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poète, romancier, dramaturge, théoricien de l’art et homme d’État allemand De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Johann Wolfgang von Goethe /ˈjoːhan ˈvɔlfɡaŋ fɔn ˈɡøːtə/[alpha 1] Écouter, né le à Francfort et mort le à Weimar, est un romancier, dramaturge, poète, scientifique, théoricien de l'art et homme d'État de la ville libre de Francfort.
Conseiller princier |
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Naissance | |
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Décès | |
Sépulture |
Weimarer Fürstengruft (en) |
Nom de naissance |
Johann Wolfgang Goethe |
Nationalité |
saxonne-vimaroise-isenacoise (à partir de ) |
Formation | |
Activité | |
Famille |
Goethe (d) |
Père | |
Mère | |
Fratrie | |
Conjoint | |
Enfant |
August von Goethe (en) |
Parentèle |
Peter im Baumgarten (d) (foster child) |
Membre de |
Société silésienne pour la culture patriotique (d) () Société silésienne pour la culture patriotique (d) Académie Léopoldine Zentral-Dombauverein zu Köln von 1842 (en) Société des amis des sciences Académie des sciences de Russie Sächsischer Kunstverein (d) Franc-maçonnerie Académie royale des sciences de Prusse Académie des sciences d'utilité publique Institut archéologique allemand Académie bavaroise des sciences Académie des sciences de Göttingen Académie d'Arcadie |
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Mouvement | |
Maîtres |
Adam Friedrich Oeser, Justus Christian Loder (en), Jean Schweighaeuser |
Genre artistique | |
Influencé par | |
Distinctions | |
Abréviation en botanique |
Goethe |
Abréviation en zoologie |
Göethe |
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L'œuvre littéraire de Goethe comprend aussi bien de la poésie, que du théâtre, de l'épopée, de l'autobiographie, une théorie littéraire ainsi que des écrits scientifiques, Goethe étant passionné entre autres par l'optique, la géologie et la botanique. Enfin, sa correspondance est d'une grande importance littéraire. Son œuvre a été marquée successivement par le Sturm und Drang, le romantisme, puis le classicisme de Weimar, que Goethe incarne avec Schiller, Herder et Wieland.
Son premier roman Les Souffrances du jeune Werther le rend célèbre en Europe. Napoléon lui demande audience lors de l'entrevue d'Erfurt. Dans l'Empire allemand, il est élevé au rang de poète national annonciateur d'un « être allemand » et, en tant que tel, assimilé au nationalisme allemand. C'est ainsi qu'a commencé l'admiration non seulement de l'œuvre mais aussi de la personnalité du poète dont le mode de vie a été perçu comme exemplaire. Son Faust est reconnu comme l'une des œuvres les plus importantes de la littérature de langue allemande. Dans sa vieillesse, il est également considéré à l'étranger comme un représentant de l'Allemagne intellectuelle. Aujourd'hui encore, ses poèmes, ses drames et ses romans figurent parmi les chefs-d'œuvre de la littérature mondiale.
Le jeune Goethe fait des études de droit à l'université de Leipzig de 1765 à 1768 et à l'université de Strasbourg de 1770 à 1771. Il est l'auteur d'une œuvre abondante aux accents encyclopédiques qui le rattache à deux mouvements littéraires : le Sturm und Drang et le classicisme de Weimar (Weimarer Klassik). En physique, il propose une théorie de la lumière et en anatomie, il fait la découverte d'un os de la mâchoire. Il est souvent cité en tant que membre des Illuminés de Bavière (nom d'ordre : Abaris)[réf. nécessaire]. Son Divan doit beaucoup à Hafez.
