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objet ancien préservé et vénéré religieusement De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les reliques (du latin reliquiae, « restes ») sont les restes matériels qu'a ou qu'aurait laissés derrière elle en mourant une personne vénérée : soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'elle a, ou avait, pour certains croyants, sanctifiés par son contact. Le culte des reliques reposant sur le possible transfert de la sacralité du corps saint sur la personne qui les touche, leur émiettement multiplie leurs bienfaits puisque chaque parcelle conserve la charge sacrale primitive. La conservation et le culte de dulie relative de ces restes (la vénération des reliques des saints), sont une pratique en vigueur dans plusieurs religions. Il en découle des croyances et des pratiques religieuses variées, mais aussi de vifs débats quant à leur authenticité, le commerce ou le culte quasi superstitieux dont elles ont été ou sont encore l'objet, les « détracteurs » des reliques qui pratiquent le scepticisme scientifique n’ayant souvent pas plus d’arguments décisifs pour prouver leur fausseté[1] ou cette superstition que les défenseurs pour prouver leur authenticité, leur virtus ou leur potestas réelles[2].
À partir du siècle des Lumières qui voit les philosophes et écrivains de l'Encyclopédie combattre l'obscurantisme religieux, il y a un glissement des reliques de saints vers les reliques profanes de grands personnages historiques.
Aussi bien au sein du bouddhisme que du christianisme et de l'islam, la vénération des reliques crée spontanément plusieurs clivages. Certains croyants accordent à ces objets une vénération naïve qui peut dans certains cas confiner à la superstition, voire à la pensée magique la plus archaïque. Les autres croyants se divisent eux-mêmes en trois groupes. Les premiers encouragent ce culte tout simplement par cupidité, vu que la possession de telles reliques peut engendrer des revenus non négligeables[3]. Les seconds le tolèrent, voire l'encouragent, dans la pensée qu'il faut garder prise sur la religiosité populaire en essayant de la canaliser vers des formes de vie religieuse plus évoluées[4]. Enfin un troisième groupe considère qu'il faut combattre la superstition sans complaisance, et sans hésiter à détruire les objets de la vénération populaire. C'est le cas surtout des protestants du XVIe siècle, à partir de Luther et Calvin[5].
Il est évident que la relique remplit une fonction et que son existence répond à un besoin profond ou à une tendance de fond de la vie religieuse, puisque ce phénomène se manifeste spontanément au sein de sociétés très diverses, même antireligieuses. Ainsi, même le communisme athée soviétique conserve précieusement dans un mausolée sur la Place rouge de Moscou le corps momifié de Lénine dans un reliquaire de verre très semblable à celui de sainte Bernadette Soubirous, et on s'y rend en pèlerinage de tous les coins de l'ex-Union soviétique.
À qui servent donc les reliques ? Plusieurs réponses sont possibles selon le point de vue où l'on se place : théologique, psychologique, ethnologique ou sociologique. Chaque religion développe à ce sujet des arguments proprement théologiques, qui généralement font débat (parfois de manière très animée, jusqu'à la destruction des objets considérés)[6].
L'esprit moderne, qui considère la religion comme une affaire personnelle, a tendance à comprendre le phénomène du seul point de vue de la psychologie et de la religiosité individuelle. Or cet aspect des choses n'est pas premier dans l'histoire des religions. L'existence des reliques répond d'abord à un besoin collectif d'identité et de sécurité[7].
Dans la tradition gréco-romaine, le palladium est une statue de Pallas-Athéna tombée du ciel et récupérée par le fondateur mythique de la cité de Troie. Elle rendait inexpugnable la cité qui le détenait, Athéna étant la déesse des citadelles. Selon la tradition grecque, le palladium avait été dérobé par Ulysse et Diomède pour s'assurer de l'issue de la guerre. Selon la tradition romaine, il est emporté par Énée en Italie et sera placé plus tard dans le temple de Vesta, à Rome[8].
Par suite, on appelle palladium tout objet symbolique et sacré dont la possession et le culte soudent le groupe d'un point de vue religieux, et le préservent des menaces extérieures. Corrélativement toute menace sur l'objet devient une menace pour le groupe[9]. Ainsi, pour les reliques de saint Marc à Venise : elles ne sont pas seulement l'emblème de la cité, saint Marc est aussi le saint patron, c'est-à-dire le protecteur de l'État. C'est pourquoi aussi le roi David avait fait transférer à Jérusalem, la nouvelle capitale de l'état hébreu, l'arche d'Alliance.
Les reliques majeures et officielles de la cité ou de l'État sont sollicitées en cas de crise majeure, épidémie ou guerre[réf. nécessaire]. Ainsi, en 911, les Normands qui ravageaient impunément toute la France du Nord échouèrent devant les murs de Chartres, derrière lesquels le clergé du lieu portait en procession la sainte tunique de la Vierge Marie. De même à Thessalonique, où l'on conservait les reliques du saint martyr Démétrius : aux dires du chroniqueur local Jean Caminiatès, « ce sauveur de la patrie l'avait soustraite à maint péril, lui avait offert la victoire et, plein de compassion, avait souvent empêché qu'elle ne connaisse la guerre »[10].
