Dépression de l'Afar
dépression d'Afrique de l'est De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La dépression de l'Afar, également appelée triangle de l'Afar, ou encore Danakil ou Dancalie du nom de sa région septentrionale située sous le niveau de la mer, est une dépression située en Afrique de l'Est. Elle est la manifestation d'une jonction triple formée par le rift est-africain au sud-ouest, la mer Rouge au nord et le golfe d'Aden à l'est[1],[2]. La partie nord de la dépression Afar est connue sous le nom de dépression de Danakil ou de dépression de Dancalie. La région est le lieu de découvertes paléontologiques importantes.
D'une superficie approximative de 4 000 km2 (100 × 40 km) pour sa partie sous le niveau global des océans, la dépression de l'Afar est majoritairement située dans l'est de l'Éthiopie mais couvre aussi le centre de l'Érythrée, le sud de Djibouti et l'extrême nord-ouest de la Somalie[2].
Atteignant 155 mètres sous le niveau de la mer au lac Assal et bordée par des montagnes et des falaises culminant à plus de 4 000 mètres d'altitude, la dépression de l'Afar se présente sous la forme d'un large effondrement triangulaire dont l'altitude diminue en allant vers le nord et l'est[Note 1]. Elle est connectée à la vallée du Grand Rift au sud-est, au golfe d'Aden via le golfe de Tadjourah à l'est et à la mer Rouge au nord[1],[2].
Le plus grand cours d'eau de la dépression est l'Awash qui prend sa source dans les plateaux éthiopiens, coule vers le nord et forme une série de lacs salés dont le lac Abbe, le plus grand de la région[1].
Cette dépression produite par les forces tectoniques qui déchirent la corne de l'Afrique, constitue un graben triangulaire encadré au nord-est par le bloc Danakil et à l'ouest et au sud par les plateaux d'Éthiopie qui constituent des trapps[1]. De son centre rayonnent trois grandes zones de distension de la croûte terrestre[Note 2] : un rift partant vers le sud-sud-ouest et constituant la vallée du Grand Rift, un rift se prolongeant par une dorsale dans le golfe d'Aden via le golfe de Tadjourah à l'est et un troisième rift se prolongeant par une autre dorsale dans la mer Rouge au nord[2]. Cette configuration tectonique fait que le bloc Danakil, un horst situé dans le nord de Djibouti et le sud de l'Érythrée, fait partie non pas de la plaque africaine mais de la plaque arabique et s'éloigne du reste de l'Afrique en restant soudé à l'Arabie, au large du Yémen[2]. Cette région est l'un des deux seuls endroits du monde avec l'Islande, où l'on peut observer un rift émergé[3],[4].
Il y a 40 Ma[5], la remontée active du manteau asthénosphérique, qui correspond à un panache mantellique venant s'écraser à la base de la lithosphère[Note 3], à l'aplomb de la région de l'Afar, est à l'origine du magmatisme, de l'extension, et de la dépression centrale due à la subsidence tectonique[6]. Cette remontée est associée à un volcanisme fissural de point chaud qui engendre il y a 30 Ma une épaisse série de trapps (trapps éthiopiens et trapps du Yémen). Cette série accumulée sur 2 500 m d'épaisseur et sur une superficie de 500 000 km2 (à peu près la superficie de la France), « précède l'effondrement, qui est à son tour suivi par l'émission de plusieurs séquences de coulées basaltiques très volumineuses (trapps du Dalha, 8–4 Ma ; basaltes stratoïdes de l'Afar, 3–1 Ma)[Note 4] et l'édification de très grands volcans centraux dans l'axe du système de rifts (Erta Ale, Oldoinyo Lengai) et sur ses marges (mont Kenya, Kilimandjaro)[7] ».
La zone est sismiquement active avec la présence de failles normales occasionnant des tremblements de terre de relativement faible ampleur. En revanche, le volcanisme y est très actif avec la présence de très nombreux volcans rouges émettant des laves fluides, généralement basaltiques, au cours d'éruptions effusives dont l'Erta Ale – qui contient de manière plus ou moins permanente un lac de lave[8] –, le Dallol et ses concrétions et sources chaudes[9], et l'Ardoukôba, dont la première et dernière éruption remonte à 1978[10].
Les « chaines volcaniques axiales » de l'Afar sont de type « océaniques » (au plan tectonique et magmatique) et assurent le relais entre les vallées axiales de la mer Rouge et celles du golfe d'Aden, de sorte que la frontière des plaques entre l'Afrique et l'Arabie ne passe pas « en mer » par le détroit de Bab-el-Mandeb, mais à terre à travers l'Afar. La nature de la tectonique et du volcanisme de l'Afar se distingue ainsi de celle du rift africain, qui reste un « rift continental » n'ayant pas donné lieu à la génération de croûte océanique nouvelle.
La dépression de l'Afar est une des zones les plus chaudes, les plus arides et les plus stériles du globe. Les précipitations moyennes annuelles y sont très faibles et les températures moyennes très élevées, ce qui fait de cette région un désert, le désert Danakil. De plus, les sols sont relativement pauvres, surtout dans les parties basses de la dépression et dans les zones volcaniques, en raison de la présence de lave et d'eau de mer qui s'infiltre et s'évapore en laissant des dépôts de sels.
Les eaux de ruissellement en provenance des hauts plateaux et les sources hydrothermales consécutives aux éruptions volcaniques, ont contribué à la formation de nombreux lacs dans la vallée du Grand Rift et l'Afar, favorisant une faune de bord de lac venant s'abreuver. Ce milieu de sédimentation rapide facilite la fossilisation et les couches de basalte marquant chaque éruption volcanique, permettent de dater ces fossiles. « Les couches de sédiments accumulées depuis plusieurs millions d’années ont constitué un « piège à fossiles » très efficace, que les mouvements tectoniques ont ensuite basculé par endroits, amenant en surface des ossements qui, sans cela, n’auraient probablement jamais été découvert », ce qui fait de ce rift « un terrain de chasse rêvé pour les paléontologues[11] ». Le grand nombre de sites fossilifères dans la région témoigne de crues qui auraient charrié de nombreux cadavres avant de les recouvrir de sédiments, expliquant la concentration de fossiles en un même site[12]. Au sein du rift, l'Afar reste une région d’intérêt majeur pour les paléontologues travaillant sur l’évolution des hominidés. De nombreux fossiles y ont été découverts, dont des spécimens d'Ardipithecus ramidus et d'Ardipithecus kadabba ; le crâne d'hominidé appelé crâne de Gawis (en) ; des outils en pierre parmi les plus anciens du monde. Hadar, le site de Lucy, spécimen fossilisé d'Australopithecus afarensis, et Dikika, le site de l'enfant fossilisé Selam, un hominine également de l'espèce Australopithecus afarensis, se trouvent dans la dépression de l'Afar[13].
La dépression de l'Afar est étudiée par Haroun Tazieff dès la fin des années 1960 et il en sort un ouvrage intitulé L'Odeur du soufre et sous-titré Expéditions en Afar.
Les différences environnementales entre les hauts plateaux éthiopiens et la dépression « définissent approximativement une frontière traditionnelle économique, politique et culturelle entre deux mondes que tout semble séparer : l’Abyssinie agraire, sédentarisée, étatisée, christianisée ; l’Afar pastoral, nomade[Note 5], clanique, islamisé[14] ».
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