Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques
groupe international d'experts sur la biodiversité De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (en anglais: Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est un groupe international d'experts sur la biodiversité. Il est présidé depuis par Ana María Hernández Salgar(en)[1].
Ce mécanisme d'interface et de coordination sur la biodiversité résulte d'une initiative lancée en 2005 par l'ONU. Annoncé en 2010, ce «GIEC de la biodiversité»[2] a officiellement été créé le par 94 gouvernements. Il a tenu sa première réunion début 2013.
Chaque État membre des Nations unies peut y participer et les délégués souhaitent aussi une «participation active de la société civile» au processus[3]. En 2023, 140 États en étaient membres[4].
Au-delà de l’interface science-politique, le travail scientifique de l’IPBES concerne également la société au sens large, telles les ONG et le secteur privé. La Plateforme a ainsi développé plusieurs façons d’engager ces acteurs impliqués sur les questions de biodiversité.
La Plateforme vise également à catalyser les fonds d'aides aux évaluations de la connaissance sur la biodiversité, et à identifier les lacunes principales des connaissances existantes. Ces travaux peuvent servir à orienter la recherche scientifique vers les besoins de connaissances identifiés par les décideurs politiques.
La Plénière est l'organe décisionnel de l'IPBES. Elle est composée de l'ensemble des États membres des Nations unies qui ont rejoint la Plateforme, et d'observateurs. Les observateurs peuvent être des représentants d'accords multilatéraux pour l'environnement (par exemple, la Convention sur la diversité biologique ou la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification), des organisations scientifiques, des ONG, des représentants du secteur privé ou encore des représentants des communautés autochtones et locales, qui traitent des sujets abordés par la Plateforme.
La Plénière se réunit une fois par an.
Bureau
Le Bureau est composé de 10 membres (2 représentants pour chaque région des Nations-Unies), soit 1 président, 4 vice-présidents et 5 autres membres. Le Bureau supervise les tâches administratives et financières de la Plateforme.
Le Groupe d’experts multidisciplinaire (GEM) est composé de 25 membres (5 par région des Nations unies), scientifiques issus d’une large diversité de disciplines, des sciences biologiques aux sciences économiques et sociales. Les membres ont un mandat de 2 ans. Le GEM supervise les questions scientifiques et techniques et procède également à la sélection des experts qui composent les différents groupes de travail de l'IPBES[8]. Il joue donc un rôle central dans la mise en œuvre du programme de travail de l'IPBES.
Du au , une consultation menée sous l'égide des Nations unies, de l'IHDP, du gouvernement japonais et de Diversitas avait été menée afin de définir les critères de choix des scientifiques pour le GEM (découpage régional, équilibre entre disciplines scientifiques, évitement des conflits d'intérêts, etc.). 136 pays avaient répondu à cette consultation[9].
Selon la FRB, «la question régionale s’est invitée fermement dans les négociations: la plupart des pays s’accorde sur le fait que l’équilibre régional au sein des organes de gouvernance devrait se baser sur un découpage prenant en compte la biogéographie. Toutefois, cette approche nécessitant une réflexion plus approfondie prenant en compte plusieurs facteurs (nombre de pays par région, population, richesse en biodiversité), les pays se dirigeraient vers une solution provisoire basée sur le découpage des Nations-Unies pour commencer le travail plus rapidement»[3].
Dans un premier temps, en raison du manque de dispositif mondial existant basé sur les échelles biogéographiques et écopaysagères, il avait été décidé en 2012 par les délégués réunis à Panama City de commencer avec un Groupe d'experts multidisciplinaire intérimaire, dont les membres avaient été nommés pour la première plénière de l’IPBES (début 2013).
Pour la région Afrique: Moustafa Mokhtar Ali Fouda (biologiste, Égypte), Sebsebe Demissew (botaniste, Éthiopie), Jean Bruno Mikissa (biologiste, Gabon), Voahangy Raharimalala (biologiste, Madagascar) et Charlotte Karibuhoye (biologie, Sénégal).
Pour la région Asie-Pacifique: Yi Huang (écologue, Chine), Vinod Mathur (écologue, Inde), Rosichon Ubaidillah (biologiste, Indonésie), Yoshihisa Shirayama (biologiste, Japon) et Leng Guan Saw (biologiste, Malaisie).