Il est notamment l'auteur des Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werthers), des Affinités électives (Wahlverwandtschaften), de la bilogie tragique Faust, des Années d'apprentissage de Wilhelm Meister (Wilhelm Meisters Lehrjahre), ainsi que de nombreux poèmes dont beaucoup sont si célèbres que des vers en sont entrés comme proverbes dans la langue allemande : Willkommen und Abschied (« Es schlug mein Herz, geschwind zu Pferde / es war getan fast eh gedacht »), Mignon (« kennst du das Land wo die Zitronen blühn… », Connais-tu le pays où fleurissent les citronniers), Le Roi des Aulnes (« Wer reitet so spät durch Nacht und Wind / es ist der Vater mit seinem Kind … ») Der König in Thule[pas clair].
Les Goethe, vieille famille d'artisans originaires de Thuringe, habitaient, au moment de la naissance de Johann, une maison de Francfort, aujourd'hui appelée Goethe-Haus. Son grand-père Friedrich Georg Göthe (de) de Thuringe (1657-1730) s'était installé à Francfort en 1687 en tant que maître tailleur et avait changé l'orthographe de son nom de famille[1]. Il s'enrichit par la suite comme aubergiste et marchand de vin. Son fils et père de Goethe, Johann Casper Goethe (1710-1782), un juriste, consacra une large partie de sa vie à la création d’un cabinet d’Histoire naturelle et à une collection de tableaux[2]. Bien que docteur en droit il n’avait nullement besoin d’exercer quelque profession que ce fût à côté de ces activités et de l’éducation de ses enfants, étant donné qu’il avait acheté un titre de conseiller impérial[3]. Ainsi que l'a montré René Berthelot, sa passion pour les sciences eut toute sa vie un impact sur la philosophie qu'il a développée. Homme cultivé, il voyagea en Italie (son fils se souviendra d'ailleurs dans Poésie et vérité d'une gondole qu'il aurait ramenée de Venise), et rapporta de ce voyage un journal qui ne fut publié qu'en 1932. La mère de Goethe, Catharina Elisabeth Goethe, née Textor (1731-1808), venait d'une famille riche et respectée de la noblesse de robe de Francfort ; son père Johann Wolfgang Textor (de) était le plus haut magistrat de la ville en tant que prévôt. Elle épousa à 17 ans le conseiller Goethe, alors âgé de 38 ans. Johann Wolfgang entretint avec ses parents des relations souvent conflictuelles, du fait notamment de l'extrême sévérité de son père.
Des nombreux enfants du couple, seuls Johann Wolfgang, le cadet, et sa sœur Cornelia Friderike Christina (née le ), survécurent, malgré une petite vérole qui manqua de l'emporter en 1758.
Son éducation humaniste, empirique et scientifique en outre rigoureuse consiste en l'apprentissage de plusieurs langues dont, entre autres, le grec ancien, le latin, le français, l'anglais, l'hébreu, mais aussi la plupart des sports enseignés en ce temps comme la danse, l'équitation, l'escrime et bien d'autres activités. Son père, homme sévère auquel il préfère souvent la compagnie de sa mère, participe également à son apprentissage. La relation qu'il entretient avec ses parents, principalement avec son père, est d'autant plus conflictuelle que le jeune Goethe n'a pas une nature joviale. Pourtant, ses études semblent le transformer : de querelleur, il devient un garçon modèle, apprend avec une grande facilité, se passionne pour le dessin, mais éprouve de grandes difficultés en musique.
La guerre de Sept Ans est pour lui l'occasion de découvrir la civilisation française : un officier français, le comte de Thorane, s'installe en effet dans la maison de la famille Goethe en 1759, alors que l'armée française réside à Francfort.
Thorane et le père de Goethe deviennent rapidement bons amis, si bien que ce dernier soutient les Français lors de la bataille de Rossbach, au grand scandale de son beau-père, Textor[4]. Grâce aux bonnes relations qu'il entretient avec ce dernier, le jeune Goethe peut assister au couronnement de l'empereur romain germanique Joseph II en 1764.
