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La Faculté de théologie et de sciences religieuses à Leuven fait partie de la Katholieke Universiteit Leuven, et se distingue comme l’un des centres d’études théologiques les plus importants dans le monde. Depuis sa fondation en 1432, elle est passée par différentes phases de développement, en raison de l’influence ecclésiale, des facteurs sociaux et politiques. Jusqu’en 1968, la Faculté de théologie existait dans le cadre de l’ Ancienne université de Louvain. À la suite de la division de l’université en partie francophone et néerlandophone, la tradition théologique de Louvain a continué à se développer autour de deux centres universitaires – Leuven et Louvain-la-Neuve. Historiquement, la caractéristique la plus typique de la théologie louvaniste était la combinaison de théologie positive et spéculative, de telle manière que l’orientation pratique sur la vie et l’expérience humaine était incorporée avec les réflexions sur les principes plus universels de la foi chrétienne. Aujourd’hui, cette tradition est visible dans son orientation herméneutique qui cherche à développer la théologie chrétienne en respectant les divers contextes historiques, culturels et personnels.[3] La Faculté à Leuven offre des programmes permettant aux étudiants d’obtenir le baccalauréat, master et doctorat, qui se donnent aussi bien en néerlandais qu’en anglais. Une partie essentielle de la Faculté est la Bibliothèque Maurits Sabbe qui contient plus de 1,3 million de livres.[4]
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Bien que l’Université de Louvain soit créée en 1425, il n’y a pas de faculté de théologie au début. Cela est en conformité avec la politique papale qui donne la permission d’établir des études de théologie seulement à des universités d’excellence reconnue. Après sept ans, la faculté de théologie est instituée par la bulle d’Eugene IV « In apostolicae dignitatis », comme la cinquième faculté en plus des arts, du droit civil, du droit canon et de la médecine. [5] Peu après sa création, la faculté réussit à se positionner comme un acteur important dans les débats théologiques dans le monde chrétien. L’un des professeurs les plus distingués de l’époque est Adriaan Floriszoon d’Utrecht, qui est par la suite élu pape sous le nom d’Adrien VI. Le programme théologique est basé sur les manuels de théologie, d’abord sur le Liber Sententiarum de Pierre Lombard, et plus tard sur la Somme théologique, de Thomas d’Aquin. Les étudiants doivent non seulement suivre des cours, mais aussi participer activement à des discussions régulières concernant les questions théologiques.[6] L’approche méthodologique dominante est la méthode scolastique de disputatio. Contrairement à la lectio, qui porte sur la lecture interprétative de l’Écriture par référence aux grands théologiens du passé, la disputatio est basée sur la confrontation des arguments. Le but de la disputatio est d’atteindre une réalisation de vérités universelles de façon plus systématique et rationnelle.[7]
En 1519, le Collegium Trilingue est fondé comme une institution indépendante pour l’étude des textes sacrés dans leurs langues originales: latin, grec, et hébreu. Parmi ceux qui contribuent à la création de cette institution on trouve Érasme, un humaniste célèbre et un partisan de la théologie positive.[8] Le Collegium Trilingue a une grande influence sur le développement de l’exégèse biblique à Louvain. La théologie positive, contrairement à la théologie spéculative, ne se concentre pas sur des dogmes abstraits, mais plutôt sur les détails concrets de textes sacrés, la vie chrétienne et l’expérience vécue de la foi.[9] Bien que la faculté résiste d’abord aux idées humanistes, elle devient lentement plus ouverte aux recherches de théologie positive.[10] Le 16e siècle en Europe est marqué par la montée du Protestantisme, et de la Contre-Réforme catholique. La première condamnation de l’œuvre de Martin Luther est émise en 1519 par la Faculté de théologie de Louvain. En 1544, la faculté compile un résumé des vérités religieuses contre les enseignements hérétiques, qui est considéré comme l'une des meilleures réalisations de la théologie prétridentine.[11] Le débat constant avec les protestants permet de lancer une nouvelle vague de recherche sur la Bible et les Pères de l'Église. Cela a pour objectif de montrer que l’enseignement catholique est en conformité avec les autorités de l’Église primitive - un élément que les protestants ont souvent rejeté. Les fruits de ce travail sont la nouvelle édition critique de la Bible en latin, connue sous le nom « Biblia Vulgata Lovaniensis » (1547), et l’édition critique des œuvres de saint Augustin.