Pour la région Europe de l'Est: Ruslan Novitsky (écologue, Biélorussie), Maja Vasilijević (géographe, Croatie), Tamar Pataridze (politologue, Géorgie), György Pataki (économiste, Hongrie) et Günay Erpul (agronome, Turquie).
Pour la région Amérique latine et Caraïbes: Sandra Myrna Diaz (écologue, Argentine), Carlos Alfredo Joly (botaniste, Brésil), Brigitte Baptiste (écologue, Colombie), Rodrigo Medellín (écologue, Mexique) et Floyd M. Homer (écologue, Trinité-et-Tobago).
Pour la région Europe occidentale et autres États: Mark Lonsdale (écologue, Australie), Paul Leadley (écologue, France), Marie Roué (anthropologue, France), Unai Pascual (économiste, Espagne) et Marie Stenseke (géographe, Suède).
Secrétariat
Le Secrétariat de l'IPBES est localisé à Bonn, en Allemagne, à la Cité des Nations unies. Il assure le fonctionnement général de l'IPBES au quotidien et apporte un soutien technique aux groupes d'experts et équipes spéciales qui travaillent à la mise en œuvre du programme de travail. La Secrétaire exécutive actuelle est la française Anne Larigauderie.
Dans les années 1970-1980, avec les travaux du Club de Rome notamment, il est apparu de plus en plus évident que la biodiversité était un bien commun et un bien public vital pour l'humanité, mais qu'elle était gravement menacée et qu'elle pouvait n'être correctement restaurée, protégée et gérée qu'à des échelles qui soient à la fois mondiales, nationales, régionales et locales[réf.nécessaire].
En 2005, l'évaluation des écosystèmes pour le millénaire (MEA) a confirmé que 60% environ des écosystèmes étaient de dégradés à très dégradés et souvent surexploités. Elle a encouragé la mise en place d'une gouvernance mondiale de la biodiversité.
Vers un mécanisme international d'expertise scientifique sur la biodiversité
Dans son discours lors de la conférence internationale "Biodiversité: science et gouvernance" à l'UNESCO en 2005, Jacques Chirac a appelé à la création de ce qui allait devenir l'IPBES: "Les travaux du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat depuis 1988 ont permis de parvenir à un consensus scientifique sur la réalité et la portée du réchauffement climatique, que beaucoup, au départ, se refusaient à admettre. Pour la biodiversité, nous avons besoin d’un dispositif similaire. Et je souhaite que cette conférence marque une étape décisive dans cette direction. J’appelle en effet tous les scientifiques à se rassembler pour constituer un réseau mondial d’expertise. Et la France proposera à ses partenaires au sein de la Convention sur la diversité biologique de créer un groupe intergouvernemental sur l’évolution de la biodiversité"[11].
Elle s'est d'abord traduite par une consultation internationale (IMoSEB), qui visait à créer une structure équivalente au GIEC mais pour la biodiversité. Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), sous l'égide de l'ONU, était chargé de cette consultation. Deux ans plus tard et après la mise en place d'une stratégie de poursuite du MEA, le PNUE a officiellement annoncé le à Kuala Lumpur)[12], une consultation vers la création d'un groupe intergouvernemental d'experts sur la biodiversité, nommé Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES)[13], sur le modèle du GIEC, le Brésil et la Chine ayant toutefois montré quelques réticences.
Le , après 5 jours de négociations à Busan, en Corée du Sud, les délégués ont conclu («Résultat Busan») au besoin de créer un ipBes intergouvernemental, géré par une ou plusieurs organisations des Nations-Unies.
Les États et l'ONU ont officiellement montré leur volonté de créer l'IPBES lors de la Conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya[14], en . Le Résultat de Busan y est présenté, les missions et principes de fonctionnement de l'IPBES y sont approuvés par l'ensemble des participants.
Création de la plateforme
Le , la 65esession de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies a approuvé, et ainsi officialisé la création de l'IPBES.
Du 3 au , une réunion préparatoire se tient à l'ONU à Nairobi (Kenya)[15]
Le , l'IPBES a été officiellement créé (sur le modèle du GIEC) à Panama city; 5 pays[16] avaient proposé d'accueillir le secrétariat; c'est Bonn (Allemagne) qui a été retenu[3].
