La théorie de la gestion de la peur est une théorie nord-américaine — terror management theory — s’inscrivant dans le champ de la psychologie sociale et développée par Jeff Greenberg, Sheldon Solomon et Tom Pyszcynski[1]. La théorie de la gestion de la peur a fait l’objet de nombreuses études[2]. Elle trouve son origine dans les œuvres d’Ernest Becker sur le déni de la mort[3],[2].
Cette théorie part de deux réalités auxquelles sont confrontés les êtres humains. D'une part, l'instinct animal présent en chaque être humain implique un besoin de se protéger et de chercher à survivre. D’autre part, grâce à ses capacités cognitives, on suppose que l'humain est conscient du caractère inéluctable à terme de sa propre mort contrairement aux autres animaux[réf. nécessaire]. Ces deux constats constituent une source de tension chez l’humain. Pour faire face à cette tension, il dispose de deux ressources :
- l'adhésion à des croyances culturellement partagées. Celle-ci nous donne le sentiment que le monde dans lequel nous vivons a un sens. Il en est ainsi, par exemple de la croyance selon laquelle les gens vertueux vont au paradis et les pécheurs en enfer.
- la conviction qu'en tant qu'individu, on contribue de façon significative à ce monde investi de sens. C'est cette conviction qui détermine l'estime de soi, selon la théorie de la gestion de la peur.
À l’origine, la théorie a été développée pour expliquer deux phénomènes :
- la tendance largement partagée à avoir des attitudes négatives vis-à-vis des membres d’autres groupes sociaux. Ces attitudes sont qualifiées de préjugés. En dévalorisant ceux qui adhèrent à d’autres croyances que les nôtres, les préjugés permettent de renforcer ces dernières.
- la tendance bien établie à rechercher et maintenir une estime de soi positive[4]. Cette tendance est vue comme une réponse indirecte à la peur de la mort. C’est en agissant conformément à ses croyances culturelles que l’individu peut développer et maintenir une estime de soi favorable. Or selon cette théorie, ces croyances culturelles seraient elles-mêmes une façon de transcender notre mortalité. À l’appui de cette hypothèse, lorsqu’on est confronté à la mort, on cherchera davantage des partenaires sexuels physiquement attirants et ce de façon à renforcer notre estime de nous-mêmes[5].
Ultérieurement, elle s’est intéressée à d’autres domaines du comportement humain comme le comportement prosocial[6], les relations interpersonnelles [7] et les croyances religieuses[8].
Greenberg, J., Pyszcynski, T., & Solomon, S. (1986) The causes and consequences of a need for self-esteem: A terror management theory. In R.F. Baumeister (ed.), Public Self and Private Self, p. 189-212. New-York: Springer-Verlag.
Greenberg, J., & Arndt, J. (2012). Terror management theory. In P. Van Lange, A. Kruglanski, & E. Higgins (Eds.), Handbook of theories of social psychology: volume 1. (p. 398-416). London: SAGE Publications Ltd.
Becker, E. (1973). The Denial of Death. New-York: Academic Press.
Sedikides, C., Gaertner, L., & Toguchi, Y. (2003). Pancultural self-enhancement. Journal of personality and social psychology, 84(1), 60.
Kosloff, S., Greenberg, J., Sullivan, D., & Weise, D. (2010). Of trophies and pillars: Exploring the terror management functions of short-term and long-term relationship partners. Personality and Social Psychology Bulletin, 36(8), 1037-1051.
Jonas, E., Schimel, J., Greenberg, J., & Pyszczynski, T. (2002). The Scrooge effect: Evidence that mortality salience increases prosocial attitudes and behavior. Personality and Social Psychology Bulletin, 28(10), 1342-1353.
Mikulincer, M., Florian, V., & Hirschberger, G. (2003). The existential function of close relationships: Introducing death into the science of love. Personality and Social Psychology Review, 7(1), 20-40.
Friedman, M., & Steven Rholes, W. (2007). Successfully challenging fundamentalist beliefs results in increased death awareness. Journal of Experimental Social Psychology, 43(5), 794-801.