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Une unité disciplinaire ou unité pénitentiaire est une formation militaire dont les soldats sont des condamnés purgeant en son sein la peine prononcée par une juridiction militaire. Selon sa taille, une telle unité peut être un bataillon disciplinaire, une compagnie disciplinaire ou un régiment disciplinaire.
Les premières unités disciplinaires semblent être apparues au XIXe siècle, tant au Royaume-Uni qu'en France. Mais on note que, dès 1679, des anciens galériens, chassés de l'armée régulière, pouvaient prendre un engagement dans la compagnie d'infanterie d'Afrique stationnée sur l'île de Gorée. Au fil du temps, elle devint le « bataillon d'Afrique », dissout en 1825.
Le passage au sein d'une unité disciplinaire est, soit une peine prononcée directement comme telle par la justice disciplinaire, soit un mode alternatif commuant par exemple une peine capitale ou de longues peines d'emprisonnement.
La vie au sein de ces unités, constituées de repris de justice, est réputée pour être particulièrement dure : discipline de fer, missions suicides — lutte antipartisan, déminage sous le feu ennemi, etc. — et la promesse faite aux soldats-condamnés de recouvrer la liberté après leur service demeure bien souvent illusoire.
La France est le pays qui a le plus développé la législation sur les unités militaires de détenus et de libérés, que celles-ci soient composées de disciplinaires, c'est-à-dire de soldats chassés de leurs unités d'origine par décision du conseil de discipline et regroupés dans des unités spéciales, ou d'anciens repris de justice libérés de leurs peines de droit pénal militaire ou de droit commun et versés dans des unités de combat.
L'Ancien Régime ne réussit jamais à établir un système viable de longue durée pour les condamnés de l'armée. La peine de mort pour trahison à l'époque médiévale, les galères dès le XVIe siècle, le service de la rame devenant une souffrance avec l’installation de l’artillerie dans les navires, ne traduisent qu'un abaissement de la pénalité. En 1748, lorsque les galères deviennent complètement obsolètes à cause des progrès de la marine et se transforment en bagnes portuaires, (bagne de Brest de 1748 à 1858, bagne de Toulon de 1748 à 1873, bagne de Rochefort de 1776 à 1852) on en est toujours au même point. Les civils sont mélangés avec les militaires, et la réinsertion civile ou militaire est inexistante.
Le marquage au fer rouge (fleur de lys ou l’inscription "GAL") fut dans les galères la symbolique de l’exclusion définitive. L'ex-soldat recevait un « cartouche rouge d'infamie » l'excluant à vie de l'armée. Il ne pouvait signer d'engagement qu'au sein du bataillon d'Afrique, unité postée au Sénégal depuis 1679, et dont la force varia d'une compagnie à deux ou trois, soldées par les compagnies de traite négrière. Les bataillons d'infanterie légère d'Afrique récupérèrent son nom en 1832.
C'est Louis XVI, le premier, qui ordonne en la création des « galères de terre » afin de séparer les militaires des civils. Les places de Lille, de Metz, de Besançon et de Lyon se partagent les soldats condamnés pour délit militaire, le plus souvent la désertion.
Avec la Révolution, les armées atteignent des chiffres exceptionnels et se heurtent dès la politique de la réquisition (1793) au nombre croissant de jeunes gens réfractaires ou déserteurs. De nouveaux bagnes pour militaires et marins ouvrent (bagne de Nice de 1792 à 1811, bagne de Lorient de 1796 à 1830, bagne du Havre de 1798 à 1803, bagne de Cherbourg de 1803 à 1815).
On s'essaye en à constituer une « légion noire » composée de bagnards libérés, des Chouans du bagne de Brest et des Vendéens du bagne de Rochefort, mais l'essai tourne court. La même année, de jeunes délinquants sont versés dans la marine. Comme la royauté qui récupérait naguère des libérés pour servir dans les dragons, les régimes politiques issus de la Révolution n'entendent pas écarter des servitudes militaires les repris de justice aptes au port des armes.