La première séance plénière s'est déroulée début 2013. Est également nommé «plénière» l'«organe de validation finale de l'Ipbes»[17]. Cette première plénière a validé le programme de travail et les modalités de certaines procédures (évaluation par les pairs, sélection des auteurs, relations avec le PNUE, le PNUD, l'UNESCO et la FAO, etc.)[3]. Après cinq jours de négociations au sein des groupes régionaux, la composition du «Groupe d'experts multidisciplinaire» (GEM) de l'IPBES a été annoncée.
Une proposition non encore tranchée propose que les organisations d'intégration économique régionales, telles que l'Union européenne puisse y participer à la Plateforme au même titre que les États[3].
Aperçu des dates et objectifs des séances plénières
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2013: première plénière (voir section ci-dessus)
sixième plénière: elle valide notamment les quatre «évaluations régionales de la biodiversité et des services écosystémiques» qui portent respectivement sur l'Afrique, les Amériques, l'Asie et le Pacifique, l'Europe et l'Asie centrale[18].
2023, dixième plénière: celle-ci a pour objectif l'«évaluation de l’impact des espèces exotiques envahissantes», selon l'écologue Martine Hossaert-McKey qui a participé à cette séance[19].
La France a soutenu officiellement la création de l'IPBES depuis 2005.
Un premier soutien s'est manifesté lors de la Conférence internationale «Biodiversité: science et gouvernance» de 2005.
L'IMoSEB (processus de consultation international ) a été relayé en France par l'IFB, avec l’appui du programme DIVERSITAS.
Le , une conférence FRB-Iddri «l’IpBes – Quel état d’avancement? Quels enjeux?» annonce que la 3eréunion intergouvernementale sur l'IPBES (en Corée du Sud) conclurait ou non à la création d'un ipBes. Cette conférence propose que la 65esession de l'Assemblée Générale de l’ONU (AGNU – 20 au ) se penche sur ces propositions. En France, la FRB et l'Iddri continuent à soutenir le processus. En 2010, la FRB a annoncé préparer «le mécanisme de mobilisation national de l’expertise dont la France aura besoin dans le cadre de l’ipBes»[21],[22],[23],[24].
La France s'est impliquée dans l'élaboration du premier programme de travail de l'IPBES (2014-2018). Au terme d'un processus de consultation impliquant scientifiques et acteurs de la société, la France a présenté six propositions à traiter pour l'IPBES[25]:
Comment quantifier l'incidence des changements globaux sur la biodiversité et les services qu'elle fournit?
Quels scénarios du futur de la biodiversité?
Comment les différents types d'agriculture peuvent-ils interagir avec la biodiversité pour garantir durablement la sécurité alimentaire mondiale? Comment favoriser l'intégration biodiversité-agriculture?
Comment l'érosion de la biodiversité et la dégradation des terres, notamment la désertification, interagissent-elles? Quelles conséquences sur les services rendus par les écosystèmes?
Comment assurer la protection et l'utilisation durable des écosystèmes marins?
Comment évaluer les impacts d'un produit ou d'un service sur la biodiversité et les écosystèmes dans toutes les phases de son cycle de vie?
La France s'est dotée d'un comité national pour l'IPBES afin de coordonner la participation du pays aux travaux de la Plateforme. C'est un organe de consultation tripartite, composé de représentants des organismes de recherche membres de l'Alliance nationale de la recherche pour l'environnement, des ministères impliqués et de parties prenantes de la biodiversité. Le Comité œuvre à la mobilisation des experts français lors des appels à nominations de la Plateforme et soutient les représentants du gouvernements lors des discussions scientifiques et techniques. Il est animé par la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité[26].
Le cadre conceptuel analytique de l'IPBES a été adopté lors de la deuxième session plénière de l'IPBES (IPBES 2), en . Il sert de référence aux travaux de la Plateforme, décrivant différentes visions de la nature complexe de la biodiversité, des services écosystémiques, du bien-être humain, et des relations entre ces différents éléments. L'adoption d'un cadre conceptuel permet d'arrêter une terminologie commune, indispensable dans le cadre de travaux d'une ampleur telle que ceux de l'IPBES[27].
