dans l'Antiquité, lieu marquant la limite entre les Carthaginois et les populations grecques de Cyrène De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'autel des frères Philènes est un lieu marquant selon les Anciens la limite entre les Carthaginois et les populations grecques de Cyrène, qui aurait rappelé le sacrifice des frères Philène.
La localisation précise du site reste discutée. Mais, à la suite de Richard George Goodchild[1], les archéologues s'accordent pour l'identifier au site du Graret Gser et-Trab, lieu-dit localisé à 6 km de la côte et à 2 km au sud de Bir Umm el-Garanigh, dans une légère dépression au nord du plateau du djebel el-Ala[2],[3].
Pour décider d'une frontière avec la colonie grecque de Cyrène (actuelle Libye), et au lieu de se lancer dans un nouveau conflit armé, les deux cités seraient convenu que chacune devait envoyer le même jour une expédition qui se devait de longer la côte, la frontière devant se situer au point de rencontre.
Les Carthaginois, conduits par les frères Philène, marchent jour et nuit, si bien qu'ils rencontrent les Cyréniens beaucoup plus près de Cyrène que de Carthage, au fond du golfe de la Grande Syrte, dans l'actuelle Libye. Les Cyréniens les accusent d'être partis avant la date convenue. Enfin, ils déclarent qu'ils ne reconnaîtront cette frontière que si les frères Philène se font enterrer vivants sur place[4].
Par dévouement envers leur cité, ceux-ci acceptent, acte que Salluste signale par la présence de l'autel des frères Philène, autels qui n'ont pas laissé de traces et pour lesquels de nombreux débats ont eu lieu dès l'Antiquité, certains auteurs comme Strabon évoquant des colonnes[5], d'autres comme Pline l'Ancien évoquant des structures naturelles[6],[7].
La frontière politique et économique fut durablement établie là, même si les Ve et IVe siècles virent un approfondissement de l'occupation côtière en deçà de celle-ci[8]. La frontière perdurera comme limite interne à l'Empire romain, la représentation du lieu sur la table de Peutinger «étant [pour sa part] purement théorique»[9]. Les autels des Philènes séparèrent la province d'Afrique de la province de Crète et Cyrénaïque (Creta et Cyrenaica), puis la province de Tripolitaine de la province de Libye supérieure (Libya superior) ou pentapole (Libya pentapolis), ainsi que le diocèse d'Afrique du diocèse d'Orient puis, après la partition de celui-ci, du diocèse d'Égypte.
Richard George Goodchild, «Arae Philaenorum and Automalax», Papers of the British School at Rome (PBSR), XX, 1952, pp. 94-110, réédité dans: Joyce M. Reynolds (éd.), Libyan Studies: Selected papers of the late R. G. Goodchild, London, Éd. Paul Elek, 1976, pp. 155-172.
[Devillers 2000] Olivier Devillers, «Regards romains sur les autels des frères Philènes», dans Mustapha Khanoussi, Paola Ruggeri et Cinzia Vismara (éd.), L'Africa romana. Geografi, viaggiatori, militari nel Maghreb: alle origini dell'archeologia nel Nord Africa[« L'Afrique romaine. Géographes, voyageurs, militaires au Maghreb: aux origines de l'archéologie en Afrique du Nord »], vol.1 (actes du 13eCongrès international d'études sur l'Afrique romaine, tenu à Djerba du au ), Rome, Carocci, coll.«Collana del dipartimento di storia dell'Università degli studi di Sassari. Nuova serie / L'Africa romana» (no6 / XIII), , 1reéd., 21 cm (ISBN88-430-1647-4 et 978-88-430-1647-1, OCLC490482177, BNF37710808, SUDOC055468586, lire en ligne), p.119-144.