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L'urbanisme de Marseille est le fruit de l'histoire de la ville, de son expansion à partir du XVIIe siècle, des destructions de quartiers au XXe siècle et des opérations de rénovation urbaine telle qu'Euroméditerranée.
Marseille a initialement été fondée en -600 sur la rive nord de l'actuel Vieux-Port, à l'emplacement de l'actuel quartier du Panier. L'agora grecque se serait d'ailleurs située sur l'actuelle place de Lenche[1]. Des vestiges de la cité antique ont également été retrouvés derrière le Centre bourse et peuvent aujourd'hui être visités dans le Jardin des Vestiges.
La ville se développe de sa fondation jusqu'au XVIIe siècle dans une zone alors entourée de remparts et aujourd'hui globalement délimitée par un triangle formée aujourd'hui par le Centre-Bourse, le MUCEM et la Porte-d'Aix. Les quartiers longeant La Canebière comme Noailles, Opéra ou Belsunce, pourtant situés dans l'actuel hypercentre, ne sont alors pas urbanisés. La Canebière, artère centrale de la ville aujourd'hui, tient d'ailleurs son nom des champs de chanvre (en provençal canebe, lui-même du latin cannabis) qui s'y situaient et n'est percée qu'à la fin du XVIIe siècle (1666) quand on décide l'extension de la ville, tout comme les cours Belsunce et Saint-Louis (1670).
La rue de Rome, prolongée d'abord jusqu'à l'actuelle place de Rome où l'on repousse les remparts, est finalement agrandie jusqu'à l'actuelle place Castellane en 1774. L'axe formé par la rue de Rome, le cours Saint-Louis et le cours Belsunce forme alors un axe majeur de la ville.
Au cours du XIXe siècle, Marseille devient le premier port français vers les colonies. Pour faire face à l'explosion des échanges commerciaux, on agrandit les infrastructures portuaires jusque-là confinées au Vieux-Port vers La Joliette et Arenc, quartiers où sont construits des bassins portuaires et des infrastructures industrielles. La rue de la République, nommée à l'époque rue Impériale, est percée en 1864 pour y loger les riches négociants et relier l'ancien et le nouveau port. Ceux-ci ne s'y installeront pas, poursuivant leur déplacement vers le sud de la ville commencé dès le XVIIIe siècle aux dépens du centre-ville, trop proche des activités portuaires[2]. Les quartiers de Noailles et de Belsunce, autrefois bourgeois, se paupérisent alors du fait de l'installation de populations immigrées venues former la main d'œuvre portuaire, au même titre que Le Panier ou La Joliette. Ce processus explique encore aujourd'hui la structure urbaine et sociale du centre-ville de Marseille.
Au sud, où s'est installée la bourgeoisie industrielle et négociante marseillaise est percée l'Avenue du Prado à partir des années 1830. L'urbanisation est cependant totalement différente des deux côtés de l'avenue. À l'ouest du Prado se développe une zone résidentielle fortunée dans l'actuel quartier de Périer et autour de la Rue Paradis, qui est prolongée jusqu'au deuxième Prado en 1880 et où sont bâtis des immeubles haussmaniens. À l'Est du Prado, dans le quartier du Rouet, se concentrent au contraire des usines et logements ouvriers.
Les quartiers nord sont à l'époque encore principalement vierges et on y construit des bastides bourgeoises dont il reste encore des exemples aujourd'hui. De la même manière, la côte sud, d'Endoume aux Goudes, n'est pratiquement pas urbanisée et ne compte que quelques criques de pêcheurs. La Corniche est alors construite au cours du XIXe siècle et des villas comme la Villa Valmer (1865) ou la Villa de Gaby Deslys sont bâties au-dessus.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville est occupée à partir de 1942 et les Allemands détruisent une partie du Panier lors de la Rafle de Marseille en 1943. Le quartier fut reconstruit après la libération par l'architecte Fernand Pouillon, que l'on appelle aujourd'hui immeubles Pouillon sur le Vieux-Port.
De la fin de la Seconde guerre mondiale aux années 1990, on assiste aux phénomènes urbains suivants :
À la fin des années 1990, la fin est confrontée aux problèmes urbanistiques suivants
Les abus de la politique du tout-voiture ont donné une place trop grande à l'automobile et les aménagements routiers défigurent l'espace urbain, surtout en centre-ville, sur les boulevards de contournement (rocade du Jarret, Cours Lieutaud, Plombières) et au niveau des autoroutes pénétrantes. L'importance de la voiture reste encore très marquée en ville, comme en témoignent le cours Lieutaud ou le Jarret[3] qui sont des axes de circulation très embouteillés et pollués. Récemment, la politique urbaine de la ville tend à réduire ce poids de l'automobile avec la récente construction du tramway sur la Canebière ou la semi-piétonnisation du Vieux-Port.
Beaucoup d'immeubles n'ont pas été entretenus (façades noircies par la pollution, immeubles à réhabiliter, etc.) et la voirie n'est pas adaptée aux modes alternatifs de transport. Il manque enfin un sens global dans la politique urbanistique et une organisation intermodale entre les quartiers.
Depuis les années 1990, on assiste dans la ville à d'importants travaux d'aménagements, surtout dans le secteur d'Euroméditerranée (Arenc, La Joliette, la Porte d'Aix, Saint-Charles, Les Crottes), dans le centre-ville et dans les quartiers du Rouet, de Menpenti, de la Capelette qui connaissent tous une métamorphose importante.