Le programme de travail 2014-2018, adopté lui aussi lors de l'IPBES 2, comporte 4 grands objectifs[4]:
Renforcer les capacités et les connaissances à l'interface science-politique, y compris en travaillant avec les systèmes de connaissances locaux et autochtones[4];
Renforcer l’interface science-politique aux niveaux sous-régional, régional et mondial; avec 3 sous-objectifs: a) Rédaction d'un guide sur la réalisation et l’intégration des évaluations à tous les niveaux (mis à jour pour 2016); b) production d'évaluations sous-régionales/régionales de la biodiversité et des services écosystémiques (prévues pour 2018); c) production d'une évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques (d’ici 2018)[4].
Renforcer l’interface science-politique sur des questions thématiques et méthodologiques, à propos de a) la pollinisation, les pollinisateurs et la production alimentaire (finalisée en 2015); b) la dégradation et la restauration des terres (fin 2018), les espèces exotiques envahissantes, et l’utilisation durable de la biodiversité (d’ici 2018); c) une analyse de scénarios et d'une modélisation de la biodiversité et des services écosystémiques (finalisée en 2015) sur base d’une évaluation rapide et d’un guide; d) production d'outils d'aide et conseil pour les politiques concernant les diverses conceptualisations de la valeur de la biodiversité et des bienfaits procurés par la nature à l'Homme (d’ici 2018) sur la base d’un guide préliminaire et d’une évaluation[4].
À ce jour, près d'un millier d'experts ont été sélectionnés afin de former des groupes qui travaillent à la préparation des «livrables»[4], dont 39 français[28]. Les experts sont nommés par les États membres de l'IPBES et les parties prenantes (par exemple, des ONG ou des instituts de recherche), dans la limite où les experts nommés par les parties prenantes ne peuvent pas représenter plus de 20% du groupe[29]. Les équipes spéciales travaillent sur des questions transversales (couvertes par l'objectif 1 du programme de travail). Elles produisent des documents sur demande de la Plénière et conseillent les autres groupes pour en ce qui concerne leur champ d'expertise. La durée de leur mandat peut varier; il est néanmoins prévu que les 3 équipes spéciales formées à ce jour opèrent jusqu'à la fin du programme de travail actuel. Les groupes d'experts sont formés une fois que la Plénière donne son accord pour le lancement de la préparation d'un livrable, et notamment les évaluations IPBES. Son mandat varie selon l'ampleur du travail demandé. Les équipes et groupes d'experts actuels sont les suivants:
Équipe spéciale pour le renforcement des capacités. L'équipe a notamment produit une liste des besoins prioritaires en matière de renforcement des capacités qui a été adoptée par la Plénière, développé un programme de bourses, d'échanges et de formation en cours de test et organisé un forum sur le renforcement des capacités pour mettre en adéquation les besoins en matière de renforcement des capacités et les ressources.
Équipe spéciale sur l'intégration des systèmes de savoirs autochtones et locaux. L'équipe collabore étroitement avec les groupes d'experts préparant les évaluations afin d'améliorer la prise en compte de ces savoirs dans leurs travaux, elle a également préparé des «approches et procédures pour travailler avec les systèmes de savoirs autochtones et locaux», qui seront soumis à la Plénière pour approbation en 2016.
Équipe spéciale sur les connaissances et données. L'équipe travaille par exemple sur des questions de gestion des données utilisées dans les travaux de l'IPBES ou au développement d'indicateurs communs à utiliser dans l'ensemble des évaluations IPBES.
Groupe d'expert pour l'élaboration d'un guide sur la réalisation et l'intégration des évaluations à tous les niveaux. Ce guide aborde les aspects pratiques, méthodologiques, conceptuels et thématiques à prendre en compte lors de la réalisation d'une évaluation. Il est amené à évoluer en fonction des leçons tirées et des bonnes pratiques identifiées lors de la mise en œuvre du programme de travail.
Groupe d'expert pour la préparation du rapport de cadrage de l'évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques. Le rapport de cadrage sera présenté à la 4esession plénière de l'IPBES pour approbation.
Groupes d'experts pour mener les évaluations régionales. Le lancement de quatre évaluations régionales a été approuvé par la Plénière en 2015 et quatre groupes d'experts ont été formés en conséquence: Afrique, Amériques, Asie-Pacifique et Europe et Asie centrale. Ces évaluations sont prévues pour 2018.
