Il est issu d'une famille de la petite noblesse militaire. La famille habite successivement plusieurs villes de la Russie Blanche et de l'actuelle Pologne au gré des affectations du père colonel dans l'armée impériale. Dans une église polonaise, il connaît sa première expérience religieuse significative en découvrant une icône aux vertus miraculeuses.
De 1877 à 1882, il étudie à l'École des Cadets de Moscou et voit pour la première fois une exposition de peinture en 1880 à l'Exposition mondiale, événement qui bouleverse sa vie. Il commence à peindre et visite régulièrement la Galerie Tretiakov.
Son père meurt en 1872. Le jeune Alexej entre à l'École militaire Alexandre et est nommé lieutenant en 1884, à l'âge de 20 ans, en poste à Moscou. Il habite en ville et fréquente les artistes et collectionneurs; cet environnement stimule son intérêt pour la peinture. Il peint des paysages et la steppe tatare et, en 1889, il obtient son transfert pour Saint-Pétersbourg où se trouve l'Académie impériale des beaux-arts dont il suit les cours.
En 1890, il rencontre Ilia Répine, le grand peintre russe réaliste et romantique de l'époque. L'une des élèves de Répine est Marianne von Werefkin, fille du général commandant la forteresse Pierre-et-Paul et qui a déjà un certain nom comme peintre. En 1895, invité dans la propriété de famille des Werefkin, il rencontre Hélène Neznakomova qui deviendra sa femme en 1922 après lui avoir donné un fils, Andréas, en 1902. Jawlensky quitte l'armée en 1896 avec le grade de capitaine et, accompagné de Werefkin, part pour Munich suivre les cours d'Anton Ažbe, artiste et professeur reconnu à l'époque. Il rencontre Kandinsky qui a quitté la Russie un an auparavant. En 1898, il part pour l'été en Russie en compagnie de Werefkin et d'Hélène, puis visite Venise et quitte l'école d'Azbé peu après son retour à Munich. Sa production picturale d'alors est essentiellement des natures mortes peintes sur tout type de supports comme des chiffons lui servant de toile. Il part en Lituanie et, malade, retrouve Werefkin en 1901, en Crimée, pour sa convalescence. En 1902, Hélène Neznakomova met au monde leur fils unique Andréas.
En 1905, il travaille à Carantec, en Bretagne, et grâce à l'intervention de Diaghilev, Jawlensky envoie six toiles au Salon d'automne qui sont exposées dans la section russe. Il rencontre à cette occasion Henri Matisse.
Jawlensky passe ses étés à Murnau, dans le sud de la Bavière, dans la «Maison des Russes», en compagnie de Werefkin, Kandinsky, et Gabriele Münter, tous des peintres qui font partie des fondateurs de la Nouvelle Association des Artistes de Munich (Neue Künstlervereinigung München) ou NKVM, qui tint sa première exposition à la galerie Thannhauser de Munich en décembre[1] et qui donne naissance en 1912 au groupe nommé «Der Blaue Reiter» (Le Cavalier Bleu). À cette époque, Jawlensky rencontre Franz Marc et Emil Nolde. Il participe aux expositions du Sonderbund et à Neue Kunst chez Golz à Munich.
En 1914, première exposition de la Sécession munichoise (Neue Münchner Sezession), puis, après la déclaration de la guerre, Jawlensky se réfugie en Suisse à Saint-Prex avec Hélène et Marianne. Dans un grand isolement, il commence à peindre la vue qu'il a de sa fenêtre: c'est la série des Variations. Le peintre s'engage ainsi sur une voie qui le mène au plus grand dépouillement[Note 3].
À Zurich, qui est devenu un lieu de rencontre pour les artistes et écrivains européens fuyant la guerre, Jawlensky fait la connaissance de Jean Arp, Wilhelm Lehmbruck et Marie Laurencin. Il commence ses séries des Têtes mystiques et des Visions du Messie.
Après sa séparation d'avec Werefkin, il épouse Hélène Nesnakomoff[Note 4] en 1922. En 1924, Emmy Scheyer crée le groupe des «Quatre bleus», comprenant Jawlensky, Lyonel Feininger, Paul Klee et Kandinsky, pour promouvoir leurs œuvres aux États-Unis sur la Côte Ouest. Il rencontre Lisa Kümmel en 1927 qui va l'aider à classer et cataloguer son œuvre pendant les dernières années de sa vie.
