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traducteur, éditeur et poète français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
André Markowicz est un traducteur, éditeur et poète français, né le [1] à Prague (Tchécoslovaquie, aujourd'hui République tchèque).
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André Markowicz a une mère russe, née en Sibérie d'une mère exilée par Staline pour espionnage et d'un père géorgien, et un père français d'origine polonaise[2]. Il se définit comme « juif laïc »[3] et « athée »[4]. Il vit lors de son enfance à Leningrad, chez sa grand-mère russe[5].
En 1964, il part vivre en France et s'initie à la traduction vers 1977[6] : à l'âge de seize ans, il rencontre le traducteur Efim Etkind, qui devient son « maître », lui fait traduire Pouchkine et lui apprend « les lois de la métrique, russe, et française »[5]. Étudiant, il collabore avec le poète Eugène Guillevic pour la traduction du poète futuriste russe Ilia Zdanevitch[7].
Depuis 1981, il a publié plus d’une centaine de volumes de traductions, d’ouvrages de prose, de poésie et de théâtre. Il participe à plus d’une centaine de mises en scène de ses traductions, en France, au Canada, en Belgique ou en Suisse[8].
En 1990, il convainc Hubert Nyssen, fondateur d'Actes Sud, d'entamer une traduction des œuvres complètes de Dostoïevski. Il estime que les traductions originales ont fait fausse route, car « Dostoïevski détestait l'élégance, en particulier celle des Français. Il écrivait avec véhémence, sans se soucier de la syntaxe ni des répétitions »[6]. Cette entreprise commencée en 1991 par Le Joueur et achevée en 2002, avec la traduction des Frères Karamazov[6],[9], le fait connaître en rencontrant un franc succès auprès du public[10].
Il traduit des œuvres et de Nicolas Gogol et d'Alexandre Pouchkine[11],[12], notamment Eugène Onéguine, qu'il considère comme sa traduction la plus importante[5].
En 2011, il entame le cycle intitulé Ombres de Chine, consacré à la traduction de poésie classique chinoise[13]. Sans maîtriser aucune langue chinoise, il traduit plusieurs poètes Tang, comme Wang Wei, Tu Fu, Li Po, Han Yü, Wen Tingyun et Li Shang-yin. Il se base « sur les études, les mot à mot et les traductions des plus grands spécialistes, français, américains, britanniques, russes, etc. »[7]. Les poèmes portent notamment sur la révolte d’An Lushan.
La même année, il publie Le Soleil d'Alexandre, recueil de traductions des poètes romantiques du cercle d'Alexandre Pouchkine, comme Vassili Joukovski et Mikhaïl Lermontov[14]. Selon Mediapart, André Markowicz y « fait pleinement sienne cette phrase d'Henri Meschonnic à propos de la traduction : « un rôle unique et méconnu comme révélateur de la pensée du langage et de la littérature » »[15].
Depuis 2006, André Markowicz donne régulièrement des séances « d'improvisation-traduction publiques », consistant à « dire le texte en russe (avec ses assonances, ses accents, son envoûtement) et « dans le mouvement » le traduire en français « au mot à mot », mais sans que jamais cette version ne se fige par écrit, sans que jamais retombe le souffle de l'improvisation ». Il y traduit notamment les poèmes de Ossip Mandelstam, d'Anna Akhmatova et de Vladimir Maïakovski[16]. Certaines de ses performances sont diffusées sur les ondes de France Culture[17]. Il est parfois accompagné de la musicienne Sonia Wieder-Atherton[18].
En 1989, il travaille sous commande avec Antoine Vitez sur la traduction de la pièce Le Revizor de Nicolas Gogol[6], après s'être rencontrés par l'intermédiaire du poète soviétique Guennadi Aïgui[19]. Vitez décède deux jours avant que le comité de lecture de la Comédie-Française ne donne son feu vert[20].
Il traduit le théâtre complet d'Anton Tchekhov[21] en compagnie de Françoise Morvan[22] qu'il rencontre en 1985 et avec qui il vit depuis[6],[23]. Leur traduction de Platonov reçoit un Molière en 2006, dans la catégorie adaptation théâtrale[24].
Entre 2003 et 2015, il traduit l'intégralité des œuvres théâtrales de William Shakespare, publiées aux éditions Les Solitaires intempestifs[25].
Bien que « contesté à ses débuts par les universitaires qui lui reprochaient la brusquerie de ses traductions, il fait depuis dix ans autorité, tout aussi bien dans le domaine littéraire que théâtral. Tous les metteurs en scène ont besoin de sa langue pour faire travailler les acteurs »[26]. André Markowicz, « la coqueluche des metteurs en scène »[6], dont les traductions sont régulièrement utilisées sur les scènes françaises, est décrit comme une « figure du monde théâtral »[16].
En 2015, il entame la publication de la série Partages, compilations de plus d'un millier de chroniques régulières qu'il tient sur sa page Facebook pour ses « amis inconnus »[5].
En 2018, il publie L'appartement, œuvre poétique autobiographique consacrée à l'appartement de sa grand-mère à Saint-Pétersbourg[27]. En 2019, Bérangère Jannelle en tire un film documentaire « Markowicz, appartement n°7 » (France, 2019, 100min). Projeté en 2020 au Musée d'Art et d'Histoire du judaïsme, le film montre les pas du « dernier héritier d’une famille juive de Russie » « dans l’adieu à l’appartement où vécut sa grand-mère »[28].
