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état d'évolution d'une société De Wikiquote, le recueil de citations libre
Le terme civilisation - dérivé indirectement du latin civis signifiant « citoyen » par l'intermédiaire de « civil » et « civiliser » - a été utilisé de différentes manières au cours de l'Histoire. Il a en français trois grandes acceptions :
Une civilisation est, me semble-t-il, une sorte d'état de grâce ou l'autorité tutélaire, au lieu d'étouffer ses aspirations, offre à l'homme de la Cité, protection et liberté. Par « protection », j'entends un certain nombre de règles de vie en société qui restreignent nos libertés les plus anarchiques, pour que s'épanouissent la spiritualité dans certains cas, dans d'autres la création artistique (expression très générale) qui est une des nobles aspirations de l'homme sur cette terre. Même les artistes les plus athées, les plus dépourvus de spiritualité sont encore des croyants, ou alors, c'est que leur œuvre est sans âme. L'équilibre à trouver entre la main de velours et l'ouverture à toutes les créations et un des plus difficiles problèmes de ces derniers siècles. On en connait peu d'exemples depuis l'Antiquité, je parlerais volontiers, dans ce cas, d'harmonie, une harmonie qui pour les bienheureux possédés par la foi se nimbe du mystère de la poésie, puis, pour les autres, est le terrain idéal de la spéculation esthétique et philosophique.
Qu’est-ce que la civilisation ? Je l’ignore. Je ne puis en définir le concept, pas encore du moins. Mais je crois pouvoir la reconnaître quand je la vois et je la dévisage en ce moment. Ruskin a déclaré : « Les grandes nations écrivent leurs autobiographies en trois manuscrits, le livre de leurs actes, le livre de leurs mots et le livre de leur art. Il n’est aucun de ces livres qui puisse se comprendre sans lire les deux autres, mais des trois, le seul fiable est le dernier. » Je crois qu’il a raison, dans l’ensemble.
La civilisation signifie davantage que l’énergie, la volonté et la puissance créatrice : quelque chose que les premiers Scandinaves n’avaient pas, mais qui, même de leur temps, commençait à reparaître en Europe occidentale. Comment dire ? Il s’agissait, en trois mots, d’un sentiment de permanence.
L’homme civilisé, selon moi, doit sentir qu’il se situe quelque part dans l’espace et dans le temps ; qu’il aspire consciemment à l’avenir et regarde derrière lui. À cette fin, savoir lire et écrire est d’une grande utilité.
Pour une raison mystérieuse, si la civilisation bénéficie d’une relative superfluité de richesse, pléthore de richesse la détruit. Peut-être faut-il penser que le faste finit par éradiquer l’humanité alors qu’un certain sens des limites est la condition de ce que l’on appelle le goût.
J’ai dit au début que c’est le manque de confiance, plus que tout autre chose, qui tue une civilisation. Nous pouvons nous détruire par cynisme et désillusion aussi efficacement que par des bombes. Il y a un demi-siècle, W. B. Yeats, qui tenait plus de l’homme de génie que toute autre de mes connaissances, écrivit un célèbre poème prophétique.
Tout se disloque, le centre ne tient plus ;
L’anarchie pure est lâchée dans le monde,
La marée rouge sang est lâchée et partout
Noyée la cérémonie de l’innocence ;
Les meilleurs manquent de toute conviction, mais les pires
Sont pleins d’intensité passionnée.
Il dépend de nous, non pas de briser la centralisation (car elle fait automatiquement boule de neige jusqu'à la catastrophe) mais de préparer l'avenir.
- Parce que j’appartiens comme Jean à une troisième civilisation, qui se meurt étouffée entre les deux premières, une civilisation à base de gros fromage, de vin rouge, de libre-pensée. Une civilisation confortable, bien assise dans le présent, parfaitement égoïste, et sans aucune préoccupation de son avenir.
— Mais, amie, rens-toi compte que normal pour moi veut dire coutumier, faisant la trame de l'existence, et non pas admissible moralement.
— Il est certain que nous ne pouvons plus tenir aucun compte des morales à cette heure, quand toutes les civilisations croulent ou vont crouler.
— Enfin quoi ! nous sommes l'ovule d'où sortira, si nous vivons, la civilisation future...
— Pourquoi non ? Crois-tu qu'au quatrième siècle de notre ère il n'a pas fallu, au milieu de ces invasions de barbares détruisant tout, qu'il subsistât, par petits îlots, de subtils et intelligents gallo-romains pour transmettre en les éduquant le flambeau à ces sombres brutes venus de la forêt hercynienne. Sans cela la civilisation actuelle serait en retard de quinze cents ans. Le nom de ces hommes a été oublié. Mais on trouve chez Sidoine Apollinaire une vision de telles choses et l'auteur les vécut.
— Rengorgeons-nous ! L'avenir du genre humain repose peut-être sur onze êtres orgueilleux, voluptueux et riches en caprices...
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