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État dépendant de l'empire d'Autriche, ayant existé de 1815 à 1866 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le royaume de Lombardie-Vénétie (italien : Regno Lombardo-Veneto) est un État dépendant de l'empire d'Autriche, créé en 1815 lors du congrès de Vienne, après la chute de l'empereur Napoléon Ier et l'effondrement du royaume d'Italie qu'il avait établi en 1805.
1815–1866
Statut | Monarchie constitutionnelle, possession de l' Empire d'Autriche |
---|---|
Capitale |
Milan (1815–1859) Venise (1859–1866) |
Langue(s) | Italien, Lombard, Vénitien et Frioulan. |
Monnaie |
Lire lombardo-vénétienne Florin lombardo-vénitien (1862-1866) |
Création du royaume de Lombardie-Vénétie par le congrès de Vienne à la suite de la victoire sur Napoléon Ier. | |
9 juin 1815 | L'Autriche octroie Gênes et la Ligurie au royaume de Sardaigne pour constituer un État tampon contre la France. |
1821 | Mouvement révolutionnaires libéraux : prémices de l'unification italienne : le « Risorgimento ». |
1848 | Printemps des peuples : mouvements révolutionnaires en Europe. |
18-22 mars 1848 | Cinq journées de Milan : échec contre la révolution milanaise. Le roi de Sardaigne Charles-Albert déclare la guerre à l'Autriche et annexe la Lombardie. |
mars 1848 - mars 1849 | Première guerre d'indépendance italienne : victoire autrichienne contre le royaume de Sardaigne et récupération de la Lombardie. |
avril-juillet 1859 | Deuxième guerre d'indépendance italienne : échec face à la coalition franco-sarde. Traité de Zurich : annexion de la Lombardie par le royaume de Sardaigne. |
juin-août 1866 | Troisième guerre d'indépendance italienne et Guerre austro-prussienne : échec contre la Prusse et l'Italie : dissolution de la Confédération germanique des Habsbourg-Lorraine et création de la Confédération de l'Allemagne du Nord des Hohenzollern. |
Traité de Prague : la Prusse annexe le royaume de Hanovre, les duchés de Schleswig , de Holstein, et de Nassau, l'Hesse-Cassel et Francfort. | |
Traité de Vienne : l'Autriche cède la Vénétie à la France, qui la rétrocède à l'Italie. |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
En 1859, dans le cadre des guerres pour l'unification de l'Italie, le royaume de Lombardie-Vénétie est amputé par Victor-Emmanuel II, roi de Sardaigne, de la Lombardie sauf la province de Mantoue ; en 1866, le reste du territoire est annexé par le nouveau royaume d'Italie.
Le , l’Autriche déclare la guerre à la France, affaiblie par la désastreuse campagne de Russie et abandonnée par la confédération du Rhin. Elle constitue une armée pour envahir l'Italie, confiée au feld-maréchal Heinrich Johann de Bellegarde ; cette armée est battue par celle du vice-roi Eugène de Beauharnais lors de la bataille du Mincio le .
Dans les deux mois qui suivent, la position de Beauharnais se dégrade sensiblement en raison :
Cette situation de plus en plus précaire oblige le vice-roi à signer le 23 avril à Mantoue la capitulation du royaume : il laisse son armée, 45 000 hommes en armes, victorieuse à Mincio, aux ordres de Heinrich Johann de Bellegarde et part le 27 pour Munich. Le 26 avril, le commissaire autrichien Annibal Sommariva prend possession de la Lombardie au nom du feld-maréchal Bellegarde et, le , Milan est occupée par 17 000 soldats autrichiens.
Le 25 mai, Bellegarde dissout la régence du royaume d'Italie qui cesse d'exister et assume les pouvoirs comme Commissaire plénipotentiaire des provinces autrichiennes en Italie au nom du nouveau souverain, l’empereur François Ier. Le 12 juin, il prend la charge de gouverneur général après l'annexion de la Lombardie à l'empire, le même jour.
Selon les plans des puissances victorieuses, la chute de Napoléon aurait dû ramener à la situation géopolitique de l'Europe d'avant 1789, mais l'ampleur des changements de la conquête française nécessite l'ouverture à Vienne d'un grand congrès pour le réaménagement de l'Europe.
L’Autriche peut annexer de nouveau sous son autorité directe les territoires italiens qui lui appartenaient depuis longue date : Trente, Trieste et Gorizia, mais aussi par décret impérial du 7 juin[1] le duché de Milan (Milan, Côme, Pavie, Lodi, Crémone) et le duché de Mantoue où elle avait été influente, et en plus, conformément au traité de Campo-Formio (1797), les territoires de l'ancienne république de Venise. L'annexion à l'Empire autrichien est acceptée par les puissances victorieuses lors du congrès de Vienne en échange de la renonciation des droits dynastiques des Habsbourgs sur les Pays-Bas catholiques (actuels Belgique et Luxembourg).