En 1640, le livre Augustinus, écrit par Cornelius Jansen, un professeur de Louvain, provoque une grande controverse qui marque la vie ecclésiastique et culturelle du 17e siècle. Dans son livre, Jansénius tente de présenter une interprétation historiquement valide de l’enseignement d’Augustin sur la grâce. Cependant, peu après sa publication, le livre est accusé de représenter une doctrine hérétique. La controverse s’intensifie l’année suivante, après la publication du livre en France. Dans un même temps, « Augustinus » inspire un mouvement spirituel moralement rigoureux qui se développe autour du monastère de Port-Royal, près de Paris.[12] Parmi les adeptes se trouvent des personnalités telles que Blaise Pascal et Pierre Nicole. D’autre part, le jansénisme est contré par une forte opposition de la Compagnie de Jésus et de l’Etat, en particulier par Louis XIV, pour qui la fraction janséniste est une menace au pouvoir absolutiste qui nécessite une intervention pontificale. En 1653, le pape Innocent X condamne certaines propositions attribuées à Jansen, et les membres de la Faculté de Théologie à Louvain acceptent le jugement pontifical. La controverse janséniste se poursuit en France tout au long du demi-siècle suivant.
Après les Traités d'Utrecht, une région des Pays-Bas méridionaux est incorporée à l’Empire d'Autriche. La Faculté de théologie, avec le reste de l’Université, est soumise à la réforme générale en ligne avec les Lumières, menée par le commissaire royal Patrice-François de Neny (1716-1784). Lui et ses successeurs introduisent de nouvelles disciplines théologiques telles que histoire de l’Église et de la théologie pastorale tout en insistant sur une formation doctorale rigoureuse. Cette période est également marquée par la résistance de la faculté à la participation directe de l’État dans les questions religieuses.[13] En 1797, l’Université de Louvain est abolie par les forces d’occupation françaises et reste fermée jusqu'en 1835, peu après la naissance du royaume belge. La théologie du 19e siècle reste très traditionnelle. Son renouvellement ne commence qu’à partir des dernières décennies du siècle grâce à une ouverture à la philosophie et à l’histoire. Les deux personnes qui ont ici joué le rôle le plus important sont Désiré Mercier (1851-1926) qui a tenu une chaire de philosophie thomiste et établi le célèbre Institut supérieur de philosophie, et Albin van Hoonacker dont le nouvelle chaire intitulée «Introduction à l’histoire critique de l’Ancien Testament » représente un progrès décisif en théologie biblique.[14]
Le début du 20e siècle est marqué par la condamnation du modernisme. En 1907, le pape Pie X promulgue l’Encyclique Pascendi Dominici gregis, dans laquelle le modernisme est condamné et étiqueté comme étant la « synthèse de toutes les hérésies ». Cette condamnation est dirigée contre les théologiens qui tentent d’intégrer les méthodes et les résultats de la recherche philosophique et historique moderne à un enseignement catholique. L’ambiance change de façon significative avec le Concile Vatican II qui inaugure l'esprit d'ouverture de l'Eglise au monde moderne. Les théologiens louvanistes ont joué un rôle important dans toutes les phases du Concile. Leur influence serait si grande que certains commentateurs parlent du « premier concile de Louvain, tenu à Rome ! » [15] En 1968, suite à la division de l’université, l’ancienne Faculté de théologie est scindée en deux facultés. L’une reste à Louvain, et l'autre déménage à l'université francophone de Louvain-la-Neuve. En dépit des tensions suscitées par la division, une collaboration active continue entre les facultés à travers différents projets communs. Il y a encore deux revues théologiques internationales qui sont éditées par leurs efforts conjoints : Ephemerides theologicae Lovanienses et Revue d’histoire ecclésiastique.
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