Dans sa ville natale, Francfort, il s'éprend de la jeune et belle Lili Schoenemann. Sur injonction de son père, Goethe commença ses études de droit à l'université de Leipzig à l'automne 1765. Contrairement à Francfort qui à l'époque n'avait pas d'université propre, Leipzig passait pour une ville élégante et cosmopolite, rebaptisée « Petit Paris »[5]. Goethe a pu passer pour un provincial et a d'abord dû adapter son style vestimentaire et ses manières pour être accepté par ses nouveaux compatriotes. Doté par son père d'une lettre de rente mensuelle de 100 florins, il avait deux fois plus d'argent qu'un étudiant n'en avait besoin, même dans les universités les plus chères de l'époque[6].
Il rencontre à Strasbourg Johann Gottfried Herder, et vit une idylle avec Frédérique Brion (voir Musée Goethe à l'Auberge au Bœuf). Il fait également la rencontre de Johann Friedrich Lobstein (de), le vieux (1736-1784), l'illustre professeur de médecine de l'Académie de Strasbourg.
En 1772, il est reçu docteur, revient à Francfort de mai à septembre où il est nommé avocat de la chambre impériale, puis devient magistrat à Wetzlar. En 1773, il recommence à écrire. Au cours d'un voyage avec Basedow et Lavater sur la Lahn, il compose devant le château-fort de Lahneck le poème Geistesgruss, traduit par Madame de Staël. En 1774, il publie les Souffrances du jeune Werther, qui le rendent immédiatement célèbre.
En 1775, il s'installe à Weimar en tant qu'attaché à la cour du duc Charles Auguste, puis conseiller secret de légation dès 1776. Trois années plus tard, il est nommé commissaire à la Guerre, avant d'être anobli en 1782 et de se voir confier la direction des finances de l'État. En , il y entame une liaison platonique qui durera dix ans avec Charlotte von Stein, de sept ans son aînée, à qui il écrira 1 700 lettres. Il écrit durant cette période deux grands drames, tout d'abord rédigés en prose, puis retranscrits en pentamètres iambiques : Iphigénie en Tauride et Torquato Tasso (de). Le , il quitte Carlsbad (maintenant Karlovy Vary en République tchèque) où il faisait une cure et se rend secrètement en Italie, afin que personne ne puisse l'empêcher de réaliser l'un de ses rêves les plus chers, la découverte d'un pays que son père lui avait tant vanté.
Lors de ce séjour à Weimar, Goethe est initié dans la loge maçonnique « Anna Amalia zu den drei Rosen » (de)(Anna Amalia aux trois Roses) le [7]. Un an après, le , il est promu « Compagnon » et il est élevé à la maîtrise le , en même temps que le duc Charles Auguste, qui est pour lui un ami et un protecteur[7]. Le il atteint le quatrième degré écossais de la « Stricte Observance » et il signe son obligation d'« Illuminé » le [7].
« En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université. Car c'est vraiment une université ; qui l'a vue a tout vu », écrivait déjà Goethe en 1770. Faisant de brèves étapes à Vérone, Vicence, Padoue puis, après un séjour de deux semaines à Venise, Ferrare, Bologne, Florence et Pérouse, il atteint enfin la Ville éternelle le 29 octobre. Il y réside au no 18 de la via del Corso. Il fréquente là des artistes allemands tels que Tischbein, qui peindra son portrait le plus célèbre en 1787, ainsi que la peintre Angelica Kauffmann[8], et des Italiens, comme le graveur Giovanni Volpato. Il assiste au carnaval de Rome, grande fête dont il laissera une description. De mars à , Goethe part pour le sud de l'Italie et la Sicile, accompagné de Christoph Heinrich Kniep, peintre et graveur, chargé d'illustrer ce voyage. Après un bref séjour à Naples, il se rend à Palerme où il débarque le après un voyage en mer difficile (il a le mal de mer) de quatre jours. Ce séjour l'impressionne vivement : « Sans la Sicile, l'Italie n'est pas en nous un tableau achevé ; c'est ici que se trouve en effet la clef de toute chose »[9]. L'atmosphère méditerranéenne l'amenant à commencer une tragédie intitulée Nausicaa dont il n'écrira que quelques scènes. Il visitera de nombreux temples et ruines antiques (Ségeste le 20 avril, Agrigente le 24 avril, le théâtre de Taormine le 7 mai), mais ne portera aucun intérêt aux autres vestiges culturels de la Sicile (qu'ils soient byzantins, arabes ou gothiques). En effet, comme l'a noté Jean Lacoste : « Faute de pouvoir se rendre en Grèce à cause de l'occupation ottomane, le poète trouve en Sicile la Grande Grèce de l'Antiquité, la possibilité de se rapprocher le plus possible de l'origine grecque, du modèle grec, sans être vraiment en présence de celui-ci, selon une démarche indirecte qui sera celle de Heidegger allant en Provence retrouver une Grèce oubliée, ou l'oubli de la Grèce »[10].
