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rite cultuel revêtant une dimension sacrée De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le sacrement est un rite cultuel sacré en usage dans la plupart des branches du christianisme : catholicisme, christianisme orthodoxe, et certaines dénominations protestantes (anglicanisme, luthéranisme, presbytérianisme, méthodisme). Selon la doctrine, un sacrement produit un effet dont la source est Dieu, qui donne sa grâce. Les chrétiens y trouvent le symbole et le moyen d'une alliance entre Dieu et les hommes. On définit théologiquement un sacrement comme étant un signe destiné à donner ou à augmenter la grâce sanctifiante des croyants.
Pour désigner leurs signes cultuels, les chrétiens ont d'abord utilisé le mot « mystère », du grec mysterion, puis le latin mysterium et enfin le latin sacramentum.
Le mot sacramentum avait dans le latin préchrétien une double signification : a) celle de caution (en nature ou en argent) déposée au temple par chacune des deux parties en procès ; b) celle de serment (terme formé à partir de la racine sacr-, « sacré, séparé »), accompagnant la déposition de la caution.
Qui s’engageait ainsi per sacramentum s’obligeait à une sacratio, c’est-à-dire à devenir sacré, et s’il manquait à la foi jurée, il devenait maudit des Dieux. Selon le droit romain, l'individu perdait sa persona (personnalité juridique) et son nomen : n’étant plus sujet ni de droits, ni de devoirs, il était livré à la mort civile — qui pouvait se prolonger en mort physique. Une redemptio pouvait toutefois lui permettre de recouvrer sa personne.
« C'est au IIIe siècle que pour la première fois et d'une manière on ne peut plus lucide, Tertullien (160–220) donne au latin sacramentum ses lettres de noblesse chrétienne. Partant du langage juridique (sacramentum civile), Tertullien applique sacramentum aux rites chrétiens, à commencer par le baptême comme sacrement de la foi jurée (sacramentum fidei), et avec le baptême on entre dans la Militia Christi ; mais c’est saint Augustin qui tentera une première théologie des sacrements »[1].
Jusqu'à Augustin, les Pères de l'Église latins ou grecs ne songent pas à une présentation doctrinale de ce que sont les sacrements, se limitant à les situer dans leur relation avec l'histoire du salut. Évitant ce qui pourrait impliquer une sorte de magie, ils remontent à leur type, qui est l'annonce des sacrements dans l'Écriture Sainte, pour en arriver à leurs conséquences dans la vie concrète chrétienne.Dans le rituel baptismal de la Didascalie du début du troisième siècle, on rencontre la théologie du sceau imprimé par Dieu dans le baptisé. Par ailleurs, Cyprien de Carthage (200-258) ne reconnaît aucune efficacité aux signes sacramentels pratiqués en dehors de l’Église, en particulier ceux concernant les ordinations[2].
Augustin d'Hippone (354-430) est le premier Père de l'Église à avoir proposé une théologie d'ensemble des sacrements. Comme ses prédécesseurs, il distingue dans le sacrement ce qui est visible (sacramentum) de ce qui est invisible, la virtus sacramentis, vertu qui n'est autre que la grâce. Il précise que le Christ agit dans les sacrements par son Église et par son ministre, dont la parole et le geste font le sacrement. La grâce divine conférée à l'occasion des sacrements est indépendante de la dignité du ministre. Au cours des siècles suivants, les thèses d'Augustin sur les sacrements seront globalement reprises par les théologiens d'Occident jusqu'aux XIe et XIIe siècles[3].
« Hugues de Saint-Victor (1096-1141) donne au sacrement une définition qui montre bien l'influence augustinienne : sacramentum est corporale vel materiale elementum foris sensibiliter propositum ex similitudine repraesentans, et ex institutione significans, et ex sanctificatione continens aliquam invisibilem et spiritualem gratiam : le sacrement est un élément corporel ou matériel proposé de manière externe et sensible, qui représente par sa ressemblance, signifie parce qu'il a été institué à une telle finalité, contient parce que capable de sanctifier quelque grâce invisible et spirituelle (De sacramentis christianae fidei, I, 9). Trois éléments importants sont à retenir dans cette définition : le sacrement est l'élément matériel ou corporel sensible qui : - représente la grâce en vertu de la ressemblance ; - signifie la grâce en vertu de l'institution ; - contient la grâce en vertu de la sanctification. Finalement, Hugues de Saint-Victor parle du sacrement comme vas gratiae (vase ou récipient de la grâce) »[1].
