Les métaphores autour du «grand livre de la nature» ne sont pas seulement inexactes, mais aussi pernicieuses. Le monde est sans conteste saturé de signes, mais il n'est pas un texte figé contenant les archives des différentes versions existantes. Cet attachement exagéré au modèle livresque reflète depuis toujours l'idée que rien de bien intéressant ne s'est produit avant l'apparition de l'histoire écrite. Il est sûr que les systèmes écrits procurent un avantage. Ceux qui possèdent l'écrit se sont toujours perçus comme supérieurs à ceux qui en sont privés, et les peuples qui ont un Grand Livre sacré se sont toujours considérés au-dessus de ceux qui ont une religion vernaculaire, quelle que soit la richesse de ses rites et de ses mythes.
La Pratique sauvage. Essais en liberté pour une nouvelle écologie.(1990), Gary Snyder(trad. Olivier Delbard), éd. Éditions du Rocher, 1999 (ISBN2-268-030-911), chap. Grammaire Fauve,p.92
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