Une partie de la ville fait l'objet de l'opération Euroméditerranée, l'une des plus grandes opérations de rénovation urbaine d'Europe. Depuis le début des années 2000, de nombreux travaux d'aménagement ont été entamés et certains quartiers ont été transformés : Arenc, La Joliette, la Porte d'Aix ou encore Saint-Charles. Parmi les projets les plus emblématiques d'Euroméditerrannée figurent les Docks, Les Quais d'Arenc, la Tour CMA-CGM, les Terrasses du Port, l'aménagement de la Porte d'Aix et du quartier Saint-Charles, le MuCEM et la Rue de la République.
À la suite du succès du projet, l'opération a été agrandie en 2007 avec Euroméditerranée 2 vers les quartiers du Canet, de La Cabucelle et des Crottes. Elle prévoit la construction du parc des Aygalades, de deux éco-quartiers méditerranéens nommés « Les Fabriques » et « Smartseille », ainsi que le recouvrement de la passerelle de l'A55 pour créer une esplanade au-dessus de la mer.
La tendance est actuellement à la réduction de la place de la voiture, surtout en centre-ville. Certaines initiatives dans ce sens avaient déjà été prises de façon singulières à la fin des années 1980 et dans les années 1990, avec la piétonnisation de la Rue Saint-Ferréol et du Cours Honoré-d'Estienne-d'Orves. Récemment, la semi-piétonnisation du Vieux-Port réalisée en 2013, de la Rue de Rome en 2015 ainsi que de plusieurs rues du centre-ville vont dans ce sens.
Les autoroutes pénétrant en centre-ville sont progressivement supprimées : transformée en tunnel à la Joliette ou reculée à la Porte d'Aix. La volonté des élus est de dévier les flux automobiles traversant le centre-ville, notamment à travers la construction de la rocade L2 (prévue pour 2017) et du Boulevard urbain sud prévu pour 2022, qui permettront la requalification de la rocade du Jarret, du Cours Lieutaud et la piétonnisation complète d'une partie du centre-ville. En parallèle, des tunnels sont construits pour supprimer la circulation au sol : tunnel Prado-Carénage (1993), tunnel Louis-Rège (2007), tunnel de la Joliette, tunnel de la Major, tunnel Prado-Sud (2013), tunnel place du Général Ferrié (en projet).
Parallèlement à cela, la politique de transport actuelle vise à augmenter la part des transports en commun dans les déplacements de la métropole, à travers plusieurs réalisations et projets :
Dans les années 1960 et 1970, pour faire face à l'immigration massive qui avait formé des bidonvilles dans les quartiers nord, mais aussi au sud comme à La Cayolle[4], on décide de construire de nombreux grands ensembles d'habitation. Ceux-ci sont donc principalement construits au Nord de la ville, qui s'urbanise très rapidement, mais aussi dans les quartiers sud où ils abritent souvent des populations bien plus aisées dans des résidences de standing plus élevé, comme à La Rouvière (1962)[5] ou à La Cadenelle (1975).
Nombreuses de ces résidences sont des ensembles clôturés, qui représentaient 1/5 des logements marseillais et entre 170 000 et 200 000 habitants en 2010. 81 % de ces ensembles résidentiels clôturés sont munis de portails entièrement verrouillés de jour comme de nuit pour filtrer l’accès des véhicules. On observe un accroissement du phénomène ces dernières années et la plupart d'entre eux n'ont été clôturés que récemment par rapport à leur année de construction, à l'image de la résidence Allée des Pins, construite en 1966 et clôturée en 2005, ou la résidence Château sec, construite en 1965 et clôturée en 2000. Ainsi, plus de 500 résidences l'ont été entre 2000 et 2010[6]. L'accentuation de ce phénomène récent, certes aussi présent dans les autres agglomération françaises, s'exprime avec une intensité plus importante à Marseille et toute la commune est concernée, touchant autant les quartiers aisés du sud que les enclaves de populations à revenu important des quartiers nord[7].
À l'inverse, beaucoup de grands ensembles sont aujourd'hui défavorisés, touchés par la violence, le trafic de drogue et un taux de chômage important[8], surtout dans les quartiers nord, mais aussi sporadiquement à l'Est et au Sud de la ville[9].
Enfin, dans la plupart des grandes villes françaises, les grands ensembles et les constructions de grande hauteur ont été relégués aux banlieues voisines et fondus dans une architecture semblable. À Marseille, des tours d'habitation bien plus élevées que les constructions anciennes voisines ont été pu être construites, parfois au sein même du centre-ville à l'exemple des tours Labourdette sur le cours Belsunce[10], ou au-dessus des maisons traditionnelles de pêcheurs comme au-dessus du Vallon des Auffes.
À Marseille, il est très peu pertinent d'analyser l'urbanisme par arrondissement, qui d'ailleurs sont surtout utilisés par l'administration et rarement par les habitants qui préfèrent se référer aux quartiers. De plus, certains arrondissements connaissent une urbanisation totalement différente selon les quartiers, comme dans le 2e arrondissement entre La Joliette et Le Panier par exemple.
Le centre-ville s'étant toujours reconstruit sur lui-même au fil des époques, son urbanisme est à l'heure actuelle caractérisé par une cohabitation de styles architecturaux de différentes époques se côtoyant. Contrairement à Paris, la ville n'a pas connu de redécoupage haussmanien de son centre (si l'on excepte la percée de la Rue Impériale, actuelle rue de la République) qui donnerait une homogénéité architecturale aux bâtiments d'une même rue. Ainsi, on peut observer sur les principales artères de la ville comme la Canebière ou le Cours Lieutaud des édifices aux styles radicalement différents : immeuble haussmanien, Art Nouveau, immeuble traditionnel marseillais, etc.
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