« Pierre Lombard (1100-1160) tente de dépasser le matérialisme de Hugues de Saint-Victor en introduisant la notion de causalité : le sacrement est un signe visible de la grâce de Dieu, en même temps la cause de la grâce. Cette notion de causalité conduit Lombard à trois conclusions : - fixer en 1155 le nombre de sacrements à sept (Sentences IV, d. 1, 2 ; 2, 1) voir septénaire sacramentaire ; - distinguer entre les sacrements majeurs (qui signifient et produisent la grâce) et les sacrements mineurs ou sacramentaux (qui signifient seulement la grâce sans la produire) ; - distinguer entre sacrements de l'Ancienne Alliance (comme la circoncision) et ceux de la Nouvelle Alliance. Avec cette notion de causalité les voies sont ainsi balisées pour le docteur angélique »[1].
« Thomas d’Aquin (1225-1274) réserve sept articles dans la Somme théologique aux sacrements en général, les trois premiers sont dédiés à la définition, et les quatre autres aux éléments constitutifs (Somme Théologique, III, q. 60, a 1–7). Le sacrement est un signe sacré (cf. saint Augustin) qui signifie et sanctifie. Le sacrement a trois aspects : la cause efficiente : la passion du Christ ; la cause formelle : la grâce et les vertus ; la cause finale : la vie éternelle. De là, l'on comprend que le sacrement est un signum remorativum : il rappelle le salut dans la Passion, c'est un événement du passé qui est la cause efficiente de notre sanctification ; un signum demonstrativum : il démontre la grâce présente, c'est un signe de la grâce dans le présent, la grâce devient alors la cause formelle de notre sanctification ; un signum prognosticum/profeticum : pré-annonce la vie éternelle, c'est un signe prophétique car il anticipe la vie éternelle dans le futur, cette vie éternelle devient la cause finale de notre sanctification. Il faut des choses sensibles déterminées (materia) pour le sacrement car selon la parole de Jésus à Nicodème, celui qui ne renaît pas d'eau et d'Esprit n'entre pas dans les Cieux. Cette détermination vient de Dieu, elle est d'institution divine. C'est le sanctificateur qui détermine les signes de la sanctification. Les paroles (forma) sont nécessaires pour ces signes de notre sanctification car elles en précisent le sens. Les paroles et l'action font un tout unique, une seule réalité. On peut donc conclure que saint Thomas d’Aquin a une conception dynamique des sacrements car pour lui, ces signes ne sont pas des choses, mais des actions »[1].
Le deuxième concile de Lyon (1274) précise une profession de foi qui fut lue devant le pape Grégoire X une profession de foi de l'empereur de Constantinople Michel Paléologue, où il est précisé que le nombre de sacrements est au nombre de sept [4]. Une profession de foi similaire fut promulguée par le patriarche de Constantinople Jean XI Vekkos et les membres de son synode en 1276[5].
Le concile de Florence réuni entre 1439 et 1445, dernière tentative de réconciliation avec les Eglises d'Orient, et dernier concile à avoir précédé la réforme protestante, précisa pour chacun des sept sacrements leur matière et leur forme, en se servant du vocabulaire médiéval emprunté à Aristote[6].
Un peu plus d'un siècle plus tard, le concile de Trente réuni entre 1545 et 1563, afin de clarifier la doctrine chrétienne contestée par la Réforme protestante issue de Luther, proposa dans ses sessions de 1547-1549, et de 1551-1552 la doctrine catholique définissant définitivement les sacrements[7]. Il précise en particulier que l'intention du ministre conférant un sacrement est obligatoire, qu'un ministre, même en état de péché mortel confère réellement un sacrement enseigne quand il observe tout ce qui est essentiel, et que la grâce divine est conférée ex opere operato, à l'occasion de chacun des sacrements[8].
Les sept sacrements sont les signes et les instruments par lesquels l'Esprit saint répand la grâce du Christ[9].
