Wisigoths
tribu gothique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Les Wisigoths (« Goths sages » ou, comme dans le mot allemand et néerlandais Westgoten, « Goths de l'ouest ») ou Tervinges (« peuple de la forêt ») étaient un peuple germanique issu des Goths. Les Wisigoths sont ceux qui, migrant depuis la région de la mer Noire, s'installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l'Empire romain, alors que les Ostrogoths (ou Greuthunges) s'installèrent, pour leur part, en Sarmatie (actuelle Ukraine). Les Wisigoths migrèrent à nouveau vers l'ouest dès 376 et vécurent au sein de l'Empire romain d'Occident, en Hispanie et en Aquitaine. Les Ostrogoths, eux, migrèrent aussi vers l'ouest, mais plus tard que les Wisigoths, et vécurent en Italie. Wisigoths et Ostrogoths sont classés dans la branche ostique des peuples germaniques. Après la chute de l'Empire romain d'Occident, en 476, les Wisigoths ont continué pendant près de deux siècles et demi à jouer un rôle important en Europe occidentale. C'est l'un des peuples barbares les plus prestigieux d'Europe, tant par sa longue histoire et ses origines mythiques, que par les traces qu'il laissa longtemps dans les esprits.
Wisigoths | |
Les aigles représentés sur ces fibules du VIe siècle, et trouvés à Tierra de Barros (Badajoz), étaient un symbole populaire parmi les Goths en Espagne. | |
Période | IIIe – VIIIe de notre ère |
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Ethnie | Germains |
Religion | Paganisme germanique (jusqu'au IVe siècle) Arianisme (IVe – VIe siècles) Christianisme nicéen (à partir du VIe siècle) |
Région d'origine | Nord de la mer Noire, Dacie, puis Europe occidentale, notamment Sud de la Gaule et Hispanie |
Rois/monarques | Ariaric, Alaric Ier, Athaulf, Théodoric Ier, Euric, Alaric II, Léovigild, Récarède Ier, etc. |
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Alors qu'ils occupent l'ancienne province romaine de Dacie depuis la fin du IIIe siècle, les Wisigoths adoptent peu à peu l'arianisme, à partir de l'année 341, c'est-à-dire une forme du christianisme non trinitaire. Cette croyance est en opposition avec l'orthodoxie chrétienne, majoritaire dans l'empire romain quand les Wisigoths s'y installent. Officiellement, les Wisigoths restent fidèles à cette foi, qualifiée d'« hérésie » par l'Église trinitaire, jusqu'en 589, lorsque le roi Récarède Ier (en espagnol : Recaredo) choisit de se convertir publiquement, faisant ainsi joindre officiellement l'Église trinitaire au royaume wisigothique d'Espagne. Toutefois, même après cette date, un parti arien demeure fort actif et influent, notamment dans la noblesse jusqu'au début du VIIIe siècle dans les derniers jours du royaume.
Le terme de « wisigoth » est une invention du VIe siècle. Cassiodore, un romain au service de Théodoric le Grand, inventa le terme Visigothi en combinant les termes Visi et gothi pour faire pendant à celui d'Ostrogothi, termes qu'il considérait comme signifiant respectivement « Goths de l'Ouest » et « Goths de l'Est ». Cassiodore utilise le terme de « Goths » pour se référer uniquement aux Ostrogoths, qu'il a servis, et réserve le terme géographique « Wisigoths » pour les Goths gallo-espagnols. Cet usage, cependant, a été adopté par les Wisigoths eux-mêmes dans leurs communications avec l'Empire byzantin et était encore en usage au VIIe siècle.
Les Wisigoths sont appelés Wesi ou Wisi par Trebellius Pollio, Claudien, et Sidoine Apollinaire. Le mot wesi signifie en gotique « est... quelque chose » (du verbe wisan conjugué à la 3e personne du singulier, à l'indicatif). Le mot wisi est relié à l'adjectif weis ou wiss et signifie « avisé, instruit ». La contraction de ces deux termes désignerait « le peuple avisé, instruit ».