Dès 1929, Jawlensky est de plus en plus affecté par l'arthrite qui l'oblige à peindre avec les deux mains, et finit par le paralyser[Note 5].
Son art a été déclaré "dégénéré" par les nazis en 1937 et 72 de ses œuvres ont été confisquées dans les collections des musées allemands.
En 1938, il cesse de peindre; il finit de dicter ses mémoires à Lisa Kümmel. Marianne von Werefkin meurt le à Ascona. Jawlensky meurt à Wiesbaden le , à l'âge de soixante-dix-sept ans. Il est inhumé au cimetière russe de Wiesbaden.
Liste non exhaustive. Les sources indiquées donnent accès à la visualisation des œuvres. Les lieux sont classés par ordres alphabétiques (pays puis ville et noms).
Le musée Ludwig de Cologne ainsi que la Lenbachhaus de Munich ont des collections particulièrement importantes. Grâce à la Fondation Im Obersteg, le musée d'Art de Bâle (Kunstmuseum Basel) est également devenu, en 2004, un lieu présentant une collection représentative de l'œuvre du peintre, couvrant une très grande partie de sa carrière[2].
Küste bei Caranteque (La Côte près de Carantec) (1905-1906) huile sur carton 47,5 x 50,5 cm[50]
Landschaft aus Caranteque mit Frau (Paysage de Carantec avec femme) (1905-1906) huile sur carton 52,8 x 49,2 cm[51]
Länglicher Kopf in Braunrot - Großer Frauenkopf auf Rot (Tête allongée en brun rouge - Grande Tête de femme sur fond rouge) (1913) huile sur carton 68,8 x 49,9 cm[52]
Kornfeld bei Carantec (Champ de blé à Carantec) (vers 1905) huile sur carton 49 x 52,5 cm[59]
Mädchen mit Blumenhut (Jeune fille au chapeau à fleurs) (1910) huile sur carton 67,5 x 49 cm[60]
Bunter Berg im Tal bei Oberstdorf (Couleurs sur la montagne dans la vallée près d'Oberstdorf) (1912) huile sur carton 33 x 44,7 cm[61]
Stillleben mit Flasche, Brot und roter Schwalbentapete (Nature morte avec bouteille, pain et papier peint aux hirondelles rouges) (1915) huile sur carton 36 x 55 cm[62]
Die Mutter des Künstlers (Mère de l'artiste) (1890) huile sur toile, marouflée sur carton 24 x 18 cm[125]
Dorf Murnau (le Village de Murnau) (1908) huile sur carton à peindre 49 x 53.5 cm[125]
Kind (Enfant) (vers 1909) huile et détrempe sur carton toilé 53.5 x 50 cm[125]
Selbstbildnis (Autoportrait) (1911) huile sur carton toilé 54 x 51 cm[125]
An der Ostsee (Sur les Bords de la Baltique) (1911) huile sur carton toilé 50 x 54 cm[125]
Jünglingskopf (Tête de jeune homme) (1911) huile sur carton 53.5 x 49.5 cm[125]
Braune Locken (Boucles brunes) (1913) huile sur carton 53.5 x 49.5 cm[125]
Große Variation (Grande Variation) (1915) huile et crayon sur papier toilé, couché sur panneau 52 x 37.5 cm[125]
Stillleben (Nature morte) (1915) huile et crayon sur papier toilé, collé sur carton 51.5 x 36.5 cm[125]
Variation: Strenger Winter (Variation: Hiver rigoureux) (1916) huile et crayon sur papier toilé, collé sur carton 36 x 27 cm[125]
Variation: Nacht (Variation: Nuit) (1916) huile sur papier toilé, collé sur carton 35.5 x 27 cm[125]
Variation: Dämmerung (Variation: Crépuscule) (vers 1916) huile sur carton toilé 36 x 27 cm[125]
Variation: Der orange Weg (Variation: Le chemin orange) (1916) huile et fusain sur carton toilé 37.5 x 26 cm[125]
Mystischer Kopf: Mädchenkopf (Tête mystique: Tête de jeune fille) (1918) huile sur papier couché sur carton 40 x 30 cm[125]
Weiblicher Kopf (Tête féminine) (1919-1920) huile sur papier toilé, marouflé sur carton 38.5 x 29 cm[125]
Abstrakter Kopf: Schwarz-Gelb-Violett (Tête abstraite: Noir-Jaune-Violet) (1922) huile sur carton toilé 36 x 27.5 cm[125]
