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Char soviétique de la Seconde Guerre mondiale De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le T-34 est un char de combat moyen soviétique entré en service en 1940 au sein de l'Armée rouge.
T-34 | ||||||||
T-34-85 au musée des blindés de Saumur. | ||||||||
Caractéristiques de service | ||||||||
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Service | Depuis 1940 | |||||||
Production | ||||||||
Concepteur | Mikhaïl Kochkine | |||||||
Année de conception | 1940 | |||||||
Unités produites | 84 170 | |||||||
Caractéristiques générales | ||||||||
Équipage | • T-34 : 4 membres d'équipage (chargeur,tireur+commandant, conducteur, opérateur radio) • T-34-85 : 5 membres d'équipage (+ chargeur). |
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Longueur | 5,92 m | |||||||
Largeur | 3 m | |||||||
Hauteur | 2,45 m | |||||||
Masse au combat | 28 à 32 tonnes | |||||||
Blindage (épaisseur/inclinaison) | ||||||||
Type | • 45 mm masque du canon • 90 mm mantelet |
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Frontal (caisse) | 45 à 75 mm | |||||||
Latéral (caisse) | 40 à 45 mm | |||||||
Frontal (tourelle) | 45 à 90 mm | |||||||
Latéral (tourelle) | 45 à 75 mm | |||||||
Arrière (tourelle) | 45 à 52 mm | |||||||
Armement | ||||||||
Armement principal | • T-34 : canon F-34 de 76,2 mm (100 obus) ou D-5T (zh) de 85 mm • T-34 85 : canon ZiS-53 de 85 mm (60 obus) |
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Armement secondaire | Deux mitrailleuses DT de 7,62 mm (3 150 coups) | |||||||
Mobilité | ||||||||
Moteur | V12 diesel V-2-34 | |||||||
Puissance | 500 ch (367,7 kW) | |||||||
Suspension | Christie | |||||||
Vitesse sur route | • 55 km/h sur route • 40 km/h en tout-terrain |
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Puissance massique | 17,5 ch/t | |||||||
Autonomie | • 350 km sur route • 250 km en tout-terrain |
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Chronologie des modèles | ||||||||
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Descendant des chars rapides « BT », il constitua un remarquable équilibre entre les trois composantes fondamentales qui caractérisent la qualité d'un blindé : la puissance de feu, la protection et la mobilité. Il joua un rôle essentiel sur le Front de l'Est au cours de la Seconde Guerre mondiale, ce qui fait du char T-34 l'un des symboles de la victoire contre le nazisme[1],[2]. Char légendaire[3],[4], le T-34 est considéré pour beaucoup comme le meilleur blindé des forces alliées et l'un des meilleurs chars de la Seconde Guerre mondiale[1]. Certains généraux allemands, dont Ewald von Kleist et Heinz Guderian (spécialiste de la Blitzkrieg), reconnaissaient la supériorité du T-34 face aux panzers. Le premier disait que le T-34 était « le meilleur char du monde[5],[2] »[4].
Présent en faible nombre sur le front de l'Est lors de l'opération Barbarossa[6] en 1941, le blindé souffrit du manque d'entraînement des équipages et de l'inexpérience de l'encadrement de l'Armée rouge, affaibli par les Grandes Purges staliniennes. Le T-34-76 (doté d'un canon de 76,2 mm) et le colossal KV-1[1] contribuèrent à ralentir l'avancée nazie pour permettre l'organisation de la défense et le déplacement des usines et de leurs ouvriers par millions vers l'Oural et la Sibérie. Une fois le front stabilisé à l'hiver 1941, le T-34-76 participa aux contre-offensives géantes lancées notamment par le général Gueorgui Joukov[7],[8],[9], lors de la bataille de Moscou et de la bataille de Stalingrad en 1942[10],[11].
Le T-34-76 joua un rôle déterminant lors de la bataille de Koursk à l'été 1943. Mais il était alors dépassé par les plus récents panzers et ses pertes furent sévères[12]. L'expérience de la bataille de Koursk conduisit à l'évolution la plus importante et la plus réussie du T-34, lancée à l'automne 1943 : le T-34-85. Doté d'un canon de 85 mm, le T-34-85 constitua le fer de lance de l'Armée rouge de l'opération Bagration, à l'été 1944, jusqu'à la bataille de Berlin puis, après la chute du IIIe Reich, face à l'Armée impériale japonaise, lors de l'offensive de Mandchourie, en . L'économie planifiée socialiste permit à l'URSS de produire près de 60 000 chars T-34 de 1941 à 1945 — un exploit — malgré l'invasion nazie[13],[14],[15],[16]. Au total, 84 070 T-34 sortirent des usines du Bloc de l'Est de 1940 à 1958, ce qui en fait le second char le plus produit de tous les temps, derrière ses successeurs : les T-54 et T-55[17].
