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Surveiller la conformité à la complète des essais nucléaires d'interdiction De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L’Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (OTICE ; en anglais Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization, CTBTO) a pour rôle de détecter toute explosion atomique sur la planète et d'en faire part aux pays signataires du contrat, pour prendre des mesures afin d'empêcher les puissances nucléaires actuelles de poursuivre leurs essais, et les États ne disposant pas de l'arme atomique de s'en doter.
Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires Comprehensive Nuclear-Test-Ban Treaty Organization | |
Siège de l'organisation à Vienne | |
Carte des États membres | |
Situation | |
---|---|
Création | 19 novembre 1997 |
Type | Organisation internationale |
Siège | Vienne ( Autriche) |
Organisation | |
Membres | 183 membres |
Site web | www.ctbto.org |
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Elle dispose d'instruments de mesure (sismographes, stations de détection d'infrasons, analyses de particules radioactives dans l'air) réparties sur toute la planète, envoyant les informations prélevées au siège de l'Organisation, à l'ONU à Vienne.
Le "Comprehensive (Nuclear) Test Ban Treaty" (CTBT ou "Traité d'interdiction complète des essais nucléaires") n'est pas encore entré en vigueur, ce qui ne sera possible que 180 jours après la ratification par le dernier des 44 pays visés à l'annexe 2 (liste de pays dont la signature puis la ratification est nécessaire pour l'entrée en vigueur du Traité, et donc permettre à l'Organisation de faire son travail correctement). L'OTICE n'est donc pas encore une organisation opérationnelle (officiellement, puisque officieusement elle en a déjà tous les moyens, mais n'a pas le droit légal de les appliquer notamment les "inspections sur le site"). Depuis 1997, la Commission préparatoire (preparatory commission) s’occupe de préparer l'Organisation à l'entrée en vigueur du traité.
En , 41 des 44 États visés à l'annexe II avaient signé le Traité (manquent l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord) et 36 l'ont ratifié (manquent la Chine, Égypte, Iran, Israël et les États-Unis), ce qui rend l'entrée en vigueur du Traité improbable à moyen terme et compromet la raison même d'exister de l'organisation[1].
Le rôle de la commission préparatoire (Preparatory Commission) est de préparer l'organisation à l'entrée en vigueur du traité en établissant le système de surveillance international (composé de 337 stations sur toute la planète - International Monitoring System, le centre international d'étude des données recueillies - International Data Center, et le réseau de communication de ces informations - Global Communication Infrastructure). La commission a aussi pour but de définir le protocole de vérifications sur place (une fois le traité en vigueur, si une explosion atomique est soupçonnée, une équipe de chercheurs de l'OTICE devrait se voir accorder le droit de parcourir la zone supposée de l'explosion pour y rechercher des preuves de son existence).
Une fois complété le réseau de station de l'IMS comportera :
En , plus de 85 % des stations étaient déjà en service[2]. L'analyse des données fournies par toutes ces stations et leur mise à disposition aux États signataires permet de contrôler les activités atomiques menées sur terre avec une précision inégalée. Seuls trois pays sont dotés d'un tel système : la France, la Russie et les États-Unis. On peut donc dire que le rôle de l'OTICE est également un rôle de "démocratisation" des informations concernant l'activité atomique sur terre, afin d'être sûr que ces informations ne soient pas retenues par le peu de puissances y ayant accès par elles-mêmes. De plus, son réseau est le plus international et complet et est donc destiné à terme à devenir le plus performant. Il faut aussi noter qu'une fois complété, le réseau sera amélioré pour faire face à d'éventuelles tentatives de dissimulations d’essais nucléaires et le rendre plus précis. Le nombre important de stations devrait lui permettre de rester opérationnel même au cas où quelques stations seraient en panne. Ce qui devrait éviter la reproduction d'un événement tel que l’incident Vela : un flash qui est supposé être l'explosion de la première bombe atomique israélienne, mais que les États-Unis n'ont toujours pas pu prouver car une part de leur matériel de détection était défectueux.