À titre prophylactique, on vénère régulièrement les reliques par des fêtes à date fixe, généralement par des processions[réf. nécessaire], comme la Perahera de Kandy, au Sri Lanka, où une dent de Bouddha est promenée dans les rues de la ville sur un éléphant[11]. Ainsi à Étampes, aujourd'hui en Essonne, comme dans tant d'autres villes européennes, du XIe siècle jusqu'à la Révolution française on promenait dans la ville, en présence de toutes les autorités constituées, la châsse de trois saints martyrs d'Aquilée du IIIe siècle appelés, là comme ailleurs, les « Corps Saints »[12]. En Limousin, les ostensions limousines restent une manifestation populaire, qui tous les sept ans réunit religieux et habitants de plusieurs communes, qui à l'occasion décorent les villes et sortent les reliques de leurs saints.
Le sort des reliques est lié symboliquement à celui du groupe qui les révère[réf. nécessaire]. Ainsi, à Naples, si, lors de la fête annuelle et de l'ostension des reliques de saint Janvier, le sang de ce martyr conservé dans une ampoule ne se liquéfie pas, toute une partie de la population redoute une catastrophe dans l'année, tremblement de terre ou épidémie. Toute menace sur les reliques majeures est par ailleurs considérée comme une menace sur le groupe social ou sur le corps politique. Ainsi la disparition provisoire d'un poil de la barbe de Mahomet au sanctuaire de Srinagar plongea en 1963 le Cachemire dans le chaos. La destruction récente par une attaque terroriste du dôme de la mosquée de Samarra en Irak, où sont censées se trouver les reliques de l'imam Ali, visait le cœur de l'identité chiite[réf. nécessaire].
L'individu autant que le groupe ressent un besoin profond de maîtriser son destin et les menaces qu'il sent confusément peser sur lui. Chez presque tous les peuples on constate le besoin multiforme de détenir et de manipuler des objets dotés de pouvoirs magiques, qu'on appelle, avec des distinguos qui varient selon les auteurs, amulettes, talismans, fétiches ou grigris, voire porte-bonheur. Ces talismans dans certains cas étaient partiellement composés de restes humains. Les grandes religions ont progressivement converti ces usages.
Au Tibet, les pèlerins rapportaient chez eux entre autres des lambeaux de vêtements qui avaient été portés par le Bandchan de Djachi-Loumbo[13].
En Gaule mérovingienne, les guerriers francs gagnés au christianisme faisaient grand usage de talismans chrétiens, os de saints ou poussière de leur tombeau, cette dernière parfois ingérée par les malades.
Au XIXe siècle et encore dans toute la première moitié du XXe siècle, le clergé catholique faisait une grande diffusion d'images pieuses où étaient collés un ou deux millimètres carrés d'une étoffe ayant touché les ossements d'un saint.
Le bouddhisme pratique le culte des reliques (sanskrit : dhatu; śarīra) depuis les temps les plus anciens[14]. Il est répandu dans l'ensemble du monde bouddhiste, tant en Asie du Sud-Est qu'en Asie de l'Est, et les pèlerins vénèrent depuis donc très longtemps un grand nombre et une grande variété de reliques du Bouddha Shakayamuni, le bouddha historique[15]. Strong relève que de Kandy à Kyoto, on trouve difficilement un site n'abritant pas des restes physiques du Bouddha ou l'un ou l'autre objet lui ayant appartenu[15].
Ces reliques peuvent être de trois types: des restes de son corps, des objets qui lui ont appartenu, des représentations symboliques (par exemple, les empreintes de ses pieds, buddhapada ou l'arbre de la bodhi, sous lequel il s'est éveillé)[16].
Les reliques seraient apparues après la mort du Bouddha, lorsqu'il est entré en parinivana. Plusieurs groupes se disputèrent, chacun réclamant une part des ossements calcinés[17]. L'épisode est resté connu sous le nom de « Querelle des Reliques », qui se termina cependant en un « Partage des reliques » en huit parts égales, ce qui évita un conflit armé entre les groupes présents[17],[18].
La tradition bouddhique rapporte que la mort de Bouddha fut suivie d'une dispute entre plusieurs clans. Son enjeu était la possession des reliques qui restaient du bûcher funéraire de Bouddha. C'est d'ailleurs l'un des thèmes de l'iconographie bouddhique traditionnelle[19]. Cela expliquerait l'éparpillement de ces restes dans le bassin moyen du Gange, et l'apparition de nombreux tumulus funéraires censés contenir ces reliques[17]. Ceux-ci seront bientôt remplacés par un monument connu sous le nom de stûpa (ou encore de pagode en Asie du Sud-Est, ou de chörten au Tibet)[20].
Par la suite, le grand empereur Ashoka (IIIe siècle av. J.-C.) fut connu pour avoir bâti des stupas et des reliquaires dans 84 000 endroits différents de son empire. Ces reliques pouvaient être des bouts d'ongle, des cheveux (il y en aurait 900 000 distribués par les dieux dans notre univers) ou des poils (800 000, aussi distribués par les dieux). Au Sri Lanka, le grand commentateur Buddhaghosa (Ve siècle) affirmait que la présence d'une relique était un critère permettant de distinguer un véritable monastère[15].
