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écrivain colombien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vicente Rojas Lizcano, alias Biófilo Panclasta, né le à Chinácota et mort le à Pamplona, était un écrivain, militant politique et anarchiste individualiste colombien. C’est en 1904 qu’il utilisa pour la première fois le pseudonyme grâce auquel il réussira à se faire un nom : Biófilo, amoureux de la vie, et Panclasta, brise-tout. Très influencé par Max Stirner et Friedrich Nietzsche, il se rendit dans plus d’une cinquantaine de pays pour y propager les idées anarchistes, participant notamment à diverses manifestations ouvrières et syndicales, lors desquelles il lui fut donné de se lier d’amitié avec des personnalités comme Kropotkine, Maxime Gorki et Lénine. Il exposa sa pensée et rendit compte de son existence de vagabond, d’activiste et d’aventurier, y compris des nombreux séjours qu’il fit en prison, dans une paire d’ouvrages et dans plusieurs articles de presse.
Fils de Bernardo Rojas et de Simona Lizcano, ouvrière, Biófilo fit ses études secondaires à Pamplona, ville située aux confins du Venezuela et voisine de Chinácota, sa ville natale. De 1897 à 1898, il fréquenta les cours de l’école normale de Bucaramanga, d’où il sera expulsé pour avoir monté une petite revue qui se déclarait hostile à la réélection du président Miguel Antonio Caro[2].
En 1899, il abandonna l’école et voyagea pour le Venezuela où il fonda, conjointement avec Eleazar López Contreras, la première école publique dans la localité de Capacho Nuevo, chef-lieu de la commune d’Independencia, dans l’État de Táchira. Cette même année, il s’enrôla dans l’armée du chef militaire vénézuélien Cipriano Castro, dont l’objectif était de renverser le président Ignacio Andrade. Cependant, il s’éloigna bientôt de ses troupes et s’en alla cheminant à travers le Venezuela en compagnie d’autres groupes révolutionnaires qui rôdaient à Trujillo, Portuguesa, Cojedes et Carabobo[3], et arriva ainsi dans la ville de Valencia en janvier 1900. En novembre 1904, doté du grade de colonel de l’armée de Cipriano Castro, il se porta vers la ville colombienne de Barranquilla et offrit aux forces colombiennes ses services de militaire dans leur lutte contre les séparatistes panaméens soutenus par les États-Unis[2].
En 1906, il se rendit à Buenos Aires, en Argentine, où il entra pour la première fois en contact avec la pensée anarchiste et socialiste, assistant à des réunions et écrivant dans des revues spécialisées. La même année, il partit pour l’Europe participer au congrès ouvrier d’Amsterdam, à titre de délégué de la Fédération ouvrière régionale argentine (en esp. Federación Obrera Regional Argentina, ou en abrégé FORA)[2].
En 1908, il fut expulsé d’Espagne sur sollicitation du président colombien Rafael Reyes. Cependant, arrivé à Puerto Colombia, où il était prévu qu’il poursuivrait sa route à destination de Bogota, il choisit de partir se réfugier au Panama, d’où il sera à nouveau extradé sur ordre encore une fois de Rafael Reyes et remis en qualité de prisonnier aux autorités colombiennes[2]. Dorénavant, si Biófilo Panclasta quitta une prison, ce ne fut que pour entrer dans une autre : il séjournera comme prisonnier à Carthagène (1909), Barranquilla (1910) et Bogotá (1911). Il y eut même quelques organes de la presse nationale, comme la revue Maquetas, pour réclamer que lui fût appliquée la peine de mort, au motif qu’il serait un élément perturbateur de l’ordre public.
En 1914, Biófilo revint dans la ville vénézuélienne de Valencia, où il fut bientôt jeté en prison pour avoir prononcé sur une place publique un discours glorifiant la nation française, quelques jours après le déclenchement de la Première Guerre mondiale. En réalité, il fut incarcéré à l’intervention d’affidés du nouveau président Juan Vicente Gómez, lequel avait entre-temps succédé à Cipriano Castro, ami de Panclasta, à la suite d'un coup d’État. Au long des sept années où il resta incarcéré, Pancasta subit alternativement peines, pénuries et faim, au gré des préférences des directeurs de prison successifs.