Ainsi, le terme Wisigoth ne signifie pas plus « Goth de l'Ouest », comme l'affirme Jordanès[1], que celui d'Ostrogoth ne veut dire « Goth de l'Est ». Si, à partir du Ve siècle, les Wisigoths s'installent effectivement à l'ouest (en Hispanie) et les Ostrogoths à l'est (dans l'Empire byzantin puis en Italie), leurs situations respectives auraient alors été inversées par rapport à celle qui prévalait avant le commencement des grandes migrations du siècle précédent, lorsque les deux peuples se trouvaient sur les rives du Pont-Euxin.
Des études linguistiques des racines lexicales donnent donc une autre interprétation de ces deux termes, celui de Goths « instruits » (visi-)[2] et de Goth « brillant » (ostro-). Malgré tout, la signification traditionnelle (« Goths de l'Ouest ») s'est durablement établie notamment en Allemagne, où elle s'est imposée sous la forme de Westgoten[3].
Les Goths, selon le récit de Jordanès, seraient venus de Scandinavie. Cette migration se serait probablement passée au Ier siècle. Selon les archéologues des tombes semblent attester de populations de cette origine à l'embouchure de la Vistule (Nord Pologne), et ces populations se seraient fondues dans les groupes locaux pour former les premiers Goths : la culture de Wielbark, entre le Ier et le IVe siècle. Leurs villages n'ont pas de plan apparent. Ils pratiquent l'élevage, des cultures, des activités artisanales et l'extraction du fer. Ils contrôlent la route de l'ambre et entretiennent des relations commerciales avec les romains. Dans leur migration vers la mer Noire, les sources écrites distinguent les Ostrogoths des Wisigoths (identifiés à la culture archéologique de Tcherniakhov sur la mer Noire)[4].
Les Wisigoths sont donc apparus pour la première fois dans l'Histoire en tant que peuple distinct en 235, quand ils entrèrent en Dacie, où ils s'allièrent avec une partie des Daces, les Carpiens. À partir de 238, ils s'attaquent à l'Empire romain et tentent de s'installer dans la péninsule des Balkans. Cette invasion concerna aussi les provinces romaines de Pannonie et d'Illyrie et menaça même l'Italie. Cependant, les Wisigoths furent battus près des frontières modernes de la Serbie et de la Bulgarie, à la bataille de Naissus, en .
Au cours des trois années suivantes, ils furent repoussés au-delà du Danube, en Dacie, par une série de campagnes militaires menées par l'empereur romain Claude II le Gothique, le futur empereur Aurélien étant le commandant de la cavalerie. En 271, Aurélien dut évacuer la Dacie, transférant l'administration et la majeure partie des colons romains vers une nouvelle province alors créée au sud du Danube : la Dacie aurélienne[6].
Les Wisigoths restent en Dacie jusqu'en 376, lorsqu'un de leurs deux chefs, l'arien Fritigern, fait appel à l'empereur romain Valens et lui demande l'autorisation de pouvoir s'installer sur les berges sud (rive droite) du Danube, afin de se protéger des Huns, établis sur la rive nord (gauche) du fleuve. Valens accorde sa permission et aide même les Wisigoths à traverser le Danube sur la glace. En retour, Fritigern doit fournir des mercenaires pour l'armée romaine.
C'est une période d'hivers très rudes[7] et l'année suivante, les terres occupées par les Wisigoths connaissent la famine, et ils réclament des vivres aux gouverneurs romains de leurs territoires. Comme Valens ne répond pas aux appels à l'aide de Fritigern, celui-ci prend les armes. La guerre qui s'ensuit se termine le lors de la bataille d'Andrinople où Valens est blessé et meurt. Fritigern, victorieux, est reconnu comme roi par son peuple et les Wisigoths deviennent la principale puissance des Balkans.
