Le nom de genre Cricosaurus est composé de deux mots du grec anciencricos, « anneau » et σαῦρος -sauros, « anneau » pour donner « lézard aux anneaux » en référence à ses grandes ouvertures (fenestrae) supra-temporales circulaires.
Le genre Cricosaurus a été inventé par Johann Andreas Wagner en 1858[1], pour décrire trois crânes découverts dans le Tithonien d'Allemagne et reclasser un spécimen précédemment étudié en 1852[2].
Taille
Cricosaurus est un Metriorhynchoidea de taille modérée, inférieure à 3 mètres. Son corps est fuselé pour une plus grande efficacité hydrodynamique, ce qui, associé à la présence d'une nageoire caudale, en fait un excellent nageur, bien meilleur que les crocodiles actuels[7].
Glandes à sel
Un ré-examen des spécimens de Cricosaurus araucanensis en 2000, a montré la présence de glandes à sel bien développées, aussi bien chez les adultes que chez les juvéniles[8]. Celles-ci lui permettaient de « boire » de l'eau salée comme les animaux pélagiques et de manger des proies ayant la même concentration saline que l'eau de mer environnante, comme par exemple les ammonites, sans se déshydrater.
† C. elegans, l'espèce type de Wagner, découverte en Allemagne et décrite en 1858[1];
† C. gracilis, nommée également Geosaurus gracilis, et décrite à l'origine en 1831 par Hermann von Meyer[12]. Elle est distinguée de Rhacheosaurus gracilis par Mark T. Young et ses collègues en 2012[6];
† C. suevicus, découverte dans le Kimméridgien supérieur d'Allemagne (Bade-Wurtemberg et décrite par le paléontologue allemand Eberhard Fraas(de) en 1901, et nommée précédemment Geosaurus[13];
† C. araucanensis du Tithonien d'Argentine, décrite sous le nom de Geosaurus par Gaparini et Dellapé en 1976[14], et attribuée à Cricosaurus en 2009 par Young et Andrade[4];
† C. vignaudi, du Tithonien du Mexique, décrite sous le nom de Geosaurus par E. Frey et se collègues en 2002[15], et attribuée à Cricosaurus en 2009 par Young et Andrade[4];
† C. saltillense, du Tithonien du Mexique, décrite sous le nom de Geosaurus par M.-C. Buchy et ses collègues en 2006[16], et attribuée à Cricosaurus en 2009 par Young et Andrade[4].
Un spécimen non nommé, classé comme Geosaurus, a été décrit en 2001 dans l'Oxfordien de Cuba[17]. Des études postérieures en 2009 l'identifient comme proche du genre Cricosaurus[4]; il apparait dans le cladogramme établi par Mark T. Young et ses collègues en 2012[6] (voir ci-desous);
C. lithographicus, du Tithonien d'Argentine, décrite en 2013 par Yanina Herrera et ses collègues[3].
Dans les couches un peu plus anciennes du Plattenkalk(de) (Kimméridgien supérieur) d'Allemagne du sud, on retrouve la coexistence de Cricosaurus suevicus et Dakosaurus maximus. Le premier se nourrissait de poissons, tandis que le second était, là aussi, en position de superprédateur[19].
Les hanches de Cricosaurus araucanensis ont une morphologie qui permet une ouverture du bassin osseux inhabituellement large. L'articulation de la hanche entre le fémur et l'acetabulum est placée très basse dans le corps par rapport à la colonne vertébrale. Les côtes sacrées forment un angle vers le bas de l'ordre de 45°, accentuant la distance entre la colonne vertébrale et l'ensemble pubis-ischium. Chez d'autres pseudosuchiens comme Steneosaurus, Machimosaurus et Pelagosaurus les côtes sacrées sont horizontales ou faiblement inclinées.
Cricosaurus ressemble ainsi à des reptiles aquatiques comme Chaohusaurus, Utatsusaurus et Keichousaurus, ce dernier étant vraisemblablement vivipare. L'hypothèse de la viviparité de Cricosaurus et des autres métriorhynchidés est privilégiée par rapport à l’oviparité selon Herrera et ses collègues en 2017[20].
En 2009, une synthèse conduite par Mark T. Young et M. B. Andrade confirme la validité des espèces déjà rattachées à Crisosaurus et leur adjoint plusieurs espèces à long museau attribuées précédemment aux genres Geosaurus, Enaliosuchus and Metriorhynchus[4].
