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croyance irraisonnée fondée sur la crainte ou l’ignorance De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La superstition est la croyance irraisonnée fondée sur la crainte ou l’ignorance qui prête un caractère surnaturel ou sacré à certains phénomènes, à certains actes et à certaines paroles.
Au XIVe siècle, le terme de superstition signifiait « religion des idolâtres, culte des faux dieux ». Au siècle des Lumières (XVIIIe siècle), il désignait la religion et les préjugés inexplicables par opposition à la raison[1]. Selon ces acceptions, il peut englober avec une connotation péjorative toutes les pratiques ou croyances d'ordre religieux considérées comme sans valeur ou irrationnelles par le locuteur. Depuis les avancées de la méthode scientifique, et en particulier depuis les travaux de Popper on peut y voir le champ de ce qui est extraordinaire et non réfutable par principe.
Selon le docteur en psychologie Stuart A. Vyse, les superstitions sont le résultat naturel de plusieurs processus psychologiques, notamment la sensibilité humaine au hasard, le penchant à développer des rituels pour faire face à des épreuves, des examens (effet d'auto-relaxation face à l'incertitude, la peur de l'échec)[2].
D'un point de vue psychosocial et évolutif, les superstitions peuvent être vues comme un processus d'adaptation basé sur le contrôle de l'interaction entre le sujet et son environnement, superstitions pouvant être occasionnellement bénéfiques[3].
Les pratiques religieuses qui diffèrent des religions communément acceptées dans une culture donnée sont parfois qualifiées de superstition ; de même, les nouvelles pratiques introduites dans une communauté religieuse établie peuvent également être qualifiées de superstitieuses dans le but de les marginaliser. Dans le même ordre d’idée, une démonstration excessive de dévotion a souvent été qualifiée de comportement superstitieux[4].
Plus largement, le fait de croire dans le cadre d’une affiliation à une religion peut être assimilé à de la superstition par les athées. C'est du moins ainsi que le baron d'Holbach la considérait, notamment dans son ouvrage La contagion sacrée, ou histoire naturelle de la superstition. Pour lui, la superstition renvoie à la croyance en une forme de réactivité de l'univers (indépendante des théories scientifiques) ou d'entités surnaturelles face à certains comportements humains, i.e. pratiques liées aux croyances des adeptes d’une religion.
Néanmoins, le terme de religion désigne un ensemble structuré autour d'une croyance collective concernant les origines ou les fins de l'univers, ou le sens de la vie, alors que le terme de superstition désigne une croyance ou pratique considérée isolément, qui peut ne pas se rattacher à une religion[réf. nécessaire]. Il n'en demeure pas moins que les doctrines religieuses fournissent aux croyances et pratiques superstitieuses des éléments (croyance catholique aux saints, aux anges et aux démons, à leurs pouvoirs, par exemple) sur lesquels elles peuvent prendre appui. On retrouve également des symboles et accessoires religieux parmi le grand nombre d'objets de protection dans lesquels les superstitions se matérialisent : talismans, amulettes, grigris, fétiches africains, trèfle à quatre feuilles. Ces relations ont toutefois un caractère ambigu ; elles résultent au moins en partie du fait que les religions, là où elles se sont imposées, n'ont pas toujours pu éradiquer les superstitions ancestrales, et ont alors cherché à les « détourner » en les intégrant.
La prière, lorsqu'elle porte sur un souhait précis, peut avoir un caractère superstitieux. Le croyant demande à une divinité, un esprit, ou un saint, d'intercéder en sa faveur en orientant le cours des évènements ici-bas dans un sens propice à la réalisation de sa demande. Les sacrifices rituels dans l'Antiquité n'avait d'ailleurs pas d'autres objectifs que de s'attirer la faveur des dieux et accroitre la chance de ses auteurs pour un projet ou la prospérité de la communauté en général, en échange des offrandes ainsi consenties. Toutefois, contrairement à un pacte avec le diable, il n'y a pas de contreparties clairement définies à l'avance. Les dieux sont ainsi libres de répondre ou non à ces demandes suivant leur bon vouloir. La seule certitude est que contrairement à un démon, un dieu est supposé être bienveillant et ne cherchera pas à duper ses croyants dans un marché intéressé.
L'Église catholique réprouve la superstition. Le catéchisme de l'Église catholique considère que celle-ci s'oppose en effet au premier commandement, qui « interdit d'honorer d'autres dieux que l'unique Seigneur qui s'est révélé à son peuple », et voit dans la superstition un « excès pervers de religion ». La superstition risque d'attribuer une importance magique à certaines pratiques, par ailleurs légitimes.
