Marcel Duchamp, né le à Blainville-Crevon et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un peintre, plasticien et écrivain français, naturalisé américain en 1955.
Duchamp du signe
Voir
On peut regarder voir;
On ne peut pas entendre entendre.
«La boite de 1914», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.60
Apollinaire fut le premier à me monter les œuvres de Roussel. C’était de la poésie. Roussel se croyait philologue, philosophe et métaphysicien. Mais il reste un grand poète. C’est Roussel qui, fondamentalement, fut responsable de mon Verre, La Marié mise à nu par ses célibataires, même. Ce furent ses Impressions d’Afrique qui m’indiquèrent dans ses grandes lignes la démarche à adopter. Cette pièce que je vis en compagnie d’Apollinaire m’aida énormément dans l’un des aspects de mon expression. Je vis immédiatement que je pouvais subir l’influence de Roussel. Je pensais qu’en tant que peintre, il valait mieux que je sois influencé par un écrivain que par un peintre. Et Roussel me montra le chemin.
Propos recueillis par James Johnson Sweeney, (en) «Eleven Europeans in America», The Bulletin of the Museum of Modern Art, vol.13, no4/5, 1946, p.21[texte intégral,lien DOI]
Duchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.169
Je considère la peinture comme un moyen d’expression, et non comme un but. Un moyen d’expression entre bien d'autres et non pas un but destiné à remplir toute une vie. Il en est ainsi de la couleur qui n’est qu’un des moyens d’expression et non le but de la peinture. En d’autres termes, la peinture ne doit pas être exclusivement visuelle ou rétinienne. Elle doit intéresser aussi la matière grise, notre appétit de compréhension.
«Entretien Marcel Duchamp - James Johnson Sweeney», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.177
En soi, le jeu d’échecs est un passe-temps, un jeu, quoi, auquel tout le monde peut jouer. Mais je l’ai pris très au sérieux et je m’y suis complu parce que j’ai trouvé des points de ressemblance entre la peinture et les échecs. En fait, quand vous faites une partie d'échecs, c’est comme si vous esquissiez quelque chose, ou comme si vous construisiez la mécanique qui vous fera gagner ou perdre. Le côté compétition de l’affaire n’a aucune importance, mais le jeu lui-même est très, très plastique, et c’est probablement ce qui m’a attiré.
«Entretien Marcel Duchamp - James Johnson Sweeney», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.177
Comme vous le savez, c’est le côté intellectuel des choses qui m’intéresse, bien que je n’aime pas le terme d’«intellect» trop sec, trop dénué d’expression. J’aime le mot «croire». En général, quand on dit «je sais», on ne sait pas, on croit. Je crois que l’art est la seule forme d’activité par laquelle l’homme en tant que tel se manifeste comme véritable individu. Par elle seule il peut dépasser le stade animal parce que l’art est un débouché sur des régions où ne dominent ni le temps ni l’espace. Vivre, c’est croire; c’est du moins ce que je crois.
«Entretien Marcel Duchamp - James Johnson Sweeney», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.178
«Catalogue de la Société Anonyme»(1950), dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.185
La première réaction qu’on éprouve devant une toile de Paul Klee est l’agréable reconnaissance de ce que nous aurions tous pu dessiner dans notre enfance. La plupart de ses compositions présentent ce délicieux aspect d’expression candide et naïve. Mais, si attachant que soit ce contact avec son œuvre, ce n’en est que le premier. […] Son extrême fécondité ne s’accompagne pas des signes habituels de répétition. Il a tant à dire qu’un Klee ne ressemble jamais à un autre Klee.
1949
«Catalogue de la Société Anonyme»(1950), dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), p.193
Notes
Le possible est un infra mince. La possibilité de plusieurs tubes de couleur de devenir un Seurat est «l’explication» concrète du possible comme infra mince. Le possible impliquant le devenir – le passage de l’un à l’autre a lieu dans l’infra mince.
«Notes», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), chap. Inframince,p.279
Croyant m’entendre écouter, il m’a demandé de vous demander si vous saviez qu’il savait que je l’avais vu regarder celui à qui j’ai répondu que je ne répondais de rien.
«Notes», dansDuchamp du signe, suivi de Notes, Marcel Duchamp, éd. Flammarion, 2008 (ISBN978-2-0801-1664-2), chap. Jeux de mots,p.390
Entretiens avec Pierre Cabanne
Autres citations
Objectivement, une partie d’échecs ressemble beaucoup à un dessin à la plume, avec cette différence que le joueur d’échecs peint avec les formes blanches et noires déjà prêtes, au lieu d’inventer les formes comme le fait l’artiste. Le dessin ainsi élaboré sur l’échiquier n’a apparemment pas de valeur esthétique visuelle, et ressemble davantage à une partition de musique, qui peut être jouée et rejouée. Dans les échecs, la beauté n’est pas une expérience visuelle comme en peinture. C’est une beauté plus proche de celle qu’offre la poésie; les pièces d’échecs sont l’alphabet majuscule qui donne forme aux pensées; et ces pensées, bien qu’elles composent un dessin visuel sur l'échiquier, expriment leur beauté abstraitement, comme un poème. […] Mes contacts étroits avec les artistes et les joueurs d’échecs m’ont induit à conclure que, si tous les artistes ne sont pas des joueurs d’échecs, tous les joueurs d’échecs sont des artistes.
1952
"La Mariée mise à nu" chez Marcel Duchamp, même, Arturo Schwarz, éd. G. Fall, 1974, p.90-91
L'art commence au moment où j'allume une cigarette, Marc Partouche, éd. Hermann, 2019 (ISBN9782705697372), p.157(lire en ligne)
Il sera peut-être réservé à un artiste aussi dégagé de préoccupations esthétiques, aussi préoccupé d’énergie que Marcel Duchamp, de réconcilier l’Art et le Peuple.