archéologue et préhistorien français De Wikiquote, le recueil de citations libre
Jean-Paul Demoule est un archéologue et historien français, professeur de protohistoire européenne à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et membre de l'Institut Universitaire de France.
Aucune théorie reposant sur l'hypothèse indo-européenne n'est étayée sur des faits. En l'absence de traces indiscutables d'un peuple originel, il est donc permis de douter de son existence. Le modèle indo-européen, dans sa forme centrifuge et diffusioniste simpliste, apparaît en réalité d'abord comme une construction idéologique, autrement dit un mythe. […] Il n'est pas exclu qu'un hardi peuple originel soit parti un jour de quelque part pour répandre partout sa langue et ses valeurs. Mais rien ne le démontre non plus, ni dans le champ de la linguistique, ni dans celui de l'archéologie, ni dans celui de la mythologie, ni dans celui de l'anthropologie physique. S'il peut un jour être rendu compte des ressemblances constatées, ce sera certainement dans le cadre d'un modèle très complexe, où s'intriqueront phénomènes de diffusions, de mélanges, d'acculturations, de convergences, etc. Le problème du modèle diffusioniste-centrifuge, ce n'est pas seulement sa simplicité naïve; c'est aussi sa longue histoire.
«Les Indo-Européens, un mythe sur mesure», Jean-Paul Demoule, La Recherche, nº308,avril 1998 (lire en ligne)
L'indo-européanisme tient une place importante dans l'imaginaire racial des extrêmes droites, en particulier en Allemagne. Thème dominant de la Nouvelle Droite contemporaine, cette construction à prétention scientifique n'est que le véhicule de la quête infernale de la pureté de la race. […] Le modèle indo-européen n'est pas neutre, et le nazisme, comme l'extrême droite en général, en sont le débouché naturel.
«Destin et usages des Indos-Européens», Jean-Paul Demoule, Mauvais temps, nº5,juillet 1999 (lire en ligne)
Ernest Renan voyait juste en voyant la nation française comme une communauté librement consentie de citoyens que réunit un «plébiscite de chaque jour». Il y a 1,5 million d'années, le premier Français était l'immigré Erectus qui donna Neandertal. Il s'est mêlé à Sapiens, venu d'Afrique, lequel a fait place à des agriculteurs venus du Proche-Orient. Et les migrations ont continué avec les Romains, les peuples germaniques et ainsi jusqu'à l'arrivée de la main-d'œuvre des anciennes colonies. L'identité française est née de ce remodelage permanent et l'archéologie peut permettre de nous éloigner d'une vision à court terme et de relativiser ce qu'on ressent comme inédit.
«Les Gaulois retrouvés», Propos de Jean-Paul Demoule recueillis par Sud Ouest, Sud Ouest, 15 avril 2012 (lire en ligne)
Il faut arrêter de penser qu’il y aurait une «France éternelle» à l’identité immobile, que l’arrivée récente de populations extérieures viendrait bousculer. Sur le temps long, on voit les choses autrement, l’histoire est un long continuum de brassage, elle est une recomposition permanente.
«Qui étaient vraiment nos ancêtres?», Propos de Jean-Paul Demoule recueillis par François Reynaert, Le Nouvel Observateur, 13 août 2012 (lire en ligne)
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