Les informations de toutes ces stations sont transmises via câble et satellite au centre international de collecte des données (CTBTO International Data Centre ou IDC) à Vienne grâce à un réseau mondial de communication, gestion de données et de stations, appelé GCI (Global Communications Infrastructure). Le satellite (VSAT) est bien sûr le principal moyen de transfert des données.
Le International Data Center (IDC) enregistre et analyse les informations de l'IMS qui lui sont fournies grâce au GCI, ce qui représente 5 gigaoctets par jour.
Ils utilisent des custom software pour générer des rapports automatiques au sujet des événements significatifs qui sont ensuite étudiés par des analystes entraînés pour cette tâche. Ceci permet l'élaboration de bulletins réguliers aux États signataires, dont la qualité (véracité des faits relevés et explications avancées) est assurée par ce système de travail.
L'IDC gère une base de données (les informations transmises par les stations et enregistrées) d'une capacité totale de 125 téraoctets, ce qui correspond à plus de 10 ans d'archivage des données.
Les États signataires ont un accès direct et entier aux informations fournies par les stations de l'IMS (quelles soient brutes ou déjà analysées), pour permettre des vérifications, ou un usage civil (par exemple, l'utilisation de ces stations pour le système international d'alerte aux tsunamis (anglais) dans l'océan Indien, pour que ne se reproduisent plus de telles catastrophes.
Si un événement détecté par l'IMS ou d'une autre façon (et dans le cas où le CTBT serait entré en vigueur) laisse à penser qu'une explosion atomique a eu lieu, une inspection sur le site (On Site Inspection ou OSI) serait alors conduite, si au moins 30 des 51 membres du conseil exécutif du CTBTO y sont d'accord, pour statuer de la véracité des doutes liés aux données relevées. Un espace pouvant aller jusqu'à 1 000 km2 serait alors délimité et inspecté par une équipe allant jusqu'à 40 personnes.
Pourtant, si jamais une telle équipe arrivait à faire son travail, et prouvait l'existence d'une explosion, il est dit que l'ONU devrait débattre d'éventuelles sanctions contre le pays ayant enfreint le traité, mais ces sanctions ne sont pas définies... ce qui rend le rôle opérationnel de l'organisation encore plus improbable, c'est pourquoi il ne faut pas oublier que son rôle principal est de transmettre les informations recueillies à tous les États signataires.
Le , la Corée du Nord a effectué son premier essai nucléaire souterrain dans le nord du pays. Le système de surveillance international de l’OTICE a détecté l'explosion de faible puissance avec 22 de ses stations sismiques. Dans les deux heures qui ont suivi, les États membres de l’OTICE ont reçu des premières informations sur l'emplacement, l'ampleur, l’heure et la profondeur de l’essai. Deux semaines après l'explosion, une station radionucléide à Yellowknife, Canada, a détecté des traces d’un gaz noble radioactif (xénon 133) dans l'air. La présence de xénon fournit la preuve qu'une explosion nucléaire a eu lieu. Des calculs spécifiques concernant la modélisation du transport atmosphérique des analystes de l’OTICE indiquaient que le xénon, détecté à Yellowknife, avait effectivement pour origine la Corée du Nord[3].
La Corée du Nord a effectué un deuxième essai nucléaire, le où beaucoup plus de stations sismiques (61) ont enregistré l'explosion. Cela était dû en partie à une plus grande puissance de l'explosion mais aussi dû au fait qu’un plus grand nombre de stations de surveillance étaient en service en 2009. Deux heures après le test, l'OTICE a présenté des conclusions initiales à ses États membres. L'information disponible a également permis aux analystes d'identifier une zone beaucoup plus petite pour une inspection potentielle sur le site. En 2009, la zone estimée a couvert 264 km2 par rapport à 880 km2 en 2006[4],[5].