À Kandy (Sri Lanka), le Temple de la Dent passe pour abriter une molaire du Bouddha. C'est là une des reliques les plus célèbres du bouddhisme qui donne lieu chaque année à un important festival qui dure dix jours[16]. En France, Édouard Charton a raconté en 1842 l'histoire étonnante de cette dent[21]. Elle est considérée comme une représentation symbolique de la vie de Bouddha. Des rituels et des cérémonies diverses se sont développées autour de la relique.
On conserve aussi des dents du Bouddha[réf. souhaitée] en Chine (temple de Ling Guang), à Taïwan (monastère de Fo Guang Shan), en Corée du Sud (temple Tongdosa, près de Yangsan), et au Japon (sanctuaire Shari-Den du temple d'Engakuji à Kamakura).
À Athènes, on rendait aux restes supposés d'Œdipe et de Thésée des honneurs qu'il est difficile de distinguer d'un culte. Le corps supposé de Thésée avait été triomphalement rapporté à Athènes par Cimon en 475 avant Jésus-Christ après la conquête de Skyros.
À Epidaure, on rendait un culte à la dépouille d'Esculape.
En Macédoine, on vénérait de même les restes de Perdiccas Ier.
Dans le Temple de Jérusalem était conservée, du moins jusqu'au sac de cette ville par Nabuchodonosor, l'Arche d'alliance dont la construction avait été demandée par Dieu lui-même (Exode XXV), qui incarnait la présence et la faveur de Dieu (Premier livre de Samuel IV,3), et que Salomon avait placée dans le Saint des saints (Premier Livre des Rois VIII). Selon certains textes scripturaires[22], cette arche n'aurait contenu que les deux Tables de la Loi écrites par Dieu lui-même; mais l'auteur inconnu de la Lettre aux Hébreux, juif du Ier siècle, nous informe des croyances juives de son temps[23], selon lesquelles l'Arche (alors disparue) avait également contenu un vase d'or plein de Manne, ainsi que la Verge d'Aaron qui avait refleuri[24][réf. nécessaire].
D'après le Livre des Nombres, chapitre 21, Moïse avait confectionné sur l'ordre de Dieu en airain un « serpent » (en hébreu nahash), que devait regarder ceux qui avaient été mordus par un serpent. Après la construction du Temple de Jérusalem, on y révéra quelque temps cette relique[réf. nécessaire] des temps mosaïques, car, selon le Deuxième Livre des Rois, le roi Ézéchias, grand réformateur du judaïsme, le mit en pièces. En effet « les enfants d'Israël avaient jusqu'alors brûlé des parfums devant lui : on l'appelait Nehoushtan ». (XVIII, 4)
Le prophète Élisée, successeur de son maître Élie, récupère son manteau, grâce auquel il renouvelle ses miracles (Deuxième Livre des Rois, II, 16).
Aux origines du christianisme, le culte des reliques a deux sources très différentes. Il est de plus profondément influencé par des pratiques et des traditions d'abord gréco-romaines, puis celtiques et germaniques.
Le premier aspect est la croyance presque universellement répandue que les pouvoirs des thaumaturges se continuent dans les objets qui sont ou ont été en contact avec eux, et spécialement dans leurs ossements et dans leurs vêtements. On le voit déjà dans l'Ancien Testament lorsqu'un homme jeté en terre reprend vie après avoir touché les ossements d'Élisée (Deuxième Livre des Rois XIII, 21)[25]. Du vivant même de Jésus le contact de ses vêtements suffit à guérir : « Or une femme, atteinte d'un flux de sang depuis douze ans et que personne n'avait pu guérir s'approcha par derrière et toucha la frange de son manteau ; et à l'instant même son flux de sang fut guéri » (Évangile selon Luc, VIII, 43-44) ; et aussi du vivant de ses disciples tels que Paul, à la génération suivante : « Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu'il suffisait d'appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps: alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s'en allaient » (Actes des Apôtres XIX, 11-12).
Le deuxième aspect est le culte rendu au Christ sur la tombe de ceux qui avaient préféré mourir que de le renier, et que l'on appelle pour cela les martyrs (en grec : « témoins »). Cette vénération des restes des martyrs est attestée dès la seconde moitié du IIe siècle par le texte du martyre de Polycarpe. Comme on pense d'une part que le corps des martyrs a été habité par le Saint-Esprit, et d'autre part qu'il est appelé à ressusciter corporellement au Jour du Jugement dernier, on considère qu'il est profitable de prier, puis de se faire enterrer à proximité de ces corps privilégiés pour tirer parti de la communion des saints. C'est l'origine première des basiliques construites généralement sur d'anciennes zones funéraires, à la périphérie des villes antiques.
Deux facteurs facilitant d'origine différente interviennent ensuite, le premier dans le monde gréco-romain, le second dans le monde barbare germanique.
