Comme l'ancien français bundir (variante de bondir), rebondir signifie vers 1150 «résonner, retentir à nouveau»[1].
Puis comme bondir (voir la section «Étymologie»), il dérive vers 1393 du registre auditif vers le champ visuel par métaphore à partir de «l'évocation des sons montants et descendants»[2], et prend le sens transitif de «faire rejaillir». Puis en 1480, intransitivement, «s'avancer, être proéminent», et enfin en 1530 «faire un nouveau bond»[1].
On croyait cette affaire terminée, elle a rebondi.
Dans cette comédie, l’action rebondit au troisième acte.
Je pouvais en profiter pour prendre un nouveau départ, pour «rebondir», comme on le dit comiquement dans les programmes télévisés et les articles traitant de la psychologie humaine dans les magazines spécialisés.—(Michel Houellebecq, Sérotonine, Flammarion, 2019, page 87)
L'écrivain et journaliste Samuel Piquet brocarde lui aussi l'usage figuré à la mode du terme rebondir comme un tic de langage du vocabulaire des médias et des adeptes du développement personnel: «“Le CAC 40 échoue à rebondir après les nouvelles sanctions sur le pétrole russe”, titrait BFMTV le 8 mars. [...] Depuis quelques années, les coachs en développement personnel nous invitent sans cesse à “rebondir” après une épreuve, semblant oublier sciemment qu'un rebond peut très bien selon la forme du ballon et les conditions extérieures (...) nous projeter dans des lieux pires que les précédents ou nous faire chuter d'encore plus haut. Rien de plus imprévisible, par exemple, que le rebond d'un ballon de rugby sur une terrain bosselé et en pente par un jour de grand vent. Cela n'empêche nullement les amateurs du rebond de faire passer cet élément aléatoire pour le summum de la prise de contrôle. [...] On peut se demander si l'injonction permanente à rebondir n'est pas incompatible avec le fait de prendre du temps pour analyser les causes profondes des échecs. Et si cette tendance à penser que le problème vient de nous et qu'il pourrait toujours être résolu de façon individuelle ne cache pas une difficulté actuelle à affronter les problèmes collectivement. [...]»—(Samuel Piquet, Dictionnaire des mots haïssables, 2023)[2].
Les gouttes de pluie rebondissent ou glissent sur le tissu déperlant sans le mouiller comme elles le font sur le plumage des oiseaux pélagiques.
«Et dans un coin de soleil, le bruit des fous rebondissant sur eux, Mousse et François se racontent.»—(Anaïs Barbeau-Lavalette, La femme qui fuit, éditions Marchand de feuilles, Montréal, 2015, page 329)