Dans une lettre datée du , soit seulement trois mois après son départ, Goethe voit déjà dans ce voyage « Une vraie renaissance… Une deuxième naissance. »[11]
Deux ans plus tard, il revient à Weimar, devient ministre du Duc et s'installe avec Christiane Vulpius, issue de la petite bourgeoisie, fleuriste et sœur de l'écrivain Christian August Vulpius. Pendant la Révolution française, il revendique une identité « conservatrice » et tient une conception sceptique de la démocratie[12]. En 1791, il devient directeur du nouveau théâtre de la Cour grand-ducale, poste qu'il conserve jusqu'en 1817. Il est aussi bibliothécaire à la bibliothèque Anna Amalia. Lassé par la banalité et le provincialisme de la cour ducale, il la fuit autant que possible. Mais il ne peut faire autrement que d'accompagner le duc de Saxe-Weimar, officier de l'armée prussienne en 1792, lors la bataille de Valmy. À cette occasion, il va avoir très tôt le sentiment de l'extrême nouveauté de la Révolution française, déclarant ainsi dans sa Campagne de France : « Aujourd'hui s'ouvre une ère nouvelle de l'histoire du monde ».
En 1794, il se lie d'amitié avec Schiller. Ils se connaissaient déjà depuis 1788 (date du retour d'Italie de Goethe), mais n'avaient jusque-là que fort peu de sympathie l'un pour l'autre : Goethe se sentant bien éloigné des préoccupations du dramaturge rousseauiste, tandis que Schiller redoutait que Goethe ne lui fasse trop d'ombre. La rencontre décisive de va se faire par l'intermédiaire d'amis communs, leur entretien ne portera pas sur la littérature mais sur les sciences naturelles et la philosophie, qui comptaient alors parmi les préoccupations principales de Goethe. S'ensuivra une célèbre correspondance entre les deux écrivains allemands. Goethe participera en 1795 à la revue de Schiller, Les Heures, et y fera publier les Entretiens d'émigrés allemands dont fait partie le célèbre Conte (Märchen), plus tard intitulé Le Serpent vert, et quelques poésies. L'année suivante, Goethe termine Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, le premier grand roman de formation (Bildungsroman) allemand. Schiller en sera l'un des tout premiers lecteurs, et donnera à Goethe un certain nombre de remarques sur l'œuvre mais celui-ci ne tiendra finalement compte que de quelques-unes d'entre elles[13].
Dans une lettre à Zelter du 1er juin 1805, Goethe dit de Schiller qu'il fut "un ami et en même temps la moitié de mon existence"[14].
Schiller meurt en 1805, ouvrant ce que certains tiennent pour une troisième période dans la vie de Goethe.
En 1806, Goethe épouse Christiane Vulpius.
En 1808, il rencontre à Erfurt l'empereur français Napoléon Ier[alpha 2], présent dans le cadre du congrès d’Erfurt, qui l’y décore de la Légion d'honneur.