En 2019, il crée avec Francoise Morvan les Éditions Mesures, dont il est le président[29]. Outre leurs propres ouvrages, ils y publient des œuvres de Guennadi Aïgui, Léonid Andréïev, Daniil Harms, François-Marie Luzel, Marina Tsvétaïeva et Ilia Zdanévitch[30].
Il signe en 2012 une tribune en soutien au peuple syrien[31]. En 2017, il participe à l'appel du monde de la culture contre le FN[32]. La même année, il soutient la libération de Kirill Serebrennikov[33] et d'Oleg Sentsov[34],[35].
En 2017, il publie une tribune dans le journal Le Monde où il s'interroge sur le bien-fondé de l'hommage national rendu à l'écrivain Jean d'Ormesson décidé par Emmanuel Macron[36],[37]. Il demande : « pourquoi d’Ormesson ? Et pourquoi aux Invalides ? Malraux avait eu droit à un tel hommage, mais Malraux avait été ministre, c’était une figure du siècle ; pareil, d’une autre façon, pour Césaire (au Panthéon). Mais qu’avait-on fait à la mort de Claude Simon, de Samuel Beckett et même d’Yves Bonnefoy ? »[38].
André Markowicz dénonce le nationalisme sous toutes ses formes, et notamment celui qui se développe, selon lui, en Bretagne, en Russie ou en Israël et qui partage le « caractère universel et uniforme de tous les nationalismes, et, cela, qu’ils soient au pouvoir ou non », reposant sur « le même fantasme identitaire, celui d’une origine proclamée comme ancienne et pure, et, généralement bafouée par des étrangers (à la province ou au pays) »[4].
En 2018, à l’occasion du centenaire de la naissance d’Alexandre Soljenitsyne et des commémorations consacrées à l'écrivain, André Markowicz s’oppose dans les pages « Débat » du journal Le Monde au traducteur et historien Georges Nivat[39],[40]. Markowicz exhorte à ne pas faire « l’impasse sur l’idéologie panslaviste et le discours antisémite » de l’auteur russe, ni sur « l’idéologie nationaliste, judéophobe et antidémocratique qu’il propageait »[41].
En 2021, au sujet des controverses sur la traduction du poème The Hill We Climb de la poétesse noire américaine Amanda Gorman, André Markowicz critique dans une tribune au Monde les arguments avancés par l’activiste Janice Deul, pour qui le travail et la vie de Gorman « sont forcément marqués par son expérience et son identité de femme noire » et qu'il s'agit d'une « occasion manquée que de confier ce travail à Marieke Lucas Rijneveld ». Pour Markowicz, ces arguments révéleraient une vision qui est « le contraire absolu de la traduction, qui est, d'abord et avant tout, partage et empathie, accueil de l'autre, de ce qui n'est pas soi : ce que j'appelle « reconnaissance » ». Il estime que « personne n’a le droit de me dire ce que j’ai le droit de traduire ou pas. Chacun, en revanche, a le droit de juger si je suis capable de le faire. C’est-à-dire si, par mon travail, je suis capable de faire entendre, par ma voix, par la matérialité de mes mots, la voix d’un ou d’une autre – sans la réduire à celle qui est censée être la mienne. »[42]. En retour, Lise Wajeman estime sur Mediapart que « ce que l’on peut entendre dans les multiples prises de parole de traducteurs ou d’écrivains », comme André Markowicz, « qui évoquent de très beaux idéaux sur la traduction ou sur la littérature comme ouverture à l’altérité, c’est que brandir ces généralités, qu’il ne viendrait à l’esprit de personne de contester (on peut du moins l’espérer), empêche de poser les questions qui fâchent, ici et maintenant »[43].
André Markowicz, aux côtés de Françoise Morvan, émet régulièrement des critiques sur plusieurs aspects du Mouvement breton, notamment sur la langue bretonne en dénonçant « une instrumentalisation d’une langue à des fins politiques, et la fétichisation qu’elle implique »[44]. Il critique également la municipalité de Rennes pour la place qu'elle fait aux écoles Diwan et à la langue bretonne, qui dans la capitale historiquement gallèse n'est qu'une « variante d'un breton imaginé, langue ethniquement pure de la nation bretonne », un « néobreton officiel » qui « a supplanté la langue populaire »[45]. Il déclare dans un entretien au journal L'Humanité : « quant au breton, il a été unifié en 1941, contre le peuple, parce qu’il fallait créer une nation. Cette langue est factice, personne ne la parle réellement et cela n’empêche pas le breton de disparaître. »[19].
En 2022, André Markowicz estime dans Le Monde que « la guerre en Ukraine (...) ce n’est pas la Russie qui la fait mais les chars de Poutine »[46] et dans Ouest-France que « le régime de Poutine est criminel contre sa culture et son peuple »[47].
Dans un libelle paru en juin 2022 aux éditions du Seuil intitulé Et si l'Ukraine libérait la Russie?[48], il affirme que « la dictature en Russie est très ancienne et elle doit cesser – il faut que l'Ukraine gagne la guerre pour que le régime de Poutine s'effondre et qu'il ait dans les ruines de ce régime une possibilité démocratique. Les Russes y ont droit comme n'importe quel être humain sur terre. Et la Russie peut perdre cette guerre. »[49].
Selon lui, l'idéologie à l’œuvre dans le conflit puise ses références chez Timofeï Sergueïtsev, philosophe et idéologue du Kremlin [50].
Avec Françoise Morvan
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