Le consulat crée en le dépôt colonial[1] du Havre pour les déserteurs et les réfractaires, puis l’année suivante de nouveaux dépôts à Dunkerque, Nantes, Rochefort, Bordeaux, Marseille, et enfin à Villefranche-sur-Mer et à Ajaccio. Le décret du crée 4 bataillons coloniaux[1] (Bergues, Îles Saint-Marcouf , Île d'Yeu, Belle-Île) forts de 600 hommes, soumis à une discipline implacable où déserteurs, réfractaires et condamnés de droit commun ont vocation à être redressés pour faire le service aux colonies. Les troupes partent pour Saint-Domingue, la Guadeloupe et la Martinique.
Les campagnes meurtrières de 1805 à 1809 drainent vers les citadelles des divisions militaires territoriales un nombre toujours constant d’hommes rebelles à l’ordre impérial. On crée donc 5 régiments de repris et de détenus : Walcheren, Belle-Île, Île de Ré, ainsi que les 1er et 2e régiments de la Méditerranée[2]. Au moment de la campagne de Russie (1812), ces régiments sont transformés en 131e, 132e et 133e RI et en 35e et 36e légers. Intégrées à la division Durutte du IXe corps Augereau, ces troupes se battent bravement et se couvrent de gloire à Wolkowysk (1812) en Saxe (1813) et à Rosnay (1814). Régiments et bataillons sont tous dissous en 1814 lors de la première Restauration. Il n'y aura plus jamais d'unités disciplinaires à gros effectifs.
L'ordonnance du créé dix compagnies de discipline (cinq de fusiliers et cinq de pionniers) qui sont installées à Arras, Besançon, Cherbourg et Strasbourg.
Après le début des opérations en Algérie, en , les compagnies de discipline sont envoyées, ou créées en Algérie[3]. Le , la 5e compagnie de fusiliers de discipline et la 5e compagnie de pionniers de discipline sont formées en Afrique[4].
Par ordonnance du les 6e et 7e compagnies de fusiliers de discipline sont formées à Alger et Bône[5].
Les bataillons d'infanterie légère d'Afrique, les « Bat d'Af' », formés à partir de , sont constitués de détenus libérés ayant à achever leur service après un temps de détention plus ou moins long. Il ne s'agit pas à proprement parler d'unités disciplinaires ; ce rôle était réservé aux compagnies de fusiliers et de pionniers de discipline, appelées « Biribi ».
Au , on dénombre une douzaine de compagnies de discipline, différenciées en fusiliers et pionniers. Ces compagnies, commandées par des capitaines, tiennent garnison à Mostaganem, Dellys, El Assel, Philippeville, Tenes, Bougie, Oran et Cherchell. Elles seront dissoutes en 1910 et remplacées par les sections spéciales.
On créera en 1870 un bataillon de marche des compagnies de discipline (4 compagnies de fusiliers et une de pionniers) mais il sera dissous le , après quelques combats autour du Mans au sein de la 2e armée de la Loire du général Chanzy[6].
La Légion étrangère, au fil des années, a constitué ses propres unités disciplinaires, que ce soit à Colomb-Bechar ou en Extrême-Orient. La dernière unité de discipline de l'armée française fut la Section d'épreuve de la Légion étrangère, stationnée à Corte (Corse), dissoute en [7].
Au début du vingtième siècle, l’Alliance antimilitariste, la Jeunesse socialiste, les syndicalistes révolutionnaires, les socialistes pacifistes et les anarchistes mènent une campagne pour la dissolution des compagnies disciplinaires[8].
Nota : L'autobiographie de l'auteur soviétique Vladimir Karpov évoque son passage au sein d'une unité disciplinaire de l'Armée rouge, dont il est libéré pour acte de bravoure ; il terminera la guerre comme colonel d'une unité de la Garde et sera fait Héros de l'Union soviétique.
L'imagerie véhiculée par l'existence d'unités disciplinaires au cours de l'histoire a fait florès dans les œuvres de fiction :
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