Sa capacité d'évolution, alliée à sa facilité de construction et d'entretien, lui permirent d’être disponible en très grand nombre et lui assurèrent son exceptionnelle longévité. Vingt-sept pays l'utilisaient encore en 1996.
Le musée des Blindés de Saumur (France) expose trois chars T-34 : un T-34-76 modèle 1941[18] et deux T-34-85 modèle 1944[19],[20].
L'usine no 183 de Kharkov reçut l'ordre, le , de construire un successeur au BT-7. Il en résulta le prototype « A-20 » qui, tout comme les « BT », avait la possibilité de rouler sur chenilles ou sur ses roues, une fois les chenilles ôtées. Les retours d'expérience des tankistes républicains utilisant des « BT » lors de la guerre d'Espagne décidèrent les autorités soviétiques à produire un prototype roulant uniquement sur ses chenilles, l'« A-32 ». Une version surblindée prit le nom d'« A-34 ». Le , le ministre de la Défense soviétique donna son accord pour la production de 150 exemplaires de l'A-34, sous le nom de « T-34 ». Mikhaïl Kochkine est considéré comme étant l'ingénieur concepteur du T-34, après avoir déjà fortement contribué au développement des BT.
L'arrangement général du véhicule est classique, avec le moteur à l'arrière. Tous les côtés de la caisse sont très inclinés par rapport à la verticale. Cette caisse était fabriquée avec des plaques d'acier homogènes soudées entre elles. Le profil bas du T-34 en faisait une cible difficile à neutraliser, au contraire du M4 Sherman qui, souffrant d'un profil haut et d'un blindage latéral vertical, était une cible relativement plus facile à détruire.
Le char d'assaut soviétique est de fabrication rustique et solide. Son confort est sommaire, voire spartiate. Sur certains modèles, les tankistes soviétiques devaient parfois changer les vitesses au maillet lorsque les mécanismes étaient récalcitrants[22]. Mais qu'il fasse plus de 40 °C ou moins de 0 °C, le T-34 démarrait au quart de tour. Ses larges chenilles s'adaptaient parfaitement aux terrains du front de l'Est. Il était à l'aise sur route, autant que dans les conditions de neige et de boue, comme la « Raspoutitsa », tant crainte par la Wehrmacht et ses panzers aux chenilles étroites qui s'embourbaient. Les premières versions connurent de graves défauts de fiabilité et la grande majorité fut abandonnée lors de l'invasion allemande en 1941. Il fut constamment amélioré, et ses défauts de jeunesse progressivement corrigés, jusqu'à obtenir un des chars les plus sobres et fiables de la guerre.
Développé à l’usine de locomotives de Kharkov, avec l’aide de l’Institut technique de cette ville, le moteur diesel V-2 devait beaucoup à des conceptions étrangères. L’importance relative de ces emprunts a longtemps fait débat[23]. D’abord considéré comme une adaptation de l'Hispano-Suiza 12Y, dans sa version construite en URSS par Klimov, le V-2 s'est ensuite vu prêter une ascendance italienne, comme dérivant du moteur diesel Fiat AN.1 (en). En fait, il était une transformation au cycle diesel du moteur d’avion Mikulin M-17 (en), un modèle BMW VI produit sous licence en application d’un contrat passé en 1926[23]. Le moteur Mikulin M39 qui équipait le fameux avion d’assaut Iliouchine Il-2 étant dérivé du même modèle allemand, ce contrat de cession de licence passé par BMW illustre les risques que comportent les accords de transfert de technologie militaire.
Le toit et le dessous du char sont constitués de plaques épaisses de 20 et 22 mm. L'engin possède une trappe pour l'évacuation d'urgence sous le mitrailleur. Le blindage de caisse des T-34-76 est épais de 45 mm de face et de 40 mm sur les côtés et l'arrière. La caisse du T-34-85 est épaisse de 45 mm de tous côtés. Les T-34 modèles 1940 et 1941 sont dotés d'une tourelle épaisse de 45 mm de tous côtés. La tourelle du T-34 modèle 1942 a une épaisseur à 53 mm de tous côtés. Le T-34-76 modèle STZ, usine de Stalingrad, adopte un blindage frontal de caisse renforcé de 60 mm. Sur le modèle 1943, le blindage passe à 70 mm pour la face de la tourelle. Le T-34-85 adopte une grande tourelle de 90 mm d'épaisseur de face, de 75 mm sur les côtés et de 52 mm à l'arrière. Sa caisse reste blindée à 45 mm de tous côtés.