Le monde gréco-romain connaissait déjà une certaine forme de tourisme mi-religieux mi-culturel dont le réseau des sanctuaires chrétiens ne sera qu'une continuation, et de même pour la tradition des cabinets de curiosité. On le voit par exemple à une période de transition, à l'époque de saint Jérôme, qui signale en Palestine simultanément des lieux de mémoire païens et chrétiens.
D'un autre côté, le monde barbare celtique et germanique faisait grand usage de talismans qui seront progressivement remplacés, pendant la période mérovingienne, par les reliques. Ainsi la célèbre phrase de saint Remi, évêque de Reims, à Clovis lors de son baptême, longtemps rendue à tort par « Courbe la tête, fier Sicambre » (« Depone colla Sicamber ») doit en fait se traduire par « Enlève tes colliers », c'est-à-dire « tes talismans ». Cependant ces talismans ne seront pas purement et simplement supprimés. Ils seront tout d'abord, et pendant une longue période, seulement remplacés par des talismans chrétiens souvent d'origine très douteuse. Ainsi la Chanson de Roland, au milieu du XIe siècle, rapporte que Durandal, l'épée de Roland (personnage du VIIIe siècle), épée qui ne doit surtout pas tomber aux mains des infidèles, contient dans son pommeau d'or : « une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, et des cheveux de monseigneur saint Denis, et du vêtement de sainte Marie » (laisse 173).
Dès le IIe siècle, des traditions chrétiennes existent sur les sépulcres de quelques apôtres : Pierre et Paul à Rome, Jean à Éphèse, Philippe à Hiérapolis[26]. Les chrétiens veulent en effet rendre hommage et perpétuer le souvenir de leurs saints par des obsèques solennelles et par des pèlerinages à leur tombe au jour anniversaire de leur mort. Les premières reliques des martyrs sont vénérées dans les cimetières en célébrant les saints mystères sur leurs tombes, les plus riches pouvant être inhumés ad sanctos (« près des Saints ») afin de bénéficier de leur virtus[27]. À partir de l'édit de Milan de 313, le pèlerinage sur les tombeaux des martyrs et la vénération des témoignages matériels des temps apostoliques se développe : des martyria construits en dehors des villes puis dans les centres urbains abritent des reliquaires ou des monuments dédiés les memoriae funéraires, nécessaires après la translation et la division des reliques (le nombre des martyrs diminuant après la conversion de Constantin Ier qui s'accompagne d'une christianisation de l'Empire), sur lesquels on construit les églises. Cependant, il faut retrouver les traces des sites que les communautés chrétiennes encore très minoritaires et peu organisées, ont jadis perdues. Ce travail est l'œuvre de plusieurs générations d'exégètes et lorsque ces traces sont définitivement perdues, de nouvelles traditions sur ces sites sont alléguées[28].
Le développement du trafic de reliques dès cette époque est pour la première fois évoqué dans la constitution des empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, adressée au préfet d'Orient Cynegius Maternus, et promulguée à Constantinople le , constitutio qui défend de déterrer et de vendre les reliques. Interdiction peu appliquée comme l'atteste son renouvellement dans le Code de Théodose en 438 et le Code Justinien en 529[29]. Le troisième concile de Carthage en 397 autorise la coutume de construire des autels sur les corps des martyrs, ou d'enclore la place où ils avaient souffert. Le troisième concile de Constantinople ordonne de démolir tous les autels qui n'ont pas été édifiés sur ces tombes. Face à la multiplication sauvage d'autels, le quatrième concile de Carthage en 401 prend une position inverse car on déterrait les restes des martyrs pour en faire des reliques sur lesquels étaient construits ces autels[30].
À partir du Ve siècle en Afrique du Nord et du VIe siècle en Gaule, il s'agit de petits reliquaires sarcophages accessibles qui sont placés dans ou sous l'autel. Puis les reliquaires sont scellés dans une niche (le loculus) à l'intérieur de l'autel[31]. La châsse, hermétique et scellée, n'est ouverte qu'en de très rares occasions, en présence d'un évêque, de sorte que la présence invisible du saint reste quelque peu abstraite et impalpable (de nos jours, elles sont parfaitement visibles à travers le reliquaire et exposées dans l'église). Le culte des saints succède au culte des martyrs au Moyen Âge. Le deuxième concile de Nicée en 787 affirme la nécessité de vénérer les images et les reliques. Puisqu'il fallait donner la preuve que l'église possédait réellement ces objets de vénération, dès le haut Moyen Âge on a trace de processions, lors desquelles la présence des reliques et leur fonction protectrice de la communauté étaient ritualisées, dans des parcours du territoire effectués en présence de toutes les corps constitués, religieux et aussi civils, chacun étant jalousement attaché à ses prérogatives en cette occasion. Les preuves sont plus difficiles à trouver lorsque ces communautés religieuses craignent qu'on leur ait vendu des fausses reliques (la population romaine, très réticente à disperser les reliques de la capitale des chrétiens, grande pourvoyeuse de restes de saints et martyrs, ne voit ainsi pas d'un mauvais œil la substitution des vraies par des fausses), ce qui est une des explications à l'indulgence manifestée par les autorités épiscopales envers le vol d'un butin aussi précieux, le vol pouvant garantir une plus grande authenticité[32],[33].