Il partagea ses années d’enfermement avec plusieurs autres prisonniers politiques vénézuéliens, dont beaucoup périrent dans cette même prison. En 1921, sous la tutelle d’un directeur de prison désigné par le gouverneur nouvellement nommé de l’État de Carabobo, José Antonio Baldó, Panclasta fut transféré au fort dit Castillo Libertador, à Puerto Cabello, où il fut traité humainement et remis en liberté peu de mois plus tard[3].
En 1923, deux ans après sa libération de la prison de Valencia, Panclasta fut nommé délégué de l’Association anarchiste mexicaine, auquel titre il fit le voyage de Barcelone pour y participer à un congrès. À cette occasion, il proposa un projet dénommé Opération Europe et consistant à :
L’année suivante, il se rendit à São Paulo avec le dessein d’y organiser une grève dans les plantations de café, mais, incarcéré à nouveau, il fut transféré à la ville de Cayenne, d’où il réussit à prendre la fuite. La Ligue des droits de l’homme l’envoya à l’île de la Martinique. Après avoir visité fugacement cinquante-deux pays, il retourna en Colombie, où il fut derechef emprisonné, en même temps que le syndicaliste Raúl Eduardo Mahecha, dans la ville de San Gil. L’année suivante, il fonda à Bogotá le Centre d’Union et Action révolutionnaire (Centro de Unión y Acción Révolutionaria), qui arborait la devise : « Révolutionnaires de tous idéaux unissez-vous ! ».
En 1934, Biófilo Panclasta se mit en ménage avec Julia Ruiz, pythonisse notoire exerçant à Bogota, et se cantonna désormais à écrire des articles pour des journaux et revues ou à leur accorder des entretiens, ainsi qu’à adresser des lettres à divers chefs d’État d’Amérique latine. Un an après le décès de sa compagne en , Biófilo tenta de se suicider à Barranquilla en s’électrocutant à l’aide des câbles de l'éclairage et en se tranchant la gorge avec un canif[4]. En décembre de la même année, la police de Bucaramanga ordonna son expulsion de la ville pour vagabondage et alcoolisme. Il mourut, terrassé par une crise cardiaque, le dans l’asile de vieillards de Pamplona.
Les idées anarchistes de Biófilo Panclasta étaient en vérité assez particulières. Il oscilla entre, d’une part, un anarchisme individualiste, selon la dénomination de Kropotkine, sous forte influence de Max Stirner, et, d’autre part, un anarchisme sociétaire, qui tend à se manifester dans la série de lettres qu’il expédia de la prison de Barranquilla en 1910.
Dans un premier temps, Biófilo Panclasta se revendiqua comme un individualiste extrême, radical, s’inspirant fortement du concept de surhomme de Nietzsche, son philosophe de prédilection. Ainsi abhorrait-il l’homme-masse :
Dès lors, le combat social que menait Panclasta n’était pas à l’intention des autres, mais seulement pour lui-même, pour qu’il pût se sentir vivant.
Dans un deuxième temps, il reconnut que la lutte pour autrui lui permettait de déployer, dit-il, sa pleine capacité d’action, d’amour ou de haine[6]. En dépit donc de son attitude anarcho-individualiste affirmée, Panclasta fut en même temps très critique vis-à-vis de cette posture et en vint à s’identifier aussi à l’anarchisme sociétaire. Ses appréciations sur les deux courants principaux de l’anarchisme s’accordent du reste avec sa façon générale de penser, laquelle répudiait les extrêmes absolus et considérait que l’homme n’est pas un être totalement social ou totalement individuel ; il prit soin de se distancier de toute forme de militantisme politique, fût-ce au sein d’une organisation anarchiste. Dans un dialogue qu’il eut avec Kropotkine, il déclara :
Le mode de pensée de Biófilo Panclasta dénote qu’il était homme d’action davantage qu’homme d’idées. Ayant pris pour point de départ la nécessité qu’avaient selon lui les hommes de se libérer de l’oppression, il s’engagea à partir de là dans l’action ; à ses yeux, les organisations ne valaient que par leur pratique, non par leurs aspects programmatiques — pratique exercée à la chaleur des intérêts directs des êtres humains, ce qu’il appelait intérêts de situation[6].
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