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vétérinaire français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre Victor Galtier, né le à Langogne (Lozère) et mort le à La Mulatière, près de Lyon, est un vétérinaire et professeur titulaire, pendant trente ans, de la chaire de pathologie des maladies contagieuses, de la police sanitaire et de la législation commerciale et médicale à l’École vétérinaire de Lyon. Il est le premier à avoir développé un vaccin contre la rage (pour des animaux de laboratoire) avec des résultats expérimentaux probants, avant Louis Pasteur qui prit connaissance de ses travaux.
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En 1846, Pierre Victor Galtier naît à Langogne de parents paysans.
En 1853, il est confié à des religieuses qui dirigent une école enfantine locale. Par deux fois, il s’enfuit de cette école. Il est confié alors à sa grand-mère habitant la ville de Langogne. À partir de ce moment-là et grâce à des professeurs qui lui inculquent l’importance du travail scolaire, son assiduité à l’école change.
Il fait ses études secondaires à Langogne puis à Mende à partir de la classe de seconde.
Ses humanités gréco-latines, commencées en la préfecture lozérienne, se terminent à La Chapelle-Saint-Mesmin dans la célèbre école ecclésiastique secondaire de Monseigneur Félix Dupanloup, petit séminaire, dépendant du Séminaire d'Orléans. Il est reçu bachelier avec la mention « Très bien ».
Maître d’étude au collège de Marvejols, il se prépare activement à sa licence.
À cette époque, le département de la Lozère crée une bourse pour permettre à un étudiant pauvre de devenir vétérinaire.
En 1868, Pierre Victor Galtier obtient cette bourse pour suivre les cours comme élève à l’école vétérinaire de Lyon. Il se présente au concours d’entrée de cette école vétérinaire où il est reçu premier. Il est major de sa promotion pendant les quatre années d’études d’affilée et est récompensé par le « Grand prix Bourgelat ».
En 1873, il est diplômé vétérinaire. Il commence sa vie professionnelle comme collaborateur de M. Delorme, vétérinaire à Arles, dont il épouse la fille. Il entre dans l’enseignement vétérinaire sur la chaire de pathologie des maladies infectieuses et à 33 ans, il commence ses travaux sur la rage.
En 1876, à la suite d’un concours, il est nommé chef du service de pathologie et d’anatomie pathologique, de clinique interne et de police sanitaire, dans son école, l’École de Lyon.
En 1877, cette école était à l’avant-garde des études expérimentales poursuivies sur la pathologie microbienne et la microbiologie, science qui n’en était qu’à ses premiers balbutiements.
C’est en effet à l’École de Lyon que revient le mérite d’avoir, la première, soutenu le principe de la contagiosité de certaines affections comme la tuberculose, la morve, la rage contre de grands noms de l’École d’Alfort qui se sont unis pour défendre la doctrine de la génération spontanée.
En 1878, il est nommé professeur de pathologie des maladies contagieuses, de police sanitaire, de législation commerciale et médicale.
C’est en 1878 que M. Bouley, Inspecteur général des écoles vétérinaires, obtient la création d’une nouvelle chaire qui séparerait l’enseignement de la pathologie générale de celui des maladies contagieuses. Après un concours brillant où la lutte fut très serrée, Pierre Victor Galtier est désigné pour cette chaire qu’il occupe pendant trente ans.
Dès lors, il se consacre à ses travaux de laboratoire et à l’enseignement.
Dès 1879, il réalise des découvertes importantes concernant deux maladies mortelles : la morve et la rage (voir travaux).
Signalons qu’en 1883, il est licencié en droit.
Pour ses travaux sur la rage, il est pressenti pour le prix Nobel. Malheureusement pour lui, le prix Nobel n’est décerné que du vivant des personnes : il meurt en 1908, juste avant l’attribution du fameux prix, qui est alors décerné à Paul Ehrlich et Ilya Ilitch Metchnikov[1],[2].
Pierre Galtier s’est distingué pour ses travaux sur la rage. Il fut en effet le premier, avant Louis Pasteur, à mettre au point un vaccin contre la rage.
