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chant de révolte italien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Bella ciao est un chant de révolte italien révolutionnaire qui célèbre l'engagement dans le combat mené par les partisans, résistants pendant la Seconde Guerre mondiale opposés aux troupes allemandes alliées de la République sociale italienne fasciste, dans le cadre de la guerre civile italienne.
Bella ciao (it) | ||
Blason rouge des partisans de la brigade Justice et Liberté. | ||
Hymne des | partisans italiens | |
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Paroles | anonyme 1944 |
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Musique | anonyme début du XXe siècle |
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Adopté en | 1948 | |
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Les paroles ont été écrites fin 1944 sur la musique d'une chanson populaire que chantaient au début du XXe siècle les mondine, ces saisonnières qui désherbaient les rizières de la plaine du Pô et repiquaient le riz, pour dénoncer leurs conditions de travail.
Ce chant est devenu un hymne à la résistance et l'antifascisme dans le monde entier[1].
Les paroles de la version qui renvoient aux événements les plus anciens ont été fixées en 1944 par Vasco Scansani, un désherbeur de rizières originaire de Gualtieri[2]. Ces paroles célèbrent la victoire de la lutte sociale qui a abouti en 1908 à l'instauration d'une loi limitant le temps de travail journalier à huit heures[3]. « Ciao, Bella! » y est un salut à la mondina d'après la loi, ou un adieu à celle d'avant, cette ouvrière agricole qui était obligée de travailler sans limites dans les rizières de la plaine padane et a été choisie par l'auteur comme symbole de la condition du prolétariat politisé du Nord de l'Italie.
Cette version reprendrait une chanson folklorique de la région de Verceil transcrite en 1906[4]. Alla mattina appena alzata dérive d'une ballade française du XVe siècle[5] dont différentes régions ont, à la fin du XIXe[6], élaboré chacune une version spécifique, La daré d'côla môntagna dans le Piémont, Il fiore di Teresina dans le Trentin, Stamattina mi sono alzata en Vénétie[5]. Le refrain « Bella ciao » (« Ma belle, salut ! ») est en italien d'une syntaxe inhabituelle mais peut aussi se lire avec une autre ponctuation : O Bella, ciao bella, ciao Bella, ciao ciao ciao. C'est un jeu de mots sur le double sens de Ciao, salut au sens de bonjour comme au sens d'au revoir, tiré d'une chanson de Lombardie, que recueillera tardivement l'ethnomusicologue Roberto Leydi, La me nona l'è vecchierella (Ma grand-mère est une vieille). Une fillette y dénonce la corvée d'eau : « La me fa ciau, La me dis ciau, La me fa ciau ciau ciau... » Elle me fait « Salut ! », Elle me dit « Salut ! », Elle me fait « Salut ! Salut ! Salut ! » Et m'envoie à la fontaine[6].
Vidéo externe | |
Comparaison de Koilen et Bella, ciao!. |
L'origine de la mélodie reste indéterminée. Il est possible qu'elle ait été proposée, que ce soit en 1908 ou ultérieurement, par un émigré revenu, par exemple à l'occasion de la Grande Guerre, des États-Unis[7] où une musique ressemblante aurait été diffusée antérieurement par des immigrants ashkénazes, un anonyme. En effet, c'est sur une mélodie partiellement très semblable, ce qui n'est peut-être qu'une coïncidence, qu'en , Mishka Ziganoff (it), accordéoniste tsigane et chrétien originaire d'Odessa devenu restaurateur à New York, enregistre dans cette ville une chanson klezmer intitulée Koilen. C'est une version d'une chanson yiddish, Dus Zekele Koilen[7], « Le petit sac de charbon » (Das Säckele Kohlen). Ziganoff était accordéoniste auprès de la plus célèbre chanteuse yiddish de l’époque, Molly Picon[8]. Cette chanson yiddish est enregistrée de nouveau, sous ce titre, en 1923 par Abraham Moskowitz et en 1922 par Morris Goldstein[7].
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Fleur de tombe. |
Avant la Seconde Guerre mondiale, une certaine version de la chanson des mondines est chantée lors des banquets, entre autres par Giovanna Daffini, fille d'un violoniste ambulant qui l'a apprise de sa grand-mère et la chantait quand elle travaillait, dès l'âge de 13 ans, en 1926, dans les rizières de Vercelli et de Pavie. Installée en 1932 à Gualtieri, en Émilie, elle chante alors tel un aède dans les mariages, accompagnée par sa guitare et le violon de son mari[9], un répertoire anarchiste. Durant la guerre, elle s'engage dans la Résistance.
La mélodie, qui n'a jamais été enregistrée en Italie, est connue de quelques résistants des unités gappistes de la région de Modène et de Bologne dans l'Apennin émilien, tels les combattants de la section russe du bataillon allié qu'encadrent les commissaires politiques Vladimir Piériéladoff (ru) et Anatol Makarovitch Tarasoff (ru) ou ceux des autres unités de la République des partisans (it) de Montefiorino, partis le 1er août 1944 se réfugier dans la montagne au sein de la brigade Justice et Liberté du Parti d'action. Des paroles sont posées dessus au plus tard vers la fin de l'année 1944 ou au début de l'année 1945[7] en s'inspirant du thème et du scénario d'une autre chanson populaire, Fior di tomba[6]. La « fleur de tombe » devient la « fleur du partisan ». Le partisan chante non pas le salut que la mondina libérée adresse à l'esclave qu'elle était mais celui qu'il adresse à sa bien-aimée. Toutefois, les révolutionnaires italiens chantent plus volontiers Fischia il vento[9], sur l'air de Katioucha.