Le blindage de la caisse du T-34 semble relativement faible, avec une épaisseur de seulement 45 mm. Cependant, les quatre côtés de la caisse sont inclinés, ce qui a pour effet d'augmenter la protection contre les impacts horizontaux. L'avant du T-34 est incliné à 60° par rapport à la verticale (ou 30° par rapport à l'horizontale), cet angle double l'épaisseur réelle du blindage face à un projectile de trajectoire horizontale. De 45 mm, l'épaisseur effective du blindage passe à 90 mm sous cet angle. Ainsi, le blindage effectif frontal du T-34 est très proche de celui du char lourd Tiger I, doté d'un blindage frontal non incliné d'une épaisseur de 100 mm. Le blindage latéral de 45 mm du T-34 est incliné de 40° par rapport à la verticale, ce qui lui confère un blindage latéral effectif de 60 mm. L'inclinaison du blindage fait du T-34 un char bien protégé et pourtant rapide. D'un point de vue économique, l'inclinaison du blindage permet d'alléger le char, donc d'économiser des matières premières indispensables à l'industrie de guerre telles que l'acier et le carburant.
Cependant, le T-34 n'est pas exempt de défauts. Le principal d'entre eux est sa tourelle, qui ne comporte que deux membres d'équipage (un chargeur et un chef de char/canonnier). Ce dernier ne peut à la fois observer le champ de bataille et utiliser le canon principal, contrairement à ses adversaires allemands, qui ont trois hommes en tourelle. De plus, les optiques du char sont de très mauvaise qualité, ce qui rend difficile l'observation du champ de bataille et les radios (surtout les premières générations) ont une portée faible et sont peu fiables.
La caisse est divisée en quatre compartiments distincts. De l'avant vers l'arrière, on trouve :
Le « T-34 modèle 1940 » possède un canon de 76 mm L-11 (en) aux performances antichars modestes. Un essai se fait avec une pièce antichar plus performante de 57 mm ZiS-4 permettant de perforer 94 mm de blindage à 500 mètres sous une incidence de 90°. Le « T-34-57 » ne sera toutefois produit qu'à 14 exemplaires, l'obus explosif utilisé étant peu performant contre l'infanterie. Est adopté alors le 76 mm F-34 L/42 sur le « T-34 modèle 1941 », avec obus antichar BR-350A, permettant de perforer à 500 mètres 57 mm de blindage incliné à 30°, ou encore 47 mm à 1 000 mètres 32 mm à 2 000 mètres. Faute de mieux, ce canon sera utilisé sur les T-34 modèle 1942, modèle 1943 et modèle 1943-1944. Ce dernier modèle peut toutefois utiliser une munition nouvelle, l'obus sous-calibré BR-350P capable de percer 92 mm de blindage à 30° à 500 mètres, 58 mm à 1 000 mètres. Pour conclure, la puissance des canons montés sur les T-34-76 et T-34-57 était suffisante pour percer les blindages des chars allemands de 1941, mais incapable de faire jeu égal avec les productions allemandes à partir de 1942 (notamment le modèle Panzer IV Ausf. G, dont le blindage de tourelle et châssis, bien que verticalement monté, atteignait 80 mm). Ce constat sera d'autant plus vrai avec l'apparition ultérieure du Panzerkampfwagen VI « Tiger » fin 1942. La meilleure chance de survie et de réussite pour les chars soviétiques de type T-34 est donc, début 1943, la chasse en meute (la masse de blindés devant pallier leurs déficiences conceptuelles). Les résultats des grandes offensives autour de Stalingrad (opérations Uranus, Saturne, Mars, Jupiter) montreront toutefois les limites de l'organisation tactique blindée des Soviétiques. Celle-ci maintient mal sa cohésion d'ensemble sur le long terme, la faute notamment au manque de radios et de chef de char dans la tourelle.
Tirant les leçons de la bataille de Koursk à l'été 1943 où les canons de 76,2 mm montrèrent leurs limites, les Soviétiques lancèrent la production du T-34-85 armé du canon de 85 mm ZiS-5/85 (ru), dont les performances furent encore insuffisantes pour concurrencer le Tigre et le Panther. Au cours de l'hiver 1943-1944, ce canon fut vite remplacé par le 85 mm D-5T aux performances bien plus convaincantes. Le canon de 85 mm modèle D-5T inversa la tendance avec une perforation de 110 mm à 1 000 mètres de distance. Cela lui permit de se mesurer aisément à la majorité des chars allemands (dont le Tiger I qu'il put désormais pénétrer frontalement à une distance entre 800 et 1 000 m) et lui fit prendre un avantage décisif sur la dernière version du Panzer IV, la version H. Finalement, le canon S-53 fut préféré au D-5T, car plus efficace et plus simple à produire dès jusqu'à la fin de la guerre, c'est le T-34-85 modèle 1944.