Il fait également des avancées importantes sur l’étude de la morve, sur la contagiosité des virus, etc (voir autres travaux).
D’emblée, on peut dire que l’apport de Galtier est d’avoir fait le premier des recherches sur la rage et d’avoir conçu le premier vaccin contre la rage. Il fut plus qu’un précurseur de Pasteur dans la lutte contre la rage : il fut le créateur du vaccin et des concepts sous-jacents au vaccin. Par exemple, c'est lui qui postule que, en raison de la période d'incubation de la rage, le développement d'un vaccin pourrait être utilisé à titre curatif pour une maladie comme celle-ci[5].
Sa première publication sur la rage est un mémoire intitulé "Études sur la rage" publié dans deux revues vétérinaires[6],[7],[8] et dont les conclusions sont publiés dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences.
En effet, le , l’Académie des sciences publie sa note sur la rage[9].
L’article publie ses conclusions très claires sur ses recherches :
« 1. La rage de chien est transmissible au lapin, qui devient de la sorte un réactif commode et inoffensif pour déterminer l’état de virulence ou de non-virulence des divers liquides provenant d’animaux enragés (…)
2. La rage du lapin est transmissible aux animaux de son espèce (…)
3. Les symptômes qui prédominent chez le lapin enragé sont la paralysie et les convulsions.
4. Le lapin peut vivre de quelques heures à un, deux et même quatre jours après que la maladie s’est manifestement déclarée.
5. (…) la période d’incubation[10] est plus courte chez lui que chez les autres espèces. (Sur base d’un tableau d’expérience publié dans la note, Galtier calcule exactement et correctement une durée moyenne d’incubation pour le lapin de 18 jours).
6. L’acide salicylique, administré par injection hypodermique, à la dose quotidienne de 0,0068 gr, pendant quatorze jours consécutifs à partir de la cinquantième heure après inoculation, n’a pas empêché le développement de la rage chez le lapin.
Galtier a également une idée de génie : il entreprend des expériences en vue de rechercher un agent capable de neutraliser le virus rabique. Il pense que la découverte d’un moyen préventif efficace équivaudrait presque à la découverte d’un traitement curatif, surtout si son action était réellement efficace, un jour ou deux après la morsure, après l’inoculation du virus[5]. C’est cette idée de génie qui est à la base du traitement préventif de la rage par la vaccination.
7. La salive du chien enragé, recueillie sur l’animal vivant et conservée dans l’eau est encore virulente cinq, quatorze, vingt-quatre heures après. (…) »
En 1880, Galtier publie un "Traité des maladies contagieuses" qui contient tout un chapitre sur la rage[11].
C'est dans cet ouvrage qu'il écrit cette phrase résumant ses premières observations sur l'immunité dans la rage : « Le virus rabique injecté directement dans le torrent circulatoire reste sans effet, c'est du moins ce que j'ai constaté dans plusieurs expériences où j'avais injecté dans la jugulaire du mouton une grande quantité de bave rabique.»[12]. Ses remarquables expériences seront publiés dans plusieurs articles l'année suivante.
Toujours en 1880, Louis Pasteur commence à s’intéresser à la rage, comme l’atteste une de ses communications. Il prend connaissance des travaux de Galtier, qu’il considère avec un certain dédain, pensant que ces expériences « ne permettent pas de rapprocher, encore moins d’identifier la maladie […] avec la rage ».
Cette attitude de Louis Pasteur est fréquente : il dénigre ses précurseurs pour reprendre à son compte leurs travaux et puis s’en attribuer le mérite… (voir Henry Toussaint, Antoine Béchamp)[réf. nécessaire]
Le , Galtier envoie une note à l'Académie des sciences[13]. Il y consigne ses expériences d’inoculation intraveineuse du virus rabique dans le torrent circulatoire.
Il écrit que :
« Les conclusions qui se dégagent de ces faits sont suivantes :
1°. Les injections de virus rabique dans les veines du mouton ne font pas apparaître la rage et semblent conférer une immunité.
