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coopération militaire de l'Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni initiée en 2021 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
AUKUS (acronyme de l'anglais Australia, United Kingdom et United States) est un accord de coopération militaire tripartite — mais pas formellement une alliance militaire[1],[2],[3] — formé par l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni. Rendu public le , il vise à contrer l'expansionnisme chinois dans l'Indo-Pacifique[4].
AUKUS | |
Situation | |
---|---|
Région | (principalement) Pourtour du Pacifique et océan Pacifique |
Création | |
Type | Accord de coopération militaire |
Domaine | Sécurité collective |
Organisation | |
Membres | Australie États-Unis Royaume-Uni |
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Cet accord est un complément à l'ANZUS, alliance militaire datant de 1951 et qui demeure en vigueur entre l'Australie et les États-Unis, tout en excluant de facto la Nouvelle-Zélande, qui refuse l'accès de navires nucléaires à ses eaux territoriales[5],[6],[7] en vertu d'une politique de zone dénucléarisée mise en vigueur en 1984[8].
À l'issue de dix-huit mois de pourparlers secrets[9], le pacte AUKUS a été dévoilé lors d'une visioconférence[10] retransmise de la Maison-Blanche entre ses trois tenants : Joe Biden, Scott Morrison et Boris Johnson le . La presse avait été convoquée sur le thème d'un briefing sur le « Background sur une initiative de sécurité nationale »[11].
Dans le cadre de cet accord est prévue l'acquisition par la marine australienne d'au moins huit sous-marins nucléaires d'attaque[12] de technologie américaine, que la Royal Australian Navy déploiera[13]. Du même souffle, ce pays rompt l'engagement qu'il avait pris d'acquérir des technologies sous-marines conventionnelles de la France au coût d'environ 90 milliards AU$[14] (56 milliards d'euros) pour douze sous-marins de la classe Attack. Pour sa part, le Premier ministre britannique Boris Johnson déclare que « le projet AUKUS s'appuiera sur six décennies d'expertise britannique dans la fabrication de sous-marins nucléaires »[15].
L'utilisation de la technologie américaine actuelle implique l'usage d'uranium de qualité militaire[16],[17],[18]. Les réacteurs des derniers sous-marins nucléaires de conception américaine sont conçus pour fonctionner normalement au moins 33 ans[19], leur durée de vie opérationnelle[20], sans avoir besoin de changer leur combustible nucléaire. La technologie actuelle des réacteurs nucléaires français exige que le combustible soit remplacé tous les sept (Rubis) ou dix ans[21] car ils utilisent de l'uranium à faible enrichissement (7%[22] ou pour les Barracuda moins de 6%[23], moins de 20% pour le CdG)[18].
L'AUKUS contient des clauses de partage de connaissances et de techniques reliées à l'intelligence artificielle, à la cyberguerre, à la capacité sous-marine et aux frappes militaires à longue distance. Il comprend aussi des systèmes de défense contre les armes nucléaires, probablement contrôlés par les États-Unis et le Royaume-Uni[24]. L'accord se concentre principalement sur les capacités militaires, ce qui le sépare de Five Eyes[25], alliance de partage de renseignement qui comprend, en plus des trois pays mentionnés, la Nouvelle-Zélande et le Canada[26].
Historiquement, les États-Unis ont toujours refusé de partager des technologies militaires exigeant une expertise nucléaire, sauf avec le Royaume-Uni. Selon un haut fonctionnaire américain, parlant des sous-marins à propulsion nucléaire, « cette technologie est extrêmement sensible. Il s'agit franchement d'une exception à notre politique à bien des égards. Je ne pense pas que cela sera entrepris dans d'autres circonstances à l'avenir »[trad 1],[24].
En avril 2022, les trois pays membres annoncent lancer un programme de développement d'armes hypersoniques afin de contrer les avancées russes et chinoises dans ce domaine[27].
Les dirigeants américain, britannique et australien se réunissent lundi 13 mars 2023 en Californie où est attendu un accord sur les sous-marins qui a échappé à la France, une coopération sans précédent ayant la Chine en ligne de mire[28]. Les trois pays ont signé un partenariat pour produire des sous-marins à propulsion nucléaire. Un plan gigantesque, sur des décennies, qui se veut la concrétisation de l’accord annoncé en septembre 2021[29],[30].
Le 14 mars, lors d'une conférence de presse à San Diego, le président américain Joe Biden, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le Premier ministre australien Anthony Albanese dévoilent ainsi le détail de l'accord AUKUS : L'Australie achètera au moins trois sous-marins à propulsion nucléaire américains au début des années 2030, puis s'équipera de sous-marins à propulsion nucléaire supplémentaires de conception britannique et de construction conjointe britanno-australienne. Des sous-marins britanniques et américains auront l'usage de la base navale de Stirling en Australie-Méridionale à partir de 2027[31]. En octobre, le Royaume-Uni annonce investir 4 milliards de livres (4,6 milliards d’euros) pour s’équiper de nouveaux sous-marins d’attaque[32].