Les reliques orientales peuvent être des fragments de corps saints, mais en Occident, la loi romaine sur la préservation des cadavres interdit cette pratique pendant les premiers siècles du christianisme. Les reliques des saints occidentaux sont donc à cette époque « soit des linges ou du sable imbibés du sang des martyrs lors de leur passion, soit, le plus souvent, des reliques au second degré, que Grégoire le Grand appelle en général des sanctuaria : il s'agit de terre, d'étoffes (brandea) ou de liquides sanctifiés par le contact avec les restes saints dans la tombe ou le reliquaire, ou encore, à Rome, de la limaille des chaînes de saint Pierre[34] ».
Dans les églises, les reliques sont placées dans une partie de l'autel appelée en Occident Sepulchrum ou Confessio (caveau sous l'autel puis reliquaire au-dessus à partir du VIe siècle)[35]. Ce besoin de mieux faire sentir la présence du saint et de ses reliques est par ailleurs à l'origine de deux innovations architecturales du Moyen Âge. D'abord apparaît, à partir de l'époque carolingienne, le déambulatoire, couloir qui tourne autour de l'autel et le sépare des chapelles de l'abside. Il permet aux pèlerins de circuler autour de l'autel principal, et simultanément d'accéder aux autels secondaires dont chacun a sa titulature et ses reliques propres. Cela crée une offre variée de dévotion et correspond au développement de la notion théologique de la Communion des saints, puisqu'on circule alors librement entre les reliques de saints d'époques très différentes. Ensuite, surtout à l'époque romane, la crypte, espace souterrain qui permet de s'approcher plus près de la châsse, autrement invisible[36]. Des ouvertures et systèmes d'évacuation au niveau des reliquaires ou des tombeaux des saints permettent, par apposition d'un tissu ou mise en contact d'eau ou d'huile, de les consacrer, le pèlerin pouvant ainsi emporter comme souvenir ces eulogies (telles les ampoules de pèlerinage (it) appelées aussi ampoules à eulogies) qui ont la valeur de reliques[37].
Les décennies qui suivent les peurs de l'an Mille voient un renouveau du culte des saints et des reliques qui sont particulièrement développées lors de la convocation des assemblées de paix tandis que les inventions de reliques sont souvent réalisées à des moments cruciaux pour les communautés monastiques ou cathédrales, leur permettant de « sortir de difficultés financières, de réaffirmer le pouvoir d'un évêque, de défendre le bien-fondé d'une réforme, etc. »[38].
À partir du XIIe siècle, les châsses et autres reliquaires sont de plus en plus fréquemment exposés à la contemplation des fidèles, soit sur l'autel, ou bien sur des tribunes d'ostension spécialement conçues pour ce faire, ou encore dans des reliquaires portatifs appelés monstrances: après la Guerre de Cent Ans, bien des églises dévastées et appauvries en font usage lors de tournées destinées à collecter des fonds. Les stipulations de différents conciles et synodes suggèrent que le commerce des reliques est toléré par les autorités ecclésiastiques, l'interdiction ne touchant que leurs ostensions hors de leurs reliquaires ou la vénération de reliques nouvelles sans l'autorisation du pape[39]. Les reliques servent aussi bien les sanctuaires (reliques qui favorisent les pèlerinages) que les intérêts d'individus, de grandes familles ou de communautés privées qui cherchent à se les approprier pour leurs usages apotropaïques (reliques exposées dans les oratoires de leurs demeures ou portées dans des petits reliquaires). Les corps des saints, vrais ou faux, sont ainsi démembrés, donnés, échangés, volés, vendus, favorisant un commerce des reliques qui tente sans le réussir de garantir l'authenticité des reliques par des procès-verbaux concernant leur reconnaissance et des « authentiques » (morceaux de parchemins qui identifient chaque pièce)[40],[41].
On assiste aussi au développement des statues-reliquaires, dont un des premiers exemples est au Xe siècle celui de Sainte-Foy de Conques, mais surtout des reliquaires dits topiques, qui épousent la forme de la relique conservée: bras, tête ou jambe. Appelées « majestés », ces statues-reliquaires qui incarnent le saint le rendent alors plus authentique aux yeux des fidèles[42].
Au XVIe siècle, la réforme protestante dénonce le trafic d'objets sacrés et reliques. Bien que cette simonie ait déjà été condamnée par le deuxième concile du Latran en 1139, le concile de Trente réaffirme, par un décret intitulé De invocatione, veneratione et reliquiis sanctorum et de sacris imaginibus du , l'importance de la vénération des reliques pour que le Seigneur accorde ses bienfaits, tout en soumettant ces derniers à l’authentification épiscopale qui sous-tend une historicisation des reliques existantes[43]. La Réforme est ainsi marquée par un nouvel apogée de leur culte mais aussi par le début d’une critique historique catholique de ces reliques, avec des personnages emblématiques comme Dom Mabillon ou l'abbé Jean-Baptiste Thiers, auteur du Traité des superstitions publié en 1679[44].
