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ancien royaume dans les Caraïbes (1811-1820) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le royaume d'Haïti est une monarchie établie en 1811 par Henri Christophe, président de l'État d'Haïti qui occupe alors la partie nord du pays. Christophe s'autoproclame roi Henri Ier, devenant le deuxième monarque d'Haïti (après Jean-Jacques Dessalines).
1811 – 1820
9 ans, 6 mois et 20 jours
Statut | Monarchie constitutionnelle |
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Capitale | Cap-Haïtien |
Langue(s) | Français, créole haïtien |
Religion | Catholicisme |
28 mars 1811 | Proclamation du royaume, le général-président Henri Christophe devient roi d'Haïti sous le nom de Henri Ier. |
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Établissement du « Code Henri », pour promouvoir l'éducation et codifier les lois du royaume | |
1813 | Achèvement de la construction du Palais Sans Souci |
Octobre 1820 | Révolution nordiste |
20 octobre 1820 | Réunification d'Haïti avec le Nord et le Sud |
28 mars 1811-8 octobre 1820 | Henri Ier |
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8 octobre 1820-18 octobre 1820 | Henri II |
1811-1812 | Joseph Rouanez, duc de Morin |
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1812-1820 | Julien Prévost, comte de Limonade |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Pendant son règne, il fait bâtir six châteaux et huit palais, parmi lesquels seulement trois existent toujours (la chapelle royale de Milot, le palais Sans Souci et la citadelle La Ferrière). Henri Ier crée aussi un système féodal comprenant une nouvelle noblesse pour son royaume : quatre princes, huit ducs, vingt-deux comtes, trente-sept barons et quatorze chevaliers[1],[2].
Après une attaque cérébrale et une insurrection populaire, Henri Ier se suicide le . Son fils et héritier, Victor Henry, est tué le 18 octobre suivant par les révolutionnaires. Ils sont tous deux enterrés au palais Sans Souci. Après la mort de Christophe, le royaume d'Haïti est réunifié avec le sud pour former un nouveau régime, avec Jean-Pierre Boyer comme chef suprême.
De 1791 à 1804, la révolution haïtienne contre les colons français fait rage. Après l'échec de l'expédition française de 1803, le général Jean-Jacques Dessalines proclame l'indépendance d'Haïti.
Le , Dessalines est couronné empereur au Cap-Haïtien sous le nom de Jacques Ier.
Mais très vite, certains généraux, ambitieux de prendre le pouvoir, mettent en place un complot contre l'empereur qui est finalement tué par les hommes du général Alexandre Pétion dans une embuscade, le , au Pont-Rouge (à l'entrée de Port-au-Prince), trahi par l'un de ses chefs de bataillon.
Après cela, ses généraux marchent sur la capitale, abolissent l'Empire et chassent la famille impériale qui doit s'exiler. Alexandre Pétion proclame la République et se fait président. Mais un autre général du nom d'Henri Christophe, fait sécession et prend le contrôle du Nord d'Haïti où il met en place un gouvernement séparatiste, l'État du Nord.
Président de la République nordiste, puis président à vie et généralissime, Henri Christophe veut légitimer son pouvoir comme l'avait fait Dessalines en rétablissant l'empire. En conflit avec la république sudiste de Pétion, il parvient, après plusieurs batailles, à sécuriser les frontières de son nouvel État. Ayant établi une certaine stabilité, Christophe instaure une monarchie constitutionnelle avec lui comme monarque. Il devient roi d'Haïti, le , sous le nom d'Henri Ier. Le , il est couronné par le grand-archevêque Jean-Baptiste-Joseph Brelle.
En 1811, le Nord devient alors une monarchie constitutionnelle et héréditaire. C'est là qu'il entre en guerre avec le Sud même si les combats n'iront pas au-delà des frontières.
Au début, Henri n'est pas un monarque populaire, il passe pour un militaire ambitieux qui s'est fait dictateur. De plus, il doit affronter en une révolte de la part des groupes libéraux qui réclament l'établissement d'un parlement et d'une constitution plus juste.
Pour mettre fin à ses troubles, le roi établit le « Code Henri » qui est composé d'un ensemble de lois et qui favorise l'éducation. Le Code Henri établit ainsi une constitution dite royale qui apaise les opposants à la monarchie. De plus, le roi met en place un cabinet composé de différents ministres pour l'aider à administrer le royaume. La stabilité revient alors dans le Nord et Henri est reconnu roi par la population nordiste.
Selon le « Code Henri », le roi possède l'essentiel du pouvoir. Il est cependant assisté d'un cabinet de ministres représenté par un chancelier nommé par le roi. Lorsqu'il devient roi, Henri désigne Joseph Rouanez comme chancelier, à qui il accorde également le titre de duc de Morin. Mais Rouanez meurt dès 1812, il est alors remplacé par Julien Prévost qui va exercer la fonction de chancelier jusqu'à la chute du régime. Le gouvernement est ainsi composé de six ministres dont le chancelier. Le pouvoir du roi reste cependant très supérieur à celui du chancelier, le monarque est ainsi le véritable chef du gouvernement, le chancelier n'étant que son conseiller personnel.
Par un édit daté du , le roi Henri proclame une classe nobiliaire dont les titres, les écus et les devises sont destinés à se transmettre de façon héréditaire. Ce système nobiliaire s'inspire en grande partie des institutions britanniques, mais il témoigne d'une certaine influence française, car à l'instar de la noblesse napoléonienne, par exemple, il ne comporte ni marquis ni vicomte. Les titres conférés correspondent pour la plupart à des majorats, en l'occurrence de vastes territoires de plantations, dont la noblesse est chargée d'assurer la supervision en personne ou par décret[3].
