Isidore Noël Cohard (connu sous le nom de Noël Cohard), est né dans une famille de maraîchers le à Gières en Isère, ville où il est mort le [1]. Il fut résistant, puis déporté, durant l'occupation de la France par les nazis.
Noël Cohard est né le à GièresIsère. Il épouse le 17 juin 1950 Marcelle Mazet (morte en 2013). Ils ont deux enfants: Marie-Noëlle Cohard, ( épouse Glatre ) , (née le 15 décembre 1951) et Olivier Cohard (né le 31 mai 1953)[2],[3].
Exploitant agricole dans l'entreprise familiale, il est membre du réseau RIF (Résistance Intérieure Française)[4],[5].
Il est arrêté par les troupes allemandes à Grenoble lors de la manifestation du célébrant le 25e anniversaire de la victoire française de 1918 contre l'Allemagne, marche interdite par l'occupant rassemblant 1 500 personnes, au cours de laquelle 600 manifestants sont arrêtés dont 369 déportés[6],[7],[8],[N 1]. Seuls 102 reviendront de leur captivité[N 2]. Cet épisode de la Seconde Guerre mondiale s'inscrit dans le cadre des évènements connus sous le nom de la Saint-Barthélemy grenobloise.
Il est libéré par l'armée américaine le à 10h50. Son poids a chuté de 80 à 37 kg[1].
Malade, atteint de la fièvre typhoïde et de la tuberculose, il doit rester au revier (Infirmerie) du Camp, soigné par les médecins militaires américains, avec 14 autres français, jusqu'au , avant d'être rapatrié à Colmar[2].
Il est ensuite hospitalisé dans un sanatorium pendant deux ans et ne retrouvera sa famille qu'au mois de juillet 1947 à Gières.
Après son retour, fidèle au fameux serment que ses camarades libérés du camp de Buchenwald ont solemnellement prononcé le au nom de tous les détenus[11], il n'a de cesse d'être leur porte-voix et de transmettre la mémoire de la déportation auprès de ses concitoyens et notamment auprès des jeunes générations . Ainsi il participe à de nombreux colloques dans les lycées et collèges de l'agglomération grenobloise, et accompagne certains élèves dans des camps en Allemagne et en Autriche[1].
En il déclare à Karin Dupinay-Bedford, qui prépare une thèse de doctorat, qu'il trouve la source de son militantisme dans la supplique que s'adressaient les déportés les uns aux autres, telle une litanie: «Si tu rentres, dis-leur ce qu'ils nous ont fait»[12].
«Il faut ajouter l'importance de fonds privés inégaux, complétant utilement. Ces documents sont de natures diverses. Ils ont permis de mettre en évidence certains points, comme le travail de mémoire, la façon d'appréhender le souvenir de la déportation et de le transmettre avec par exemple ceux de Blaise Giraudi et de Noël Cohard... ainsi, à travers ces fonds privés, il s'agit d'étudier l'entretien de la mémoire du fait concentrationnaire... la présence d'imprimés s'explique par la logique précédemment exposée...» (Karin Dupinay-Bedford, Les déportés de l'Isére, T.II. p.33. Paris, L'Harmattan, 2010).
«À partir de 1943, d'importants convois de déportés en provenance de Belgique, de Hollande et d'Italie arrivèrent à Flossenbürg. En février 1944, le premier grand convoi amena 700 détenus français de Buchenwald au camp de Flossenbürg. Buchenwald, c'était l'enfer. Je croyais que rien ne pouvait être pire pour un être humain, mais quand je suis arrivé à Flossembürg, c'était encore pire. C'était l'aboutissement d'un long calvaire ». (Témoignage de Noël Cohard -Gières Info. 2001// Claude Muller Dauphiné-1939-1945-Les sentiers de la Liberté, éditions de Borée. 2003.).
«Sur un total de plus de 5000 Français déportés, on enregistre le décès d'environ 1700 d'entre eux, jusqu'à l'effondrement des structures administratives SS de Flossenbürg, mi avril 1945». (Toni Siegert, Flossenbürg, Munich, 2007).
Les souffrances des déportés peuvent être appréhendées grâce à des témoignages comme celui de Noël Cohard, qui les a transmis toute sa vie auprès des jeunes générations.
Le , pour le 70eanniversaire de l'évènement, la mairie de Grenoble rend hommage aux manifestants déportés du , en présence de quelques survivants, dont Noël Cohard, et de nombreuses personnalités, dont Fred Moore, Délégué national du Conseil des communes «Compagnon de la Libération».