Groupe d'experts pour l'évaluation rapide sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire. L'évaluation a été finalisée en 2015 et sera soumise à la Plénière pour acceptation en 2016.
Groupe d'experts pour l'évaluation sur la dégradation et la restauration des terres. L'évaluation a été lancée en 2015 et devrait être présentée à la plénière en 2018.
Groupe d'experts pour l'élaboration d'un guide et d'une évaluation rapide sur les outils et méthodes d'aide à la décision pour l'analyse des scénarios et la modélisation de la biodiversité et des services écosystémiques. L'évaluation a été finalisée en 2015 et sera soumise à la Plénière pour acceptation en 2016.
Groupe d'experts pour l'élaboration d'un guide et d'une évaluation sur les outils et méthodes d'aide à la décision concernant les diverses conceptualisations de la valeur de la biodiversité et des bienfaits procurés par la nature à l'homme. Le guide a été finalisé en 2015. Le rapport de cadrage de l'évaluation sera examiné par la Plénière en 2016, qui devra décider du lancement ou non des travaux.
Groupe d'experts pour l'élaboration d'un catalogue des outils et méthodes d'aide à la décision.
Évaluations
Les évaluations suivantes sont prévues dans le cadre du programme de travail 2014-2018 et feront l'objet d'appels à nomination d'experts auprès des gouvernements et des parties prenantes concernés:
Évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques;
Évaluation thématique sur les espèces exotiques envahissantes et leur contrôle;
Évaluation thématique sur l'utilisation durable de la biodiversité;
Évaluation méthodologique sur les diverses conceptualisations de la valeur de la biodiversité et des bienfaits procurés par la nature à l'homme.
Du au , la plateforme se réunit à Paris pour publier le premier rapport d'évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques[30]. Ce rapport basé sur 15 000 études scientifiques et rapports gouvernementaux[31]. Publié le , il lance une alerte majeure concernant la perte de biodiversité, affirmant que «la santé des écosystèmes dont nous dépendons, comme toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais» et que «un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance»[32],[33].
Dans ce rapport d'évaluation, les auteurs classent, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directement responsables des changements qui affectent la nature, et ayant les plus forts impacts à l’échelle mondiale. Ces cinq facteurs sont, par ordre décroissant de responsabilité: (1) les changements d’usage des terres et de la mer; (2) l’exploitation directe de certains organismes; (3) le changement climatique; (4) la pollution; et (5) les espèces exotiques envahissantes[34]. Le changement climatique, pour l'instant troisième cause de destruction de la biodiversité, deviendrait la deuxième, puis la première s'il continue à s'aggraver[35].
Ampleur de la destruction de la nature
Depuis 1970, la croissance démographique (la population mondiale est passée de 3,7 à 7,6 milliards) et le développement technologique ont poussé à la hausse la production agricole et de bioénergie. Ceci a causé la perte d'écosystèmes intacts, principalement dans les tropiques, où se trouve la plus grande biodiversité de la planète. Entre 1980 et 2000, environ 100 millions d'hectares de forêts tropicales ont été perdues dans le monde, principalement à cause de l'augmentation de l'élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d'hectares) et des plantations en Asie du Sud-Est (7,5 millions d'hectares), dont 80% sont destinées à l'huile de palme. Ceci a causé une diminution d'au moins 20% dans l'abondance moyenne des espèces locales depuis 1900, et aurait affecté la répartition de 47% des mammifères terrestres non volants ainsi que d'un quart des oiseaux menacés[30].
Même avec un changement climatique modéré (1,5 à 2 degrés Celsius d'augmentation de température) la plupart des espèces verront une diminution de la superficie de leur habitat. Le rapport estime qu'avec une augmentation des températures de 2 °C, 5% des espèces seront en voie d'extinction. Avec un réchauffement de 4,3 °C, ce pourcentage augmente à 16% des espèces.
Les peuples autochtones, les communautés locales, et la nature
Au moins un quart de la superficie terrestre mondiale (28%) est détenu traditionnellement, géré,exploité et occupé par les peuples autochtones. Ces zones comprennent environ 40% des aires officiellement protégées et 37% en zones dites "«vierges» qui ont donc subi très peu d'interventions humaines[30].