Pour comprendre l'utilité pour Vienne de cet échange, il faut rappeler l'argument classique de Carlo Cattaneo, lequel a toujours soutenu que de la Lombardie-Vénétie, Vienne tire « un tiers de l'impôt de l'empire, bien qu'elle ne constitue qu'un huitième de la population »[2]. Giuseppe Martini[3] synthétise la situation : « Les négociations s'ouvrent autour du problème de l'Italie, et comme en fit publiquement la promesse le congrès viennois commençant par un grand acte de justice, il statua que l'Autriche reprendrait en sa possession Milan et Mantoue, acquerrait les États vénitiens avec l'ajout de quelques territoires qui, par des antiques accords entre puissances italiennes, appartenaient un temps aux États de Parme et Ferrare, acquerrait en plus, non seulement les terres de la Valtellina avec le comté de Bormio et de Chiavenna, sites très opportuns pour les choses de la Suisse ».
Les territoires vénitiens sur la côte orientale de la mer Adriatique sont absorbés directement par l'Autriche alors que pour des raisons historiques d'autonomie, Milan et Venise bénéficient d'un gouvernement autonome. L'Autriche réorganise ces territoires en une entité administrative apparemment autonome. La solution choisie est de créer un unique royaume et deux gouvernements auquel est donné le nom de royaume lombard-vénitien.
Le nom est choisi après un long débat et non sans hésitation. Les Autrichiens et leurs alliés ne veulent pas conserver le nom choisi par Napoléon, le royaume d'Italie. Il est évident qu'est pris en considération la localisation Ost und West Italien (Italie orientale et occidentale) ainsi que l'österreichische Italien (Italie autrichienne). Les noms excessivement liés à une des deux capitales sont écartés notamment parce que Milan et Venise n'ont jamais été unis sous une couronne commune depuis la chute du royaume Lombard et qu'il n'existe aucun terme pour définir les deux territoires unifiés. On choisit donc un nom destiné à stimuler le rapprochement entre les populations lombardes et vénitiennes, mais qui fait aussi la démonstration de tout l'artifice de la nouvelle création administrative.
Le , la constitution des États autrichiens en Italie en un nouveau royaume de Lombardie-Vénétie est annoncée. Celui-ci est constitué sur les bases du traité de Vienne qui comprend les territoires du duché de Mantoue, Dogado, les Domini di Terraferma (« domaines de terre ferme ») de la république de Venise avec la Valteline appartenant déjà à la république des trois ligues, et une partie de la région de Ferrare, alors que le Stato da Màr (« État de la Mer »), appartenant à la Sérenissime en est exclu, car directement annexé dans les territoires de l'Empire, ainsi que le duché de Parme[4].
Le royaume est confié à François Ier, empereur d'Autriche et roi de la Lombardie-Vénétie. Le roi-empereur gouverne au travers d'un vice-roi en la personne du frère de l'empereur, l’archiduc Rainier d'Autriche (1783-1853), dont la résidence est à Milan et à Venise.
La Lombardie et la Vénétie, qui sont séparées par le Mincio, ont chacune leur propre gouvernement appelé conseil du gouvernement (Consiglio di Governo) confié à un gouverneur et à des administrations distinctes dites congrégations (Congregazioni Centrali), dont dépendent les administrations locales parmi lesquelles les congrégations provinciales (Congregazioni Provinciali) et les congrégations municipales (Congregazioni Municipali).
Les compétences du gouverneur, à travers le conseil du gouvernement, sont assez importantes et recouvrent la censure, l'administration générale du patrimoine et des impôts directs, la direction des écoles, des travaux publics, la nomination et le contrôle des congrégations provinciales. L'armée impériale assure, au cours de ces années, l'ordre public.
L’administration financière et de la police est soustraite au conseil du gouvernement pour dépendre directement du gouvernement impérial de Vienne qui agit au travers d'un magistrat de chambre (Magistrato camerale) (mont de Lombardie[Quoi ?], monnaie, loto, intendance des finances, caisse centrale, fabrication des tabacs et des explosifs, offices des taxes et des timbres, imprimerie royale, inspections des forêts et agence du sel), un office de la comptabilité et une direction générale de la police.
En notant l'importante centralisation du pouvoir entre les mains du gouverneur nommé par Vienne et du gouvernement impérial, on comprend le rôle marginal du vice-roi réduit à des tâches de représentation, celui-ci maintenant de splendides palais où se tient sa cour.