Le T-34-85 redevint dangereux pour les blindés allemands, car, en plus de l'amélioration du canon et du blindage, la nouvelle tourelle permit d’accueillir un membre d'équipage supplémentaire, optimisant la répartition des tâches, comme sur les blindés allemands. De nouvelles radios améliorèrent la coordination des chars entre eux et de nouvelles optiques de tir inspirées des modèles allemands apparurent à la fin de l'année 1943, qui augmentèrent la précision des tirs. Celle-ci resta cependant inférieure à celles des chars allemands, d'autant plus que les équipages soviétiques furent entraînés hâtivement pour faire face aux pertes importantes et n'eurent pas le niveau technique de leurs adversaires.
Le T-34-85 put engager et détruire des Panther de face à une distance de 800 mètres. Des rapports de combats datant de la fin de la guerre indiquèrent des perforations au-delà de 1 000 mètres.
Seuls 115 T-34 sont produits pendant l'année 1940. Le nouveau char pose en effet de nombreux problèmes de fabrication, tant sur le plan de la mise en place des chaînes d'assemblage que par des défauts de jeunesse du char, qui seront corrigés peu à peu :
Au cours de l'année 1941, la production réussit alors à atteindre des niveaux respectables :
Au total, en 1941, 2 800 chars sortent de chaînes de montage. Cependant, au vu des pertes et de la situation de l'Armée rouge, c'est encore insuffisant.
Le département KB-520, évacué dès le , entreprend alors en urgence de réétudier toutes les parties du char, afin de faciliter la production de masse et d'économiser les matières premières stratégiques comme le caoutchouc et les métaux non ferreux : à cette occasion, 765 composants sont économisés sur chaque exemplaire. La soudure et les pièces moulées sont utilisées au maximum. Des améliorations interviennent comme le montage de filtres à air du type cyclone qui remplacent les précédents d'une construction déplorable et prolongent grandement la durée de vie des moteurs. Une boîte de vitesses à cinq rapports est choisie, plus fiable et autorisant une plus grande vitesse en tout terrain.
En août, une tourelle plus spacieuse de forme hexagonale est adoptée. Elle est, là encore, construite soit d'un bloc, soit en plusieurs éléments soudés, selon le lieu de fabrication. Elle supprime la grande trappe des premiers modèles et adopte deux écoutilles indépendantes, plus légères à ouvrir et évitant au tireur et au chef de char d'avoir à se pencher pour regarder vers l'avant du char. Le canon peut être maintenant démonté directement par l'avant de la tourelle.
La standardisation de la production en souffre parfois. On trouve des expédients sommaires, pour contrer les manques de matériaux et la disparition de sous-traitants, comme :
Mais ce travail de fond paie rapidement, le char devenant très économique à produire. En 1942, malgré l'abandon temporaire de STZ à Stalingrad à l'approche des troupes allemandes, 5 684 chars ont été construits, soit 119,7 % de la production prévue. Pour remplacer la production de Stalingrad, trois nouvelles usines sont mises à contribution :
Une variante à canon de 57 mm à haute vitesse initiale ZIS-4 est aussi réalisée à quelques exemplaires, mais le prix prohibitif de ce canon et son manque d'efficacité sur l'infanterie limitèrent son usage.
En 1943, 7 466 T-34-76 sortent des chaînes. On voit apparaître une coupole pour le chef de char, là encore de deux modèles, soudée ou coulée, selon le lieu de production. L'usine UZTM abandonne, elle, la production de chars pour produire des chasseurs de chars dérivés du châssis du T-34, les SU-85 et SU-122.
Fin 1943, la production du T-34-85 est lancée. Le char connaît sa plus grande transformation. La tourelle devient bien plus spacieuse et mieux protégée, elle accueillera trois membres d'équipage (dont un chef de char) contre deux auparavant. Le blindage de la tourelle est augmenté à 90 mm, le canon de 85 mm D-5T puis Zis-53 est bien plus efficace que le 76,2 mm. Dès 1942, les Allemands lui opposent des chars mieux blindés et armés : le Tigre I de 57 tonnes (seulement 1 300 unités), le Tigre II de 70 tonnes (près de 500 unités produites) et le Panzer V Panther de 45 tonnes arrivé trop tard et en trop faible nombre. En réponse, la tourelle du T-34 fut modifiée pour recevoir un redoutable canon de 85 mm et, surtout, pour accueillir trois équipiers, corrigeant ainsi le principal défaut du char.