Cladogrammes
Les cladogrammes ci-dessous montrent pour le premier la position de Cricosaurus au sein des Metriorhynchinae et, pour le second, celle des huit espèces valides de Cricosaurus ainsi que l'espèce non nommée de Cuba. Ils ont été établis par Mark T. Young et son équipe en 2012[6]. Le second reprend, quasiment à l'identique, celui d'Andrea Cau et Federico Fanti de 2010[22]:
(de) Wagner A. 1858. Zur Kenntniss der Saurier aus den lithographischen Schiefern. Abhandlungen der Mathemat.-Physikalischen Classe der Königlich Bayerischen Akademie der Wissenschaften8: 415-528
(de) Wagner A. 1852. Neu-aufgefundene Saurier-Überreste aus dem lithographischen Schiefern und dem oberen Jurakalk. Abhandlungen der Mathemat.-Physikalischen Classe der Königlich Bayerischen Akademie der Wissenschaften6: 661-710
(en) Yanina Herrera, Zulma Gasparini and Marta S. Fernández, «A new Patagonian species of Cricosaurus (Crocodyliformes, Thalattosuchia): first evidence of Cricosaurus in Middle–Upper Tithonian lithographic limestone from Gondwana», Palaeontology, vol.56, no3, , p.663–678 (DOI10.1111/pala.12010)
(en) Mark T. Young et Marco Brandalise de Andrade, «What is Geosaurus? Redescription of Geosaurus giganteus (Thalattosuchia: Metriorhynchidae) from the Upper Jurassic of Bayern, Germany», Zoological Journal of the Linnean Society, vol.157, no3, , p.551–585 (DOI10.1111/j.1096-3642.2009.00536.x)
(en) Mark T. Young, Stephen L. Brusatte, Marco Brandalise De Andrade, Julia B. Desojo, Brian L. Beatty, Lorna Steel, Marta S. Fernández, Manabu Sakamoto, José Ignacio Ruiz-Omeñaca et Rainer R. Schoch, «The Cranial Osteology and Feeding Ecology of the Metriorhynchid Crocodylomorph Genera Dakosaurus and Plesiosuchus from the Late Jurassic of Europe», PLoS ONE, vol.7, no9, , e44985 (PMID23028723, PMCID3445579, DOI10.1371/journal.pone.0044985, lire en ligne)
(en) Gandola R, Buffetaut E, Monaghan N, Dyke G. 2006. Salt glands in the fossil crocodile Metriorhynchus. Journal of Vertebrate Paleontology26 (4): 1009-1010
(en) Fernández M, Gasparini Z. 2008. Salt glands in the Jurassic metriorhynchid Geosaurus: implications for the evolution of osmoregulation in Mesozoic crocodyliforms. Naturwissenschaften95: 79-84
(en) Buchy M-C, Stinnesbeck W, Frey E, Gonzalez AHG. 2007. First occurrence of the genus Dakosaurus (Crocodyliformes, Thalattosuchia) in the Late Jurassic of Mexico. Bulletin de la Société Géologique de France178 (5): 391-397
(de) Fraas E. 1901. Die Meerkrokodile (Thalattosuchia n. g.) eine neue Sauriergruppe der Juraformation. Jahreshefte des Vereins für vaterländische Naturkunde, Württemberg57: 409-418
(es) Gasparini ZB, Dellapé D. 1976. Un nuevo cocodrilo marino (Thalattosuchia, Metriorhynchidae) de la Formación Vaca Muerta (Jurasico, Tithoniano) de la Provincia de Neuquén (República Argentina). Congreso Geológico Chileno1: c1-c21
(en) Frey, E., Buchy, M.-C., Stinnesbeck, W. & López-Oliva, J.G. 2002. Geosaurus vignaudi n. sp. (Crocodylia, Thalattosuchia), first evidence of metriorhynchid crocodilians in the Late Jurassic (Tithonian) of central-east Mexico (State of Puebla). Canadian Journal of Earth Sciences39: 1467–1483
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(en) Y. Herrera, M.S. Fernandez, S.G. Lamas, L. Campos, M. Talevi et Z. Gasparini, «Morphology of the sacral region and reproductive strategies of Metriorhynchidae: a counter-inductive approach», Earth and Environmental Science Transactions of the Royal Society of Edinburgh, , p.1–9 (DOI10.1017/S1755691016000165, lire en ligne)
(en) Young MT. 2007. The evolution and interrelationships of Metriorhynchidae (Crocodyliformes, Thalattosuchia). Journal of Vertebrate Paleontology27 (3): 170A.
(en) Andrea Cau; Federico Fanti, «The oldest known metriorhynchid crocodylian from the Middle Jurassic of North-eastern Italy: Neptunidraco ammoniticusgen. et sp. nov.», Gondwana Research, vol.19, (DOI10.1016/j.gr.2010.07.007)