Bien que le philosophe Schopenhauer y ait été présent, ils attendront une rencontre en 1813 pour discuter de la théorie des couleurs élaborée par Goethe. Visiteur assidu du salon littéraire tenu par sa mère Johanna Schopenhauer, Goethe y rencontre artistes et philosophes dont le peintre Füssli.
En 1814, il se prend de passion pour Marianne von Willemer. En 1822, son épouse étant décédée depuis six ans déjà, il demande en mariage Ulrike von Levetzow (18 ans), qui refuse (il en a 73). Il finit sa vie sous le nom de « Sage de Weimar », fréquenté, courtisé et adulé par l'ensemble des milieux littéraires européens (et plus particulièrement par Carlyle).
Il meurt le , c'est-à-dire à peine plus d'un mois après avoir achevé son Second Faust. Ses dernières paroles, suivant un « W » mystérieux qu'il aurait tracé dans l'air, auraient été : « Mehr Licht ! Mehr Licht ! » (« Plus de lumière ! Plus de lumière ! »), interprétées de manières bien différentes, certains y voyant le désespoir d'un grand homme de n'avoir pu amasser assez de savoir dans sa vie, tandis que d'autres, comme Friedrich von Müller, ne le veulent comprendre que comme une prière qu'on lui ouvrît la fenêtre, pour lui donner encore l'occasion de contempler la lumière du jour.
Dans son discours sur le centenaire de la mort de Goethe, Paul Valéry croit expliquer la versatilité sentimentale de Goethe, et son incapacité à se donner entièrement à une seule femme, par le fait qu'en chaque femme il recherche l'éternel féminin, c'est-à-dire la beauté physique (Hélène) et morale (Marguerite) absolue. Goethe, étant d'une extrême sensibilité qui put même affecter sa santé, ne garda son équilibre que grâce à une discipline de vie extrême que beaucoup interprétèrent comme de l'égoïsme ou de la froideur[Qui ?].
Les expériences de Goethe avec les femmes ont influencé les personnages féminins dépeints dans ses œuvres : ainsi le personnage de Charlotte dans Les Souffrances du jeune Werther correspond à la fois à Charlotte Buff et à Maximiliane von La Roche (de), jeune épouse de Peter Anton Brentano (de) ; la jeune Ulrike von Levetzow (1804-1899) lui inspire un dernier poème, « l'Élégie de Marienbad », qui est un magnifique « chant du cygne ».
Dans Poésie et Vérité, Goethe avoue avec un certain cynisme : « C'est vrai que j'ai fait aussi l'amour avec des garçons, mais je leur préférais les filles, car quand elles me lassaient en tant que filles, je pouvais encore m'en servir en tant que garçons ».
De sa femme, Christiane Vulpius, Goethe parle de sa « grâce équivoque, hermaphrodite », mais la relègue à « une fonction essentiellement domestique »[16].
L'unique fils de Goethe à avoir survécu, August, né en 1789 de ses amours avec Christiane Vulpius, décédera du vivant de son père en 1830, à l'âge de quarante ans. Et ses trois petits-enfants, Walther-Wolfgang (1818-1885), Wolfgang-Maximilian (1820-1883) et Alma (1827-1844), n'eurent pas de descendance.
C'est au cours de son voyage en Italie que s'est formée la vision de l'art de Goethe ; elle était étroitement liée aux noms de Johann Joachim Winckelmann et de l'architecte classique Andrea Palladio[17]. Il reconnut dans le classicisme de Winckelmann la vérité artistique valable pour lui, comme il l'avait déjà formulé à partir de l'exemple de Shakespeare : elle n'est pas simplement une nature imitée, mais une nature augmentée[18]. Plus tard, il rendit hommage à Winckelmann en publiant des lettres et des dessins dans l'ouvrage collectif Winckelmann und sein Jahrhundert (1805).