Le T-34 fut le meilleur char de combat soviétique de la Seconde Guerre mondiale. Les ingénieurs soviétiques améliorèrent en permanence les processus de fabrication, permettant une production en très grande série et cela dans des conditions très difficiles :
À titre d'exemple : en 1943, 3 700 heures de travail furent nécessaires pour fabriquer un char T-34, contre 8 000 heures en 1941. En 1942, 25 000 blindés furent produits en URSS (contre près de 9 000 en Allemagne) ; en 1944, environ 30 000 blindés sortirent des usines soviétiques. Entre 1941 et 1945, l'Union soviétique produisit plus de 100 000 blindés - dont près de 60 000 chars T-34[24]
Pendant la Seconde Guerre mondiale, près de 23 000 T-34 furent produits. Environ 84 000 chars T-34, tous modèles confondus, furent produits de 1940 à 1958.
En 1941, les Soviétiques furent confrontés au StuG III allemand. L'idée germa alors de développer, eux aussi, un canon automoteur et, en , ordre fut donné aux différents bureaux d'études de développer des projets d'un tel véhicule armé avec un canon de 122 mm. Deux projets furent acceptés par l'Armée rouge, le SG-122 et le U-35. Le premier, utilisant les châssis capturés de Stug ou de Panzer III, fut assez rapidement abandonné. Le second, combinant un châssis de T-34 avec une superstructure à l'avant et un obusier M-30 de 122 mm, devint le SU-122 dans l'Armée rouge. L'équipage comprenait cinq membres, dont deux chargeurs ; le canon, abrité par la superstructure blindée à 45 mm, possédait un champ de tir de 10° de part et d'autre de l'axe du véhicule.
Au début 1943, l'apparition des nouveaux modèles allemands démontra que l'obusier de 122 mm, même s’il était capable de les mettre hors de combat, manquait, pour les contrer efficacement, de pouvoir de perforation et surtout d'une trajectoire droite synonyme de précision. En outre, sa cadence de tir était insuffisante. On décida donc, le , de monter le canon antiaérien S-18 de 85 mm sur le châssis du SU-122. L'adaptation rencontra alors un obstacle, le recul très supérieur du nouveau tube. Deux projets virent le jour :
Parallèlement, on essaya le canon D-5S, comme solution temporaire sous le nom de SU-85-II. Ce canon, à la suite des tests balistiques, se révéla aussi bon que le S-18 et finalement ce fut la solution temporaire qui fut choisie et produite sous la désignation SU-85. Ce nouvel automoteur était dépourvu de mitrailleuses de défense, faute de place dans l'habitacle, et des meurtrières obturables furent donc ouvertes sur l'avant et les côtés de la superstructure pour permettre le tir des pistolets-mitrailleurs de l'équipage, autorisant ainsi une certaine autodéfense contre l'infanterie adverse. Très rapidement, on monta la coupole de char du T34-76 modèle 1943 et des prismes optiques fournissant une vision panoramique autour du véhicule.
Cependant, l'armement semblant toujours insuffisant, surtout avec l'arrivée du T-34-85 armé d'un canon équivalent, on étudia la possibilité de monter un canon de calibre 100 mm. Le canon envisagé, le S-34 de la marine, se révéla évidemment trop lourd et trop encombrant pour le châssis dans sa forme initiale. Les efforts du TsAKB (bureau central d'étude de l'artillerie) pour essayer de l'adapter donnèrent naissance au SU-100-2 qui fut écarté au profit du projet de l'usine Uralmarsh, qui, plus pragmatique, avait demandé à l'équipe de F.F. Petrov de dessiner un nouveau canon plus léger et petit, le D-10, nécessitant donc moins de modifications sur le véhicule. Les essais menés face au SU-100-2 en mars, puis en juin, se révélant satisfaisants, la production en grande série fut décidée (environ 2 300 unités produites pendant la guerre). Le blindage avant de la superstructure avait été porté de 45 à 75 mm, le canon de 100 mm, avec une vitesse initiale de 895 m/s, pouvait percer un Panther ou un Tigre à 1 500 m et avait une dotation de 33 obus : il perçait 125 mm de blindage vertical à une portée de 2 000 mètres, ou le glacis incliné de 80 mm du Panther à 1 500 mètres.
