Accident du Concorde
accident aérien de 2000 impliquant un Concorde De Wikipédia, l'encyclopédie libre
accident aérien de 2000 impliquant un Concorde De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Vol Air France 4590
Vol Air France 4590 | ||||
F-BTSC, le Concorde impliqué, ici à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle en 1982, soit 18 ans avant l'accident. | ||||
Caractéristiques de l'accident | ||||
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Date | ||||
Type | Incendie lors du décollage | |||
Causes | Roulage sur une lamelle métallique présente sur la piste | |||
Site | Gonesse, Val-d'Oise | |||
Coordonnées | 48° 59′ 08″ nord, 2° 28′ 20″ est | |||
Caractéristiques de l'appareil | ||||
Type d'appareil | Concorde | |||
Compagnie | Air France | |||
No d'identification | F-BTSC | |||
Lieu d'origine | Aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, France | |||
Lieu de destination | Aéroport international de New York - John-F.-Kennedy, États-Unis | |||
Phase | Décollage | |||
Passagers | 100 | |||
Équipage | 9 | |||
Morts | 113 (dont 4 au sol) | |||
Blessés | 6 au sol | |||
Survivants | 0 | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
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L'accident du Concorde s'est produit le à Gonesse, en Île-de-France, quand le Concorde effectuant le vol Air France 4590, un vol charter international à destination de l'aéroport international de New York - John-F.-Kennedy, s'est écrasé sur un hôtel, une minute et vingt-huit secondes après son décollage de Paris-Charles-de-Gaulle.
Une lamelle métallique sur la piste a entraîné l'éclatement d'un pneu, un incendie et la perte de deux des réacteurs, provoquant la mort de 113 personnes présentes à bord : les 100 passagers (dont 96 Allemands) et neuf membres d'équipage, ainsi que quatre personnes au sol.
Il s'agit du seul accident mortel ayant impliqué un Concorde.
L'avion impliqué était un Concorde âgé de 25 ans et immatriculé F-BTSC (numéro de série 203), qui avait effectué son vol inaugural le (lors des essais, l'immatriculation de l'avion était F-WTSC). L'avion fut loué à Air France le , avant de rejoindre à temps plein la flotte de la compagnie aérienne en 1980. Il était propulsé par quatre turboréacteurs Rolls-Royce Olympus 593/610, chacun étant équipé d'un dispositif de réchauffage intégré. La dernière réparation programmée de l'avion avait eu lieu le , quatre jours avant l'accident ; aucun problème n'avait alors été signalé pendant la réparation. Au moment de l'accident, il totalisait 11 989 heures de vol et avait effectué 4 873 cycles (décollage/atterrissage).
Quatre-vingt-dix secondes après le décollage depuis la piste 26R de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, le vol 4590 s'écrase sur l'Hotelissimo, à côté de l'hôtel-restaurant Les Relais Bleus, au lieu-dit de La Patte d'Oie de Gonesse, à quelques centaines de mètres des habitations[1], après un changement de cap de près de 180°.
Le vent soufflant à l'aéroport était léger et de direction variable ce jour-là, et a été signalé à l'équipage du poste de pilotage comme un vent arrière de huit nœuds (15 km/h) alors qu'ils s'alignaient sur la piste 26R.
L'équipage a tenté de se dérouter vers l'aéroport de Paris-Le Bourget, situé à proximité, mais les enquêteurs ont déclaré qu'un atterrissage en toute sécurité aurait été très peu probable, compte tenu de la trajectoire de vol et de la perte rapide d'altitude de l'avion après le décollage.
Les neuf membres d'équipage et les 100 passagers sont morts sur le coup dans l'accident. Ils ont tous été identifiés par l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN). Tous les passagers, sauf quatre, étaient des Allemands originaires de Mönchengladbach, qui allaient à New York prendre le bateau de croisière MS Deutschland pour les Caraïbes dans le cadre d'un voyage organisé.
Nationalité | Passagers | Équipage | Total |
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Allemagne | 96 | 1 | 97 |
France | 0 | 8 | 8 |
Danemark | 2 | 0 | 2 |
Autriche | 1 | 0 | 1 |
États-Unis | 1 | 0 | 1 |
Total | 100 | 9 | 109 |
Il y eut 4 tués dans l'hôtel Hotelissimo de Gonesse, presque vide à cette heure de la journée (16 h 45)[4].
Le gérant, un autre employé et une cliente, guide touristique britannique (qui a sauté du 1er étage dans les bras du gérant au moment du crash), présents dans l'hôtel, survivent[5],[4].
L'appareil en flamme fut photographié par plusieurs témoins : un spotter hongrois[6], un touriste japonais[7] et un couple de routiers espagnols circulant sur l'autoroute proche[8],[9].
Trois pompiers de l'aéroport ont témoigné avoir vu un cône de flammes avec d'épaisses fumées sur le côté gauche de l'avion, relativement tôt, pendant le décollage.
