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film américain de Sidney Lumet, sorti en 1957 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Douze Hommes en colère (12 Angry Men) est un film dramatique américain de Sidney Lumet, sorti en 1957[1], tiré de la pièce de théâtre du même nom écrite par Reginald Rose.
Titre original | 12 Angry Men |
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Réalisation | Sidney Lumet |
Scénario | Reginald Rose, d'après la pièce de théâtre du même nom |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Orion-Nova Productions |
Pays de production | États-Unis |
Genre |
Drame Film de procès |
Durée | 95 minutes |
Sortie | 1957 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Ce film de procès présente une affaire criminelle au cours de laquelle un jury populaire composé de douze hommes doit délibérer sur le sort d'un individu âgé de 18 ans, accusé de parricide. En fonction du verdict des jurés, l'accusé peut être soit condamné à mort, soit acquitté sur la base d'un doute raisonnable. Au cours de leur délibération, les membres du jury sont forcés de remettre en question leur moralité et leurs valeurs, la discussion agissant comme un révélateur de leurs motivations et préjugés, ces douze hommes étant issus de milieux sociaux très différents.
Le film explore de nombreuses techniques de recherche de consensus et montre les difficultés rencontrées dans un processus de décision parmi un groupe d'hommes, dont l'éventail des personnalités ajoute à l'intensité et au conflit pour juger l'affaire. Il explore également le pouvoir que possède une personne seule à provoquer un changement d'avis chez d'autres individus. Au cours du film, les membres du jury sont identifiés par un numéro ; aucun nom n'est révélé, jusqu'à un échange de dialogue tout à la fin du film entre les jurés no 8 et no 9, respectivement M. Davis et M. McCardle.
Douze Hommes en colère se distingue également par son huis clos. Seules les toutes premières et dernières minutes du film sont tournées hors de la salle de délibération.
En 2007, le film est sélectionné par le National Film Registry pour préservation à la bibliothèque du Congrès, en raison de son intérêt « culturel, historique ou esthétique » important. Il est également sélectionné par l'American Film Institute dans son top 10 des films de procès, comme le deuxième meilleur film de cette catégorie (après Du silence et des ombres)[2].
Les douze membres du jury d'une cour criminelle viennent d'entendre la fin des plaidoiries du procès d'un jeune homme suspecté de parricide. Regroupés à l'écart de la salle d'audience dans une pièce spécifique pour rendre leur verdict, ces hommes ont en mémoire les propos du procureur général qui vient de leur déclarer que la vie d'un homme est entre leurs mains et que, en fonction de la sentence qu'ils établiront, ils peuvent envoyer l'accusé sur la chaise électrique (s'il est déclaré coupable à l'unanimité), le déclarer innocent (à l'unanimité) ou se déclarer divisés s'ils ne parviennent pas à se départager entre eux.
Les jurés prennent place autour de la table puis votent à main levée. Onze d'entre eux votent d'emblée pour la culpabilité de l'accusé. Seul le juré no 8, un architecte, vote non coupable car il n'est pas certain. Étant donné la portée symbolique et le poids moral d'envoyer possiblement une personne vers la mort, ce juré cherche le débat auprès des autres jurés.
Précisant sa pensée, le juré no 8 estime que des failles existent dans l'enquête telle qu'elle leur a été racontée. Il en veut pour exemple le couteau qui a été utilisé par le meurtrier. Après avoir demandé à l'huissier de faire venir la pièce à conviction, présentée par des témoins comme « unique », le juré no 8 prouve que ce style de couteau à cran d'arrêt, avec un manche sculpté, peut être acheté dans le commerce sans grandes difficultés. Il a lui-même fait acquisition d'une arme similaire pour six dollars dans une boutique de prêt sur gage. Il expose son arme sur la table, à côté de celle utilisée pour le crime, sous les yeux ébahis des autres jurés qui conviennent que les deux couteaux ont effectivement un manche identique.
Après une discussion de quelques minutes, le juré no 8 propose un nouveau vote, cette fois à bulletin secret et sans qu'il y prenne part. Il propose à ses collègues de se ranger à l'avis dominant si tous votent coupable. Dans le cas contraire, on discutera de l'affaire. Les onze jurés acceptent.
Parmi les bulletins anonymes comptabilisés, l'un d'eux indique « non coupable ». Le juré no 9 rend public que ce vote vient de lui. Ainsi, il souhaite démêler le quiproquo qu'un juré irascible, le no 3, laisse peser sur un autre juré qu'il croit à tort être l'auteur du retournement de vote. Le juré no 9 indique aussi son point de vue : étant l'homme le plus âgé de la pièce, il comprend les doutes exprimés par le juré no 8. Étant d'accord avec son geste visant à faire continuer le débat, il veut le remercier d'avoir eu la force morale de faire face, seul, aux autres jurés.