Le canon D-10, trop jeune, souffrait de quelques défauts. Pire, sa munition perforante, la BR-412B, se révélait difficile à produire. En conséquence, la production d'un modèle transitoire armé avec le D-5S de 85 mm fut lancée jusqu'en décembre, moment où le SU-100 put enfin lui succéder, ses problèmes ayant été résolus.
Le T-34 fut utilisé pendant toute la Seconde Guerre mondiale en nombre sans cesse croissant. La variante T-34-85 semble encore utilisée dans certains pays (Cuba, Corée du Nord, Angola, etc.).
Au moment de l'opération Barbarossa, un millier de ces chars est disponible. Les Allemands ne connaissent que vaguement les matériels blindés des Soviétiques : KV-1, KV-2 et les T-34 n'étaient connus que des plus hauts gradés de la Wehrmacht. Bien que supérieurs à tout ce que les Allemands pouvaient leur opposer, ils souffraient principalement du manque d'entraînement de leurs équipages et de la désorganisation de l'Armée rouge à cette époque. En effet, par suite des décisions contradictoires et irréalistes du ministère de la Défense :
L'arme blindée soviétique, pourtant longtemps pionnière, était incapable de mener une guerre générale. Les unités, de formation trop récente, manquaient de cohésion. Le matériel et les hommes, en nombre insuffisant, étaient dispersés.
Le corps des officiers fut sérieusement affaibli lors des Grandes Purges. Staline fit massacrer les meilleurs cadres de l'Armée rouge, les plus talentueux, expérimentés (vétérans de la guerre civile) ainsi que les spécialistes de l'arme blindée comme Mikhaïl Toukhatchevski. Lors de la guerre, Joukov appliqua brillamment la stratégie des « opérations en profondeur » ou « art opératif » (développée par Toukhatchevski et Triandafillov dans l'entre-deux-guerres), les T-34 étant chargés de l'exploitation en profondeur du dispositif ennemi.
Les officiers ayant survécu aux purges étaient souvent inexpérimentés et incapables de mener une guerre moderne. Pour corser le tout, par mesure d'économie, le personnel ne s'entraînait pas sur le matériel récent, mais sur des chars démodés comme les chars T-26 ou BT-2 qui avaient peu de rapport avec leurs futures machines de temps de guerre. De plus, les corps mécanisés étaient déployés à des centaines de kilomètres de la frontière, ce qui, combiné aux défauts de jeunesse des nouveaux modèles, à l'absence de matériel de dépannage adapté (on utilisait surtout des tracteurs agricoles réquisitionnés) et l'omniprésence de la Luftwaffe provoqua de nombreuses pertes avant même que le combat s'engageât. L'un des principaux défauts du T-34 est l'absence de radio à bord, ce qui rend plus difficile la coordination des manœuvres. L'autre faiblesse majeure du T-34 (corrigée par le T34-85 modèle 1944) était l'absence de chef de char, alors que les équipages allemands en étaient tous dotés depuis le début du conflit.
Par exemple, le plus grand engagement de chars qui eut lieu pour contrer la percée du Panzergruppe 1, avec ses 799 panzers, est une contre-offensive lancée par le front du Sud-Ouest entre les 5e et 6e armées soviétiques, rassemblant les 2 156 chars des 8e, 9e (en), 15e (ru) et 19e (ru) corps mécanisés, dont plus de la moitié arrivèrent trop tard ou jamais.
À la fin de l'année 1941, malgré l'augmentation de la production, peu de T-34 combattaient. La Bataille de Moscou fut surtout gagnée avec des chars légers, comme le T-60, seuls 45 T-34 y participèrent. Au cours de l'hiver 1942-1943, le T-34 est engagé en masse lors des offensives géantes dites des « quatre planètes » (Uranus, Saturne, Mars et Jupiter) pendant la bataille de Stalingrad. Ce ne fut qu'en 1943 que le char devint majoritaire dans l'Armée rouge, époque à laquelle sa puissance de feu devenait insuffisante. Son nombre et son endurance permirent de tenir jusqu'à l'arrivée fin 1943 de la variante dotée d'un 85 mm qui pouvait combattre efficacement les meilleurs blindés allemands.
Le T-34-85 fut le fer de lance (avec le char lourd IS-2) de l'opération Bagration, opération en profondeur par excellence, à l'été 1944 puis de toutes les grandes offensives de l'Armée rouge jusqu'à la bataille de Berlin. Excellent à la manœuvre, sa grande polyvalence donna l'avantage à l'Armée rouge et permit d'exploiter dans la profondeur les dispositifs défensifs de la Wehrmacht au cours de l'année 1944, en Ukraine et en Biélorussie, puis en 1945 à travers la Pologne, lors de l'offensive Vistule-Oder jusqu'à Berlin.
