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sociologue français qui travaille dans les champs du genre et de la sexualité De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Emmanuel Beaubatie, né en 1986, est un sociologue francais. Il mène des recherches dans les champs du genre, de la sexualité et de la santé. Il collabore avec l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'Institut national d'études démographiques, l'École des hautes études en sciences sociales et l'Université de Genève, dans le cadre d'enquêtes et de recherches portant sur ces thématiques[1].
Naissance | |
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Nationalité | |
Formation | |
Activités |
Collaborations |
INSERM, INED, EHESS, Université de Genève |
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Domaine |
Transidentités, genre, santé, sexualité |
Directeur de thèse |
Michel Bozon (d) |
Distinction |
Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre |
Emmanuel Beaubatie, né en 1986[2], est docteur en sociologie. Il mène des recherches dans les champs du genre, de la sexualité et de la santé[3], à partir de méthodes mixtes, à la fois qualitatives et quantitatives[4]. Il aborde notamment la thématique des parcours trans sous l'angle de l'expérience à géométrie variable de la mobilité sociale, décrypte les ressorts et manifestations des violences transphobes et cartographie l’espace social du genre, en l'associant à l'espace social de classe, tout en interrogeant les transformations de l’ordre du genre et des catégories qui sous-tendent leurs relations. Il questionne également l’évolution et l’intrication des critères de discrimination dans le contexte français, ainsi que les questions de santé sexuelle.
Sa thèse de doctorat, intitulée « Transfuges de sexe. Genre, santé et sexualité dans le parcours d'hommes et de femmes trans en France »[5],[6], rédigée sous la direction de Michel Bozon[6], porte sur les parcours d’hommes et de femmes trans en France[3] et replace les parcours trans dans un contexte social et institutionnel, en tenant compte de rapports de pouvoir qui le traversent[7]. Sa recherche s’intéresse « aux manières dont le genre structure les traitements scientifiques du changement de sexe, ainsi que les trajectoires sociales et les subjectivités des personnes qui entreprennent cette démarche[8] » et à l’hétérogénéité des trajectoires sociales trans en France, en particulier du point de vue du genre[7]. L’enquête s’appuie sur une trentaine d'entretiens individuels avec des personnes estimant poursuivre, ou avoir poursuivi, un parcours de transition, ainsi que sur des résultats et analyses secondaires de l’enquête « Trans et santé sexuelle » de l’INSERM menée en 2010. Dans ce cadre, il collabore avec le chercheur en sciences sociales Alain Giami.
Il soutient sa thèse en [8]. Celle-ci est récompensée par le prix de thèse du GIS Institut du Genre[4],[9],[6] et il est co-lauréat du prix de thèse du défenseur des droits[10],[6],[8],[11].
Il effectue ensuite un post-doctorat et contribue au projet « Homosexualités : savoirs et méthodes », à l’Institut national d'études démographiques (INED)[8].
De à , il est rattaché à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS-EHESS) et associé à l’équipe « Genre, santé sexuelle et reproductive », de l'INSERM[7], et travaille également sur l’enquête « Trans et santé sexuelle »[8].
Entre et , il mène une enquête sur la connaissance, les usages et la prescription de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), dans le cadre de l'INED, sur allocation de Sidaction[4].
Depuis , il est chargé de cours dans le cadre du programme de master « Genre Politique Sexualité », proposé par l'EHESS, ainsi qu'à Sciences Po Paris[8],[4].
Aux côtés de la docteure Solène Gouilhers, il est chargé d'une recherche, démarrée en , titrée « Vers l’accès à la procréation médicalement assistée des personnes trans ? Une enquête comparative (Suisse, France, Angleterre, Belgique) ». Celle-ci est menée dans le cadre de l'Institut des études de genre de la faculté des sciences de la société de l'université de Genève (UniGe), sous la direction de la professeure Delphine Gardey[12]. La recherche se focalise sur l’autoconservation des gamètes et la procréation médicalement assistée pour les personnes trans à l’échelle européenne[4].