Longtemps, Goethe s'est efforcé de développer ce qu'il appelait son petit talent, et cela essentiellement au cours de son Voyage en Italie, au contact de peintres expérimentés comme Tischbein. Ce talent va se porter essentiellement sur la gravure de paysage, mais Goethe ne poussera que rarement jusqu'au portrait, n'allant jamais à se considérer comme talentueux. De son goût pour le dessin, il dit dans un petit texte édité en 1821 : « J'ai pensé depuis longtemps que le dessin est souvent mentionné dans mes confessions, dans les renseignements que j'ai donnés sur le cours de ma vie, si bien que l'on pourrait demander non sans raison pourquoi donc rien de satisfaisant au point de vue artistique n'a pu sortir de ces efforts répétés et de cette permanente prédilection d'amateur. »
Ludwig van Beethoven a mis en musique plusieurs poésies de Goethe dont Sehnsucht (op. 83, 1810). Goethe fit sa connaissance à Toeplitz en 1812. La relation entre Beethoven et Goethe est ambiguë : Beethoven admirait Goethe, et Goethe est au début enchanté de faire sa connaissance ; par la suite, le contraste de leur personnalité et des goûts musicaux différents vont remettre en cause ce jugement[19]. Les musicologues Jean et Brigitte Massin ont un jugement beaucoup plus tranché, affirmant que Goethe n'appréciait pas sa musique, s'en disait dérangé et n'eut aucune affinité personnelle avec lui, tant leurs caractères s'associaient mal[20][réf. incomplète].
En 1821, il rencontra Felix Mendelssohn, alors âgé de 12 ans.
Goethe a longtemps caressé l'idée de se faire librettiste d'opéra. On compte ainsi 20 textes et esquisses d'ouvrages lyriques, soit un cinquième de sa production dramatique totale[21]. Don Giovanni de Mozart constitue selon lui l'idéal insurpassable vers lequel doit tendre tout opéra. Ainsi dans sa conversation avec Eckermann du 12 , il s'exclame que la musique de son Faust devrait être dans le style de Don Giovanni, et que, de fait, seul Mozart aurait pu réaliser celle-ci[22]. Mozart obséda d'ailleurs Goethe à un tel point qu'il finit par rédiger une suite de la Flûte enchantée[23].
Dans sa jeunesse (1777), avant Don Giovanni, Goethe rédige deux livrets: Erwin und Elmire, une opérette inspirée du Vicaire de Wakefield, célèbre roman anglais d'Oliver Goldsmith, auquel il ajoute un peu d'intrigue sentimentale à la Werther[24] et Lila accompagné de chants et de danses populaires. Puis, en 1779, Goethe entame une correspondance avec le compositeur allemand Philipp Christoph Kayser. Ainsi s'installe une collaboration qui aboutit à un Singspiel, Plaisanterie, ruse et vengeance (Scherz, List und Rache) qui s'avère, lors de sa représentation en 1784, un échec total. Le problème dans ces trois livrets consiste en ce que « Goethe, qui n'est pas musicien, reconnaît nécessairement au livret une antériorité dans le temps »[25]. Il considère la musique comme ornement du texte, et non le texte comme un prétexte à la musique. Il est donc ainsi aux antipodes de la célèbre formule italienne « prima la musica, poi le parole », ce qui l'empêche de développer une collaboration avec des musiciens de première importance, qui, à l'instar de Mozart dans l'Enlèvement au sérail, triomphant l'année même du four de Scherz, List und Rache, préfèrent des livrets médiocres qu'il leur est loisible de modifier à merci. Une nouvelle déconvenue clôt pour un temps son activité de librettiste : en 1786, il entreprend une adaptation d'une comédie de Friedrich Wilhelm Gotter, Le Secret connu de tous (Das öffentliche Geheimnis), elle-même inspirée du Segreto publico de Carlo Goldoni. Il s'agissait d'une adaptation très libre puisque Goethe avait décidé d'emprunter de nombreux éléments au Mariage de Figaro de Beaumarchais. Or, le est créé les Nozze de Mozart, qui va connaître un succès retentissant. Cette conjonction convainc Goethe d'abandonner son ouvrage qui ne peut concurrencer celui de Da Ponte et de Mozart. « Mozart avait, pour la seconde fois, précédé Goethe en produisant un chef-d'œuvre incontestable » note Dietrich Borchmeyer, commentateur de Goethe[26].