Par la suite, 670 T-34-85 constituèrent le bélier qui enfonça l'armée impériale japonaise en Mandchourie, au mois d'août 1945.
Lors des offensives géantes de l'opération Bagration, l'offensive Vistule-Oder et l'invasion soviétique de la Mandchourie, les T-34-85 jouèrent un rôle clé dans les stratégies opératives conçues - notamment - par Joukov, Rokossovski et Vassilievski.
L'usage du T-34 ne cessa pas avec la fin de la guerre : il constitua le char de combat principal du pacte de Varsovie jusqu'à l'arrivée en nombre du T-54. Il fut employé lors de nombreux conflits, comme durant la guerre de Corée où il se révéla efficace face aux Sherman et Chaffee des États-Unis. Il est cependant dépassé par le M26 Pershing et son canon de 90 mm[25].
Des T-34 furent utilisés pour écraser l'insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est et l'insurrection de Budapest en 1956[26].
Soutien de la révolution cubaine, l'URSS envoya aux Forces armées révolutionnaires cubaines 150 chars T-34-85[27]. Au printemps 1961, 125 chars T-34-85 étaient déjà en service à Cuba : ils servirent en pour repousser, avec succès, l'invasion de la baie des Cochons. Il fut aussi utilisé lors des guerres israélo-arabes jusqu'en 1973. Il servit également dans plusieurs conflits africains, comme en Angola où les forces du MPLA, de la SWAPO[28], et cubaines l'employèrent lors de la guerre civile angolaise[29] pour contrer l'UNITA aidée par l'armée sud-africaine. Le char servit lors de la guerre de Bosnie pendant les années 1994 et 1995, 50 ans après sa mise en service.
Selon le récit de Viktor Kutsenko, quelques T-34-85 furent même utilisés par les Afghans lors de la guerre d'Afghanistan contre les Soviétiques lors des combats de Zhawar (en), mais ils y furent complètement dépassés[30],[31],[32].
Pour l'anecdote, le 6 mai 2014 pendant la crise ukrainienne, un T-34 descendu d'un socle près d'un mémorial officiel puis remis en état de marche mais démilitarisé a été exhibé dans une rue de Louhansk puis a participé le 9 mai 2014 à une parade militaire[33].
En , l'armée russe a repris trente T-34 à l'Armée populaire lao[34] pour les remettre en état et participer au défilé du jour de la Victoire 2020[35]
Les Allemands s'intéressèrent de près au T-34 qu'ils réussirent à capturer intact et l'envoyèrent à la Heeres-Versuchsstelle Kummersdorf, au sud de Zossen, un centre de recherche de l'Armée, chargé d'inspecter et de tester le matériel de guerre ennemi saisi sur le champ de bataille. Le centre de Zossen reçut les cinq premiers T-34 (trois avec un canon L-11 et deux avec un canon F-34) en . Les chenilles et les barbotins d'un de ces T-34 furent remplacés par des chenilles et des barbotins prélevés sur un Panzer I Ausf. F ou un Panzer II Ausf. J. Un autre servit au tournage d'un documentaire diffusé pour les troupes en 1942, Nahbekämpfung russicher Panzer, consacré à la lutte contre les chars.
L'inspection des T-34 envoyés à Kummersdorf fut remise dans un rapport signé par l'Oberst Dpl.Ing. Esser. D'après lui, les atouts du T-34 résident dans son canon F-34, très efficace contre les Panzer III et IV, et son blindage incliné qui le protège très bien des obus de la Panzerwaffe, l'un de ses autres atouts réside dans son moteur Diesel, combiné avec de larges chenilles qui lui offre une assez bonne vitesse et manœuvrabilité[36].
A contrario, les défauts du T-34 relevés dans le rapport sont l'étroitesse de la tourelle qui ne peut accueillir que deux personnes, la boîte de vitesses ainsi que l'embrayage qui sont défectueux, le filtre à air de mauvaise qualité, ainsi que des moyens de communication largement insuffisants, la mauvaise qualité de certaines pièces est également relevée. Cela n'empêche pas Esser d'être impressionné par les chars soviétiques, le rapport d'Esser fut probablement une des raisons de la conception d'un nouveau blindé inspiré du T-34, le VK 3002 DB, qui sera remplacé par le VK 3002 MAN, le prototype du Panzer V, qui reprit lui aussi des caractéristiques du T-34.