Les sept sacrements de l'Église catholique sont :
On distingue :
Chacun des trois sacrements d'initiation est attaché de manière privilégiée à une personne de la Trinité, le baptême au Père, la confirmation au Saint Esprit, et l'Eucharistie au Fils, les trois Personnes inséparables de la Trinité étant présente en tous ces sacrements[15] .
On distingue également :
Pour l'Église catholique, le mariage est indissoluble jusqu'à la mort ou déclaré nul, c'est-à-dire réputé ne jamais avoir eu lieu. Le remariage des veufs ou des veuves est possible. Il n'existe pas de divorce, mais une séparation des corps peut être prononcée par les tribunaux ecclésiastiques sans que cela permette évidemment un remariage, sauf en cas de nullité de mariage. Dans certains cas, un procès canonique en nullité[17] peut établir que l'union précédente n'existait pas et ne s'oppose donc pas à un nouveau mariage.
L'ordre, d'après le Concile Vatican II, comprend trois degrés (diacre, prêtre, évêque) et, laissant une marque indélébile (le caractère), aucun ne peut être reçu deux fois. L'ordination comme prêtre ou évêque est réservée aux hommes célibataires (ou veufs avec des enfants adultes, c'est-à-dire sans charge de famille) dans l'Église catholique romaine, pour des motifs de discipline ecclésiastique[18] qui ne sont pas liés à la nature du sacrement, et pourraient donc être abrogés ou modifiés par simple décision de l'autorité pontificale, comme ce fut le cas pour l'ordination diaconale d'hommes mariés dans l'Église catholique ; l'ordination d'hommes mariés comme prêtres (mais non évêques) est possible dans les Églises d'Orient (orthodoxe et catholique). Le mariage ou le remariage d'un homme ordonné est interdit aussi bien en Orient qu'en Occident[19].
Normalement, ces sacrements sont conférés par le prêtre, sauf :
L'excommunication signifie l'interdiction provisoire, pour un baptisé, d'avoir accès aux sacrements (Eucharistie en particulier). Il s'agit d'une mesure disciplinaire qui est toujours levée à l'article de la mort, si l'excommunié demande à recevoir les derniers sacrements (confession, Eucharistie et extrême-onction).
Depuis le concile de Vatican II, l'Église catholique reconnaît la « validité » des sacrements de l'Église orthodoxe[21] car la succession apostolique de leurs ministres (évêques en particulier) est réelle et que la compréhension de leur signification est la même, mais la reconnaissance par les Églises orthodoxes des sacrements de l'Église catholique n'est pas unanime[22],[23]. En raison de l'absence de « communion », il n'est pas possible aux fidèles d'accéder aux sacrements indifféremment dans l'une ou l'autre Église, sauf en cas de nécessité à l'article de la mort.
L'Église catholique connaît également des « sacramentaux », c'est-à-dire des signes visant à sanctifier et à perfectionner la vie des croyants. En font partie les bénédictions, les consécrations (de personnes ou de lieux), les funérailles, le sacre de certains souverains, les exorcismes.
Les Églises protestantes (anglicanisme, luthéranisme, presbytérianisme, méthodisme) définissent le sacrement comme le signe, associé à la Parole de Dieu, qui représente (= rend présent) le Christ, don de Dieu aux humains, tel que lui-même l'a institué dans le Nouveau Testament. En règle générale, elles ne reconnaissent que le baptême et la Cène (ou Eucharistie) en tant que sacrements, fondamentalement parce que ce sont les deux seuls gestes sacramentels institués par Jésus selon les textes bibliques. Les sacrements sont efficaces par et pour la foi, par l'action du Saint-Esprit.
Le baptême protestant est reconnu par les catholiques et les orthodoxes, et réciproquement, à l'exception de certains courants évangéliques qui baptisent les professants adultes. Les orthodoxes accomplissent le rite de chrismation sur les baptisés protestants devenant orthodoxes si cela n'avait pas été fait avant.
Le protestantisme pratique généralement la confirmation, et la bénédiction du mariage chrétien, ainsi que la consécration pastorale (ou ordination), sans les considérer comme des sacrements. La confession ressort plus du dialogue pastoral, et il y a naturellement un accompagnement spirituel des mourants, mais aucune cérémonie particulière, a fortiori sacramentelle, n'est associée à ces deux domaines. Il y a quelques nuances selon les Églises :
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