À l'été 1948, dans les suites du premier Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui s'est tenu à Prague un an plus tôt, du au , un groupe d'étudiants italiens invité par le Kominform à Berlin chante leur hymne des partisans[9],[10]. Le chant est traduit en plusieurs langues et très applaudi. Durant la guerre froide, Fischia il vento est relégué progressivement parce qu'il affiche un engagement pro-soviétique trop marqué et c'est Bella ciao!, aux paroles plus consensuelles, qui finira par s'imposer comme l'hymne de la résistance italienne[7].
Giovanna Daffini et sa chanson Mondina dans sa version de 1951, celle de Vasco Scansani, sont découvertes en 1962 par l'ethnomusicologue Roberto Leydi, promoteur de la renaissance de la musique populaire en Italie inspiré par l'activiste Gianni Bosio (it)[11].
Dès l'année suivante, aux lendemains de la crise de Cuba que le traité de Moscou vient apaiser, Yves Montand donne un retentissement international à la version « partigiana », déjà répandue dans le milieu de la jeunesse communiste. En Union soviétique, c'est Muslim Magomayev qui la fait connaître cette même année, en italien et en russe.
En 1964, initiative de Roberto Leydi et du producteur Nanni Ricordi (it) soutenue par l'anthropologue Ernesto De Martino, par de nombreux musiciens amis[11] et par Giovanna Daffini elle-même, les deux versions, chantées par Sandra Montovani respectivement sur un ton pathétique et un ton révolutionnaire, sont le thème principal d'un récital que le Nouveau chansonnier italien (it) inaugure dans un théâtre de Spolète le 21 juin. Vilipendées par les conservateurs[11], ces deux versions sont reprises par différentes formations[11] qui les popularisent auprès du public, offrant à celui-ci une sorte d'« invention d'une tradition »[7].
Dans la seconde moitié des années 1960, elle devient le symbole d'une résistance italienne réunifiée et non partisane (selon Stefano Pivato) et, à partir des années 1970, elle est reprise dans les manifestations étudiantes, la thématique de l'anti-fascisme connaissant alors un regain[12], surtout dans les milieux d'extrême gauche.
En 2017, le succès de diffusion par Netflix de la série La casa de papel, dont les héros ont choisi la chanson pour chant de ralliement, fait découvrir Bella ciao à un large public qui désigne souvent le titre comme « la chanson de La Casa de Papel »[13]. Nous apprenons notamment que le grand-père du cerveau du braquage (El Profesor) était alors un partisan et résistant italien face au fascisme de Mussolini, qui fut au pouvoir du au .
Popularisée par la série Netflix la chanson devient commerciale avec Naestro, Maître Gims, Slimane, Vitaa et Dadju qui sortent en 2018 une reprise française R'n'B. Celle-ci est critiquée pour ses paroles évoquant une simple rupture sentimentale, sans rapport avec le texte original[14]. Cette adaptation prend la première place des ventes de single en France[15].
La popularité de la série Netflix soulève aussi des appétits de rébellion en Turquie en 2020 (avec la diffusion clandestine de la chanson depuis des mosquées lors du piratage des minarets d'Izmir)[16], puis en Iran en 2022 (avec la diffusion sur les réseaux sociaux par une chanteuse anonyme d'une version en persan dont le texte conserve, si ce n'est la lettre, l'esprit du texte original, en voici un extrait : « O Peuple, sois unis. Nous qui sommes debout jusqu’à demain, notre droit n’est pas faible »)[10].
Vidéo externe | |
L'interprétation de Giovanna Daffini. |
C'est une chanson de travail et de protestation piémontaise. Elle exprime la protestation des mondine, les saisonnières qui désherbaient les rizières d'Italie du Nord et y repiquaient les plants de riz, contre les dures conditions de travail : les femmes devaient rester courbées toute la journée, dans l'eau jusqu'aux genoux, sous le regard et les brimades des surveillants. Les conditions de travail et de vie des mondine sont illustrées par le film Riz amer de Giuseppe De Santis, chef-d'œuvre du néoréalisme italien.
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Néanmoins, cette version de Giovanna Daffini cohabite avec d'autres, comme celle de 1952 écrite par Vasco Scansani, plus populaire en Italie, qui a souvent été considérée à tort comme la version originale[17].
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Sur l'air de la chanson traditionnelle des mondines, les paroles ont été écrites pour la lutte antifasciste.
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Vidéos externes | |
L'interprétation des Chics Types. | |
L'interprétation en italien des chœurs de l'Armée rouge. | |
L'interprétation de Talco en concert. |
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb. Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section proviennent du générique de fin de l'œuvre audiovisuelle présentée ici.
À partir de septembre 2022, une vidéo obtient des millions de vues sur les réseaux sociaux du monde entier : on y voit une jeune femme iranienne anonyme chanter Bella ciao en farsi[20]. Ce chant fait écho aux manifestations en Iran dues à la mort de Mahsa Amini[21].
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