Au début de l'opération Barbarossa durant l'été 1941, l'Ostheer captura de nombreux T-34, la plupart en bon état car abandonnés par leur équipage. Malgré les difficultés de leur nouveau propriétaire à régler les problèmes d'embrayage et de boîte de vitesses, plusieurs de ces chars de prise (Beutepanzer), désignés sous la nomenclature T-34 747 (r), furent incorporés dans les 1., 8., 10. et 11. Panzer-Divisionen.
Autre dénomination :
T-34-76 modèle 1940 |
T-34-76 modèle 1941 |
T-34-76 modèle 1942 |
T-34-85 | SU-122 | SU-85 | SU-100 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Équipage | 4 | 4 | 4 | 5 | 5 | 4 | 4 |
masse | 26 t | 30,9 t | 32 t | 30,9 t | 29,6 t | 31,6 t | |
longueur | 6,94 m | 6,92 m | 6,75 m | 8,15 m | 6,95 m | 8,13 m | 9,45 m |
largeur | 3 m | 3 m | 3 m | 3 m | 3 m | 3 m | 3 m |
hauteur | 2,41 m | 2,45 m | 2,60 m | 2,72 m | 2,24 m | 2,15 m | 2,24 m |
canon | L-11 de 76,2 mm | F-34 de 76,2 mm | F-34 de 76,2 mm | S-53 de 85 mm | M-30 de 122 mm | D-5S de 85 mm | D-10S de 100 mm |
munitions | 77 coups | 77 coups | 100 coups | 56 coups | 40 coups | 48 coups | 34 coups |
mitrailleuses | DT x2 | DT x2 | DTM x2 | DTM x2 | sans | sans | sans |
type | V-2-34 de 500 ch | V-2-34 de 500 ch | V-2-34 de 500 ch | V-2-34M de 520 ch | V-2-34 de 500 ch | V-2-34 de 500 ch | V-2-34 de 500 ch |
réservoirs | 540 l | 540 l | 830 l | 840 l | 800 l | 810 l | 865 l |
vitesse sur route | 53 km/h | 53 km/h | 53 km/h | 50 km/h | 55 km/h | 47 km/h | 50 km/h |
autonomie | 400 km | 400 km | 400 km | 300 km | 300 km | 400 km | 400 km |
autonomie tactique | 260 km | 260 km | 260 km | 120 km | 150 km | 200 km | 180 km |
blindage | 15–45 mm | 15–52 mm | 15–75 mm | 20–90 mm | 10–45 mm | 20–75 mm | 20–110 mm |
période | 1940 | Du au |
Du au |
Du au |
1942 | 1943 | 1944 | Du au |
Total |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
usine no 183 KhPZ Kharkov | 115 | 525 | ? | 744 | 0 | 0 | 0 | 0 | 1 384 |
usine no 183 Nijni Taguil | 0 | 0 | 0 | 25 | 5684 | 7466 | 1838 T34-76 6583 T34-85 | 3670 T34-85 | 15 013 T34-76 10 253 T34-85 |
usine STZ Stalingrad | 0 | 130 | ? | 956 | 2520 | 0 | 0 | 0 | 3 606 |
usine no 112 Krasnoye Sormovo Gorki | 0 | 0 | ? | 161(1) | 2718 | 2851 | 540 T34-76 3079 T34-85 | 1545 T34-85 | 6 270 T34-76 4 624 T34-85 |
usine no 174 Omsktransmash Omsk | 0 | 0 | 0 | 0 | 417 | 1347 | 1163 T34-76 1000 T34-85 | 865 T34-85 | 2 927 T34-76 1 865 T34-85 |
usine no 100 CHTZ Tcheliabinsk | 0 | 0 | 0 | 0 | 1055 | 3594 | 445 T34-76 | 0 | 5 094 T34-76 |
usine UTMZ Ouralmash Sverdlovsk | 0 | 0 | 0 | 0 | 267 T34-76 26 SU-122 | 452 T34-76 612 SU-122 761 SU-85 | 1893 SU-85 500 SU-100 | 1060 SU-100 | 719 T34-76 638 SU-122 1 893 SU-85 1 560 SU-100 |
Total | 115 | 655 | ? | 1886 | 12661 T34-76 26 SU-122 | 15710 T34-76 612 SU-122 761 SU-85 | 3986 T34-76 10662 T34-85 1893 SU-85 500 SU-100 | 6080 T34-85 1060 SU-100 |
35 013 T34-76 16 742 T34-85 638 SU-122 1 893 SU-85 1 560 SU-100 |
(1) une partie motorisée avec des moteurs M-17 à essence
Suivis d'un astérisque *, les pays qui l'utilisaient toujours en 1996.
Europe et Amérique
Moyen-Orient et Asie
Afrique
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