À l'époque baroque, reliques et reliquaires sont parmi les objets qui suscitent le plus la créativité des artistes, comme le montre l'exemple de Rubens[45]. L'usage de la vitre devient la règle quasiment générale pour les reliquaires. Les corps qui se sont bien conservés, en cas d'incorruption[46], sont maquillés et présentés dans des châsses vitrées comme dans le cas de Bernadette Soubirous.
Au XIXe siècle, après la destruction en 1793 de nombreux reliquaires anciens, apparaissent les reliquaires néogothiques vitrés, qui sont souvent fabriqués en série.
À l'époque contemporaine se pose la question de l'utilisation et de la valorisation de ces restes humains qui appartiennent en France aux communes mais dont les communautés catholiques sont allocataires de droit. Comment présenter harmonieusement ces collections parfois hétéroclites à la curiosité des uns autant qu'à la dévotion des autres ? Il y faut l'intervention d'artistes contemporains comme le montre le cas de la collection de Notre-Dame de Longpont-sur-Orge, mise en valeur par Karine Lasserre en 2009.
Actuellement, des reliques de martyrs et d’autres saints sont le plus souvent scellées dans l’autel des églises lors de leur dédicace[47]. Les autels principaux des églises devaient contenir impérativement des reliques. Cependant ,en 1969, l'instauration de la messe de Vatican II rend cette disposition optionnelle[48].
Les reliques font l'objet d'un processus ritualisé chrétien : invention de reliques (du latin inventio, il s'agit de la découverte du corps du saint ou de ses reliques), élévation des reliques (du latin elevatio, il s'agit de l'exposition du corps du saint dans un sarcophage, une châsse ou de ses reliques — des parties de son corps ou des objets en lien avec lui — dans un reliquaire), réception (du latin receptio) des reliques dans son lieu d'accueil définitif qui est à l'origine de nombreuses célébrations et de beaucoup de pèlerinages, enfin déposition (du latin depositio) en faisant inhumer ses restes dans un édifice cultuel : reliques non visibles un peu partout dans l'église puis à partir du IXe siècle essentiellement sous la table de l'autel ou dans un tombeau de la crypte sous l'autel et, à partir du XIe siècle, visible dans une châsse ou un reliquaire élevés dans le chœur de l'église qui se trouve ainsi sanctifié. Cette transition entre l'invisibilité de la relique (même lors des cérémonies de receptio, elles restaient dissimulées sous des velum) et la visibilité au XIe siècle est peut-être en lien avec l'importance attribuée à la doctrine néo-platonicienne de la lumière. Ce courant philosophique se traduit dans l'architecture gothique par l'adoption d'un espace unifié et la disparition du mur plein, et par la valorisation de mieux en mieux affirmée des reliques et des images religieuses qui supposent la reconnaissance de leur fonction de présentification[51].
L'invention de reliques (au sens technique du mot, c'est tout simplement leur découverte) était considérée comme un événement si important qu'il était parfois commémorée par une fête liturgique spéciale. Ainsi la liturgie orthodoxe autant que catholique célèbre l'Invention de la Vraie Croix le , date anniversaire de sa découverte providentielle par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, en 326.
Le prestige des saints était si grand qu'on ne craignit pas d'en découvrir, voire d'en forger toujours davantage (le commerce des reliques culminant au XIIIe siècle), sur la foi de songes et de révélations toujours bienvenues, soit pour appuyer une cause politique, ou religieuse, ou institutionnelle (tel saint Louis qui dépensa pour la Couronne du Christ trois fois plus que pour édifier la Sainte Chapelle destinée à la recevoir), voire tout simplement parce que la possession de telles reliques était source de prestige et de revenus substantiels, en générant notamment des pèlerinages. Ainsi on retrouve deux têtes (déclarées authentiques par le Vatican) et 32 doigts de saint Pierre, 8 bras de saint Blaise, 11 jambes de saint Matthieu, 14 saints prépuces et de nombreux morceaux du cordon ombilical de Jésus-Christ[52].
La translation des reliques, c'est-à-dire leur transfert d'un lieu à un autre, était un événement presque aussi important que leur Invention, et pouvait également être commémorée par une fête liturgique. À partir d'une certaine époque en effet, on commença à transporter les restes des martyrs et les autres reliques pour différentes raisons. D'abord pour fonder des autels là où il n'y avait pas de restes de martyrs. Puis, lorsque la religion chrétienne devient officielle, pour augmenter le prestige de certaines métropoles : et surtout Byzance, arbitrairement désignée par Constantin comme nouvelle capitale de l'Empire.
En tant qu'objets précieux, voire de convoitise, les reliques furent régulièrement l'objet au Moyen Âge de dons et de généreux partages, mais aussi de vols (fréquent voire admis en Occident, notamment lors des croisades[53]) voire de razzias : lors de la Quatrième croisade eut lieu la prise de Constantinople, la ville aux nombreuses reliques : les croisés firent main basse sur les trésors (reliques et pierreries) de Constantinople, butin remis entre les mains de l'évêque de Troyes, Garnier de Traînel, dans laquelle on trouvait un morceau considérable de la vraie Croix, du sang du Christ, le Saint Calice de la Cène, mais aussi le chef de saint Philippe, le bras de saint Jacques le Majeur ou le corps entier de sainte Hélène vierge[54]. L'église de Saint-Zacharie dans le Var, possède le San Sabatoun, chausse devenue relique ayant appartenu à Marie, et rapportée par un croisé.
