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famille noble De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les vicomtes de Marseille (vicecomes Massilie) sont une lignée aristocratique possédant l'hégémonie sur Marseille et sa région — avec le contrôle des trois honores (vicomté, épiscopat et abbatiat) — du milieu du Xe siècle au début du XIIIe siècle. Cette famille s'éteint en 1216 avec Roncelin de Marseille, abbé de Saint-Victor de Marseille et dernier vicomte.
La première mention d'une famille vicomtale de Marseille remonte à la seconde moitié du Xe siècle[2]. L'origine de cette famille pourrait être la Viennoise[2]. Son installation en Provence serait due au roi de Bourgogne-Provence, Conrad[2],[3]. Ce dernier semble avoir créé dans la région plusieurs comtes et vicomtes afin d'éviter l'émergence de personnage trop puissant pouvant concurrencer son pouvoir[3].
Son premier ancêtre connu est Arlulf ou Arlulfe[4] qui reçoit, en 951, la curtis de Trets de la part du roi Conrad[3],[5].
D'après l'hypothèse de Georges de Manteyer (1908)[6], reprise par Poly (1976)[7], Arlulf serait le petit-fils du comte Thibert/Teutebert, qui avait administré le Royaume de Provence pour le compte du roi Louis III l'Aveugle dans les années 890-908. Il appartiendrait ainsi à la noblesse franque installée dans les pays du Bas-Rhône à l'époque carolingienne et plus probablement à celle originaire du Viennois venue à la suite d'Hugues d'Arles qui a su s'affranchir du clan aristocratique des Bosonides pour perpétuer son enracinement en Provence à la suite de la disparition d'Hugues et de la disgrâce ou absence de son neveu, l'archevêque d'Arles Manassès. Cette proximité entre la famille vicomtale et le comte Thibert est remise en cause par les médiévistes Florian Mazel ou encore Laurent Ripart[3].
Avant l'obtention du pouvoir vicomtal, l'implantation familiale est déjà importante avec principalement le contrôle d'une partie du fisc et de l’espiscopatus (« épiscopat ») de Marseille, ainsi que l'abbatia (« abbaye ») Saint-Victor[2]. Pour l'historien Jean-Pierre Poly (1976), la plus grande partie des fiscs marseillais auraient été donnés par le roi Conrad à Arnulf, autour des années 948-952[8]. Il s'agit d'un domaine immense, d'environ 60 000 hectares, qui dépasse de loin les limites du territoire de Trets. Arlulf reçoit non seulement la curtis, mais en plus, l'exercice et le profit de tous les droits publics rattachés, autrement dit le ban seigneurial[9]. L'obtention de l'évêché par Honorat, fils d'Arlulf, semble se faire vers 948[2], après une période de vacance du siège[3]. L'abbaye Saint-Victor obtient par ailleurs de nombreuses donations de la famille, Saint-Victor devenant le saint patron de la dynastie vicomtale.
Le siège reste entre les mains de la famille jusqu'au début du XIe siècle[2], avec les évêques Pons Ier et Pons II.
À partir du XIe siècle, Mazel (2008) relève une « anthroponymie dynastique précoce et double » au sein de la famille vicomtale avec l'usage du nom Guilhem (Guillaume), pour l'aîné des vicomtes, tandis que le nom Pons est attribué aux évêques (|Pons Ier, Pons II)[2].
Arlulf obtient donc, en 951, la curtis de Trets[3],[5]. Il s'agit d'« une tour et l'ensemble des droits royaux » sur un territoire d'environ 60 000 ha correspondant à la vallée de l'Arc, jusqu'à la confluence avec le Bayon (ou Bayeux)[10]. Ce territoire, qui porte aussi le nom de vallée ou val de Trets, « appartient à la mense comtale de Marseille, mais [qui] se voit rattaché, sur un plan territorial, au comté d'Aix »[10]. La tour devient un château-fort, installé au pied du Mont Olympe, autour duquel s'est développé le premier village de Trets, et portant le nom de château d'Arlulfe ou Château-Arnoux (castrum arnulfo/castrum Arnulfi en latin)[11].
Guilhem/Guillaume Ier, fils d'Arlulf et frère d'Honorat, est le premier à porter le titre vicomtal, vicescomes, en 977, puis associé à la ville de Marseille (vicecomes Massilie, « vicomte de la cité de Marseille »), en 1001[5],[2]. Mazel (2008) émet l'hypothèse que cette association du titre et de la ville pourrait être antérieur[2]. Ce titre semble être une concession du comte Guillaume II de Provence afin de s'attacher la famille[2]. Guillaume obtient ainsi un pouvoir banal qui devient héréditaire[5]. Il se marie avec Belielde[12].