Abstrakter Kopf: Mysterium (Tête abstraite: Mystère) (1925) huile sur carton toilé 42.5 x 32.5 cm[125]
Abstrakter Kopf: Inneres Schauen Grün-Gold (Tête abstraite: Vision intérieure vert-or) (1926) huile sur carton toilé 34.5 x 24.5 cm[125]
Abstrakter Kopf: Abend (Tête abstraite: Soir) (1927) huile et fusain sur carton toilé 43 x 33.5 cm[125]
Abstrakter Kopf - Konstruktiver Kopf (Tête abstraite - Tête constructive) (vers 1930) huile sur papier à peindre, contrecollé sur carton 42.5 x 32.5 cm[125]
Abstrakter Kopf: Rosa-Hellblau (Tête abstraite: Rose-Bleu clair) (1929) huile sur carton 37 x 27 cm[125]
Abstrakter Kopf: Gold und Rosa (Tête abstraite: Or et Rose) (1931) huile sur carton toilé 42.5 x 32.5 cm[125]
Abstrakter Kopf: Apoll (Tête abstraite: Apollon) (1931) huile sur carton toilé, contrecollé sur panneau latté 43 x 33 cm[125]
Meditation N. 30 (1934) huile sur papier collé sur carton 15.5 x 12 cm[125]
Meditation N. 33 (1935) huile sur papier collé sur carton 20.5 x 13.5 cm[125]
Meditation N. 57 (1935) huile sur papier collé sur carton 17 x 12.5 cm[125]
Meditation N. 133 (1935) huile sur papier collé sur carton 18 x 13.5 cm[125]
Nature morte avec bouteille, pain et papier peint rouge aux hirondelles (1915), Musée Albertina, Vienne
Heilandsgesicht, Der Tod II (vers 1919), Musée d'État de Poméranie, Greifswald
Une famille bayonnaise, les Iguiniz, a vécu pendant plusieurs dizaines d’années avec un précieux tableau accroché chez elle. Le juif en prière, le tableau en question, a été peint en 1893. La toile avait été achetée dans les années 1950 par un médecin juif d'origine polonaise et collectionneur d'art, émigré en France dans les années 1920. Le tableau ayant été authentifié le par la fondation Jawlensky, les héritiers du collectionneur ont décidé de mettre le tableau en vente aux enchères[126]. Le tableau a été vendu le pour un montant de 180 000 €[127].
Alexej von Jawlensky, catalogue de l'exposition à Arles à l'Espace Van Gogh en 1993, éditeur Actes Sud, (ISBN2-7427-0024-2).
Jawlensky / Werefkin, Catalogue de l'Exposition au Musée-Galerie de la Seita à Paris, 2000, (ISBN2-906524-74-3).
Dr Tayfun Belgin, Pr Ralph Melcher, Jacqueline Munck, Andrei Nakov, Marc Restellini, Pr Raimund Stecker, Denise Wendel-Poray, Detmar Westhoff, Dr Roman Zieglgänsberger, Expressionismus & Expressionismi - Der blaue Reiter vs Brücke - Berlin-Munich 1905-1920, catalogue de l'exposition de la Pinacothèque de Paris, 2011, 376 p. (ISBN9782358670241)
Surnommé le «nabi obéliscal» en raison de sa stature, Jan Verkade se retire dans la communauté des moines de Beuron et est ordonné prêtre en 1897 sous le nom de Dom Willibrod Verkade.
Dans une exposition à Munich, La Maison du père Pilon, de la période d'Auvers-sur-Oise. Oublié à Munich à la déclaration de la guerre, c'est Cuno Amiet qui lui rapportera le VanGogh en Suisse où il s'est réfugié, ainsi qu'un tableau de Robert Delaunay (probablement La Ville de Paris no3).
Le point de départ de cette série est Le Chemin (1914), toile qui offre la représentation figurative d'une vue par la fenêtre. Mais bientôt, le paysage devient beaucoup plus stylisé, et certaines parties du tableau sont très proches d'un traitement abstrait.
Hanna Bekker vom Rath, collectionneuse et mécène, crée une «Association Jawlensky» qui verse à l'artiste une allocation mensuelle modeste en échange de quelques tableaux.