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Le figurisme est une variante de l'herméneutique chrétienne de la Bible. Elle se rattache à l'interprétation typologique. Le mot, dérivé du français « figure », vient du latin figura qui lui-même traduit le grec biblique typos (τύπος). Ce mot grec a plusieurs sens : empreinte, image, modèle, exemple...
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L'usage de l'interprétation typologique est attesté dans le Nouveau Testament lui-même, et pour cette raison, est admis depuis toujours dans le christianisme, sans être exclusif d'autres principes interprétatifs.
L'interprétation typologique se développe selon deux principes différents[1]. Le premier est strictement biblique, le second vient d'influences philosophiques hellénistiques.
Au XVIIe siècle, un courant de pensée jésuite s'appuyant sur le « figurisme » s'est constitué, au sein de la Mission jésuite en Chine. Il est l'un des éléments importants de la célèbre Querelle des Rites entre 1611 et 1742[5]. Ce courant, animé par le père Joachim Bouvet prend comme hypothèse que les classiques chinois, comme le Yijing (Classique des Mutations) comprennent des traces de la tradition primitive du christianisme, sous forme d'allégories ou de symboles, établissant une parenté entre les textes confucéens et la sainte Écriture[6].
En première approximation, le figurisme janséniste est un mode d'interprétation des Saintes Écritures poussé jusqu'à son paroxysme, dans le cadre général de la multiplicité des sens que peuvent prendre ces mêmes Écritures.
La pratique du figurisme est ancienne. Cependant le mot lui-même n'est formellement attesté qu'en 1729[7], sous la plume de l'abbé Débonnaire « ardent défenseur des partisans de Port-Royal »[8]. Le terme est donc lié au jansénisme dès ses origines, même si par la suite (par exemple dans le domaine de l'art) il peut désigner une réalité complètement indépendante.
Pour Hervé Savon[9], c'est avec les Règles pour l'intelligence des Saintes Écritures publiées à Paris en 1716, sans doute par l'abbé Duguet en collaboration avec Jacques-Vincent Bidal d'Asfeld, que les jansénistes ont trouvé les références exégétiques qu'ils recherchaient. L'abbé Duguet se plaçait résolument dans la filiation des Pères de l'Église pour soutenir l'explication allégorique de l'Ancien Testament. Il prend résolument partie contre l'exégèse critique de l'oratorien Richard Simon qui avait fait paraître en 1685, son maître ouvrage Histoire critique du vieux testament en Hollande, déclenchant la fureur d'Arnauld.
En fait, puisque l'on a du mal à définir le jansénisme lui-même, à plus forte raison est-il difficile de définir le figurisme janséniste. Sur l'interprétation de l'Écriture, les jansénistes n'étaient pas unifiés, et parfois en opposition les uns avec les autres. Toujours sur la défensive, ils n'ont pas eu le loisir d'asseoir une théorie de l'interprétation biblique qui leur serait propre. Il existe toutefois une sensibilité commune, des manières de faire, dont il est possible de déterminer quelques traits caractéristiques :
« Nous en trouvons [du figurisme] une formulation commode — à titre de définition provisoire — chez un représentant de la deuxième génération figuriste, Nicolas Legros, ancien chanoine de Reims, réfugié en Hollande depuis 1726. Être figuriste, selon Legros, c'est sentir que le triste état où se trouve l'Église nécessite un remède extraordinaire : « la future conversion des Juifs » et « la venue d'Élie » qui en sera le prélude ; c'est aussi faire sienne « la doctrine commune des saints Pères et Théologiens sur l'obligation de chercher Jésus-Christ et l'Église dans toutes les Écritures de l'Ancien comme du Nouveau Testament ». À ce tableau, Legros ajoute […] : être figuriste, c'est « applaudir aux vues de M. Duguet sur l'Écriture »[10]. »
Dans la perspective de ce figurisme, les événements de celui qui pratique cette lecture sont lus comme une reproduction de l'histoire biblique et évangélique. Plus qu'un interprétation des Saintes Écritures, c'est la vie du lecteur qui est interprétée ainsi[11].
Ainsi l'abbé Duguet, au séminaire parisien de Saint-Magloire, développe une interprétation des vicissitudes des jansénistes fondée sur les écrits de la Bible, et principalement sur ceux de l'Apocalypse de Jean.
À sa suite, l'abbé d'Étemare et Louis Basile Carré de Montgeron multiplient les écrits liant les persécutions des jansénistes appelants et des convulsionnaires aux épisodes tragiques de la Bible. Comparant leur sort à celui des premiers chrétiens persécutés, ils favorisent une analogie qui se retrouve fortement dans les actions des convulsionnaires, qui prennent des noms bibliques, représentent dans leurs séances de convulsions des épisodes des Écritures[12], etc.
Le figurisme touche également le clergé jansénisant au moment de la Révolution française. Certains, comme l'abbé Grégoire, ont tendance à voir dans la Révolution un accomplissement des écrits bibliques.
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