Le débat arrive ensuite sur la crédibilité du témoin auditif du meurtre, un voisin de la victime à l'étage d'en dessous qui a déclaré sous serment avoir entendu le corps de la victime tomber et le garçon accusé crier : « Je vais te tuer ». À cause du fracas causé par le métro aérien tout proche, avec une rame qui passait sur la voie à ce moment précis, il est probable que ce témoin n'ait pas pu entendre nettement la phrase, surtout avec sa fenêtre ouverte. Par la suite, le juré no 5, qui a vécu lui aussi aux abords du métro aérien, change d'avis et vote non coupable. Le juré no 3, très irascible, fait à nouveau preuve de manque de sang-froid quand il se plaint de ce comportement visant à faire traîner en longueur le jugement.
Le juré no 11, quant à lui, émet des doutes sur une explication avancée par l'accusation. Il interroge ses collègues sur la pertinence d'expliquer « par la simple panique » le fait que le garçon ait laissé son couteau sur la scène de crime. En effet, on n'a pas pu relever d'empreintes digitales sur le couteau, dont le manche a été essuyé à propos. Cela voudrait donc dire que, bien que paniqué, le jeune homme ait tout de même songé à bien essuyer le manche de son arme pour la laisser sur les lieux, puis revenir la chercher par la suite et se faire cueillir par la police, alors avertie du crime. L'explication semble peu crédible. Un nouveau vote est alors décidé, au cours duquel, après une hésitation, le juré no 11 vote à son tour non coupable.
Le juré no 7 déclare que même l'avocat du suspect croyait à sa culpabilité. Le juré no 8 lui répond que l'avocat est commis d'office et n'a aucun intérêt à s'engager sérieusement dans la défense de son client. Le débat se prolonge ensuite sur le témoin auditif, qui a également affirmé avoir vu le garçon s'enfuir après le crime. Pourtant, lorsque le juré no 8 fait une reconstitution du trajet entre le lit de la victime et sa porte, s'aidant pour cela du plan des lieux, il s'avère que le temps est beaucoup plus long en réalité que celui établi dans le témoignage. Quarante secondes d'après la faiblesse de la jambe affaiblie du vieil homme qui boîte, contre dix ou quinze secondes d'après le témoin auditif. Le juré no 9 avait aussi expliqué plus tôt que ce témoin était misérable et ignoré de tous et voulait un moment d'attention en se persuadant d'avoir vu le suspect.
C'est alors que le juré no 3 perd franchement son calme. Il doit être retenu par deux jurés qui s'interposent car il veut s'en prendre physiquement au juré no 8, en lui déclarant vertement « qu'il va le tuer » — ce qui démontre que cette phrase peut être prononcée sans vouloir passer à l'acte. Les jurés no 2 et no 6 changent alors leur vote, en faveur de la non-culpabilité de l'accusé.
Vient ensuite la façon dont l'arme du crime a été utilisée : d'après l'accusation, l'accusé savait apparemment bien s'en servir. Le juré no 5, qui déclare avoir assisté à des bagarres de rues, affirme à ses collègues qu'il sait comment les jeunes de ce quartier manipulent ce type d'arme. Le positionnement de la plaie de la victime est verticale ; pourtant, un couteau à cran d'arrêt venant d'être ouvert crée des plaies horizontales, puisque la manière dont la lame est placée modifie la posture du poignet. De cette façon, le juré no 5 démontre que l'arme du crime a été employée d'une façon vraiment maladroite pour une personne qui est censée être habituée à ce genre d'arme.
Trois nouveaux jurés changent d'avis et votent « non coupable ». Ne reste plus que trois jurés qui estiment l'accusé coupable : le juré no 4, le no 3 (qui maintient vigoureusement son accusation contre le jeune homme et veut son exécution rapide) et le no 10 (qui tient pour conviction que l'accusé ne peut pas être respectable puisqu'il vient d'un quartier pauvre). Le juré no 10 tente alors de convaincre les autres que la pauvreté de l’accusé est un signe avéré de criminalité, utilisant sans interruption des arguments ouvertement racistes durant plus d'une minute. Au fil de sa diatribe, les autres jurés commencent les uns après les autres à lui tourner le dos, regardant par la fenêtre ou éloignant leurs chaises de lui, pour lui montrer leur désapprobation vis-à-vis de ses propos déplaisants et cruels.
Pour étayer son point de vue, le juré no 4 se fie au témoignage visuel d'une femme qui a déclaré avoir vu le crime se commettre en face de chez elle, à travers les rames du métro aérien. Le juré no 9 révèle alors que celle-ci avait, lors de l'audience, des traces particulières sur le haut du nez. Voyant par hasard ces mêmes empreintes sur le nez du juré no 4 qui se frotte l'arête nasale, le juré no 9 comprend qu'elle porte habituellement des lunettes. Il est présumé qu'elle ne portait pas ses lunettes lors de l'audience, à cause d'une probable coquetterie. Au cours du procès, elle a déclaré qu'elle était couchée et se trouvait dans son lit lorsque le crime a commencé à se produire. Un doute surgit alors sur le fait qu'elle ait pu voir nettement le meurtre, étant donné qu'il est improbable qu'elle ait pu dormir en portant ses lunettes.
