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pièce de théâtre de Henrik Ibsen De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une maison de poupée (Et Dukkehjem) est une pièce de théâtre du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, créée en 1879. Elle est inscrite au registre international Mémoire du monde de l'UNESCO[1].
Une maison de poupée | |
Page de la couverture du manuscrit original (1879). | |
Auteur | Henrik Ibsen |
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Pays | Norvège |
Genre | Pièce de théâtre |
Version originale | |
Langue | Norvégien |
Titre | Et Dukkehjem |
Date de parution | 1879 |
Lieu de création | Théâtre royal (Copenhague) |
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En 1869, John Stuart Mill fait paraître De l'assujettissement des femmes, que Suzannah Ibsen lit et dont elle parle avec insistance à son mari, selon leur fils Sigurd qui a rapporté l'anecdote[2]. Le philosophe britannique défend la cause de l'émancipation des femmes et demande qu'elles bénéficient elles aussi du suffrage : « Le principe qui régit les relations sociales entre les deux sexes - la subordination légale d'un sexe à l'autre - est mauvais en soi et constitue l'un des obstacles principaux à l'amélioration du genre humain. »
Le personnage de Nora a un modèle bien réel : l'écrivaine dano-norvégienne Laura Petersen. Amie des Ibsen, elle se marie en 1873 avec Kieler, un professeur danois. Trois ans après leur mariage, Kieler est victime d'une maladie pulmonaire, qui nécessite beaucoup d'argent. Sa femme envisage d'en emprunter, rédige une fausse lettre de change, mais finalement s'abstient d'en user. Son mari, apprenant les faits, entre dans une grande colère et l'hospitalise pour instabilité psychique. Malgré les demandes insistantes de Laura Kieler, Ibsen ne niera jamais avoir été inspiré par son histoire[3].
Ces différentes influences le conduisent à poser le constat suivant : « une femme ne peut pas être elle-même dans la société contemporaine, c'est une société d'hommes avec des lois écrites par les hommes, dont les conseillers et les juges évaluent le comportement féminin à partir d'un point de vue masculin[4] ».
Nora, personnage principal de la pièce, est mariée depuis huit ans à Torvald Helmer, un directeur de banque avec lequel elle a eu trois enfants. Le rôle de Nora dans son mariage consiste en celui d'une simplette : son mari ne cesse de l'appeler son « alouette » ou son « petit écureuil » sans la prendre au sérieux et en la traitant de façon superficielle. Helmer se contente ainsi de lui donner des directives et cela sans méchanceté aucune de sa part car il considère simplement que c'est le rapport normal entre hommes et femmes, comme le veut l'opinion de son époque.
À la suite d'une maladie de son mari, le médecin annonce à Nora que le seul moyen de sauver ce dernier est de l'emmener faire un voyage en Italie où le repos lui apportera la guérison. Le voyage coûtant cher et Nora n'ayant pas les moyens, elle ne trouve d'autre recours que de faire un faux en écriture, sans toutefois connaître la gravité de son acte (nb : ces événements ont lieu avant le début de la pièce). La pièce débute quand Krogstad (la personne ayant prêté l'argent à Nora) menace de tout révéler au mari de Nora. Nora va se battre pour empêcher Helmer de savoir ce qu'elle a fait à son insu.
Helmer finira par être mis au courant du faux en écriture commis par sa femme : Krogstad envoie une lettre expliquant le tout à Helmer. Ce dernier réagit avec horreur, dégoût et colère. Il ne pense qu'à sa réputation et qualifie l'amour qui a poussé Nora à agir ainsi de « prétexte stupide ».
Peu après, une seconde lettre parvient à Helmer, contenant la reconnaissance de dette : Krogstad renonce à rendre l'affaire publique. À la suite de quoi Helmer pardonne à sa femme. Contrairement à un drame conventionnel victorien, la pièce ne s'arrête pas là.
Nora réalise qu'elle vient d'avoir la première conversation sérieuse avec son mari depuis qu'ils se connaissent. Elle ajoute que son père la traitait lui aussi comme une poupée. Nora quitte son mari pour mieux comprendre le monde qui l'entoure, trouver ses réponses aux grandes questions de la vie. Dans l'optique d'un possible retour une fois cela accompli, elle impose une condition à son mari : « que leur vie en commun puisse devenir un vrai mariage ».
Une maison de poupée est une critique acerbe des rôles traditionnels des femmes et des hommes dans le mariage.
Pour une grande partie des Européens du XIXe siècle, la pièce est jugée scandaleuse. Si les liens du mariage sont considérés comme sacrés, c'est davantage la question de l'abandon des enfants qui rend inacceptable le départ de Nora du domicile conjugal. Une partie des pays européens de tradition protestante censurent la pièce, soit en l'interdisant totalement, soit en faisant pression sur Ibsen pour qu'il modifie la fin.
À peu près toutes les représentations de la pièce, de nos jours, choisissent la fin originale, de même que presque toutes les versions filmées (à l'exception de la version argentine de 1943 avec Delia Garcés, qui situe l'histoire dans les années 1940).
La pièce d'Ibsen connaît un regain de popularité dans les années 1970 où le personnage de Nora est revendiqué par le mouvement féministe. En réaction, l'auteure autrichienne Elfriede Jelinek écrit une pièce, Ce qui arriva après que Nora eut quitté son mari ou les soutiens des sociétés (1977), proposant une relecture critique de la pièce d'Ibsen et de ses personnages[5].
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