2°. La rage peut être transmise par l’injection de la matière rabique »
Il a donc trouvé un moyen de conférer une immunité contre la rage sur le mouton.
Il publie également dans le bulletin de l'Académie de médecine[14] et écrit entre autres que : «J'ai injecté sept fois la salive rabique dans la jugulaire du mouton sans jamais observé la rage, un de mes sujets d'expérience a été successivement inoculé avec la bave d'un chien enragé, après quatre mois que cette inoculation a été faite, l'animal se porte toujours bien; il semble avoir acquis l'immunité. Je l'ai inoculé encore quinze jours en lui mettant huit centimètres cubes de salive rabique dans le péritoine; il va toujours très bien; prochaine je lui ferais une autre inoculation. »
Pour l'historien des sciences Jean Théodoridès, c'est la première fois dans l'histoire de la médecine que l'on émet l'idée d'immunisation contre la rage avec des résultats expérimentaux probants à la clé[15].
Cette année, Galtier remarque que « l’inoculation intra-veineuse est inefficace. [Mais] une immunité fait suite, chez le mouton, à cette inoculation » et remarque l’absence de virus dans les centres nerveux.
Ce dernier point attire l’attention de Louis Pasteur qui y voit un défaut de sensibilité dû à la technique d’inoculation sous-cutanée. Il met au point, avec son élève Emile Roux, une inoculation intra-crânienne par trépanation du chien. Ainsi, il arrive à isoler du virus dans les centres nerveux et pressent la notion de neuroprobasie (les neurones sont les cellules de l’organisme les plus sensibles au virus de la rage). En conséquence, le virus va s’y développer préférentiellement, occasionnant une diffusion du virus par les voies nerveuses du point d’inoculation périphérique vers le cerveau).
En 1883, Emile Roux publie sa thèse de doctorat en médecine sur "Des nouvelles acquisitions sur la rage". D'après Jean Théodoridès[16], ce qui frappe de prime abord dans ce mémoire rédigé par Roux avec minutie et méthode est la fréquente mention des travaux de Galtier cités d'un bout à l'autre. Alors que Louis Pasteur n'évoque que tout à fait incidemment Galtier[17].
Il publie en 1886 un important livre sur la rage, "La rage envisagée chez les animaux et chez l'homme au point de vue de ses caractères et de sa prophylaxie".
Il y expose[18] :
- les symptômes de la maladies
- la curabilité
- l'étiologie où il montre, une fois pour toutes, l'inexistence de la rage "spontanée" et il conclut que "La contagion est la seule cause capable de faire apparaître la rage chez les animaux quels qu'ils soient."
- la transmissibilité de la rage à différents animaux
- les modes de transmission expérimentale de la rage par piqûres
Il y rappelle ses recherches de 1879-1881 et rapporte qu'il les a poursuivies jusqu'en 1886 (date de parution de cet ouvrage)[18].
Le livre traite également des mesures de police sanitaire et de médecine légale, des mesures de contrôle des chiens (port du collier, de la muselière, de la laisse)[18].
En 1887, il reçoit le Prix Barbier pour ses travaux sur la rage.
Dans son rapport sur le Prix Barbier décerné à Pierre Galtier par l'Académie de Médecine, Edmond Nocard écrit : « La découverte de M. Galtier a donc une haute importance, non seulement au point de vue scientifique, mais encore au point de vue pratique; il est permis d'espérer qu'elle conduira prochainement à l'institution d'un traitement simple, pratique et efficace, permettant de sauver le plus grand nombre d'animaux mordus. »[19].
La même année, il reçoit le Prix Bréant de l'Académie des Sciences () pour son livre sur la rage. Bouchard, au nom de la commission composée de Marey, Charcot, Brown-Séquard et Verneuil fait ressortir toute l'importance de ses travaux qui précèdent de plusieurs années ceux de Louis Pasteur[20].
