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système de 8 modes musicaux développé au Moyen Âge De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'octoéchos (du grec: Ὀκτώηχος, les « 8 échos ») est un système de 8 modes développé au Moyen Âge[1]. Initialement appliqué à la musique byzantine, ce cadre a été repris pour la description du plain-chant, plus particulièrement pour la classification des pièces du chant grégorien.
Bien que le plain-chant soit clairement modal, sa description théorique est une question ouverte et disputée. Il est probable que dans le millénaire qu'a duré la période productive du chant grégorien, les approches modales ont pu évoluer, conduisant à des pièces de logiques variées, voire à des remaniements pour reformuler des pièces archaïques dans le cadre de l'octoéchos.
En tant que cadre d'explication, l'octoéchos fait partie de la tradition du chant grégorien : il a été introduit au cours de la réforme carolingienne du plain-chant. Cependant, ce cadre théorique s'oppose aux modalités plus simples, fondées sur quelques cordes-mères (do, mi et parfois ré) qui caractérisent les couches les plus anciennes de tous les répertoires du plain-chant.
Mode | ||
---|---|---|
Finale | Authente | Plagal |
Protus (ré) | 1. Dorien | 2. Hypodorien |
Deuterus (mi) | 3. Phrygien | 4. Hypophrygien |
Tritus (fa) | 5. Lydien | 6. Hypolydien |
Tetrardus (sol) | 7. Mixolydien | 8. Hypomixolydien |
Indépendamment de toute controverse, l'octoéchos répond à une nécessité pratique importante de la liturgie chantée : il permet de déterminer la formule-type qui doit accompagner une pièce donnée. Certaines pièces grégoriennes peuvent en effet être complétées par des formules types :
Ces formules types d'accompagnement sont réparties selon huit modes principaux, et chaque pièce reçoit le numéro du "mode" de la formule type qui vient l'accompagner.
La relation entre pièces et modes d'accompagnement s'appuie sur une classification formelle (et assez artificielle) des pièces, suivant :
La finale dépend de la pièce elle-même, mais la teneur psalmodique n'y est pas inscrite. Ce qui différencie les modes pairs des modes impairs, pour une même finale, c'est le caractère authente ou plagal de la pièce.
Cette teneur psalmodique est normalement située à la tierce ou à la quinte de la finale. Les trois modes (3, 4 et 8) qui montent à la quarte et à la sixte, au lieu de la tierce et la quinte des autres modes, sont ceux de la famille de l'hexacorde (les psalmodies primitivement faites sur mi et si sont respectivement montées au fa et au do).
La tonalité dominante de l'antienne et sa finale conduisent à choisir l'un des huit tons suivant lequel le psaume doit être chanté. Ce ton est généralement indiqué en début d'antienne (ainsi que la finale). Le ton du psaume n'est donc pas associé au psaume lui-même, mais est accordé à l'antienne.
Le ton retenu pour le psaume peut avoir plusieurs variantes de finales, généralement désignées par leur dernière note. La variante est généralement choisie pour que la dernière note du psaume coïncide avec la première note de l'antienne, ou du moins permette un enchaînement musical facile.
Ces notions de « finale en ré » (ou toute autre note) ne doit pas faire illusion : le plain chant étant normalement chanté a cappella, les hauteurs indiquées sont nécessairement relatives par rapport au diapason moderne. Ces finales ne se caractérisent que par la position du demi-ton par rapport à la note nommée. Indépendamment de toute transposition (toujours légitime), la corde finale est par convention qualifiée de mi lorsqu'elle admet un intervalle supérieur d'un demi-ton ; tandis que le fa fait inversement un demi-ton inférieur ; et dans les deux tons sans demi-ton consécutif, le ré est la corde dont l'intervalle supérieur est à la tierce mineure, tandis que celui du sol est à la tierce majeure.
Les formules que l'on rencontre suivant les « huit modes » sont dans le chant grégorien:
Enfin, chaque ton dispose de formules d'Alléluia pascals spécifiques pouvant être ajoutés aux antiennes de l'office, à celles de l'Introït, de l'offertoire, de la communion, ou du répons prolixe.
Ces formules types sont données dans les livres de chant correspondants : bréviaire et missel pour les psalmodies, bréviaire pour le magnificat, missel pour les introït, et nocturnale pour les versets des répons prolixes.
La théorie classique veut que le chant grégorien compte 8 modes :
N.B. : Les modes impairs sont aigus ou authentes, les modes pairs sont graves et appelés plagaux.
En chiffrages modernes, nous aurions
L'avantage de ce système de classification des pièces grégoriennes est évident : il permet d'attribuer à toutes les pièces des versets sur des mélodies-type en nombre limité (en fin de compte, une dizaine, si l'on inclut les tons peregrinus et in directu). D'autre part, les ambiances modales des pièces classées sous le même ton sont assez souvent similaires ; mais il y a des exceptions importantes.
Ses faiblesses sont assez évidentes par rapport au fond grégorien :
L'Alléluia de la vigile de Noël donne un bel exemple de tonalité mal déterminée, que pourraient revendiquer les modes 5, 6, 7 et 8 de l'octoéchos:
L'inconvénient le plus grave de l'octoéchos apparaît quand cette théorie est utilisée comme outil d'analyse de la modalité des pièces. Cette approche impose une position a priori des cordes modales à des pièces qui peuvent être atypiques, ce qui conduit à une perception déformée de la modalité grégorienne pour y faire entrer à tout prix ces cas particuliers. Une grande partie des discours sur les dominantes multiples des modes est probablement due à cette approche artificielle.
L'analyse des modes par leur finale est indissociable de la théorie pythagoricienne sur la gamme et l'organisation de l'octave. Octave et gamme sont donnés a priori, et l'organisation des notes dans l'octave et ses rapports harmoniques fixes sert ensuite d'analyse à la structure mélodique. L'idée d'analyser chaque note des modes grégoriens par sa position dans l'octave est classique, et présente dès l'introduction de l'octoéchos; on la retrouve encore constamment comme guide d'analyse dans des ouvrages ou exposés récents sur "la modalité grégorienne". Elle ne repose pourtant sur aucun fondement historique.
Cette théorie classique de l'octave ne correspond pas au contexte dans lequel la notion de teneur a initialement émergé: les modes primitifs se développent sur un ambitus d'une quinte ou une sixte tout au plus, et même les modes plus élaborés hésitent à faire jouer la mélodie sur des relations d'octaves. Ce n'est que dans les pièces tardives du répertoire que ces relations apparaissent, probablement sous l'influence de l'organum déjà présent.
D'autre part, la logique modale du grégorien n'individualise pas les notes de la même manière: les modes primitifs montrent qu'une note fait référence à une teneur, pôle unique de référence, et non à des relations harmoniques préétablies dans une octave, comme le fait l'approche pythagoricienne.
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