2014 AA, un petit astéroïde de 2 à 4 mètres de diamètre, a heurté la Terre le [6]. L'infrason de l'impact a été détecté par trois stations de détection d'infrasons de l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires[7]. L'astéroïde est entré dans l'atmosphère peu après 3 h[7] à 3 000 kilomètres à l'est de Caracas (Venezuela), loin de toute terre[7]. L'objet s'est désintégré au-dessus de l'Atlantique, à environ 1 500 kilomètres des côtes du Brésil et 1 800 kilomètres du Cap-Vert, vers 12° Nord et 40° Ouest. Les météorites produites par l'explosion plongèrent dans l'océan où elles reposent désormais par environ 4 500 mètres de fond.
Les quantités considérables de données recueillies par les stations peuvent être utilisées à d’autres fins que la détection d’explosions nucléaires, en particulier dans le domaine de l'alerte précoce. En 2006, l'OTICE a commencé à fournir des données sismiques et hydroacoustiques directement aux centres d'alerte aux tsunamis. À partir de 2012, les données sont partagées avec les centres de huit pays, principalement dans la région Indo-Pacifique. La France a signé un accord avec l’OTICE en afin d’améliorer la prévention des tsunamis sur les côtes françaises et méditerranéennes[8].
Durant l’accident nucléaire de Fukushima de , plus que 40 stations de radionucléides de l'OTICE ont suivi à l'échelle mondiale la dispersion de la radioactivité provenant du réacteur nucléaire endommagé[9]. L'OTICE partage ses données et analyses avec ses 183 États membres et des autres organisations internationales. Aujourd’hui plus que 1 200 institutions scientifiques et académiques dans 120 pays font recours à cette offre[10].
Les données et les technologies de l’OTICE peuvent aussi être utilisées dans l'aviation civile, la recherche sous-marine et pour mieux comprendre les océans, les volcans ou les changements climatiques.
Le CTBTO Provisional Technical Secretariat (CTBTO PTS) a commencé son travail le .
Le premier secrétaire exécutif était Wolfgang Hoffmann (Allemagne), et a laissé sa place à Tibor Tóth (Hongrie) le .
Le budget est financé en dollars et euros pour un montant de 46,5 millions de dollars et 56,4 millions d'euros en 2010.
Le CTBTO employait plus de 250 personnes de 71 pays différents en .
Le siège du CTBTO se trouve au Vienna International Centre, ainsi que l'AIEA, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime et l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel.
Cette liste est celle des États dont la signature et la ratification du traité est nécessaire à son entrée en vigueur.
Pays | Signature | Ratification |
---|---|---|
Afrique du Sud | ||
Algérie | ||
Allemagne | ||
Argentine | ||
Australie | ||
Autriche | ||
Bangladesh | ||
Belgique | ||
Brésil | ||
Bulgarie | ||
Canada | ||
Chili | ||
Chine | non ratifié | |
Colombie | ||
République démocratique du Congo | ||
Corée du Nord | non signé | non ratifié |
Corée du Sud | ||
Égypte | non ratifié | |
Espagne | ||
États-Unis | non ratifié | |
Finlande | ||
France | ||
Hongrie | ||
Inde | non signé | non ratifié |
Indonésie | ||
Iran | non ratifié | |
Israël | non ratifié | |
Italie | ||
Japon | ||
Mexique | ||
Norvège | ||
Pakistan | non signé | non ratifié |
Pays-Bas | ||
Pérou | ||
Pologne | ||
Roumanie | ||
Royaume-Uni | ||
Russie | ||
Slovaquie | ||
Suède | ||
Suisse | ||
Turquie | ||
Ukraine | ||
Viêt Nam |
Il faut noter que les États-Unis et la Russie poursuivent la recherche en armes atomiques depuis 2000 environ en réalisant des tests sous-critiques ou tirs froid (n'entraînant pas de réaction en chaine du plutonium). Ces tests permettent de poursuivre la recherche en armement nucléaire et développer de nouvelles bombes sans les faire exploser, ce qui contourne le traité et incite les pays non détenteurs d'armes atomiques à ne pas le respecter non plus.
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