Il publie, en aux éditions de La Découverte[13], son premier ouvrage, tiré de sa thèse, Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre[14],[4],[15],[16],[17],[18],[19], dans lequel il invite « à repenser le genre tel qu’on le connaît – ou plutôt, tel qu’on pense le connaître – aujourd’hui[20]. »
« La multiplicité des positions de genre possibles ne peut se réduire à un spectre opposant masculin et féminin. De nombreuses conceptions du genre s’affrontent dans un espace aux multiples dimensions, proposant chacune une alternative différente aux normes masculines et hétérosexuelles[21]. »
Emmanuel Beaubatie part du constat que les approches queer abordent généralement les parcours trans sous un angle post-structuraliste, en considérant les transitions comme une simple question d'identité ou de subjectivité, et abordent peu les questions non-binaires sous l'angle de la mobilité sociale de sexe[22]. Pour lui, cette expérience de mobilité sociale est à géométrie variable, on ne passe pas juste d'homme à femme ou de femme à homme. Il explique que, « comme pour les mobilités sociales de classe, finalement, les mobilités peuvent avoir toute une diversité d'amplitude, différentes ampleurs. Ce n'est pas forcément un passage radical d'une catégorie à une autre. Voilà donc ce que j'appelle l'espace social du genre, pour reprendre un peu l'expression »[23]. Il ajoute que les personnes trans expérimentent l'évolution de leur statut social, dans leur chair. En effet, les hommes trans vivent une forme d'ascension, alors que les femmes trans subissent un déclassement. C'est une forme de mobilité sociale, révélatrice de la hiérarchie organisée entre les sexes dans nos sociétés humaines[24].
Il décrypte notamment les ressorts et manifestations des violences transphobes[25] et cartographie l’espace social du genre, en l'associant à l'espace social de classe, tout en interrogeant les transformations de l’ordre du genre et des catégories qui sous-tendent leurs relations[3]. Il questionne l’évolution et l’intrication des critères de discrimination dans le contexte français, ainsi que les questions de santé sexuelle, en décrivant la façon dont « les rapports au risque et à la prévention se construisent au fil des parcours de vie[3]. »
Beaubatie rappelle également la diversité de la population trans qui, comme celle des gays et des lesbiennes, forme un groupe très hétérogène, composé d'une diversité de parcours et d’expériences sociales[26]. Il montre qu'au sein d'un ordre de genre hiérarchisé, il existe une asymétrie entre les parcours et une différence de temporalité des changements de sexe, en fonction du type de transition[27]. Les personnes qui transitionnent d'homme à femme (MtF) le font tardivement — entre quarante et cinquante ans —, le plus souvent après avoir expérimenté une vie hétérosexuelle, voire une vie de famille. Alors que pratiquement toutes les personnes qui transitionnent de femme à homme (FtM) le font de façon précoce — avant trente ans —, après avoir vécu des expériences lesbiennes masculines. L'étude de la sexualité pratiquée avant, pendant et après la transition permet les d'éclairer les enjeux personnels et sociaux[28].
En , en collaboration avec Julie Guillot, il publie un article sur l’invisibilité des personnes ayant effectué une transition FtM, dans lequel les deux auteurs dénoncent une « prise en compte scientifique différentielle des trans selon le genre » et l'omniprésence de l'androcentrisme à l'œuvre dans les domaines scientifiques, en tant que vecteur de ce processus d'invisibilisation[7].
Emmanuel Beaubatie dénonce également le un traitement médiatique différencié entre les hommes et les femmes trans et, de façon plus générale, le rôle des médias à « façonner le sens commun sur ces questions »[7]. En , dans le journal Libération, il explique comment le coming out trans de l'acteur Elliot Page « n'échappe pas aux clichés » véhiculés par les médias[29].
En , à l'occasion de la Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, Beaubatie revient sur les fondements de l’homophobie et la transphobie, en expliquant les raisons de l'inadéquation de ces termes. En effet, la phobie est de l'ordre de la psychologie, voire de l'irrationnel, alors que ces formes de haine sont structurelles. Les fondements de ces sentiments sont liés à « l’ordre du genre tel qu’il est conçu aujourd’hui, dans la différenciation et la hiérarchisation entre les hommes et les femmes[26]. » Il précise que le changement de sexe est encore, en France, une décision administrée par le juge et le psychiatre[17].