Historiquement, dans la religion juive, de nombreux sages savants juifs ont été contraints de condamner certains comportements comme répréhensibles et "hors" de la loi juive ainsi qu'hypocrites afin de susciter un émerveillement hypothétique chez les spectateurs "naïfs" ; comme déjà le Rebbe Nahman de Bratslav, le Gaon de Vilna aussi accusait beaucoup de feindre précisément la superstition, déjà sujette à la critique en tant que telle, concluant qu'ils croyaient réellement faire preuve d'une sorte de conscience autoréférentielle d'une prétendue connaissance de la Kabbale et donc être capables de faire des miracles et habiles dans les "arts magiques", étrangers aussi à la tradition talmudique qui leur est précisément contraire ; le judaïsme accepte donc le miracle divin mais s'oppose avec zèle et foi à tout "ajout" à la révélation divine de la Torah, fût-il d'origine semi-animiste (en cela réside l'opinion théologique juive contraire au panthéisme) ou dans l'exégèse biblique plus rigoureuse, par exemple précisément dans la Halakhah.
Lorsqu'un individu tombe dans un état de superstition excédant démesurément la superstition commune dans sa culture, il s'agit d'une pathologie mentale. Celle-ci fait perdre toute objectivité, prêtant à des faits, des événements ou des objets inoffensifs (pour le commun) des pouvoirs surnaturels, une force cachée ou au minimum un contenu symbolique signifiant. De ce point de vue, la superstition est à rapprocher de la paranoïa et même de la psychose. Par ailleurs, le superstitieux pathologique spécule sur l'existence d'un ordre supérieur, invisible, qu'il est bien incapable de décrire, mais qui est là, présent, et impose ses lois. À la différence de la superstition populaire - qui est souvent anodine, voire sociale : établir le thème astral d'un ou une amie est un moyen comme un autre de lui dire « je m'intéresse à toi » - la superstition pathologique est fortement individualisée. Le superstitieux se sent en défi perpétuel avec le monde qui l'entoure et il passe son temps à « vérifier » que les augures lui sont favorables. Ainsi, par exemple, va-t-il compter les carreaux d'un parquet, pariant avec lui-même qu'il doit y en avoir un nombre pair (ou impair), se créant ainsi des frayeurs, des angoisses, si le résultat obtenu ne correspond pas à son souhait. De tels comportements entrent dans la catégorie des troubles obsessionnels compulsifs. Les personnes autistes et bipolaires sont particulièrement enclins à de nombreuses superstitions souvent imbriquées les unes dans les autres.
Dans la couture, plusieurs superstitions sont recensées. Par exemple, se piquer un doigt avec l'aiguille (chaque doigt à une signification) porte malheur. Faire tomber des ciseaux signifie prévoir une coupure ; casser trois fois le fil est signe de danger ; et bâtir avec du fil vert portera malheur au vêtement confectionné ou à la personne qui le portera.
Dans l'aviation, avant de prendre leur poste de pilotage les pilotes d'avion ne prononcent jamais des mots comme « accident », « chute », « crash », « tomber » et s'interdisent toute plaisanterie sur ces sujets.
De nombreuses superstitions sont également recensées dans le corps de la marine. Par exemple, le mot « lapin » est l'un des nombreux mots bannis sur les bateaux ; la légende raconte que ces animaux sont à l'origine de naufrages car une fois échappés de leurs cages, ils grignotent l'étoupe, rendant la coque non étanche. Lorsque cela est nécessaire, le lapin sera appelé « pollop », (« animal aux longues oreilles » ou « cousin du lièvre »). Également, sur un navire, il est prétendu que les femmes portaient jadis malheur. Les fleurs coupées étant utilisées pour l'élaboration des couronnes funéraires et jetées à la mer lors du décès d'un marin, il est souvent déconseillé d'en apporter sur un bateau au risque de provoquer la disparition du marin lors de son prochain voyage. Lorsqu'un navire croise le mythique vaisseau fantôme Le Hollandais volant, alors il coulera. Il est également dit que quitter le port un vendredi porte malheur.
Le monde du théâtre a aussi ses superstitions. La couleur verte est réputée maléfique en France, mais c'est le violet en Italie, le vert et le bleu au Royaume-Uni et le jaune en Espagne. Plusieurs hypothèses ont été émises au sujet du vert : le costume de Judas, celui de Molière lors de son décès ou la couleur de l'oxyde de cuivre, colorant toxique utilisé jadis. Certains mots sont proscrits : « corde » en France, car on l'associe à celle qui sert à tirer la cloche pour saluer les morts. Mais aussi parce que les techniciens du théâtre étaient souvent d'anciens marins, et que sur les bateaux, le mot corde n'est utilisé que dans deux cas, pour parler de celle de la cloche du bord et pour parler de celle qui servait à exécuter les gens ; et Macbeth au Royaume-Uni, dénommée la pièce écossaise. Les œillets sont également proscrits ; qu'un comédien reçoive ou voie des œillets avant ou après sa venue sur scène porte malheur à sa carrière.
Dans l'équitation :
Il existe une superstition à Londres concernant la Tour. De grands corbeaux y habitent, leurs ailes étant rognées pour les empêcher de partir. Il existe en effet une légende selon laquelle, si les corbeaux quittaient la tour, celle-ci tomberait et la monarchie s'effondrerait[7]. À Gibraltar, un territoire britannique, il y a une colonie des macaques sauvages. Il y existe une superstition similaire concernant le statut du territoire : si les macaques quittaient le « Rocher », il cesserait d'être sous le règne de Grande-Bretagne[8].
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