quittent leurs villages. Excitée par le laisser-fairisme commercial, la guerre des prix sert la constitution des monopoles, nourrit le mépris d'autrui, et fait du « marché » l'ordonnateur de la société.
Un autre ensemble de travaux de Geneviève Gavignaud-Fontaine l’historienne traite des mutations de la société rurale occidentale (française, européenne, américaine); ils lui permettent de définir le concept de « Révolution Rurale ». Différenciée de la Révolution Agricole (industrialisation de l’agriculture) qu’elle englobe, la Révolution Rurale recouvre l’ensemble des bouleversements subis par les campagnes, leurs populations et leurs activités; l’auteur saisit ladite Révolution comme rupture dans les relations à la terre nourricière et à la nature qu’avaient entretenues, des millénaires durant, hommes, sociétés, économies occidentales. Observable aux États-Unis d’Amérique avant de concerner d’autres campagnes, notamment en France, ce démantèlement civilisationnel - l’un des traits majeurs des temps actuels - s’inscrit dans la logique des révolutions contemporaines occidentales[Note 3]. Avec l’effondrement du nombre d’agriculteurs - ils avaient euxmêmes succédé, au cours des siècles contemporains, aux paysans des millénaires précédents -, avec l’installation de nouvelles populations venues des périphéries urbaines et n’exerçant généralement pas d’activité liée au travail de la terre[Note 4], les paysages se sont transformés: ici, le bétonnage des sols enlevés à la culture, là des exploitations provisoirement rescapées de la concurrence commerciale, là-bas la désertification et la friche; les fractures territoriales, sociales, culturelles s’aggravent.
Ces patientes études de la société rurale et des marchés vinicoles ont conduit le professeur Gavignaud Fontaine à confronter les faits - analysés dans le temps long du vécu[Note 5] - aux pensées, doctrines et théories constitutives de la civilisation européenne (publication 2005). Pour conclure que de réalistes études historiques (des faits aux concepts, du singulier à l’universel[Note 6], par raisonnement inductif) corroboraient des enseignements de la philosophie morale thomasienne[Note 7], synthèse d’aristotélisme IVe siècle av. J.-C.) et de patristique (pères théologiens des premiers siècles chrétiens); ladite philosophie a été réactualisée à la fin du dix-neuvième siècle dans la doctrine sociale chrétienne.
La violente crise, d’abord financière (2008) puis systémique, qui vint déstabiliser économies, sociétés, civilisations mondiales… accéléra, en les entérinant, les travaux de l’universitaire: sur la base des concepts de justice(s) définis par le théologien médiéval saint Thomas d’Aquin[Note 8] (XIIIe siècle) et, avant lui, le philosophe grec Aristote[Note 9] (IVe siècle av. J.-C.), elle établissait qu’au fondement même du libéralisme économique libre-échangiste (« laissez faire, laissez passer » en vue d’un lucratif marché à dimension mondiale), se trouve le rejet de préoccupations de justice dans les relations économiques contemporaines - notamment de justice particulière « commutative », laquelle fait rechercher l’égalité entre choses échangées (public. 2009, 2013, 2017). De la prolifération d’injustices sur les marchés, résultent le durcissement des inégalités entre les hommes, l’exacerbation des tensions entre populations… Rappelant les considérations morales qui ont, des siècles et des siècles durant, et avant que ne se répandent les idéologies contemporaines[Note 10], imprégné les strates matérielles de l’évolution des sociétés, l’auteur fait de la volonté de justice dans l’échange (ou justice particulière commutative: justes prix, justes salaires, justes bénéfices…) l’une des conditions, avec le concours de la caritas - amour et don -, de la justice sociale, de la sauvegarde de la concorde sociale et autres biens communs.
Le questionnement sur les fondamentaux de la vie des hommes et de leurs sociétés a aiguillé Geneviève Gavignaud-Fontaine sur des voies inattendues; de l’école des Annales à la scolastique thomasienne, singulier est son cheminement, et efficace la méthode par elle mise en œuvre: travailler patiemment au plus près des réalités humaines - physiques et spirituelles[Note 11], dans le temps long, celui de l’épaisseur et de la durée des sociétés, racines comprises[Note 12]. Les causes profondes (hiérarchie causale) des faits - analysés sans perdre de vue leurs acteurs: personnes, familles et organisations professionnelles - sont explicitées avec le renfort pluridisciplinaire qu’exige leur complexité. À chaque nouvelle échelle d’investigation - locale, nationale, européenne, mondiale - les conclusions se confirment; sans contradiction de fond ni de surface, le questionnement historique s’articule au questionnement philosophique promu par saint Thomas d’Aquin dont est soulignée l’actualité de la méthode (public. 2021). La connaissance du passé est mise au service de la compréhension du présent.
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