« L’homophobie et la transphobie proviennent de ce que les personnes – des hommes avant tout – se sentent menacées dans leur masculinité par les gays, les lesbiennes ou les trans. Les auteurs de violence sont souvent des hommes, comme le relèvent les enquêtes sociologiques[26]. »
L’homosexualité vient menacer les fondements de cette masculinité, basée sur l’hétérosexualité. Le chercheur explique que les lesbiennes, elles, sont stigmatisées car elle se passent des hommes. Enfin, les femmes trans — personnes qui étaient des hommes devenues des femmes —, sont souvent stigmatisées et violentées en début de transition[26]. Elles sont fréquemment précarisées, alors que les hommes trans ont plus de peine à s'intégrer dans des groupes d'hommes[30]. Celles qui ont entamé jeunes leur transition sont les plus isolées[24]. Selon Beaubatie, les personnes trans, et notamment les femmes trans, bouleversent l'ordre social préétabli en démontrant « que la frontière entre hommes et femmes est poreuse, c’est cela qui apparaît menaçant pour beaucoup[31] », particulièrement les hommes, « auteurs de la majorité des manifestations transphobes, et pour qui "toute féminité est perçue comme quelque chose de dégradant […]. Cela vient les interroger sur leur masculinité"[31]. »
Concernant la transphobie, Beaubatie propose d’utiliser le terme « cissexisme » pour qualifier cette discrimination. D'un point de vue sociologique, ce terme permet « de montrer qu'il n'y a pas une peur irrationnelle et individuelle des personnes trans, mais des violences liées au genre, qui structurent la société dans son ensemble[25]. » Le préfixe cis renvoie aux personnes cisgenres, c'est-à-dire qui ne sont pas trans[25].
En , il intervient en tant que doctorant en sociologie à l’EHESS-IRIS, dans le cadre du septième module, intitulé « Corps et sexualité » du Certificat de formation continue en Etudes genre, proposé par l'Université de Genève, en abordant le débat contemporain autour de la question trans sous le libellé « La controverse trans : déconstruction d’un débat bipolarisé »[32].
En , il participe au colloque international Genre et santé[33], de l’Institut Émilie-du-Châtelet en partenariat avec l’Inserm, il intervient en présentant les parcours de la population trans, en détaillant plus particulièrement les processus menant à l'invisibilisation des femmes trans[34].
En , il est signataire de l'appel initié par les membres de l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS), publié dans le journal Mediapart, qui appelle à soutenir les exilé·e·s réfugié·e·s à l'université Paris-VIII[35].
Il s'exprime régulièrement dans les médias sur les questions touchant au genre[25],[17],[13]. Ainsi, en , dans le cadre de l'émission Affaires sensibles, sur la radio France Inter, il raconte la vie de Jacqueline Charlotte Dufresnoy, dite Coccinelle[36].
En , il est interrogé par The New York Times, alors qu'une femme transgenre vient d'être violemment agressée à Paris[37]. Il explique que la transition d'un homme vers une femme est encore considérée par de nombreuses personnes comme un processus dégradant. Les nombreux stéréotypes de genre relatifs aux femmes transgenres conduisent celles-ci à leur insécurité sociale et économique. Pour lui, la couverture médiatique de l'affaire ne change pas grand chose à cette situation[37].
Dans un article publié dans la rubrique Rue89 de L'Obs, en , il fait suite aux propos transphobes tenus par Marguerite Stern, fondatrice du collectif Collage féminicide (collage féministe) et explique que les conflits qui existent entre féminisme et transphobie sont liés aux contextes de domination qui oppriment à la fois les femmes et les trans[38].
En , il participe à la 25e émission Un podcast à soi, proposée par Arte radio, titrée « Les mauvais genres : trans et féministes »[39] et, en juillet de la même année, il contribue au podcast Les Artichauts, dans une émission titrée La multiplicité du genre avec Emmanuel Beaubatie, dans laquelle il détaille des parcours trans dans le but de « comprendre l'origine de la différence des sexes et la construction de l'orientation sexuelle[40]. » Il contribue également à l'épisode « Les femmes trans sont des femmes », proposé dans le cadre de la quinzième émission du podcast Camille, réalisé par Binge Audio[41].
Dans la troisième édition du webinaire Penser l'après, titrée « Penser L'après Patriarcat avec Emmanuel Beaubatie », diffusée le , le chercheur parle de binarité et de multiplicité des genres, en évoquant les résultats de sa thèse[42].
En , il participe à l'émission C'est en France, réalisée par France 24, dans le cadre du reportage Liberté, égalité… identité ? Être transgenre en France[43], en tant que spécialiste de la transidentité. Il y explique les évolutions des termes liés à la transidentité et leurs différentes réappropriations par les personnes concernées ; l'impact financier, les difficultés économiques et la précarité que peuvent entraîner les processus de transition ; ainsi que les discriminations exercées à l'encontre des femmes trans. Pour lui, la France peut progresser en matière de reconnaissance des transitions, par exemple en mettant en place des procédures déjudiciarisées, comme cela se pratique en Argentine depuis [43].
Il contribue à la FAQ intitulée Mythes et mensonges sur les personnes trans[44], proposée sur le site du collectif ToutesDes femmes[45].
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