La nature gérée par les peuples autochtones et les communautés locales se dégrade moins rapidement, comparativement à d'autres territoires. Cependant, 72% des indicateurs locaux développés et utilisés par les peuples autochtones et les communautés locales font état de la détérioration de la nature et des contributions apportées par la nature qui leur permettent de subsister[30].
Taxons d'animaux menacés
Parmi les 8 millions d’espèces animales répertoriées (dont 5,5 millions sont des insectes), jusqu’à 1 million seraient menacées d’extinction, dont 40% des amphibiens, 33% des espèces des récifs coralliens, 33% des mammifères marins, 10% des insectes. Les races domestiques ne sont pas épargnées, puisque 560 races de mammifères domestiques (soit 10%) ont disparu, et 1000 supplémentaires sont menacées. Le taux actuel de disparition des espèces est des dizaines ou des centaines de fois supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années, faisant de la période actuelle la sixième extinction de masse de l’histoire du vivant[30].
Santé
L'érosion de la biodiversité est aussi un symptôme de maux qui touchent la santé humaine. Par exemple, 300 à 400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets industriels sont déversés tous les ans dans les eaux mondiales. De plus, la nature inspire la recherche médicale: 70% des médicaments anticancéreux sont inspirés par la nature. La diminution de la biodiversité entraîne la perte de molécules utiles ou potentiellement utiles à l'homme[30].
Océans et pêche
Plus de 55% de la zone océanique est exploitée par la pêche industrielle. 90% des pêcheurs professionnels (30 millions de personnes) à petite échelle sont responsables de 50% des prises mondiales. Depuis 1870, 50% des récifs coralliens ont disparu.
En 2015, 33% des stocks de poissons marins en 2015 étaient exploités à un niveau biologiquement non durable; 60% étaient exploités au maximum et 7% étaient sous-exploités .
La diminution prévue de la biomasse de poissons d'ici la fin du siècle, dans les scénarios de réchauffement climatique, est estimée entre 3 et 25% selon les prévisions basses et hautes[30].
Forêts
L’industrie forestière emploie environ 13 millions de personnes dans le monde. Depuis les années 1990 la forêt a diminué de 50% (excluant celles gérées pour fournir du bois ou pour extraction agricole). Les forêts de mangrove ont perdu plus de 75% de leur superficie[30].
L'IPBES a publié plusieurs rapports, dont:
2019: rapport global sur la biodiversité et les services écosystémiques (titre en français: «Rapport de l'évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques»), constatant qu'«une partie importante de la diversité du vivant est aujourd’hui en voie d’extinction à l’échelle de quelques décennies avec des conséquences directes et gravissimes en termes de services écosystémiques pour les sociétés humaines», selon un commentaire de Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique à l’Institut écologie et environnement du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français[17].
2020: Atelier virtuel sur la biodiversité et les pandémies: l'IPBES a publié (en anglais seulement) le 29 octobre 2020 un rapport élaboré à la suite d'un atelier en ligne, dans le contexte de la crise sanitaire mondiale. Le résumé exécutif (en anglais seulement) de ce rapport a été traduit par des citoyens et mis en accès libre ici.
2022 (8 juillet): parution d'une évaluation sur l’utilisation durable des espèces sauvages[17],[36]
2022 (11 juillet): parution d'une évaluation[37] sur «les multiples valeurs de la nature»[17],[38] (The Diverse Values and Valuation of Nature), comprenant notamment des éléments issus de disciplines telles que l'anthropologie, la philosophie et la sociologie[17]; le résumé pour les décideurs de ce rapport est intitulé «Les décisions fondées sur un ensemble limité de valeurs marchandes de la nature alimentent la crise mondiale de la biodiversité»[39]
2023: rapport sur l'«évaluation mondiale sur la problématique des espèces exotiques envahissantes»[40]
Candidats à l'accueil du secrétariat de l'IPBES: Allemagne (Bonn, voir Candidature de la ville de Bonn), Corée du Sud (Séoul), France (Paris, voir candidature officielle, Inde (lieu non précisé), Kenya (Nairobi).
Centre national de la recherche scientifique, «L'Ipbes, interface essentielle entre les scientifiques et les gouvernements | CNRS» (entretien avec Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique à l’Institut écologie et environnement du CNRS (Inee) et observateur à la plénière 2022 de l'IPBES), sur www.cnrs.fr, (consulté le )
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