Goethe fait de nouvelles incursions dans le genre lyrique avec trois opéras, qu'il fait représenter à Weimar au début de la décennie 1790 : Die theatralischen Abenteuer/Les Aventures théâtrales (1790-91), Die vereitelten Ränke/Les Intrigues déjouées et, surtout Circé (1790-94). Ce sont tous trois des adaptations germanisées d'opéras italiens : les deux premiers venant de Domenico Cimarosa (L'Impressario in angustie et Le trame deluse) quand Circé provient de La Maga Circe de Pasquale Anfossi. Goethe qui tenait ce dernier opéra en assez haute estime (« eine immer erfreuliche Oper », « Un Opéra toujours agréable »), va lui assurer une certaine popularité en écrivant dans ses annales de 1791 qu'il aurait été mis en musique par Cimarosa et Mozart (Mit Cimarosa's und Mozart's Musik). En fait, il aura simplement été adjoint à cet opéra quatre arias de Mozart, tirées du Schauspieldirektor (1786), pratique courante à une époque où il n'y avait pas encore de notion de paternité littéraire[27].
Goethe était un libre-penseur qui soutenait qu'on pouvait être chrétien sans se réclamer de telle ou telle église ; il distinguait nettement la vie exemplaire du Christ de la théologie chrétienne[28]. Concernant sa propre foi, ses déclarations varièrent au cours des âges. Ainsi son secrétaire Eckermann le décrit comme enthousiaste à propos du Christianisme (qualifié de religion ultime[29]), de Jésus-Christ, de Martin Luther et la Réforme, or en d'autres occasions Goethe se décrit comme ni anti-chrétien, ni athée, mais certainement non-chrétien[30]. Selon Nietzsche, « Goethe avait une sorte de joyeux et innocent fatalisme qui n'avait foi que dans la seule totalité où toutes choses seraient rachetées en apparaissant bonnes et justifiées »[31].
Bien que né dans une famille luthérienne, sa foi fut ébranlée par le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 et la guerre de Sept Ans. Sa spiritualité devait évoluer, influencée par le panthéisme (de Spinoza), l'humanisme rhénan et l'ésotérisme.
Celui des Francs-Maçons d'abord, avec sa pièce Le Grand Cophte qui explore la situation de Cagliostro, et plus spécialement la secte des Illuminati de Bavière (il y avait atteint le plus haut grade, sous le nom d'Abaris)[32].
Celui des soufis (Hâfez et indirectement Rûzbehân et Hallâj) ensuite, Goethe avait en effet dès ses années d'études lu le Coran avec attention et il devait tout au long de sa vie y faire référence[33]. Il devait également marquer cet intérêt par la publication d'œuvres inspirées de l'Islam telle sa tragédie Mahomet ou son Divan occidental-oriental, véritable introduction au dialogue inter-religieux où le fatalisme et la révérence à la nature des musulmans se révèlent proches de ses préoccupations[34].
Goethe s’intéresse à la botanique et publie un essai sur la métamorphose des plantes : Versuch die Metamorphose der Pflanzen zu erklären (1790). Dans celui-ci, Goethe tente d’établir une théorie générale sur la morphologie des végétaux en reconnaissant l’analogie de certaines formes comme les cotylédons, la forme des fleurs ou des feuilles. Il esquisse également une théorie de l’évolution chez les végétaux et relie la morphologie avec la phylogénie. Cette vision est très en avance sur les idées généralement tenues sur les végétaux à son époque. Il est ainsi l’un des premiers (et peut-être le premier) à employer le terme de métamorphose en botanique[35].
Les préoccupations de Goethe dans ce domaine étaient surtout philosophiques. Il cherchait à identifier l'Urpflanze, la plante originelle.
