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tendance à remettre systématiquement à plus tard des actions par manque de motivation De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La procrastination (du latin pro « en avant » et crastinus « du lendemain ») est une tendance à remettre systématiquement à plus tard des actions, qu’elles soient limitées à un domaine précis de la vie quotidienne ou non. Le « retardataire chronique », appelé procrastinateur, n’arrive pas à se « mettre au travail », surtout lorsque cela ne lui procure pas de satisfaction immédiate.
Procrastiner vient du mot latin « procrastinare » qui signifie « remettre au lendemain », et partage également l'étymologie du terme grec « akrasia », qui signifie « agir à l'encontre de son meilleur jugement »[1].
Être un retardataire chronique ne signifie pas ne rien faire. Au contraire, le sujet peut être pris d’une véritable frénésie d’activités (aller faire les courses, entamer un grand ménage de printemps, repeindre les volets, prendre des nouvelles de la grand-mère, faire de la maintenance informatique, etc.), tant que celles-ci ne possèdent aucun rapport avec la tâche problématique[2].
Les causes psychologiques de procrastination sont toujours sujettes aux débats. Par étude clinique, il y aurait une connexion avec l'anxiété et une faible estime de soi. D'un autre côté, par étude méta-analytique, l'anxiété et le perfectionnisme n'ont aucune connexion ou, au mieux, une connexion extrêmement faible avec la procrastination. À la place, la procrastination est fortement connectée avec un manque de confiance en soi (par exemple l'impuissance apprise), l'ennui et l'apathie. La plus forte connexion avec la procrastination, cependant, est l'impulsivité[3][Comment ?].
Selon le psychologue Walter Mischel de l'université Stanford, qui a mené des expériences dans les années 1960, ce phénomène est principalement dû à un manque d'apprentissage de la maîtrise de soi. Selon lui, et quelques autres universitaires à sa suite, on peut apprendre cela[Quoi ?] « vite et bien », ce qui est le cas des enfants, lorsque les parents les guident dans cet apprentissage[4],[5].
René Le Senne distingue, en caractérologie, le sous-type actif, qui fait ce qu'il doit faire indépendamment du plaisir qu'il y trouve, du sous-type émotif, qui agit seulement quand il est porté par l'enthousiasme, et sur ce qui lui apporte des satisfactions immédiates. Le groupement « E nA » (émotif-non actif) peut donc donner une apparence trompeuse d'activité pour un domaine donné, tandis que le groupement nE nA sera le plus propice à la procrastination.
Pour Sigmund Freud la procrastination est un problème de l'égo lié à un manque de confiance en soi : c'est la crainte de l'échec qui entrave l'action. Pour d'autres spécialistes, c'est au contraire l'excès de confiance qui explique la procrastination : le procrastineur se met au travail à la dernière minute, surestimant ses capacités. D'autres analyses sont également contradictoires, avec notamment la théorie que l'optimisme explique la procrastination, avec l'anticipation que dans le futur la motivation viendra, ou à l'inverse que le pessimisme est l'explication : l'anticipation exagérée d'une souffrance au travail conduit au report de l'engagement, par peur.
L'explication la plus en vogue en 2023 serait liée à l'émotion[1] : les procrastineurs sont mal dans leur peau et travailler rend leur situation encore plus pénible, ce qui entraîne à chercher des plaisirs faciles, comme regarder des vidéos sur internet. La procrastination est simplement liée à l'absence de désir : il serait logique de commencer le travail en temps voulu, mais, comme l'ont démontré deux prix Nobel, Richard Thaler et Robert Shiller, l'être humain n'est pas complètement rationnel[1]. Socrate, selon Platon, a affirmé que l'akrasia — c'est-à-dire « agir à l'encontre de son meilleur jugement » — n'existe pas car il n'existe pas de « meilleur jugement » : l'action est seulement la preuve d'une motivation, d'un désir, et qu'en son absence, il vaut mieux songer à un changement d'action, notamment un changement de métier[1].
Une étude parue en 2022 établit un lien entre la pénibilité, le délai et la récompense pour des tâches fastidieuses[6] ; elle montre que le cerveau des personnes qui procrastinent dévalue la pénibilité d'une tâche si elle est remise à plus tard, mais que la récompense n'est pas dévaluée. À l'inverse, les personnes ne procrastinant pas ne voient pas la tâche comme moins pénible, mais moins gratifiante, en la réalisant rapidement.
La zone du cerveau impliquée dans ce processus serait le cortex cingulaire antérieur, qui établit un calcul coût-bénéfice lorsqu'il est confronté à un choix de repousser ou non une tâche[6].
L'héritabilité de la procrastination a été démontrée grâce à des études sur des jumeaux expliquant les liens entre impulsivité et procrastination[7]. Elles ont notamment montré que :
Différentes études tendent à montrer que des étudiants en phase de stress développent la procrastination et ont tendance à avoir une « addiction à l'internet »[8],[9],[10],[11],[12].
En 2023, Slate indique que la procrastination augmente : selon une étude du professeur canadien Piers Steel, les personnes se considérant comme procrastinateurs représentent 5 % de la population en 1978 à 26 % en 2007 ; et la procrastination a probablement augmenté ensuite ; d'après les scientifiques, la procrastination est liée au fait de pouvoir se distraire, et le niveau de distraction a beaucoup augmenté en 15 ans, notamment via internet. Slate suggère même que la procrastination est devenue un problème collectif, si l'on considère que les efforts qui devraient être réalisés pour endiguer le réchauffement climatique sont repoussés à plus tard[1].
Le est la « journée mondiale de la procrastination » lancée en 2010 par David d'Équainville, fondateur de la maison d'édition Anabet[13],[14].
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