Peter Lee et Alice Nason de l'université de Sydney précisent que, « contrairement à ce qu'affirment beaucoup de médias internationaux », l'accord AUKUS n'est pas une alliance : « Ce n'est pas un traité de défense collective, et il ne remplace ni le traité ANZUS entre l'Australie et les États-Unis, ni le partenariat stratégique de l'Australie avec le Royaume-Uni », qui n'est lui-même pas une alliance militaire[3]. L'AUKUS n'engage ses signataires à aucune défense réciproque[3]. Thomas Wilkins de l'université de Sydney rappelle que les alliances sont généralement définies comme des traités « par lesquels les parties s'engagent à s'apporter une aide militaire réciproque en cas d'attaque par une puissance externe » ; l'accord AUKUS n'engage pas les parties signataires à se venir en aide mutuellement en cas de guerre, « et ne constitue donc pas une alliance au sens de jure du terme »[2]. Adrien Rodd de l'université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines souligne que « [f]ormellement, l’Australie n’a que deux alliés : les États-Unis d’Amérique et la Nouvelle-Zélande », via l'alliance ANZUS. Les États-Unis étant par ailleurs déjà alliés au Royaume-Uni via notamment le traité de l'Atlantique Nord de 1949, l'accord AUKUS ne crée pas d'alliance nouvelle : L'Australie et le Royaume-Uni ne sont liés par aucun engagement de défense réciproque[1].
Des opposants politiques du premier ministre australien Scott Morrison rappellent que l'Australie a signé des accords avec le Japon, ensuite la France[33], puis les États-Unis (en 2004) et le Royaume-Uni en juin 2021. Morrison a rejeté les critiques selon lesquelles les fonds des contribuables avaient été gaspillés dans le programme français, le qualifiant d'« investissement ». Le coût et les délais avant que les sous-marins nucléaires australiens ne puissent prendre la mer restent à déterminer ; Morrisson espère que le premier sous-marin puisse « être livré avant la fin de la prochaine décennie ». Dans la foulée de l'accord, il indique une augmentation du budget de la défense du pays, qui représente 2,1 % du PIB en 2021, sans indiquer l'ampleur de celles-ci dans le futur[34].
Dans la foulée de l'accord, la France, dont de nombreux territoires sont situés dans la zone Indopacifique[35], rappelle ses ambassadeurs en poste en Australie et aux États-Unis[14].
La colère des responsables politiques français s'explique en partie par le fait que les Australiens ont envisagé d'acquérir des sous-marins nucléaires d'attaque français ; l'entente offrait la possibilité de passer à la technologie nucléaire française[18]. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de la France, a déclaré que la signature de l'AUKUS et l'abandon de l'accord avec la France « constituent des comportements inacceptables entre alliés et partenaires, dont les conséquences touchent à la conception même que nous nous faisons de nos alliances, de nos partenariats et de l'importance de l'Indopacifique pour l'Europe »[14]. La situation géopolitique de l'Indopacifique est en effet une affaire de sécurité territoriale majeure pour la France et ses citoyens habitant la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, La Réunion ou encore Mayotte[35]. Le pays doit en outre maintenir sa souveraineté territoriale sur une vaste zone économique exclusive ainsi que sur les territoires inhabités de Clipperton et des Terres australes et antarctiques françaises[35]. Antony Blinken, secrétaire d'État des États-Unis, a affirmé avoir discuté de ce futur accord avec « [ses] homologues français » quelques jours avant sa signature, mais les responsables français nient que de tels échanges aient eu lieu[36]. La France rechercherait des appuis en Europe, mais plusieurs pays craignent de déplaire aux puissants États-Unis, notamment à cause des menaces que fait peser la Russie sur le continent[37].
La Chine condamne cet accord le 16 septembre[38], estimant qu'elle lance une « course aux armements (qui) compromet les efforts internationaux de non-prolifération nucléaire »[39], tout en présentant sa demande officielle d'adhésion à l'accord de partenariat transpacifique[40]. La Corée du Nord condamne également « des actes extrêmement indésirables et dangereux qui perturberont l’équilibre stratégique dans la région Asie-Pacifique et déclencheront une chaîne de course aux armements nucléaires »[39].
Le gouvernement canadien, voisin immédiat des États-Unis et qui a signé plusieurs accords militaires avec ce pays, ne considère pas que cet accord doive l'inclure. Un « analyste des relations canado-américaines [...] affirme que le nouvel accord a été conclu entre les trois membres qui sont prêts à aller le plus loin face à la Chine ». Selon lui, le Canada ne veut pas compromettre ses importants intérêts commerciaux avec la Chine[41].
La Russie, par l'entremise du vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, veut des éclaircissements de Washington, Canberra et Londres[42].
En 2022, la Russie et la Chine critiquent l'AUKUS, parlant d'« influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des États-Unis »[43].
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