Selon le rapport final établi par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), l'accident fait suite à une collision entre le pneu avant droit du train principal gauche et une lamelle métallique en titane de 43 centimètres de long, qui provient du capot de l'inverseur de poussée d'un moteur. Cette lamelle provient d'un avion qui avait décollé cinq minutes avant le Concorde, un McDonnell Douglas DC-10, immatriculé N13067, effectuant le vol 55 de Continental Airlines qui reliait l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle à l'aéroport international Liberty de Newark, à New York. Un mécanicien de la même compagnie à Houston (le chaudronnier John Taylor) avait remplacé cette pièce normalement en acier inoxydable par une en titane plus résistante, mal découpée et fixée par un mastic non spécifié[5],[10].
La séquence des événements telle qu'exposée dans le rapport du BEA aurait été la suivante :
Une interruption du décollage aurait conduit à une sortie en bout de piste à grande vitesse. Dans ces conditions, les trains d'atterrissage se seraient brisés net et, avec l'incendie qui faisait rage sous l'aile gauche, l'avion se serait immédiatement embrasé. Dans son rapport, le Bureau d'Enquêtes et d'Analyse souligne que, même avec une poussée nominale sur les deux côtés, l'intensité du feu, entraînant un endommagement de l'aile gauche et des gouvernes, aurait conduit à la perte rapide de l'avion.
Le BEA estime par ailleurs dans son rapport que l'impossibilité de rentrer le train a contribué à l'accrochage et la stabilisation de la flamme sous l'aile gauche.
La thèse de l'éclatement du pneu à cause de la lamelle métallique fut contestée.
Lors du procès au pénal intenté contre Continental Airlines, l'avocat de cette compagnie a expliqué que vingt-huit personnes auraient vu l’avion prendre feu bien avant de passer sur la lamelle et s'est plaint qu'on aurait tenté de dissimuler la vérité[11].
L'hypothèse d'un attentat manqué contre le président de la République française Jacques Chirac fut aussi évoquée puis abandonnée[Note 1]. En effet, l'avion le ramenant d'un sommet du G8 à Tokyo, venait de se poser quelques minutes avant le décollage du Concorde. L'avion présidentiel s'arrêta même, dans son roulage vers le terminal, pour laisser le passage au Concorde sur la piste d'envol. Plusieurs passagers de l'avion présidentiel auraient d'ailleurs aperçu l'épaisse fumée s'échapper des réacteurs du Concorde[12].
Résumé des dialogues et communications radios enregistrés par les boîtes noires[13] :
Des incidents similaires (dont 57 éclatements de pneus) s'étaient déjà produits, notamment au décollage de Dakar le (l'avion ayant roulé sur une canette de bière qui fait éclater un pneu) et de Washington le (un pneu éclaté endommage les réservoirs d'un Concorde). Le même incident s'est produit 5 fois dans les années 1980-1990. Le pilote dut effectuer un demi-tour après l'éclatement d'un pneu ayant perforé l'intrados de l'aile, laissant s'échapper du kérosène, heureusement sans inflammation[14].
Le ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, décida le jour même de l'accident d'interdire les vols suivants de Concorde. Le Bureau d'enquêtes et d'analyses fut chargé de déterminer les causes de l'accident dans un but de prévention.
Dans les jours qui ont suivi, les certificats de navigabilité des Concorde ont été suspendus, ce qui a entraîné l'interruption des vols de British Airways entre Londres et les États-Unis. Ils n'ont été rétablis qu'après diverses modifications techniques effectuées sur tous les appareils, notamment la pose d'un revêtement en Kevlar à l'intérieur des réservoirs, le renforcement de la protection des circuits électriques au niveau des trains principaux et l'installation de pneus plus stables Michelin NZG (Near Zero Growth). Une dizaine de places à bord furent supprimées.
Le Concorde vole à nouveau à partir de , mais la structure de l'avion vieillissant, Air France et British Airways décident le 23 avril 2003, d'un commun accord, d'en arrêter l'exploitation en 2004. Cependant, le trafic aérien mondial connaissait une grave crise depuis les attentats du 11 septembre 2001 en termes de sécurité, et s'ajoutaient de nouvelles normes contre la pollution, le bruit, sans compter la hausse du prix du kérosène. Mais la raison essentielle vient de la décision d'EADS (Airbus) de ne plus assurer l'entretien du supersonique à partir d'octobre 2003[15].
Une stèle a été érigée sur la commune de Mitry-Mory en Seine-et-Marne, près des pistes de l'aéroport afin de rendre hommage aux victimes.
Lors des poursuites judiciaires engagées, personne n'a été reconnu coupable pénalement (Claude Frantzen, ancien dirigeant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et Henri Perrier, directeur du programme Concorde de 1978 à 1994 ont été relaxés en première instance, John Taylor, chaudronnier mécanicien de la Continental Airlines condamné en première instance à 15 mois de prison avec sursis, a été relaxé) mais la compagnie Continental Airlines a été reconnue civilement responsable du crash pour « faute de négligence dans la maintenance » par la cour d'appel de Versailles le et condamnée à payer 1 million d'euros de dommages et intérêts à Air France pour son préjudice d'image[16].
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