La famille Théotokis (en grec: Θεοτόκης; en italien: Teotochi ou Teotocchi), originaire de Corfou, a donné à la Grèce et aux îles Ioniennes plusieurs personnalités politiques et littéraires de premier ordre.
Originaire de l'Empire byzantin selon la tradition, elle s'installe à Corfou après la chute de Constantinople via Athènes et Nauplie, étant entrée au service de la république de Venise. Elle est inscrite dès 1525 sur le Libro d'Oro qui recense la noblesse de Corfou. Elle se divise en plusieurs branches, qui sont dénommées d'après leur lieu de résidence par Eugène Rizo Rangabé(el) afin de les différencier:
La branche comtale aînée Calocardaréi (Καλοκαρδαρέοι) ou Spilia (της Σπηλιάς, «de la grotte », nom d'un quartier de Corfou)
La branche baroniale Stathachi (Σταθάκια) ou del Santo (του Αγίου, en référence à la proximité de l'église du saint-patron de Corfou saint Spyridon)
La branche Sclebuni (Σκλεμπούνη)
La branche Zammarco (Ζαμμάρκο ou του Σαν Μάρκο, en référence à saint Marc)
La branche Daviazzo (Νταβιάτζο) ou «des politiques» qui s'illustra en occupant des fonctions publiques et donna plusieurs Premiers ministres à la Grèce.
Alexandre Théotokis (Αλέξανδρος Θεοτόκης, 1516-1600), militaire ayant combattu au siège de Corfou, racheté de captivité à Constantinople en 1573, plus tard provéditeur de la république de Venise
Nicolas Théotokis, fils de Georges (Νικόλαος Γ. Θεοτόκης, mort en 1603), neveu du précédent, gouverneur civil et militaire de Parga en 1591
Nicolas Théotokis, fils de Marc (Νικόλαος Μ. Θεοτόκης, 1631-1686), petit-fils du précédent, tige de la branche comtale. Ses descendants se sont vus attribuer le titre de comte en 1699 à la suite de ses services contre les Turcs pendant la guerre de Crète.
Comte Georges Théotokis (Γεώργιος Θεοτόκης, 1677-1734), militaire et homme politique, fils du précédent, qui s'est signalé au siège de Corfou (1716) avec ses frères Marc et Jean-Baptiste
Comte Nicolas-Alvise Théotokis (Νικόλαος Αλοΐσιος Θεοτόκης, 1702-1762), fils du précédent, ambassadeur à Venise à partir de 1746
Comte Spyridon Georges Théotokis(el) (Σπυρίδων Γεώργιος Θεοτόκης, Corfou 1722-1803), fils du précédent, président du Sénat ionien et chef du gouvernement de la république des Sept-Îles
Comtesse Isabella Teotochi Albrizzi, fille d'Antoine et nièce du précédent (Ισαβέλλα Θεοτόκη-Αλμπρίτζι, Corfou 1760 - Venise 1836), auteure, amatrice d'art, qui tenait un célèbre salon littéraire à Venise
Comte Alvise Théotokis (Αλοΐσιος Θεοτόκης, 1766-1828), frère de la précédente
Comte Marc-Alvise Théotokis, fils de Spyridon (Μάρκος-Αλοΐσιος Θεοτόκης, 1824-1912), petit-fils du précédent, historien et directeur des Archives du Sénat de Corfou
Comte Constantin Théotokis(el) (Κωνσταντίνος Θεοτόκης, 1872-1923), fils du précédent, écrivain important de l'école ionienne(en)
Comte Dimitrios Théotokis (Δημήτριος Θεοτόκης, 1874-1923), frère du précédent, militaire, général commandant la Division indépendante(el) chargée de la conquête de la Thrace orientale et de Constantinople lors de la Guerre gréco-turque
Comte Spyridon Marc Théotokis (Σπυρίδων Θεοτόκης, 1876-1940), frère des précédents, érudit, historien, directeur des Archives du Sénat de Corfou et des Archives de Venise
Cette famille reçoit le titre de baron en primogéniture par décret de l'Empereur Napoléon Ier du [1].
Baron Emmanuel Théotokis(el), fils d'Eustache (Εμμανουήλ Θεοτόκης, Corfou -1837), neveu du précédent, président du Sénat de la république des Sept-Îles, créé baron par Napoléon Ier en 1812
Baron Andréas Théotokis (Ανδρέας Θεοτόκης, 1802-1889), fils du précédent, politicien et érudit, député à l'Assemblée de la république des Îles Ioniennes
Jean-Baptiste Théotokis(el) (Ιωάννης Βαπτιστής Θεοτόκης, 1777-1865), membre de la Filikí Etería, ministre et sénateur du royaume de Grèce
Spyridon Théotokis (Σπυρίδων Θεοτόκης, 1811-1870), fils du précédent, qui épousa vers 1841 l'écrivaine et aventurière anglaise Jane Digby
Michel Théotokis(el), fils de Nicolas-André (Μιχαήλ Θεοτόκης, 1842-1916), neveu du précédent, maire de Corfou (1887-1895), député (1902-1915) et président du Parlement hellénique (1916)
Les armoiries de la branche comtale aînée ou Calocardaréi sont «d’azur, au lion d’or rampant, tenant dans sa patte dextre une épée en barre du même qui traverse sa tête, surmonté d’une couronne de Comte». La branche comtale Androutselli, ou sixième branche, porte les mêmes armoiries avec l’addition que le lion est représenté «empiétant par son pied dextre une tête de Maure au naturel tortillée d’argent». La branche baroniale, ou deuxième branche, porte le même écusson que la branche comtale Calocardaréi avec l’addition d’un «Franc-quartier d’argent à la branche de chêne de sinople chargé d’une fasce crénelée de gueules, maçonnée de sable»[1], surmonté d’une couronne de baron. Les autres branches portent l’écusson de la première branche surmonté d’une couronne de noble[2].
Eugène Rizo Rangabé(el), Livre d'or de la noblesse Ionienne, vol.1: Corfou, Athènes, Eleftheroudakis, (lire en ligne), p.223-252
(el) Spyridon Marc Théotokis, Album commémoratif de l'exposition rétrospective panionienne: Deux mots au lecteur étranger, Corfou, αδελφ. Γ. Ασπιώτη, (présentation en ligne, lire en ligne)