Toutes les autres charges du royaume sont le résultat d'une nomination royale et jamais élective. Elles sont en grandes parties confiées à des Austro-allemands, ce qui est le cas des gouverneurs, le plus souvent issus des officiers basés en Italie - bien que l'armée autrichienne respecte la composition hétérogène de la population de l'empire -, et du vice-roi. Par conséquent, des non-Italiens bénéficient du contrôle presque absolu sur la vie du royaume. Les propos lors d'une réunion de 1832 entre Paolo de Capitani, un noble lombard, et Metternich sont devenus célèbres : « Quelle nécessité y a-t-il à faire occuper tous les postes importants par des Tyroliens ou des sujets d'autres provinces ? »[5].
Aux « patriciens » locaux, italiens, il ne reste que l'administration des congrégations provinciales et municipales, donc des postes secondaires. Les congrégations municipales, par exemple, prennent en charge les édifices communaux, les églises paroissiales, les routes internes, les salaires des employés communaux et la police municipale.
Pour compléter le tout, les codes civils et pénaux entrent en vigueur le interdisant toute intervention italienne même au travers du conseil du gouvernement.
La réunion des deux provinces ne satisfait pas les Milanais dont les relations économiques sont tournées vers le port de Gênes qui relève alors du royaume de Piémont-Sardaigne, alors que l'empire autrichien voulait développer le port de Trieste (à la place de Venise décadente), débouché naturel sur la mer Adriatique. Les Milanais accuseront Vienne, mais à tort, de retarder la liaison ferroviaire Venise-Milan et d'isoler ainsi la Lombardie[6].
Pour les sujets lombards et vénitiens, ce nouveau royaume apparait comme une « comédie », ceux-ci se rendant compte que le pouvoir est confié à un gouvernement viennois sous l'autorité austro-allemande. Les « Allemands » sont omniprésents et soustraient aux « patriciens » et aux intellectuels italiens les postes qui, dans un royaume réellement autonome, leur seraient revenus de droit.
Cette mainmise de l'Autriche est, pour les italiens, une aggravation de la situation par rapport à l'ancien royaume d'Italie. Celui-ci était en effet dirigé par un roi (Napoléon) et un vice-roi (Eugène de Beauharnais) français qui en avait fait un protectorat de Paris, mais qui bénéficiait d'une autonomie administrative presque totalement nationale, avec une armée nationale composée de nombreux officiers italiens.
En définitive, le gouvernement autrichien ne respecte pas les droits traditionnels de la Lombardie et de la Vénétie, et ne bénéficie donc d'aucune légitimité. Ces considérations sont à la base de l'instabilité permanente au moins jusqu'en 1820 et de la grande adhésion de l'élite et de la population lors de la guerre de libération.
Au terme des cinq jours de Milan (du 18 au 22 mars 1848), les Autrichiens sont chassés de la capitale lombarde et de Venise. Les deux conseils du gouvernement sont respectivement remplacés par un gouvernement provisoire de Lombardie auto-proclamé et par l'instauration de la république de Saint-Marc.
Le , avec l'armistice signé par Salasco à la suite de la victoire autrichienne des 24-25 juillet à Custoza sur les troupes sardes, se termine la première phase de la première guerre d'indépendance : Milan est réoccupée et le gouvernement provisoire de Lombardie est dissous. Les 22-, Charles-Albert de Sardaigne est de nouveau battu lors de la bataille de Novare et il abdique en faveur de Victor-Emmanuel II. Le 24 août suivant, après un long siège, Venise se rend également aux Autrichiens.
Le royaume lombard-vénitien survit à la perte de la Lombardie (sauf Mantoue) après la seconde guerre d'indépendance de 1859, puis disparaît définitivement en 1866 à l'issue de la troisième guerre d'indépendance.
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Les deux gouvernements de la Lombardie et de la Vénétie sont divisés en dix-sept provinces. Chaque province est administrée par une délégation provinciale créée pour la première fois le .
Provinces lombardes |
Provinces vénitiennes |
Chaque province est divisée en districts, 127 en Lombardie et 91 en Vénétie. Chaque district est divisé en communes, cellule de base de l'administration publique. Selon la population, les communes appartiennent à trois classes;
Chaque chef-lieu provincial est le siège d'un tribunal de premier grade alors que dans les deux centres régionaux Milan et Venise sont présentes deux cours d'appel. Au sommet du système se trouve le Sénat, la cour de cassation du royaume qui est située à Vérone.
La langue officielle du royaume est l'Italien, langue qui est enseignée dès l'école élémentaire qui est obligatoire et gratuite pour tous les enfants du royaume. La population parlait habituellement des langues locales : lombard, vénitien, frioulan et ladin. Il y avait une population composée de 2 % de minorité[pas clair] de langue allemande dans les provinces de Vicence, de Belluno, et de langue slovène dans la province d'Udine.
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