Les jurés no 4 et no 10 votent alors non coupable. Le juré no 3, isolé, tente de défendre sa position. Face au silence réprobateur des onze autres jurés, il déchire la photo de son fils, puis éclate en sanglots et change d'avis. Il s'avère qu'à cause de son conflit avec son propre enfant, avec lequel il est brouillé depuis plusieurs années, il projetait sa vindicte et sa rancune dans cette affaire.
Le verdict rendu est finalement la non-culpabilité, à l'unanimité, pour cause de « doute raisonnable ». Les jurés no 8 et no 9 sortent ensuite du tribunal et se saluent sur les marches extérieures du bâtiment. Ils s'indiquent leurs noms respectifs : le juré no 8 s'appelle M. Davis ; le juré no 9 se nomme M. McCardle.
Le scénario de Reginald Rose a au départ été écrit pour un téléfilm diffusé en 1954 puis adapté au théâtre l'année suivante. Cette pièce a été créée en France en 1958 au théâtre de la Gaîté-Montparnasse dans une mise en scène de Lars Schmidt.
Jusqu'au dernier instant du film, aucun des noms des protagonistes n'est prononcé : les douze hommes ne s'appellent jamais par leur patronyme. On découvre les noms des deux premiers jurés en faveur de la non culpabilité — M. Davis (Henry Fonda) et M. McCardle (Joseph Sweeney) — lorsqu'ils quittent le tribunal avant l'intertitre « fin ». De la même façon, ni l'accusé ni aucun témoin n'est jamais nommé, montrant bien que ces personnes de professions, d'intérêts, d'opinions, de niveaux sociaux ou de statuts différents sont réunies uniquement pour accomplir leur devoir de jurés et ne portent aucun intérêt aux autres.
Sur les douze acteurs jouant les rôles des jurés dans le téléfilm d'origine, deux figurent également dans le film : Joseph Sweeney et George Voskovec.
Le juré no 11, joué par George Voskovec, a une existence directement inspirée de la vie de l'acteur : George Voskovec, de son vrai nom Jiří Voskovec, originaire de Tchécoslovaquie, avait dû fuir son pays natal pour les États-Unis en 1938, interrompant son activité au Théâtre Libéré de Prague, fermé à l'arrivée des nazis la même année. De retour en Tchécoslovaquie après la guerre, Voskovec a tenté de relancer le même théâtre en 1946 mais le Coup de Prague, mené par le Parti communiste en 1948, compromit définitivement toute activité et Voskovec dut émigrer à nouveau en Amérique.
Le film respecte la règle classique des trois unités : unité de temps, de lieu et d'action.
Au fur et à mesure du tournage, le réalisateur Sidney Lumet utilisa des objectifs de focales croissantes, de sorte que les décors semblent se rapprocher des protagonistes, accroissant le sentiment d'étouffement. En même temps l'éclairage baisse aussi (en prétextant l'arrivée d'un orage).
Lors de sa première sortie en salles, Douze Hommes en colère a été salué par la critique. Le journaliste A.H. Weiler du New York Times écrit : « Cela crée un drame tendu, absorbant et convaincant qui va bien au-delà des limites étroites de la salle de son jury », ajoutant que, concernant son observation des douze hommes : « leurs drames sont suffisamment puissants et provocateurs pour garder un spectateur fasciné »[7]. Le magazine Variety l'a qualifié de « drame absorbant » avec une action qui était « peut-être la meilleure vue récemment dans un seul film »[8]. Philip K. Scheuer du Los Angeles Times l'a qualifié de « tour de force dans la réalisation de films »[9]. Le Monthly Film Bulletin l'a considéré comme « un drame convaincant et remarquablement bien géré »[10] et John McCarten du New Yorker l'a qualifié d'un « ajout assez substantiel au paysage du celluloïde »[11].
Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film est crédité d'un score de 100 % d'avis positifs, sur la base de 54 critiques collectées et une note moyenne de 9,10/10. Le consensus du site indique : « Le premier long métrage de Sidney Lumet est un thriller de salle d'audience superbement écrit et extrêmement efficace, qui se présente à juste titre comme un classique moderne[12]. ». En France, il a une bonne appréciation sur le site spécialisé Allociné, qu'il a toujours dans les années 2020, quand il est deuxième du classement des 300 meilleurs films de tous les temps selon les avis des télespectateurs sur la base cette fois de 66 910 avis collectés, derrière Forrest Gump et devant La Liste de Schindler, La Ligne verte, Le Parrain, Les évadés, Le Seigneur des anneaux : le retour du roi, Le Roi lion, Vol au-dessus d'un nid de coucou et The Dark Knight : Le Chevalier noir[13].
Néanmoins, le film est considéré comme un échec au box-office américain[14],[15], ne réalisant qu'un million de dollars selon un article de Variety de mars 1958[16], mais a mieux marché au niveau international[3]. L'avènement des productions couleur et en écran large peut avoir contribué à ses performances décevantes au box-office[14]. Ce n'est que lors de sa première diffusion à la télévision que le film a finalement trouvé son public[17].
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