Inversement, on a déplacé continuellement des reliques en Europe au IXe siècle pour les soustraire aux pillages des Vikings qui les détruisaient ou les revendaient à prix d'or[55].
Ces rites sont à l'origine d'un genre littéraire caractéristique de la littérature hagiographique, le récit de translation ou d’invention de reliques (les translationes) qui forment avec les miracula (recueils de miracles) des recueils indépendants se développant à côté de la traditionnelle vita[56].
Le droit canon interdit strictement le commerce des reliques, qui est un blasphème[57]. Quant aux reliques les plus significatives, il est absolument interdit de leur faire subir quelque aliénation ou transfert définitif que ce soit sans l'approbation du Saint-Siège[58]. En revanche les reliques de la troisième classe sont distribuées libéralement aux simples fidèles, sous forme par exemple de tout petits fragments d'étoffes ayant été touchées par un saint ou par ses ossements.
L'usage majeur des reliques dans la tradition cultuelle orthodoxe et catholique est leur utilisation quasiment obligatoire lors de la consécration d'un autel, sur la base d'un texte scripturaire très précis, Apocalypse VI, 9 : « Je vis sous l'autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage (martyre) qu'ils avaient donné ».
La théologie orthodoxe et catholique insiste sur le fait que le culte rendu aux saints en présence de leurs reliques est un culte de dulie et qu'il ne doit en aucun cas dériver en latrie ou adoration, réservée à Dieu seul. Dès l'époque carolingienne, Jonas d'Orléans ou Dungal avancent des justifications théologiques en s'appuyant sur les autorités patristiques mais Claude de Turin nie l'efficacité du culte des reliques, des pèlerinages sur les tombeaux des martyres et du pouvoir d'intercession des saints, les assimilant à des pratiques païennes[59].
Les théologiens catholiques précisent encore que le culte voué aux reliques est un « culte relatif », c'est-à-dire qu'il doit s'adresser non pas à la chose, mais à la personne qui lui est relative. Par exemple, le culte rendu à la colonne de la flagellation est un culte de latrie relatif (parce qu'on adore l'homme-dieu qui a été attaché à cet objet pour y être fouetté), tandis que le culte rendu aux ossements de sainte Thérèse est seulement un culte de dulie relatif (parce qu'il s'adresse non aux os eux-mêmes mais à la personne de la sainte, qu'il faut révérer sans l'adorer).
Plus concrètement par ailleurs, comme on attribue à la relique des propriétés surnaturelles, on l'insère à certaines époques au moins dans trois sortes d'objets : dans les regalia, comme les sceptres et les couronnes ; dans le pommeau de l'épée des chevaliers, comme la mythique Durandal dont on a déjà parlé ; et enfin, plus normalement, dans des reliquaires et des châsses souvent richement décorés, qui sont destinées à la vénération des fidèles dans les lieux de culte.
Il est également d'usage tout au long du Moyen Âge de prêter serment en étendant la main sur des reliques, dans la pensée que le saint sur les restes duquel on prête serment ne manquera pas de se venger des parjures qui l'auraient pris à témoin. Helgaud, ami et biographe du roi Robert II le Pieux, le roi de l'an Mil, raconte que pour éviter tout blasphème compromettant l'honneur des saintes reliques le roi avait trouvé un pieux subterfuge : il faisait prêter serment aux puissants sur un reliquaire vide, à leur insu ; quant aux humbles, il leur faisait prêter serment sur un œuf de griffon de sa collection, talisman profane qui était sans doute un œuf d'autruche[60]. Il est aussi d'usage de passer sous la châsse du saint pour se placer sous sa protection[61].
Il est encore bien d'autres usages des reliques dans la tradition catholique, par exemple, la diffusion à grande échelle de fragments d'étoffes ayant été en contact avec tel ou tel saint ou avec ses ossements (ainsi dès avant les canonisations de Thérèse de Lisieux ou de Bernadette Soubirous). On en espère des miracles qui augmenteront la gloire du saint, voire accélèreront sa canonisation.
Des procédures d'authentification et de certification sont nécessaires, concernant des objets parfois de petite taille qu'on peut facilement contrefaire et qui peuvent se perdre au cours des âges. Deux principes ont été en concurrence au Moyen Âge. Le premier est d'origine populaire : c'est le pouvoir de susciter des guérisons miraculeuses ou d'autres prodiges; mais ce principe est rejeté par les théologiens, qui soulignent que les démons sont parfois les instigateurs de prodiges destinés à égarer les fidèles, comme déjà au XIe siècle Guibert de Nogent, auteur de De Sanctis et pigoribus eorum, premier traité de reliques dans l'histoire chrétienne[62]. Le deuxième est d'origine cléricale : la relique doit être certifiée après contrôle par l'évêque (qui délivre parfois une charte à ses détenteurs), munie d'un parchemin et conservée dans un reliquaire scellé, qui est contrôlé à certains intervalles de temps.