Le successeur de Valens, Théodose Ier, conclut la paix avec Fritigern en 379. Le traité est respecté jusqu'à la mort de Théodose en 395. Cette même année, Alaric Ier, le plus célèbre des rois Wisigoths, est élu roi, alors qu'à l'empereur Théodose succèdent ses deux fils : Arcadius en Orient et Flavius Honorius en Occident.
Au cours des quinze années suivantes, les conflits sont entrecoupés par des années d'une paix vacillante entre Alaric et les puissants généraux germaniques qui commandent les armées romaines.
Mais, après l'assassinat du général d'origine vandale Stilicon (Stillicho) par Honorius en 408 et le massacre des familles de 30 000 soldats wisigoths servant dans l'armée romaine, Alaric déclare la guerre. Il est bientôt aux portes de Rome, et devant le refus d'Honorius de négocier, les Wisigoths pillent la ville le . Cet événement frappa considérablement les esprits des contemporains, et reste, pour beaucoup, l'événement symbolique marquant la fin de l'Antiquité.
Les Wisigoths et leur nouveau roi Athaulf, beau-frère d'Alaric, entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407 à 409. En 416, les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur migration dans la péninsule Ibérique où ils sont envoyés par Rome pour combattre les Vandales.
Lorsque la paix avec les Romains est conclue par le fœdus de 416, Honorius accorde aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde (actuellement Bordelais, Charentes et Poitou). La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénètrent en Espagne dès 414, comme peuple fédéré de l'Empire romain.
Le royaume des Wisigoths a d'abord Toulouse comme capitale. Le palais, dont on a mis au jour un long mur et des fondations, se trouvait à proximité de l'ancienne église de la Daurade, dont quelques éléments architecturaux et un décor de mosaïque à fond d'or témoignent des productions artistiques sous les rois wisigoths. Les mosaïques à fond d'or étaient pratiquées dans l'Empire romain avant son effondrement, comme à Ravenne au Mausolée de Galla Placidia, dans le style paléochrétien, et aussi dans la partie orientale, l'empire byzantin (à Ravenne, Basilique Saint-Apollinaire in Classe).
En 451, les Wisigoths participent, sous la direction de Théodoric Ier, à la coalition menée par le romain Aetius, qui vainc Attila et les Huns à la bataille des champs Catalauniques (451). Le vieux roi y perd la vie. En 1848, la tombe d'une personne de haut rang est retrouvée dans ce qui pourrait être le lieu cette bataille. Mais il n'a pas pu être établi que c'était la dépouille du roi et ses armes[9].
Lorsque le roi des francs Clovis les bat à la bataille de Vouillé en 507, ils ne conservent que la Septimanie (correspondant au Languedoc) et une partie de la Provence avec l'aide des Ostrogoths. Les Wisigoths s'installent alors en Hispanie et font de Tolède leur capitale. En 575, ils conquièrent le royaume des Suèves (situé dans le nord du Portugal et la Galice). En 711, le royaume wisigoth d'Hispanie est détruit, sauf le nord, par les musulmans. Pélage avec les Astures, quelques nobles wisigoths et une population wisigothe fuient les Maures et se réfugient dans les Asturies. En 722, la bataille de Covadonga, très symbolique, marque le début de la Reconquista[10],[11].
F. Navarro Villoslada (1818–1895) dans son livre Covadonga (1857) écrit : « Avec une telle vie, leur esprit et leur corps ont été revigorés en même temps. Ils n'étaient plus les Wisigoths lâches et efféminés de Witiza, ils étaient les dignes descendants de cette race teutonne venue mêler son sang à celui du Bas-Empire romain pour sauver la civilisation européenne, ils étaient ces fils du Nord que l'on appelait le fléau de Dieu »[12].
Dans le territoire occupé par les musulmans, les formes d'organisation culturelles et juridiques datant de la fusion des cultures romaine et wisigothique perdurèrent discrètement.
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