(Date à préciser) De l’ancien français cauquemare, composé de cauque (apparenté à l’ancien français cauche, du verbe chauchier («presser, fouler»), et de mar, emprunté du moyen néerlandais mare («fantômenocturne»).
Le second élément mare, qui a le sens de «fantôme nocturne», «esprit de la nuit», se retrouve dans l’anglais nightmare, le néerlandais nachtmerrie et l’allemand Nachtmahr; comme dans les langues nordiques: en danois mareridt, en norvégien mareritt et en suédois mardröm; ainsi que dans les langues slaves: můra en tchèque, mora en polonais.
Elle eut peur ainsi qu’on a peur la nuit dans les cauchemars mauvais, dans les remords, quand l’ombre est dense et pèse, après le crime, comme un châtiment. Elle fut honteuse à cause de son passé, le revit d’un seul coup avec éblouissement et pensa: Je suis la dernière des dernières.—(Charles-Louis Philippe, Bubu de Montparnasse, 1901, réédition Garnier-Flammarion, page 180)
Il m’arrivait de me réveiller la nuit, au milieu d’un cauchemar où les poteaux sinistres et le blême tranchet de la guillotine semblait attendre que mon tour arrivât de faire connaissance avec eux.—(Francis Carco, Maman Petitdoigt, La Revue de Paris, 1920)
Durant la même nuit, Feempje qui n’avait jamais de cauchemar s’était débattu, en grognant et en poussant des plaintes, contre il n’aurait pu dire quelles terrifiantes figures.—(Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 55)
[…] ce cauchemar dont j’avais si peur et que j’identifiais plus ou moins avec le ronflement de mon père, souffle rauque entendu parfois la nuit, bruit sinistre qui me semblait venir directement d’outre-tombe et que je confonds maintenant avec le râle de son agonie.—(Michel Leiris, L’âge d’homme, 1939, collection Folio, page 113.)
Ma myopie renforçait encore l’impression d’irréel, de cauchemar que je ressentais et contre laquelle je m’efforçais de lutter, dans la crainte de voir se briser ma volonté.—(Henri Alleg, La Question, 1957)
Et les cédilles, ça ressemblait à rien ces zigouigouis, quant au verbe avoir qui s’accordait tantôt avec le complément d’objet direct tantôt pas, c’était un cauchemar.—(Akli Tadjer, Alphonse, Jean-Claude Lattès, 2005)