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Les régions du Pérou (espagnol : Regiones del Perú) constituent la subdivision administrative de plus haut niveau du Pérou. Au nombre de 26, elles sont composées, depuis 2002, de 24 départements et de 2 provinces à statut spécial, la province constitutionnelle de Callao et la province de Lima, ces départements eux-mêmes subdivisés en provinces, elles-mêmes sous-divisées en districts.
Depuis son indépendance en 1821, le Pérou était divisé en départements (departamentos), mais le pays connaissait un problème de centralisation des pouvoirs économique et politique dans la capitale, Lima. Après plusieurs essais infructueux de décentralisation, les départements furent remplacés par des régions et les premiers gouvernements régionaux furent élus le .
Les 24 départements et la province de Callao sont alors constitués en « régions », en conservant leur dénomination de départements. La province de Lima a été exclue de ce processus et n'appartient à aucune région. À la différence des anciens départements, les régions disposent d'un gouvernement élu et disposent de nombreuses prérogatives. D'après la Loi organique des gouvernements régionaux de 2002 (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales), le transfert de différentes compétences du gouvernement central vers les régions est en cours. Un référendum tenu en 2005 et visant à fusionner plusieurs régions se solda par un échec.
Après la déclaration d'indépendance en 1821, le Pérou fut divisé en départements (departamentos), qui passèrent de onze en 1822 à vingt-quatre en 1980 :
Au fur et à mesure que le pouvoir économique et politique se trouva concentré à Lima, la capitale politique du Pérou, plusieurs gouvernements essayèrent de décentraliser le pays, mais eurent peu de succès[1]. La constitution péruvienne de 1979 prévoyait la décentralisation du pouvoir par la création de régions autonomes, mais celles-ci ne virent pas le jour[2]. Durant les dernières années de la présidence d'Alan García (1985-1990), le gouvernement dut se préparer à la perte possible de l'élection présidentielle de 1990 en raison de la crise économique et de la baisse de popularité du gouvernement. Il créa douze régions autonomes le dans l'espoir de créer des centres de pouvoir alternatifs et de gagner quelques élections à ce niveau. En raison de la rapidité de leur mise en place, ces gouvernements régionaux ne reçurent pas les ressources fiscales nécessaires à leur indépendance et dépendirent donc des fonds alloués par le gouvernement central[3].
L'élection présidentielle de 1990 fut marquée par le discrédit des partis politiques comme le prouva la victoire d'Alberto Fujimori, un candidat indépendant. Fujimori mit fin aux transferts financiers vers les gouvernements régionaux et les remplaça le par des Conseils transitoires d'administration régionale (Consejos Transitorios de Administración Regional), désignés par le gouvernement. Après avoir dissous le Congrès durant la crise constitutionnelle de 1992, Fujimori organisa l'élection d'une assemblée constituante qui élabora la constitution de 1993. Ce nouveau texte prévoyait la création de régions dotées de gouvernements autonomes élus mais elles restèrent lettre-morte. Une loi-cadre de décentralisation (Ley Marco de Descentralización) du pérennisa les conseils transitoires désormais supervisés par le Ministère de la présidence[4].
Fujimori dut démissionner en à la suite d'accusations d'autoritarisme, de corruption et de violation des droits de l'homme[5]. Après le gouvernement d'intérim de Valentín Paniagua, Alejandro Toledo fut élu président pour la période 2001-2006 sur la base d'un programme incluant notamment la création de gouvernements régionaux[6]. Le nouveau gouvernement fit promulguer les lois de décentralisation (Ley de Bases de la Descentralización) du et la Loi organique des gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales) du . Celles-ci jetèrent les bases légales des nouvelles subdivisions administratives. Les premiers gouvernements régionaux furent élus le dans les anciens départements et l'ancienne province constitutionnelle (Provincia Constitucional) de Callao. La province de Lima, dans laquelle se trouve la capitale, fut exclue du processus et ne fait donc partie d'aucune région.
Lors des élections de 2002, l'opposition remporta la plupart des régions. L'APRA en gagna douze, contre une seule pour Pérou possible, le parti présidentiel[7]. La victoire de l'opposition, combinée à l'affaiblissement du gouvernement, fit craindre une crise politique qui ne se produisit pas. Les gouvernements régionaux, trop occupés par les problèmes locaux, ne purent s'impliquer sur le plan national[8]. Les territoires des régions issus des anciens départements étant considérés très petits, les lois de décentralisation autorisent la fusion de régions à condition qu'une majorité des populations concernées l'approuve[9]. Le premier référendum de ce type fut mené le et les propositions suivantes furent mises au vote :
Les référendums furent rejetés par le corps électoral de l'ensemble des régions à l'exception de celui d'Arequipa[10]. De nouvelles élections régionales furent tenues le ; la plupart des régions furent remportées par des mouvements politiques locaux plutôt que par des partis nationaux. L'APRA, qui avait remporté l'élection présidentielle du , gagna seulement deux régions, les autres partis nationaux faisant moins bien[11].
D'après la Loi organique des gouvernements régionaux, leurs responsabilités incluent la planification du développement régional, l'exécution des projets d'investissement public, la promotion de l'activité économique et la gestion des biens publics[12]. Les gouvernements régionaux sont composés d'un président et d'un conseil élus pour quatre ans; en outre, il existe un conseil de coordination dont les alcades des provinces font partie et qui est chargé de représenter la société civile[13]. Le prédisent régional est le chef du gouvernement; ses fonctions comprennent l'élaboration du budget, la nomination des membres du gouvernement, la possibilité de gouverner par décrets et résolutions, l'exécution des plans et programmes régionaux et l'administration des propriétés et locations régionales[14]. Le Conseil Régional discute et vote les lois proposées par le président régional. Il surveille tous les officiels de la région et peut destituer le président, ses vice-présidents et tout membre du conseil[15]. Le Conseil de coordination régional a un rôle consultatif sur les questions budgétaires et de planification, mais il ne dispose d'aucun pouvoir exécutif ou législatif[16].
La Loi organique des gouvernements régionaux prévoit un transfert graduel de responsabilités du gouvernement central vers les régions, à condition que ces dernières soient en mesure de les assumer[17]. Afin de superviser ce processus, les lois de décentralisation ont créé un Conseil National de Décentralisation (Consejo Nacional de Descentralización)[18]. Cependant, cette institution a été critiquée pour son bureaucratisme et son inefficacité par le gouvernement d'Alan García, le président du Pérou de 2006 à 2011. Ainsi, le conseil fut dissous le et remplacé par un Secrétariat à la Décentralisation (Secretaría de Descentralización) qui dépend du bureau du Premier Ministre[19]. Les présidents des régions se réunirent deux mois plus tard à Huánuco et créèrent une Assemblée Nationale des Gouvernements Régionaux (Asamblea Nacional de Gobiernos Regionales) qui vise à coordonner le processus indépendamment du gouvernement central[20].
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