À cette occasion la liste des 375 déportés est exposée sur un mur éphémère. Le nom "COHARD Noël" figure dans la 2ecolonne:
Mairie de Grenoble 11/11/2013. Hommage aux déportés du 11/11/1943.
Le Bulletin municipal d'informations de Gières de novembre - décembre 2018 publie sa biographie dans sa rubrique nécrologique[1].
La ville de Gières (Isère) nomme un parc à son nom le 24 août 2019 en mémoire de ses actes de résistance[15]. La dénomination choisie est Parc Noël-Cohard[16].
À la lecture du décret d'attribution de la Croix de la Libération à la ville de Grenoble (), il apparaît clairement que cette manifestation en a été un motif important: «(...) Bravant les interdictions formulées par l'envahisseur et ses complices, [Grenoble] a manifesté le 11 novembre 1943, sa certitude de la victoire et sa volonté d'y prendre part.(...)». Seules cinq communes ont reçu cette décoration.
«Disparition - Noël Cohard, 1920-2018», Bulletin municipal d'informations de Gières, no419, novembre décembre 2018, p.13 (lire en ligne, consulté le ).
(de) Archiv der KZ-Gedenkstätte Flossenbürg (AGFl) (Archives du Mémorial du camp de concentration de Flossenbürg), «Dossier Noël Cohard» (consulté le ).
Association française Buchenwald, Dora et Kommando – asso-buchenwald-dora.com, «Dans nos familles - Avis de décès [avec biographie] Noël Cohard KLB 41350», Le serment, no371, décembre 2018, janvier-février 2019, p.18-19 (ISSN0996-1127, lire en ligne, consulté le ).
Karin Dupinay-Bedford (thésarde) (préf.Jean-William Dereymez), Les déportés en Isère: Histoire des associations, t.1: Génèse et revendications (1945-1992) (thèse de doctorat), L'Harmattan, Paris, coll.«La Librairie des humanités / Mémoire des Alpes», , 659p. (ISBN978-2-296-11869-0 et 2-296-11869-0, OCLC838565948, BNF42167998, SUDOC143520695, présentation en ligne), p. 33.
Karin Dupinay-Bedford (thésarde) (préf.Jean-William Dereymez), Les déportés en Isère: Histoire des associations, t.2: La mémoire (1945-1995) (thèse de doctorat), Paris, L'Harmattan, Paris, coll.«La Librairie des humanités / Mémoire des Alpes», , 609p. (ISBN978-2-296-11870-6 et 2-296-11870-4, OCLC705680482, BNF42167998, SUDOC143520695, présentation en ligne), p. 29, 40, 41.
Témoignages sur le camp de Buchenwald
Klaus Drobisch: Widerstand in Buchenwald (Résistance à Buchenwald), Berlin, éd. Dietz Verlag 1985.
Katrin Greiser: Die Todesmärsche von Buchenwald- (Les marches de la mort de Buchenwald), éd. Gotingen Walstein. Verlag, 2008.
David Hackett: Der Buchenwald- Report-éd. Munich, Beck, 1996.
Katy Hazan-Éric Ghoslan: À la Vie!-Les enfants de Buchenwald Paris, éd. Le Manuscrit. 2005.
Témoignages sur le camp de Flossenbürg
Léon Calembert: Flossenbürg, dans Au camp de Flossenbürg (1945): (témoignage de Léon Galembert), éd.Gie Van den Berghe. Bruxelles. 1995.
Henri Margraff: La vie à Flossenbürg (de l'Université aux camps de concentration, témoignages strasbourgeois)., éd. Ophys, 1947.
Maurice Mazaleyrat: Flossenbürg: Arbeit macht frei, éd. Brive, imp. Chartusse, 1987.
Lucien et Lydie Millet: Camille Millet, (Vertus1922-Flossenbürg 1945): un des cinquante, une des victimes du décret de persécution nazi du 3 décembre 1943 contre l'apostolat catholique français à l'œuvre parmi les travailleurs requis en Allemagne (1943-1945. éd. Pommeuse-La croix immortelle. 1995.
Robert Ollivier: Camp de Flossenbürg (Manuscrit F.26875n non publié). 1945.
Jean Soudan, Flossenbürg: matricule 43400: un lycéen roubaisien dans la tourmente. 1940-1945 éd. Vandenbussche, 2004.
Karin Wormser-Migot: Le système concentrationnaire , Paris , Puf, 1968.
Liens externes
Claude Muller (Témoignage de Noël Cohard), Les sentiers de la liberté: Dauphiné, 1939-1945: les témoignages de nombreux résistants, Romagnat, Romagnat, éditions de Borée, , 377p. (ISBN2-84494-195-8 et 9782844941954, OCLC53442085, présentation en ligne), p.322-323.