L’arbre fétiche de Goethe était également celui de la ville de Weimar, le Ginkgo biloba.
Il s'intéresse à d'autres sciences naturelles et publie sur l’ostéologie (sa découverte de l'os intermaxillaire chez l'homme et chez les animaux).
Dans son Traité des couleurs, Goethe décrit les couleurs comme issues de la rencontre de la lumière et de l'obscurité, celle-ci n'étant pas une absence de lumière mais existant indépendamment. Cette réification de l'obscurité fait que la théorie de Goethe est rejetée par la physique moderne. Il propose une catégorisation des couleurs (couleurs physiologiques, physiques, chimiques), y fait intervenir les notions d'harmonie, du contraste et de différence chromatique, discours sur la couleur se fondant sur l’observation des « objets-dans-la-lumière », suivant son expression.
Turner illustre cette recherche de Goethe dans son tableau Lumière et Couleur (théorie de Goethe), Le matin après le déluge, Moïse écrit le livre de la Genèse. Exposé en 1843 à la Royal Academy de Londres, c'est une huile sur toile conservée à la Tate Britain[36].
Goethe s'exprime aussi longuement sur la perception visuelle en affirmant notre différenciation quant à la perspective des éléments verticaux et horizontaux, les premiers semblant plus courts que les seconds (une montagne de 3 000 m semble moins grande qu'une distance vers un objet situé à 3 000 m ; ou la perception déformée et ovale de la Lune basse vers l'horizon).
Au long de sa vie, Goethe s'attacha à constituer une collection de minéraux qui, à sa mort, comporta jusqu'à 17 800 éléments.
À travers la connaissance individuelle des différentes sortes de minéraux et de roches, il désirait parvenir à une compréhension générale de la composition matérielle de la Terre et de l'histoire de celle-ci.
Les poèmes de Goethe eurent un grand succès auprès des compositeurs romantiques, qui se décidèrent à les adapter à une forme musicale connaissant un succès toujours grandissant, le Lied[37].
Parmi les opéras inspirés par les œuvres de Goethe, il convient notamment de nommer :
Les Huit Scènes de Faust de Berlioz, le Faust de Ludwig Spohr, le Docteur Faust de Ferrucio Busoni, la Faust-Symphonie de Franz Liszt, Les scènes de Faust de Robert Schumann, la seconde partie de la Symphonie no 8 en mi bémol majeur de Gustav Mahler, la Symphonie No. 4 Scènes du Faust de Goethe d'Alexandre Lokchine et la Glückliche Fahrt de Hanns Eisler, peuvent être considérés comme très marqués par l'empreinte du poète sur le mythe du Docteur Faust.
On cite souvent, sous des formes diverses, une phrase attribuée à Goethe : « Mieux vaut une injustice qu'un désordre », en y voyant le comble du cynisme. Robert Legros, professeur de philosophie à l'Université de Caen et à l'Université libre de Bruxelles, l'a expliquée en la replaçant dans son contexte[39]. Goethe avait dit en réalité en allemand : « Es liegt nun einmal in meiner Natur : ich will lieber eine Ungerechtigkeit begehen, als Unordnung ertragen », soit « C'est dans ma nature : j'aime mieux commettre une injustice que tolérer un désordre », et dans une occasion bien particulière.
À la fin du siège de Mayence (1793), les Français avaient obtenu le droit de quitter la ville sans être inquiétés ; la foule, montée contre eux, voulut pourtant s'en prendre à un capitaine français qu'elle accusait, d'ailleurs à tort, de certains excès. Goethe arrêta tout de suite les manifestants et, interrogé par la suite sur la raison pour laquelle il était venu au secours de ce Français, il répondit par la phrase en question. Elle signifiait, dans ces circonstances, que, quels que fussent éventuellement les torts du capitaine, la foule n'était pas autorisée à se faire justice elle-même : laisser repartir un vraisemblable coupable était moins grave qu'un jugement arbitraire, qui aurait nui à l'ordre public.
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