Les reliques qui ont été livrées à la piété des fidèles au cours des siècles sont d'une très grande variété, car elles ont parfois proliféré d'une manière déconcertante. Il ne faut pas oublier, en considérant la liste hétéroclite qui suit, qui n'en constitue qu'un infime échantillon, que les motivations et l'usage de ces collections bizarres furent eux aussi d'une grande variété, et qu'on n'attendit pas la Réforme pour s'en moquer ni en douter. Quoi qu'il en soit, le plus simple pour s'y retrouver dans cet océan d'objets de toutes sortes est encore de les classer dans l'ordre chronologique de l'Histoire sacrée.
Dès l'époque paléochrétienne, on montrait aux touristes-pèlerins qui faisaient le voyage de la Terre Sainte différentes reliques des temps bibliques. certaines d'entre elles passèrent ensuite dans les collections des églises, ou des particuliers d'Europe occidentale.
Les martyrs chrétiens, dont certains ont existé, et dont les autres sont imaginaires, sont innombrables, et on en a encore inventé un grand nombre au XIXe siècle sur des bases prétendument archéologiques.
Un bras de saint Jean Chrysostome était autrefois conservé à Étampes (Essonne), dans l'église Notre-Dame.
Les reliques de saint Augustin, conservées originellement à Hippone, dans l'actuelle Algérie, passent pour avoir été transférées lors d'une invasion barbare, sans doute celle des Vandales, en Sardaigne. Les Sardes, à leur tour menacés par l'invasion deux siècles plus tard, les cédèrent au roi Lombard Luitprand moyennant 60 000 écus d'or, qui les transféra à Pavie, sa capitale, où elles furent retrouvées le . Elles sont depuis conservées dans la cathédrale de cette ville.
Les restes de saint Benoît passaient pour être détenus par les moines de Fleury, alias Saint-Benoît-sur-Loire, qui les auraient récupérés dans les ruines de l'Abbaye du Mont-Cassin. Mais on les retrouva aussi au dit Mont Cassin lorsque le site fut réoccupé, et la controverse fit rage entre ces deux monastères pendant plusieurs siècles.
La châsse contenant le corps entier momifié naturellement de sainte Rita est à Lucques en Italie.
La châsse contenant le corps de saint Thomas d'Aquin est aujourd'hui à Toulouse au couvent des Jacobins à l'exception de quelques fragments d'os conservés en Italie dans trois églises différentes.
Une pratique contemporaine étonnante, concernant une sainte récente comme Thérèse de Lisieux (1873-1897), canonisée en 1925, est, plutôt que le démembrement traditionnel entre plusieurs lieux de culte, qui répugne à l'esprit moderne, la circulation à travers le monde de la dépouille du saint ou de ses reliques.
Un document publié en 2003 par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements sous le titre Directoire sur la piété populaire et la liturgie, montre la suspicion actuelle de l'Église au sujet du culte des reliques. Ce document[68] laisse entendre que la vénération des reliques serait propice au développement de « déviances » ou de « formes imparfaites ou erronées de dévotion »[69].
Les textes du droit canonique établissent une hiérarchie précise entre trois types de reliques[70] :
Outre les « reliques corporelles » (appelées aussi « reliques réelles »), la doxa étend leur définition aux « reliques représentatives » (appelées aussi « reliques secondaires » ou reliques de contact), objets en rapport avec le Christ, le martyr ou le Saint, qu'ils aient été en contact avec son corps ou mis en contact avec son tombeau (notamment le brandeum, linceul entourant le cadavre du saint ou linge posé volontairement sur le tombeau)[71]. L'Église distingue alors quatre classes de reliques[72] :
D'autres principes sont en vigueur pour évaluer l'intérêt des reliques de la première classe.
Les reliques peuvent enfin être classées selon une typologie fonctionnelle : relique thaumaturge, relique protectrice ou tutélaire, relique de pouvoir, sans qu'il soit toujours possible d'établir une distinction nette entre ces différents types[74].
Certaines collections de reliques sont célèbres entre toutes.
Le monde chrétien est traversé au cours des siècles par une tradition critique qui s'exprime, concernant la question des reliques, de diverses manières.
D'une manière générale, l'islam reproduit en la matière les traditions antérieures du judaïsme ancien et du christianisme de son temps. La plus grande collection de reliques musulmanes (Reliques Sacrées de l'islam) est conservée au palais de Topkapi à Istanbul, et continue à sa manière la tradition antérieure byzantine.
À Liège, le cœur d'André Grétry (1741-1813), musicien originaire de la ville, a été placé dans le socle de la statue lui étant consacrée, édifiée devant l'Opéra royal de Wallonie. Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
Les Italiens vénérant les reliques des saints, leur assimilent certains hommes illustres tels que Galilée :
La langue française use du terme « relique » dans d'autres acceptions que strictement religieuses.
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