Mazel (2008) souligne que les vicomtes de Marseille, à propos de leurs possessions, « semblent considérer, au moins dans la première moitié du XIe siècle, comme des bénéfices tenus du comte, même si nous n’avons conservé aucun serment de fidélité ni aucune attestation explicite d’un servicium des vicomtes envers les comtes. »[13]
Marseille comprend trois villes différentes qui sont : la cité abbatiale, la cité épiscopale et la cité vicomtale ; la première soumise à la puissante abbaye de Saint-Victor de Marseille dont les possessions s'étendent jusqu'en Espagne et en Italie ; la seconde appartenant à l'évêque, et, comme toutes les villes placées sous l'autorité ecclésiastique, flanquée de tours, ce qui lui fait donner le nom de villa turrium ; la troisième, enfin, sous la dépendance des vicomtes de Marseille qui, dès le Xe siècle, y ont fait des constructions militaires importantes et l'ont entourée de remparts solidement établis[14].
Le lien, qui unit Marseille à ses comtes, se relâche néanmoins fréquemment. La ville ne tardera pas à secouer contre ses vicomtes qui morcellent leur héritage, à chaque génération, prenant tous le titre de vicomte ou de co-vicomte[15].
Toutefois, les vicomtes de Marseille permettent à la marine des ordres du Temple et de Saint-Jean de Jérusalem, en Syrie, de fréquenter le port de Marseille[16].
Les vicomtes de Marseille qui avaient persécuté l’Église pendant quelque temps, finissent par s'en repentir et lui accordent, à leur tour, de grands privilèges. Ils lui font en outre beaucoup de bien. Roncelin seul lui donne, en 1215, trente mille sols royaux couronnés, plus la sixième partie du Château-Babon, avec tous les droits qu'il y possédait. Ces droits consistent en censes, treizains, édifices et juridictions. Ce prince accorde de plus aux Chanoines, la faculté d'acquérir des biens dans le district de la dépendance. Les vicomtes, au témoignage de Ruffi, sont des princes aussi religieux que charitables ; et pour preuve de leur parfaite vertu, nous recueillons, —dit l'annaliste de Marseille, qu'ils faisoient retraite pendant le Carême, l'un dans l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, let l'autre tout auprès de l'église cathédrale de la Major[17].
Roncelin est le plus fameux de toute la race vicomtale. Malheureusement il ne doit sa célébrité qu'aux scandales de sa vie. Après avoir contracté une grande quantité de dettes, il prend l'habit de Saint-Benoît à l'abbaye de Saint-Victor de Marseille, et le quitte bientôt pour épouser sa nièce Adalasie, qu'il délaisse ensuite. Excommunié par Innocent III, il rentre dans le monastère, fait publiquement amende honorable et se rend à Rome pour recevoir l'absolution du pape. Mais ses nombreux créanciers, peu touchés de la conversion du pécheur, et préoccupés du danger que courent leurs droits avec le nouveau cénobite, obtiennent sa réintégration dans la gérance de son patrimoine, dont les revenus peuvent suffire à l'acquit de ses dettes. Alors, redevenu laïque, Roncelin partage en 1211 ses terres avec ses parents, Hugues IV des Baux et Gérard-Adhémar. Il vend à abbaye de Saint-Victor de Marseille, le château de Saint-Julhan, aliène une partie du port en faveur de Guillaume-Anselme, gentilhomme marseillais, et donne au monastère tout ce qu'il possède dans la cité vicomtale et le sixième de la seigneurie du port, ne se réservant que celle des tours du Château-Babon, parce que ce château fait partie du domaine de l'évêque[15].
Les documents permettant d'établir la filiation de la lignée vicomtale de Marseille ont été répertoriéé par plusieurs auteurs : Juigné de Lassigny, Généalogie des vicomtes de Marseille (1910) ; Henry de Gérin-Ricard et Émile Isnard (Actes concernant les Vicomtes de Marseille et leurs descendants, 1926) ou encore Jean-Pierre Poly[18],[19]. Les travaux plus récent de Florian Mazel (2000, 2002) ont permis une actualisation des données.
Les dates correspondent aux premières et aux dernières mentions dans la documentation. Les porteurs du titre de vicomtes sont signalés en gras.
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