Le roi se sert du « caporalisme agraire » qu'il promeut afin de développer l'économie de l'île. De ce fait, le Nord s'enrichit plus vite que le Sud. Il bâtit le palais Sans Souci, à Milot, et le palais de la Belle-Rivière, à Petite Rivière de l'Artibonite, et crée une noblesse distribuant titres, pensions et décorations.
Les travaux du palais Sans Souci s'achèvent en 1813. Outre le corps principal, sont également construits une chapelle avec une large coupôle, et de nombreuses annexes : caserne, hôpital, ministères, imprimerie, hôtel des monnaie, école, académie d'art, ferme, etc. Le roi Henri, son épouse la reine Marie-Louise et leurs enfants — dont Victor-Henry Christophe — habitent le palais, ainsi que leurs personnels et les différents conseillers et ministres, jusqu'au , date de la fin de la monarchie nordiste.
Le roi possédait dix-neuf autres plantations et avait fait construire d'autres résidences, ainsi que des fortins, à travers son royaume, dont la citadelle La Ferrière, située à quelques kilomètres du palais, et armée de 200 canons. La situation géographique de cette résidence royale et de la citadelle s'expliquent sur le plan stratégique : ce dispositif est à la fois central et surélevé, dissimulé et parfaitement autonome, il permet au souverain de contrôler son territoire et de se prémunir de ses ennemis intérieurs et extérieurs, dont les Français, qui ne cesseront de vouloir reprendre leur ancienne colonie comme en témoigne la tentative de débarquement de 1814-1815, commanditée par le roi Louis XVIII.
Dès la division d'Haïti en 1807, des tensions étaient apparues entre les Haïtiens nordistes et sudistes. Cela entraîna une véritable guerre civile. La tension avec les sudistes s'intensifie encore avec l'instauration du royaume du Nord. Alexandre Pétion, en tant que président de la république sudiste, déclare représenter la lutte contre la tyrannie qui serait ainsi représentée par le roi Henri. De 1807 jusqu'en 1820, aucune des deux armées ne parvient à franchir la frontière séparant les deux nations.
Quant au roi Henri, il dénigre Pétion en déclarant qu'il incarne la fausse démocratie qui masque la tyrannie, cette déclaration étant confirmée lorsque Pétion se proclamera président à vie du Sud avec droit de désigner son successeur.
En 1818, après la mort de Pétion, c'est son aide-de-camp Jean-Pierre Boyer qui lui succède à la tête de l'État du Sud. Le roi Henri propose alors à Boyer de se rallier à lui en échange du titre de maréchal. Mais sans surprise celui-ci refuse. Il envoie même plusieurs espions dans différentes villes du Nord chargés de faire soulever la population. Dans un premier temps, cette tentative semble n'avoir aucun effet sur la population nordiste. Mais après une dernière bataille livrée à la frontière Nord-Sud, où le roi ordonne de faire fusiller tous les officiers sudistes prisonniers, les idées républicaines circulent de plus en plus dans le royaume. Boyer envoie alors plusieurs grands orateurs sudistes dans le Nord avec pour objectif de donner naissance à un mouvement révolutionnaire. De plus, en 1820, les récoltes sont mauvaises et les impôts augmentent, situation propice aux révolutions.
Durant l'été 1820, différentes mutineries éclatent dans le Nord, le gouvernement met alors en place une violente répression. Quant au roi, il est frappé d’une crise d’apoplexie, en août 1820, ce qui le laisse partiellement paralysé et affaiblit considérablement sa santé et trouble sa pensée. En , une nouvelle insurrection qui éclate à Cap-Haïtien provoque une révolte presque générale dans le pays. La révolution se déclenche rapidement dans le Nord, la ville la plus riche du royaume, Cap-Haïtien, tombe sous le contrôle révolutionnaire. En octobre, les révolutionnaires marchent sur le palais Sans Souci à Milot. Souffrant de sa paralysie et voyant la situation lui échapper, le roi se suicide le en se tirant une balle en argent dans le cœur, pendant une messe dans une église qu'il avait fait bâtir. Il est inhumé dans la citadelle La Ferrière. Après sa mort, son fils le prince héritier Victor-Henry et proclamé roi par ses partisans sous le nom d'Henri II. Mais Milot est prise par les insurgés et le nouveau roi est pendu le . La reine Marie-Louise Coidavid et ses filles s'exilent en Italie. Boyer profite de la révolution pour envoyer son armée, présente à la frontière, dans le centre du royaume du Nord. Le , Boyer s'impose par les armes et proclame le rattachement du nord au sud le 26 octobre suivant. Celui-ci finit par se proclamer président à vie puis « chef suprême » de toute l'île.
Après l'épisode du royaume d'Henri Christophe, aucune autre véritable monarchie n'a vu le jour à Haïti, sauf d'autres expressions de type impérial comme le deuxième Empire de Faustin Ier. Mais il y a eu des tentatives de rétablissement de la monarchie comme celle de Pierre Nord Alexis, petit-fils de l'ancien roi Henri, qui prend le pouvoir en 1902. Autoritaire, celui-ci multiplie ses proclamations devenant président à vie et finit même par proposer une nouvelle monarchie constitutionnelle avec lui pour roi. Mais ce projet provoque une ultime révolte qui se transforme en nouvelle révolution et qui oblige Nord Alexis à l'exil en 1908. Celui-ci meurt deux ans plus-tard, en 1910, à l'âge de 89 ans.
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