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comportement animal et humain caractérisé par des actes a priori désintéressés De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le mot altruisme et l'adjectif altruiste s'appliquent aujourd'hui à un comportement caractérisé à s'intéresser et à se dévouer à autrui, ne procurant pas d'avantages apparents et immédiats à l'individu qui les exécute mais qui sont bénéfiques à d'autres individus et peuvent favoriser surtout à long terme un vivre-ensemble et une reconnaissance mutuelle au sein du groupe où il est présent, bien que l'altruisme brut soit néanmoins un acte ne demandant rien en retour. Le terme « altruisme » est employé pour la première fois par Auguste Comte[1].
En Occident[réf. nécessaire], ils peuvent caractériser une valeur culturelle et sociale - parfois à contre-sens de la culture et de la société dominante : un acte héroïque comme le sauvetage d'une vie humaine ou d'un être vivant parfois au péril de la propre vie du sauveteur bénévole, une succession d'actes ou de services quotidiens sans rien attendre en retour, une manifestation d'un amour désintéressé envers un autrui inconnu. Ce type d'acte est qualifié parfois de philanthropique, c'est-à-dire exprimant le souhait qu'autrui trouve ce qui peut lui être inaccessible, accessoirement un bonheur, matérialisé ou instrumentalisé grâce à des fondations ou des institutions. Le terme altruisme peut être considéré comme antinomique d'égoïsme.
Ce terme est parfois dévoyé[réf. nécessaire] vers le sens d'empathie ou réduit le plus souvent à la simple générosité du donateur, mais l'altruisme est d'abord une générosité libre et gratuite, libérée des contraintes, des ordres et des hiérarchies sociales au point de s'afficher contre l'ordre dominant d'essence politique et/ou religieuse, que ce dernier soit corrompu ou que ses valeurs fondatrices soient diluées et évanescentes au sein d'institutions plus ou moins bureaucratisées ou arriérées. Dans ce cas réducteur, il peut être décrit par l'éthique de réciprocité, qui n'est parfois qu'une copie philosophique équivoque ou essentialiste du don/contredon spécifique de nombreuses sociétés traditionnelles.[réf. nécessaire]
Le mot altruisme apparaît pour la première fois sous la plume d'Auguste Comte[2] dans son ouvrage Catéchisme positiviste (1852). Il désigne une attitude d'attachement, de bonté, voire de vénération envers autrui, qui résulte d'un sentiment d'amour instinctif ou réfléchi pour l'autre. Faisant de l'altruisme le principe de sa religion, Auguste Comte considère que l'existence innée des instincts altruistes est « la principale découverte de la science moderne »[2].
La psychanalyste argentine Raquel Capurro, également philosophe de formation, décrit précisément dans quelles conditions Auguste Comte a élaboré la « religion » positiviste[3] : Comte tombe très amoureux de Clotilde de Vaux en 1845, c'est alors qu'elle attrape la tuberculose, et meurt un an plus tard. Auguste Comte a du mal à faire son deuil : se recueillant dans l'église Saint-Paul près de l'appartement de Clotilde de Vaux, ce deuil participe à l'invention de la « religion de l'humanité », qu'il qualifie de fétichisme : l'ethnologie était à la mode à cette époque, et on découvrait ces pratiques dans les cultes africains. La couverture de son Système de politique positive, publié en 1851 et dédié à « sainte Clothilde », comprend les slogans « Ordre et progrès », « Vivre pour autrui »[2].
Selon Émile Maximilien Paul Littré, qui a développé la doctrine positiviste, l'altruisme provient « de la nécessité d'aimer imposée fondamentalement par l'union des sexes pour que l'humanité subsiste comme espèce ».
Pourtant opposé au mysticisme politique d'Auguste Comte, le philosophe évolutionniste Herbert Spencer reprend à son compte le terme d'altruisme[2].
Pour l'égoïste ou l'amoral, l'altruisme est le fait de se soumettre religieusement à une idée[4],[5]. Ainsi, dans cette définition, le patriote est un altruiste[6]. Pour le défenseur de l'égoïsme, Max Stirner, l'altruisme procède de l'Idée. L'altruiste serait donc quelqu'un de très moral, d'idéaliste et de désintéressé, donc un esclave. Le libéralisme, sévèrement pourfendu dans L'Unique et sa propriété, conduirait à l'altruisme, même si une personne croit servir son intérêt personnel[7]. En critiquant le libéralisme, Stirner rejette le socialisme et le capitalisme. Ces systèmes économiques et politiques favorisent l'altruisme et donc l'esclavage de la Pensée. Pour Stirner, l'amour et la sociabilité procèdent de l'égoïsme, alors que l'altruisme est un devoir. À aucun moment, Max Stirner n'emploie le mot « altruisme » pour définir le contraire de l'égoïsme, mais le mot « idéalisme ». James L. Walker, un des adeptes de Stirner, dans son ouvrage The philosophy of Egoism, associera idéalisme à altruisme. Thrasymaque, dans La République de Platon, suppose que l'altruisme n'est pas naturel et que nous sommes tous prompt à l'injustice.
Bahram Elahi[8] précise à ce sujet que si aucune action altruiste ne peut être parfaitement désintéressée, du fait même de notre dimension terrestre, naturellement mercantile, il est toutefois possible de cultiver en soi l’intention d’agir de manière désintéressée. Le désintéressement absolu constitue un idéal vers lequel l'être humain devrait tendre pour pouvoir persévérer dans la pratique éthique et acquérir les vertus indispensables à son perfectionnement moral et spirituel.[réf. nécessaire]
Le biologiste Philippe Kourilsky invente le néologisme d'« altruité » pour désigner la composante rationnelle de l'altruisme et définit le devoir d'altruisme, caractérisé par son auto-évaluation et sa proportionnalité, comme « l'obligation pour chacun de s'attacher à préserver et à renforcer les libertés individuelles des autres », ce qui peut améliorer le fonctionnement de la démocratie[9].
Bien qu'un comportement altruiste semble a priori être contradictoire par rapport à des principes énoncés au sujet de la sélection naturelle, un comportement qui tient compte d'autrui peut être sélectionné et l'on constate des comportements altruistes dans la nature (voir sélection de parentèle). Un examen plus fin par la sociobiologie des mécanismes à l'œuvre, des niveaux de sélection génétique, et d'expression des individus montre que, s'il y a un égoïsme, il serait davantage au niveau des gènes eux-mêmes[10].
L'« altruisme de clocher » a été évoqué par Darwin pour expliquer en termes évolutionnistes le comportement social chez l'homme : ce comportement associe l'altruisme, où des personnes agissent à leurs dépens pour les membres de leur groupe, avec une attitude hostile à l'égard des autres groupes. Par exemple, un soldat qui se bat contre un ennemi au péril de sa vie pour protéger son pays, des supporters de football qui favorisent la « confiance intragroupe » et l'« agression défensive » envers les autres groupes. Des recherches montrent que ce comportement est corrélé au taux d'ocytocine cérébral[11].
L'altruisme pourrait avoir une composante génétique, la présence d'un allèle du gène COMT semblant être associé avec un comportement plus altruiste[12].
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