Le , Pierre Galtier publie un article dans les Comptes rendus de l’Académie des Sciences[21]. Il insiste sur le fait que « le virus rabique conserve son activité dans les cadavres enfouis, de sorte que, quand des doutes surgissent après coup sur la nature de la maladie qui a déterminé la mort, l’exhumation et l’inoculation du bulbe sont tout naturellement indiquées »[22].
Pour Galtier (rappelons qu'il professeur de police sanitaire, de législation médicale et de maladies contagieuses), la conséquence de cette persistance du virus rabique est donc « Et dans les questions de prophylaxie à instituer, quand, dans les questions de médecine légale et dans les procès en responsabilité intentés aux propriétaires, on aura des doutes sur la nature de la maladie, il sera indiqué de demander l’exhumation du cadavre, non seulement pour faire l’autopsie, qui, souvent, aura été déjà pratiquée, mais surtout pour faire procéder à l’inoculation du bulbe »[23].
Le , il envoie à nouveau une note[24]. Il rappelle ses expériences faites en 1880-1881 qui démontrent que l’injection du virus rabique dans les veines du mouton et de la chèvre ne leur donne pas la maladie mais leur confère une immunité contre la rage[25]. Il signale également que des recherches faites en 1884 par Edmond Nocard et Emile Roux ont confirmé le bien-fondé de ses déductions[26]. Ces auteurs notent que la méthode d'injection intraveineuse peut prévenir la rage après inoculation dans l'œil et après morsure d'animal rabique[27].
Dans son article, Galtier relate également ses expériences faites sur des moutons et des brebis.
En 1891 paraît la deuxième édition de son "Traité des maladies contagieuses". On y lit que Galtier est profondément déçu, voire ulcéré[28] des remarques négatives de Louis Pasteur à propos de ses recherches. Ce dernier, soi-disant, ne retrouve pas chez le chien l'immunité acquise chez le mouton et la chèvre à la suite d'une injection intraveineuse de virus de la rage[29], alors que Edmond Nocard et Emile Roux ont confirmé en 1888 (cfr supra) par leurs propres expériences faites en 1884 les expériences que Galtier avaient faites en 1881[27].
À cette époque Galtier a perdu quatre de ses huit enfants ainsi que sa femme, et est donc fortement découragé[2].
Il publie toutefois en 1904, un article qu’il intitule « Pages d’histoire »[30] et dans lequel il écrit : «…j’avais étudié le premier, dès 1879-80-81, les effets de l’injection intraveineuse du virus rabique. J’avais, le premier démontré de la façon la plus péremptoire, son innocuité chez les animaux herbivores et son action immunisante. J’avais établi le premier, avant qu’il fut question de la vaccination par le procédé Pasteur ou autre, que l’immunité contre la rage mortelle pouvait être conférée à certains animaux par un procédé particulier d’inoculation….dès 1881, j’avais démontré que les injections de virus dans les veines du mouton et de la chèvre ne font pas apparaître la rage et confèrent l’immunité… ».
Dans cet article, il revendique sa priorité dans la mise en évidence de la possibilité d'obtenir l'immunisation antirabique, en soulignant que les résultats obtenus chez les petits ruminants (mouton, chèvre) furent confirmés par Edmond Nocard et Emile Roux en 1888[31],[32].
En 1907, Galtier reçoit un important témoignage d'estime en provenance de l'Institut Karolinska de Stockholm qui lui demande d'envoyer l'ensemble de ses travaux sur la rage afin de proposer sa candidature au prix Nobel de physiologie et de médecine pour l'année 1908[33]. Il décède l'année suivante.
Il rédige également divers travaux sur la nature intime des tissus, sur la contagiosité des virus.
Il rédige deux livres sur « Le règlement sanitaire et législation de ses rapports avec le commerce des animaux domestiques » et sur « Le traité des maladies contagieuses et de la police sanitaire ».
Pierre Galtier s'est essentiellement intéressé aux maladies infectieuses des animaux domestiques : rage, morve, tuberculose, charbon, pneumo-entérites, etc[34].
En plus de ses découvertes sur la rage, il en réalise aussi sur la morve.
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